Chapitre 1: Combattre la maladie
Write by Sandy BOMAS
Chapitre 1 : Combattre la maladie
**Francine MIKALA**
Quand je revins dans la chambre de Yasmine, elle s’était assoupie. Elle dormait comme un ange. Je m’assis à côté d’elle, pris ses petites mains dans les miennes, un sourire se dessina sur ses lèvres et dans son sommeil, elle marmonna :
« Maman… »
Je sentis mon cœur se remplir d’amour et de détermination.
«Ne t’en fais pas, mon cœur, je ferai tout pour que tu guérisses ! »
Sentant l’émotion me gagner à nouveau, je refoulai vite fait les larmes qui me montaient aux yeux. Je posai un léger bisou sur son front et Je me levai pour préparer la sortie d’hôpital.
« L’annonce de la maladie de Yasmine m’a déchiré le cœur en mille morceaux...Si ma fille meurt, je mourrais avec elle…Je sais que je n’ai pas le droit de flancher, car les mois avenirs seront très difficiles, pour toutes les deux. Ma fille aura besoin de moi. C’est pourquoi je dois m’armer de force et de courage car le combat contre le cancer sera très certainement rude...Il faut que je garde la foi et que je sois dotée d’un mental d’acier, j’en aurai besoin pour vaincre ce foutu cancer ! Yasmine aura besoin de ma force pour tenir ferme elle aussi ».
Je rassemblais les affaires de ma fille et les mis dans sa valise « La reine des neiges ».
-Maman, tu m’amèneras voir la neige en vrai ? M’avait-elle demandé de sa voix la plus douce.
-Oui lui avais-je répondu.
« Dès qu’elle ira mieux je ferai ce voyage dont elle rêve tant depuis un bon moment déjà... Oui, je l’amènerai voir la neige en vrai…Je n’ai pas vu passer les quatre dernières années…Entre la naissance de ma fille et l’ouverture de mon restaurant Le palais d’Epicure, je n’avais pas eu le temps de voyager sauf pour affaires... Du coup depuis sa naissance, nous ne sommes pas retournées en France toutes les deux…Je m’en veux de n’avoir pas levé le pied à un moment…Parfois on oublie que le temps ne nous appartient pas…Et je suis en train d’en faire l’amère expérience…»
Je terminai de plier sa dernière robe de nuit, puis fermai la valise.
Yasmine, ma fille…Ma plus grande fierté. Celle pour qui je me lève tous les matins, en essayant de devenir meilleure chaque jour. Je ne lui refuse presque rien à mon petit miracle. Certains disent que je la gâte trop. Mais pour moi, rien n’est trop pour elle. Rien. Je veille à ce qu’elle ne se sente pas différente de ses petits camarades, qui eux, sont élevés par leurs deux parents.
Je me suis toujours bien débrouillée à jouer les deux rôles : celui du père et de la mère. Et puis avec mon frère Yannick, Yasmine est surprotégée. Il la gâte autant que moi, si ce n’est plus. Attention ! Yasmine est quand même la fille de la petite dernière de la famille et ce n’est pas rien.
Yannick lui apporte la présence masculine qui pourrait éventuellement lui manquer même si jusque-là, elle n’a jamais manifesté le moindre vide de ce côté.
Parce que ça me paraissait beaucoup plus simple, je lui avais dit que son papa était au ciel…Comment vais-je faire maintenant que les médecins me demandent où se trouve son père ? Aurai-je la force nécessaire pour combattre la maladie de Yasmine toute seule ? Si seulement je t’avais près de moi Kendrick…Si seulement tu voyais ta fille…Si seulement tu savais que tu avais une fille…Est-ce le sort qui m’accable de la sorte pour que je sois obligée de te dire toute la vérité ? Ça fait quatre ans que je tais ce mensonge…La leucémie de Yasmine me met au pied du mur. L’heure de la vérité semble avoir sonné.
Yasmine est une enfant adorable. Et même si elle a grandi avec l’idée que son Papa n’est plus de ce monde, elle se sait aimée et sait qu’elle a de la chance, car Maman vient d’une famille nombreuse qui l’aime plus que tout.
