Cellule

Write by Aura

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Le temps est passé et cette femme a fini par revenir. J’étais complètement endormie et je n’ai pas remarqué sa présence. C’était peut-être à cause du fait que je m’étais endormie. Quand je me suis levée, il se faisait tard comme l’indiquait l’heure à ma montre et elle avait les yeux rivés vers un coin de la cellule.  Elle était très pensive et complètement désemparée au point où son visage avait rougi, et sa mine était tantôt dure, tantôt triste. On aurait cru que le ciel allait s’abattre sur sa tête. Je ne sais pas ce qui traumatisait cette femme, mais j’allais finir par le découvrir. Pour éviter de la déranger, j’ai préféré la laisser tranquille avant de sombrer de nouveau dans le sommeil. 

A mon réveil, elle était en train de faire sa prière. Pff !!! Il n’y a rien à dire. Cette femme est une véritable musulmane pratiquante. Après la prière, elle s’est remise dans sa position initiale c’est-à-dire le regard posé sur un coin de la cellule. A voir la nourriture qui trainait au sol, cela se sentait qu’elle n’avait pas mangé. Par contre moi j’avais horriblement faim et les cris de mon estomac ne cessait de m’interpeller. J’ai pris ma bouffe et je l’ai ingurgité, mais c’était insuffisant pour mon petit ventre. Je suis restée tranquille pendant un moment jusqu’à ce que les gargouillements recommencent. J’ai donc fini par lui lancer

- Eh la musulmane, je peux manger ta part ? J’ai terriblement faim et je crois que tu ne veux pas de ton repas. 

Elle hoche la tête et je me jette complètement sur le plat avant de le dévorer. Elle me regarde avant de reprendre sa position initiale. 

- Pff, bon dis-moi. Tu ne parles pas aux païennes ou quoi ? 

Elle est silencieuse. 

- Quoi tu répètes tes sourates ? Ou bien tu invoques Allah pour qu’il me noie dans un flot de tourments ? Ouais je sais, je suis insupportable. T’inquiète-je ne suis pas ainsi d’habitude. C’est juste que j’ai envie de déstresser surtout après avoir bouffé cette merde qui sert de nourriture. Comment peut-on donner ce genre de nourriture aux gens ? Je sais que nous sommes prisonnières mais ce n’est pas la raison de nous traiter ainsi. Nous sommes des êtres humains et des femmes après tout. Ah j’avais oublié que chez les magrébins les femmes n’ont pas le droit à la parole. La preuve, tu ne parles pas. Je croyais qu’on devrait être solidaire entre femmes. Hum, mon œil ouais. Je crois qu’il va me falloir porter le voile comme toi pour que nous nous parlons. Ah Bon ça va tu peux te taire si tu veux. Tu es juste comme les autres, des racistes jusqu’à la moelle épinière. Pff !! Je dirais à ton cher Dieu qui doit être le même que le mien ou le frère du mien que la prochaine fois qu’il me créé  ce sera avec un corps de magrébine pour que je crâne comme toi. N’importe quoi. 

- C’est bon tu as fini ? me lance t-elle. 

Je la regarde un peu surprise par le ton qu’elle a adoptée. Elle se relève et sort une espèce de chapelet qu’elle embrasse avant de le remettre dans tous ses kaftans. 

- J’étais en train de faire le chapelet pendant que tu faisais ton gros discours. Et j’avais besoin de plus de concentration pour la terminer. Maintenant je vais te dire une chose. Je ne suis pas raciste et ce que tu as dit là ce sont des préjugés à l’endroit des magrébins et ce n’est pas bien de ta part. Pour ce qui est de te parler, il faut bien que je puisse avoir un sujet à aborder pour ne pas te paraître indiscrète, alors je me suis retenue surtout que tu dormais et te gratouillais de partout. Je suis musulmane, mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas sociale avec ceux qui ne le sont pas. Alors excuses-mon attitude si je t’ai paru arrogante, mais c’était involontaire. 

- Je suis désolée. 

- Ne le sois pas. Mieux vaut avancer plutôt que de passer le temps à s’excuser. 

- D’accord. 

- Alors on peut se tutoyer et mettre un terme aux incompréhensions ? 

- Bien sûr que oui. Excuses ma longue bouche. 

- Non ça va. Alors comment t’appelles-tu ? 

- Je m’appelle Arielle, Arielle Limani. 

- Ah c’est très original ton nom. Moi c’est Safiya Ayouch. Alors dis-moi ce que tu fais ici ? 

- J’ai battu un homme. 

- Quoi ? 

- Oh que oui. 

- Tu plaisantes j’espère ? 

- Non !

- Je croyais que c’était le contraire qui se produisait d’habitude. 

- Mouais, mais cette fois il fallait bien une exception à la règle. 

- J’imagine. Et tu l’as amoché ? 

- Sa mère ne pourra plus l’identifier. 

- Eh Allah ! Tu es vraiment terrible. Est-ce que ça en valait la peine d’en arriver là ? 

- Oui. Et je crois que ce n’était qu’une caresse que je lui ai infligée. 

- Hum ! 

- Mais oui, il méritait bien pire. La prochaine fois, je dois lui casser au moins une jambe. 

- Grand Dieu ! Tu n’as pas peur ? 

- De quoi ? Je te dis que le type là est à battre un point un trait. 

- Eh mais il faut avoir pitié. 

- Pitié ? Le mot là n’existe plus dans mon lexique. 

- A ce point ? 

- Tu n’as encore rien vu. 

- Si tu le dis. 

