Chapitre 1

Write by Annabelle Sara


  

 Ingrid n’en croyait pas ses oreilles, qu’avait-elle entendues ? Elle avait les oreilles qui bourdonnaient, il fallait qu’il répète.

  « Attends, tu veux bien… répéter ? »

Elle regardait Stéphane droit dans les yeux, et ne comprenait pas comment il pouvait rester aussi froid. On aurait dit un glaçon !

  « Ecoutes, Ingrid je préfère que l’on repousse un peu la date de notre mariage… »

  « Quoi ? Pourquoi, tu peux me le dire ? », Hurla-t-elle, hors d’elle.

Le visage de son fiancé était indéchiffrable.

  « Parce que je préfère qu’on prenne le temps… On a besoin de prendre du temps pour  réfléchir et surtout de bien faire les choses… »

  « Réfléchir, comme si tu n’as pas eu deux ans pour réfléchir avant de me demander en mariage et je te rappelle que ce n’est pas une décision que tu peux prendre tout seul ! »

  « Ingrid… »

  « Deux ans, Stéphane Medou, comment veux tu que je mette deux ans de ma vie au réfrigérateur pour attendre le bon  moment pour le consommer ? Il ne manque plus que tu me donnes un conservateur pour être sûr qu’elle ne sera pas avariée ! »

Stéphane soupira, il ne s’attendait pas à une telle réaction de la part de sa fiancée. Il s’était imaginé qu’elle comprendrait ce qu’il essayait de lui dire et qu’elle l’accepterait. Mais bien-sûr aucune femme n’accepte de voir son fiancé s’éloigner sans donner de raison plausible.

 Mais les choses ne se passaient pas bien entre eux depuis qu’ils avaient décidé de se marier. Il ne savait pas si c’était le stress du mariage ou quoi mais Ingrid avait changé, il  la trouvait arrogante, prétentieuse, calculatrice et il n’aimait pas ce qu’il voyait.

  « Je comprends maintenant, je n’étais qu’une tocade et tout ceci… », Dit-elle en lui montrant la bague ornée d’un diamant de six carats qu’il lui avait donné le jour de leurs fiançailles. « Et tout ceci n’est qu’une façade, n’est-ce pas ? »

  « Chérie tu sais très bien ce que je ressens pour toi ! »

  « Ah oui ! Et je peux savoir ce que c’est ? Et surtout n’oses pas me parler d’amour, ce serait le coup de grâce ! »

  « Ingrid … »

  « Ingrid que dal, si tu étais un temps soit peu amoureux de moi ou si tu avais une quelconque affection à mon égard… tu ne serais pas entré chez moi pour me parler comme à une ntoumbap… de pause et de réflexion, alors que nous sommes sensés nous marier dans moins d’un mois… »

  « Justement je ne suis pas sûr que les vœux que je prononcerais dans trois semaines seront sincères… »

Elle plissa les yeux en entendant cela, comme si les paroles de Stéphane commençaient à faire leur chemin dans sa tête.

 « J’ai pigé ! Seigneur… Stéphane Medou tu veux ta liberté !? », déclara-t-elle en hochant la tête. « Il fallait juste demander au lieu de faire tout ce cinéma ! »

Elle enleva la bague de fiançailles de son annulaire prit la main de son « ex-fiancé » et la plaça dans sa paume.

  « Ingrid écoutes… »

  « Non, ne me touches pas ! Vas t’en avant que je te fasse ce que je t’aurais fais si j’étais un homme. »

  « Non,  écoutes il faut vraiment que tu me comprennes très bien, je ne suis pas entrain de rompre… moi j’ai juste besoin de respirer c’est tout, tout ce remue-ménage nous rends malade tous les deux. Chérie toi comme moi nous avons besoin de prendre le temps de faire les choses bien. Je t’aime et je veux t’épouser, crois moi ! Mais tu as changé et j’ai besoin de retrouver ma petite Ingrid, ma belle Ingrid qui est belle et douce… Pendant ces trois mois tu pourras organiser calmement et sans pression notre mariage… sans prise de tête…»

Elle le fixa droit dans les yeux et se laissa faire lorsqu’il remit sa bague à sa place, sur son doigt.

  « Je sais que je suis exigeante avec le mariage et tout mais… Tu as raison, il faut que je me calme ! Tu as raison nous faisons les choses un peu à la va vite… Rien n’est prêt et ça me stresse. Tu veux quelque chose et moi je veux autres chose et ça engendre des tensions inutiles… nous allons prendre le temps et tout ira bien !», dit-elle en souriant. « N’oublis pas que je t’aime Steph ! »

     

Stéphane n’a jamais accusé pareil retard, pensa Pierre en jetant un coup d’œil à sa montre, qu’est-ce qui pouvait bien le retenir ?