Elle est consciente que moi sa petite Maman, sa magicienne comme elle m’appelle, je travaille dur chaque jour, pour assurer son bien être…
J’ai encore tellement de choses à lui apprendre, tant d’amour à lui donner. Ma fille a encore des tonnes de choses à vivre pour partir maintenant ! Quatre ans Seigneur ! Yasmine n’a que quatre ans ! …L’âge où commence l’enfance, avec toute son espièglerie et toute sa candeur…Non ! Ma Yasmine ne mourra pas ! Je refuse !
La valise bouclée, je sortis de la chambre et allai régler les formalités liées à son hospitalisation.
« Heureusement que mon assurance couvre tous les frais, car le séjour de la petite dans cette clinique, m’aurait coûté une fortune ! »
Une fois les formalités de sortie effectuées, je revins dans la chambre de Yasmine. Elle s’était réveillée et regardait un dessin animé à la télé.
-Coucou ma chérie…Tu as bien dormi ?
-Oui…Maman, mais je suis encore beaucoup fatiguée…
Je m’approchai de ma fille et posa ma main sur son front.
« Elle n’a pas de fièvre… Mais elle est essoufflée comme si elle avait couru, alors qu’elle est là, allongée dans son lit. Ma pauvre petite enfant»
Je relevai son lit au niveau de la tête, pour qu’elle soit en position assise, plutôt qu’allongée.
-Là…
Je callai sa tête avec un oreiller.
-Tu seras plus à l’aise comme ça pour regarder La reine des neiges tu ne penses pas ?
-Oui Maman, je serai beaucoup plus à l’aise comme ça…Merci répondit Yasmine en me souriant faiblement…
« Ses jolies petites joues ont fondu à une vitesse spectaculaire ».
Mon cœur se serra dans ma poitrine et je dû lutter de toutes mes forces, pour ne pas fondre en larmes.
Une infirmière arriva juste à ce moment.
-Bonjour Madame MIKALA
-Bonjour Madame…
-Coucou princesse ! Je suis venue te retirer ta perfusion car tu sors de l’hôpital aujourd’hui.
-Youpi ! Je sors de l’hôpital ! Ça veut dire que je suis guérie ? Hein Maman ? Je ne suis plus malade puisqu’on part à la maison. Demanda Yasmine les yeux brillants d’espoir.
Me voyant anéantie face aux questions de Yasmine, l’infirmière vola à mon secours.
-Yasmine, petite princesse, commença-t-elle, non tu n’es pas encore guérie...
-Mais alors pourquoi je sors de l’hôpital si je suis encore malade? Fit-elle, de sa voix pleine d’innocence.
-Parce que tu iras dans un hôpital plus grand, où il y a beaucoup plus de médicaments pour soigner ta maladie.
-Ah d’accord…Et est-ce que j’aurai la télé dans ma chambre pour regarder La reine des neiges ?
-Oui je crois que tu auras la télé là-bas et que tu pourras regarder ton dessin animé préféré.
Yasmine, visiblement rassurée, afficha un large sourire qui laissa voir ses petites dents de lait toutes blanches, avec ce magnifique espace dental hérité de son père.
« Elle a les dents du bonheur…Comme Kendrick… »
L’infirmière lui retira sa perfusion et lui mis un pansement à l’avant-bras gauche.
-Voilà princesse ! Je vais laisser Maman t’habiller et tu seras enfin prête pour la sortie.
Elle se tourna vers moi
-Vu qu’il n’est pas loin de midi, est-ce que vous souhaitez que Yasmine mange avant de sortir ?
-Non merci…Elle mangera à la maison...Je préfère qu’on parte le plus tôt possible….Il me tarde de rencontrer les spécialistes du centre de cancérologie d’Angondgé. Chaque minute compte désormais pour nous…
-Oui je comprends…Je vais quand même lui préparer un petit panier repas avec des yaourts et des fruits. Elle a besoin de prendre des forces. Même si c’est vrai que le glucosé a aidé à la remonter.
Sans attendre ma réponse l’infirmière sortit de la chambre.
Seule avec Yasmine, j’en profitais pour l’habiller.