……………..Nous sommes restées là à discuter des gardiens, des plats, de vêtements, sans autant parler de nos vies respectives. Je pouvais affirmer que c’était une fille sympa, ce qui était différent de l’impression qu’elle m’avait donnée au départ. Cette nuit-là, nous avons combiné nos deux lits et nous avons parlé jusqu’au matin, en tout cas jusqu’à ce que l’on s’endorme. Le lendemain, vers 10 heures, on m’a relâché. Et c’était tellement douloureux de me séparer de ma nouvelle connaissance. J’ai pris ses coordonnées tout en lui promettant de la contacter dès que possible. 

Ma sœur s’était chargée de payer ma caution, pour me sortir de là. En tout cas c’est ce que les agents de sécurité m’ont fait comprendre. Je m’en fichais complètement. Si cela ne tenait qu’à moi, je préfèrerai encore rester dans la cellule plutôt que de me coltiner sa tranche et celle de son criminel. Quand je suis sortie de là, elle était assise dans la salle d’attente. Dès qu’elle m’a vu, elle s’est approchée de moi. Elle m’a lancé :

- J’espère que ce petit séjour en tôle a calmé tes ardeurs, parce que je ne tolèrerai plus ce genre de comportements chez moi. Je ne veux pas que tu te méprennes sur mon homme. Il n’a jamais voulu de toi alors pas la peine de lui tourner autour. 

- Salut Fallone. Oui j’ai bien dormi. Et je suppose que ton mec ne t’a pas dit toute la vérité. C’est pourquoi tu es encore plus ridicule que je ne l’attendais. 

Sans y prendre garde, elle m’inflige une gifle que je digère. Je serre mes dents et m’abstiens de la lui infliger.  

- J’espère que ce sera la dernière, car je risque de t’en coller une et tu risques de le regretter. Comme tu es encore noyée dans le maboulisme, je vais te laisser et m’en aller loin de ton prince de malheur et de ton palais des enfers qui te sert de maison. 

- Tu es tarée. 

- Pas plus que toi idiote. Le jour où tu sauras la vérité, tu n’auras que tes yeux pour pleurer crois-moi et prie que je sois de bonne humeur sinon, je risquerai de te saigner comme un poulet.  

- Je crois qu’il fallait qu’il te garde encore longtemps chez les fous. Tu n’es pas encore guérie. 

- T’inquiète, c’est toi qui va les rejoindre d’ici quelques temps. 

Elle a encore tenté de me gifler mais je l’ai stoppé dans son élan. 

- Ne refais plus jamais ça. 

J’ai récupéré mes bagages ainsi que d’autres effets. Je suis sortie de l’aéroport et j’ai stoppé un taxi pour qu’il me dépose dans l’hôtel le plus proche de là. Je voulais être près de Safiya. Je ne voulais pas lâcher cette amitié. J’avais l’impression de la connaitre depuis et il y avait cette facilité que nous avions de communiquer. Cela me manquait. 

Je suis finalement descendue à l’hôtel Ibis. C’était plus un motel qu’un hôtel. J’ai pris une chambre avec un peu de tout : douche toilette, télévision, réfrigérateur, lit. J’ai payé ma facture pour une semaine. Le temps pour moi de trouver quelque chose de mieux. Arrivée dans la chambre, j’ai pris une douche, j’ai commandé un truc à manger au restaurant de l’hôtel. Au moment où je rangeais mes effets, je suis tombée sur la carte de visite de je ne sais qui. C’était inscrit « Vincent Ambendzet, Manager of MV Construction ». J’ai cherché dans ma tête et je ne savais pas de qu’il s’agissait. J’ai longtemps fouillé dans ma mémoire mais rien n’y fit. Je me suis donc décidée à contacter le numéro du monsieur dont il était question, me promettant de me débarrasser de la carte dès que possible. J’ai lancé l’appel et je suis tombée sur une secrétaire, qui me disais qu’elle pouvait me mettre en lien avec son patron. Jusque-là j’ai continué à faire comme si je connaissais ce cher inconnu. Elle a fini par me mettre en ligne avec lui. Et j’ai juste entendu 

- Enfin ! Je me suis finalement demandé si je n’avais pas mis ma carte de travers dans votre poche et qu’elle tombe et se perde. 

Je suis perdue, parce que je ne reconnais ni la voix, ni la situation dans laquelle nous sommes plongés. 

- Excusez-moi mais j’ignore à qui je parle. 

- A monsieur Vincent Ambendzet madame. 

- Oui oui. Mais je ne sais pas qui vous êtes. 

- Je suis le manager de cette compagnie. 

- Oui je le sais mais je veux dire d’où est-ce qu’on se connait. 

- De l’avion. Je suis votre voisin de siège emmerdeur. 

Là tout me revient.

- C’est vous ? 

- Oui c’est moi. 

- Mais comment avez-vous fait ? 

- J’ai été rusé c’est tout. Vous ne croyez pas que j’allais vous laisser vous en aller comme ça. 

- Pfff ! Quel emmerdeur vous êtes ! 

- C’est ma marque de fabrique. Ah quelle joie d’entendre de nouveau votre voix. Où étiez-vous passez ? 

- J’étais en prison. 

- Quoi ? 

- C’est une longue histoire. 

- Et je veux bien l’écouter. Dans quel hôtel êtes-vous descendue ? 

-   Dans l’hôtel Ibis ! 

- Ok je vais arriver tout à l’heure. Accordez-moi une heure de temps. 

- D’accord. 

- Et comment vous appelez-vous ? 

- Arielle Limani !

- D’accord Arielle ! Je viendrai. A plus

- A plus. 



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