Pierre et Stéphane sont des amis depuis l’université privée de droit et de gestion, où Stéphane cadet de Pierre de trois ans lui avait appris qu’être un homme rime avec assumer ses responsabilités.

Car c’est grâce à Steph que Pierre a aujourd’hui une adorable fille de 17 ans.

A cette époque Pierre avait pour petite amie Pauline Tsafack, une jeune femme très ambitieuse, trop ambitieuse puisqu’elle sortait avec les garçons s’assurant qu’ils peuvent s’occuper d’elle et de ses besoins, et pendant un de leur intermède amoureux, ils n’avaient pas pris de précaution résultat, une grossesse.

La première idée qu’ils eurent fut l’avortement car il était hors de question de gâché la si parfaite silhouette de Pauline, et elle redoutait la réaction de ses parents.

Mais un soir, alors que Pierre réfléchissait sur cette décision et qu’il se demandait ce que ça ferait d’être papa, un étudiant de première année s’est assis près de lui.

  « Tu penses vraiment que c’est la meilleure idée ? », demanda-t-il.

Surprit, il  se retourna vers le jeune maigrichon assit près de lui.

  « Je peux savoir de quoi tu parles ? »

  « Je suis Stéphane Medou, un ami de Jacques Tsafack, alors… »

  « Oh ! Je vois les nouvelles vont vite… »

Il sourit au copain de Jacques sans savoir exactement pourquoi, ni comment apprécier son intrusion.

  « Tu sais mon père dans son agonie m’a dit : un homme est celui qui sait assumer ses actes et ne se lamente pas sur son sort en pensant que tout sera brisé s’il agit correctement ! »

  « Et … qu’en penses tu toi ? »

  « Je lui ai répondu que c’est à chacun de voir ce qui est juste ou pas c’est ça un homme ! Celui qui fait le bon choix selon le contexte ! »

Pierre baissa instinctivement les yeux.

  « Gars j’ai… peur des couches ! Je ne sais pas changer une couche… »,  Déclara-t-il en levant un sourcil comme s’il reconnaissait que cette raison était puérile.

  «Je ne te parle pas des nuits blanches… je te comprends ! », dit Steph en riant.

  « Mais il y aura les anniversaires, les fous rires, les jeux avec mon fils, je suis sûr que c’est un garçon ! »

  « Ah oui, et surtout les gazouillis… »

Ils éclatèrent de rire tel un duo de comiques en manque d’inspiration.

  « Désolé pour ton père, Mola ! », dit Pierre en donnant une tape à l’épaule de son nouvel ami.

  « Oh, il va mieux, son agonie s’est achevé depuis que les infirmières ne s’occupent plus de lui. »

Ils éclatèrent à nouveau de rire, et ce fut le début d’une grande amitié qui dure depuis 18 ans. Les parents de Pierre avaient été compréhensifs et avaient acceptés de soutenir leur fils lors de cette épreuve mais Pauline avait fui abandonnant le jeune homme avec une enfant de 6 mois entre les bras.

Stéphane l’avait bravement joué le rôle de deuxième papa pour la petite Patricia qui était devenue sa filleule.

Depuis ce temps ils sont tous les deux inséparables d’ailleurs ils travaillent ensemble dans une entreprise de production de confiserie dont Stéphane est  le propriétaire.

Pierre avait également réussi à se faire un nom, et son statut au barreau du Mfoundi  lui a permis de brider la place de directeur des contentieux de la confiserie de son ami,  c’est donc sur ses épaules que reposaient les questions légales de l’entreprise.

Leur renommée dans l’industrie des sucreries leur a valu les surnoms de « Misters chocolate ». C’est le nom que leur ont accordé les sites et magazines people du pays, à cause de toutes les relations amoureuses qu’ils ont à leur actif. Pendant de longues années ils sont passés pour des tombeurs incurables, jusqu’à…

Ingrid Djoumessi.

Jusqu’au jour où ce mannequin de renommée internationale, avait piqué Stéphane. Au départ Pierre se disait que comme les autres c’était une passade, mais il y’a déjà un peu trop longtemps que cette fille fait partie de la vie de son pote.

Elle est arrivée et elle a tout chamboulé dans leur vie et surtout dans leur amitié. Sans vouloir être rabat-joie, ou paraitre jaloux du semblant de bonheur que vit actuellement son pote, Pierre peut affirmer que cette femme n’est pas faite pour lui, d’ailleurs aucune femme qui s’entendra à la perfection avec la maman de Stéphane ne sera la bonne, pour lui.

« Ingrid peut encore jouer à la gentille fille innocente, pour le moment, mais dès qu’elle t’aura passé la corde au cou tu pourras enfin comprendre à quelle genre de femme tu as à faire ! », avait-il dit à son ami un matin.

Steph n’avait pas vraiment apprécié cet avertissement, surtout qu’il venait de la seule personne qu’il considérait comme capable de le comprendre.

Pour ne pas se fâcher, Pierre avait suggérer qu’il teste un peu l’implacabilité de la belle Ingrid en lui demandant de patienter un peu avant de sauter le pas. En ce moment ça tombait bien parce que les préparatifs de leur mariage avait fait ressortir un peu les vraies couleurs de la jeune femme et son ami avait des doutes sur sa décision.

 Pierre jeta un coup d’œil à sa montre, il est vraiment en retard, espérons qu’il y est arrivé. Tout de même il s’agit là de l’homme qui a la langue la plus mielleuse du monde.

Quand on parle du loup… Stéphane avait un drôle d’air on aurait dit qu’un train lui était passé dessus. Il s’approcha de la table où ils avaient l’habitude de prendre un verre en bavardant. Il fit signe à un serveur et s’assit lourdement sur la chaise face à Pierre et soupira en prenant sa tête entre ses mains.

  « Alors ? », s’enquit Pierre.

  « J’espère pour toi que je ne suis pas en train de faire la plus grosse bêtise de ma vie ! », dit-il en prenant le verre de gin que le serveur venait tout juste de déposer.

  « Ecoutes Steph, si cette fille t’aime, elle attendra le temps voulu ! Ce n’est pas comme si tu vas prendre un an entier pour réfléchir, il s’agit juste de tester son soi-disant amour pour toi, pendant trois mois ! »

Pierre servait ce radotage au fur et à mesure que les idées lui venaient à l’esprit, et son interlocuteur n’y croyait pas trop.

  « Je la crois lorsqu’elle me dit qu’elle m’aime et tu sais bien que je suis capable de sentir quand une personne me ment… »

  « Ah oui c’est vrai mola ! Et je suppose que ce n’est pas valable lorsqu’il s’agit de Patricia… »

  « C’est ma filleule et tu connais l’amour que je porte à ta fille ! »

  « Ah… donc comme Cassie est ta sœur… Gertrude Onguene, elle fait partie de ta famille ou c’est juste parce qu’elle a une superbe bosse ? »

Stéphane éclata de rire, ce bon vieux Pierre, son ami de toujours comment pouvait il être aussi cruel avec lui dans un moment aussi confus.

  « Elle est d’accord, elle va attendre ! »

  « Alléluia ! C’est ce que j’attendais de sa part, espérons qu’elle tienne », déclara-t-il en espérant le contraire. « Bon, assez parler de ta… d’Ingrid ! Maintenant dis moi, tu es au courant que David Chedjou est décédé il y’a deux semaines dans un accident de voiture ? »

Le chef d’entreprise refit surface comme part magie, c’est d’ailleurs un tour de passe - passe auquel il était habitué.

  « Oui… Etienne m’en a parlé avant-hier, ça doit être dur pour son épouse ! Et puis je me demande comment on va s’y prendre pour la transaction maintenant ! »

  « J’ai étudié de près la question, sa femme est certes son administratrice légale mais étant donné qu’il a signé le contrat de vente et que tu as remboursé les dettes de son feu mari, alors son entreprise te revient de droit… elle n’a plus son mot à dire le deal a été signé devant les autorités déjà… De toutes les façons la situation de cette femme ne change pas vraiment même après le décès de son époux. »

Stéphane hocha la tête.

  « Et cette pauvre veuve va rester les mains vides, c’est ce que tu es en train de me dire ? »

Cette histoire ne plaisait pas beaucoup à Stéphane, mais le business reste le business. Il avait acheté une entreprise en remboursant les dettes de celle-ci donc devra porter fièrement le sceau de celui qui a été déchu, même si ce dernier est mort.

  « Je suis en train de te dire que, oui, elle va perdre sa maison à Bastos, probablement sa fille ne pourra plus aller à l’école américaine là ! Mais ce n’est pas ta faute puisque même vivant son mari et elles auraient dû déménager…»

  « Elle a de la famille au moins ? », s’enquit Stéphane visiblement préoccupé par la question.

  « Quel philanthrope tu fais ! », railla Pierre pas vraiment surprit par les inquiétudes humaines de son ami. Il a toujours eu ce penchant trop humain pour un homme d’affaire.

  « Pierre… »

  « Oui ! Elle a une sœur, un père, mais elle va surement perdre ses bonnes amies des quartiers de bosse ! »

  « Ah je vois, très bien, il faudra penser à lui envoyer nos condoléances… Un chèque pour les obsèques de son mari ! »

Pierre sourit en buvant une gorgée de son scotch.

  « Tu pourras le faire toi-même, elle te convie à l’enterrement dans quatre jours ! A Bafoussam ! », il parlait en regardant sa montre. « Il va falloir que je te quitte, je dois passer prendre Patricia… »

  « Où est passé Billy ? », s’enquit Steph perplexe. « Et comment cela elle me convie à l’enterrement ? »

  « Ta filleule a décidé que le mardi et le jeudi c’est moi qui passe la chercher, je me demande pourquoi je paye un chauffeur si je dois faire son boulot à sa place ? Tu as été le témoin de la déchéance de son mari, alors elle veut que tu achèves ton boulot en le mettant toi-même sous terre… A plus, tu me fais signe plus tard ? »

Stéphane hocha la tête.

       

Victoire n’en revenait pas, d’après ce que disait sa sœur, ce Medou avait tous les pouvoirs sur les biens de David. Et tout ce qu’elle trouvait de bien à faire c’est de le convier à l’enterrement de son feu beau-frère. Sa sœur avait franchement oublié comment on se comporte dans les quartiers chauds de Yaoundé où elles avaient toutes les deux grandis. C’est vrai qu’elles avaient toutes les deux fait du chemin depuis le ghetto vers la banlieue chic d’Odza pour Victoire et le quartier de grand standing de Bastos pour Ange.

Victoire s’était fait un nom dans le monde de la mode. Monde qu’elle a failli quitter  peu de temps après l’incident avec son dernier mari. Victoire n’a que 33 ans  mais déjà elle a à son actif, quatre mariages et  des divorces du même nombre, elle avait définitivement fait le tour de toute sorte d’histoire, avait fait la une de trop de tabloïdes dans le monde entier, torchon qu’elle ne lisait jamais d’ailleurs.

Elle comprenait bien que sa sœur soit si classe, comme toutes les « desperates housewives » qui vivent sous les projecteurs de Yaoundé.

De plus elles ont toujours été très différentes, même si très proches. Angèle a toujours été le sucre d’orges des parents et en plus celle que tout le monde trouvait sympathique, le genre de fille à qui on confiait ses secrets sans hésiter une seule seconde.

Victoire était celle qu’on admirait pour sa finesse, sa beauté et aussi sa manière de gérer les situations très délicates, donc c’est elle qu’on appelait en cas de pépin et bien-sûr elle répondait toujours présente, comme en ce moment pour sa sœur. Même si dans un sens la situation de sa sœur ne l’étonnait pas vraiment.

Ce bon David Chedjou s’était débrouillé pour écarter Ange de sa famille et maintenant il venait de la laisser sans un sou en poche à cause de son incompétence. David Chedjou était le seul et unique héritier de l’empire des Chedjou de Bafoussam, qui avait fait fortune grâce à un ancêtre commerçant, un homme d’affaire que l’on avait prit comme référence durant des décennies.

Mais il a fallu que cette richesse tombe entre les mains d’un incapable comme David qui a tout dilapidé en un temps record, ceci dans le jeu et les paris stupides à des millions d’Euro, pour ne pas dire milliards de francs CFA

Résultat des comptes c’est sa pauvre sœur qui se retrouve veuve d’un idiot doublé d’un mauvais perdant qui n’a pas supporté de tout  perdre et a préféré envoyer tout balader et s’est tué dans un inutile accident de la route.

Et le clou du spectacle ! L’homme qui détient l’entreprise que sa sœur était censée recevoir comme administratrice testamentaire de l’héritage de leur fille Cathy, est invité à l’enterrement de son débiteur.

  « Dieu faites qu’il ne se pointe pas ! », s’exclama-t-elle.

Angèle qui venait de pénétrer dans ce qui sera bientôt son « ex-maison » sursauta en entendant sa sœur.

  « Qui ça ? Un autre de tes gars un peu trop collant ? »

Vicky se tourna vers sa sœur en essayant de comprendre comment elle pouvait être aussi calme, elle venait tout de même de perdre son époux.

  « Tu ne crois pas que c’est à cause de ce… Medou que tu es dans la situation actuelle ? Je sais, ce que je dis est un peu exagéré, mais tu sais tu devrais t’en prendre à quelqu’un et il est le parfait bouc émissaire ! »

  « La seule et unique personne a qui  je devrais m’en prendre pour cette situation est en ce moment dans un des tiroirs de la morgue, donc tu vois que ce sera très difficile de lui faire des reproches et puis ce type a sauver l’emploi de centaines de personne ! », déclara-t-elle en se servant une tasse de café.

  « Mais c’est un peu sa faute si ton feu mari n’a pas tenu le coup… il a tout de même refusé de payer plus que la valeur des dettes ! »

  « Ce sont les affaires Vicky, tu sais comment ça fonctionne… Et si tu n’arrêtes pas avec cette histoire c’est à toi que je vais m’en prendre ! »

  « D’accord, j’ai compris ! »

La veuve Chedjou semblait prendre ses problèmes avec beaucoup de calme. Certes elle était affectée par cette disparition, mais elle donnait presque l’impression qu’elle s’y attendait un peu, dans le fond, elle avait vu son mari sombrer au jour le jour.

 « Je m’y attendais Victoire, David n’a jamais été capable de supporter une quelconque difficulté, il avait tout à sa portée ! Il ne s’est jamais vraiment battu, même avec moi il n’a pas eu besoin de trop en faire… »

  « Je te comprends avec pareille compte bancaire ça ne sert à rien de le faire courir ! », dit Vicky avec un ton railleur mais elle se tut en voyant l’expression de sa sœur. « Pardon ! »

  « Ce n’est pas drôle….je l’ai laissé mourir Vicky ! », fit-elle en s’essuyant les larmes aux yeux.

  « Non, non tu ne pouvais rien faire pour lui ma chérie… »

  « Mais j’étais sa femme, j’étais censée l’épauler… être là pour lui… »

Victoire consola sa sœur en la serrant dans ses bras.

  « Ma chérie tu ne pouvais rien pour lui, tu n’y pouvais rien ! »

Finalement la grande veuve s’écroulait en larmes et laissait son masque d’invulnérabilité tombé. Mais pas pour très longtemps. Ça c’est une particularité chez les Esso’o, ne jamais être trop éplorée, toujours mesurer les moments de faiblesse. Elle jeta un coup d’œil à sa montre et s’extirpa des bras de sa sœur.

  « Il faut que j’y aille j’ai un travaille à faire pour Aurélien, il m’a demandé de faire visiter sa villa à Nkoabang pour lui. »

  « Nkoabang ? Là où il y’a les nouveaux riches ? Seigneur, il faut que tu me présente ce fameux Aurélien… »

  « Il a soixante-quinze ans ma chère ! »

Victoire hocha la tête  l’air pensive.

  « C’est l’âge d’or, il clamse et moi je garde tout ! »

Angèle  éclata de rire et fit un baiser à sa sœur avant de  quitter la pièce.

  « Occupe toi de Cathy je ne serais pas très longue, à tout de suite ! »

  « Ciao ! »

Au moment où Angèle s’en allait le téléphone de Victoire sonna et elle reconnue tout de suite cette sonnerie pour l’avoir entendue trop de fois depuis quelque temps !

Que lui voulait-t-il au juste, elle croyait avoir été assez claire avec lui, en lui disant qu’elle ne voulait plus avoir à faire à lui ! Bon, s’il faut le lui chanter en espérant enfin  qu’il comprenne que lorsqu’une personne  dit non cela veut dire non…

  « Oui… allo ! », fit-elle en décrochant.

  « Salut ma Vicky comment tu vas ? »

  « Je  peux savoir ce que tu veux, John ? »

  « Quoi ? Je ne peux plus prendre des nouvelles de mon sucre d’orges, maintenant ? » 

Victoire soupira et pesta.

  « Ecoutes je n’ai pas le temps pour des radotages je suis épuisée et… »

  « Je voulais juste te demander pourquoi je n’ai pas encore reçu de faire-part pour l’enterrement de ton beau-frère ? Tu comptais bien m’y inviter non ? »

« NON, mais où te crois tu au juste ? Je croyais que tu avais compris ce que je voulais dire par je ne veux plus avoir à faire toi et que ce semblant de chose qui est arrivé entre toi et moi doit rester dans ton imagination… parce que je n’ai pas l’intention de coucher avec toi !... Jamais ! »

  « Ne me racontes pas ta vie Vicky, tout ce que je voulais te dire c’est que je serais là samedi ! »

  « Tu n’as pas intérêts à te pointer ici John Dickson… »

La tonalité fut la seule réponse qu’eut Victoire.

  « John…John… Ah ! Tu as intérêt à rester à Limbé… qu’est-ce qui m’a pris de flirter avec ce pauvre imbécile ? »

   


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