-Voilà ma chérie ! Tu es enfin prête.
-Merci Maman.
-Pourquoi tu me remercies ?
-Parce que tu t’occupes bien de moi…
-C’est normal…Je suis ta Maman…
Je pris son visage dans mes mains, plongeai mon regard dans ses petits yeux ronds et lui dit :
-Je serai toujours là pour toi Yasmine ! Tu es tout ce que j’ai de plus précieux au monde…Je me battrai avec toi contre cette vilaine maladie et nous la vaincrons !…
-Je vais guérir ?
-Oui ! Tu guériras Yasmine. Fais-moi confiance ! Tu guériras !
Je refoulai des larmes qui me picotaient les yeux.
« Ces traîtresses qui n’attendent que pareils instants pour se manifester... »
-Je suis de retour !
L’infirmière me remit le panier repas de Yasmine, qu’elle avait méticuleusement emballé.
-Merci Madame dis-je en prenant le paquet qu’elle me tendait
-J’ai pensé que la petite apprécierait également ça.
Elle désigna le fauteuil roulant qu’elle avait ramené.
-Merci beaucoup pour ce que vous faites Madame.
Elle me sourit pour masquer cet air désolé, qu’elle avait à chaque fois qu’elle entrait dans la chambre de Yasmine.
-Je ne fais que mon travail vous savez…
« Elle et moi savons qu’elle fait plus que son travail…Elle éprouve de l’empathie pour Yasmine…Si petite et déjà condamnée par le cancer»
-On s’en va Maman ? S’écria Yasmine qui assise sur le fauteuil roulant, perdait patience.
-Oui on s’en va ma princesse.
(…)
À peine avais-je démarré ma voiture, que je vis dans le rétroviseur ma fille qui s’endormait dans son rehausseur.
« Ma pauvre enfant !...Il n’y a que par que sommeil qu’elle a un peu de répit ».
(…)
J’étais déjà devant le lycée d’Etat, quand je me retrouvais coincée dans les embouteillages de midi.
Je profitais du fait que la circulation soit stagnante, pour appeler Yannick.
(Dans la pensée de Francine)
Mon frère et moi sommes très proches. C’est d’ailleurs grâce à notre entente et notre complicité infaillible, que j’ai directement pensé à lui lorsqu’il m’a fallu trouver un associé pour monter ma boite.
Mon frère connaît toute la jet set librevilloise, pour ne pas dire, la jet set gabonaise entière (sans exagérer). Il sait qui va se marier avec qui. Qui baptise son enfant quand. Ces informations ne sont pas justes utiles pour alimenter les commérages, bien au contraire. Toutes ces « news » sont utiles pour le business. Yannick est toujours au courant des bons plans et ce longtemps avant tout le monde. Lorsqu’il était plus jeune, mon frère avait l’habitude d’organiser des soirées où on ne voyait que des gosses de riches. C’est sûrement depuis cette époque qu’il a précieusement gardé son carnet d’adresse.
Yannick est quelqu’un qui a toujours vu loin comme on dit. Il est très ambitieux. D’ailleurs nous le sommes tous les cinq mais à des degrés différents. On va toujours au bout de ce que l’on entreprend. Et quand je vois comment nous avons tous réussi, nous avons de quoi être fiers de nous.
Notre père s’était arrangé pour qu’on apprenne dans les meilleurs établissements scolaires. On n’avait rien à envier à personne. Notre niveau de vie rivalisait aisément avec celui de tous ces « m’as-tu vu » qui venaient aux soirées de Yannick.
« Ah les soirées de Yannick ! »
Quand il me surprenait la mine renfrognée, ou entrain de toiser une de ces potiches qui se dandinait de manière un peu trop vulgaire à mon goût, il n’hésitait pas à rappeler combien ma tenue était importante.
« -Le sourire commercial Frans ! N’oublie pas de sourire. Tu n’es pas obligée de leur montrer que tu ne les aimes pas. Mais de grâce, pense au réseau ! C’est maintenant qu’on prépare les connexions futures !
-Les connexions futures ?!
-Oui ma frangine, tous ces gosses de riches que tu vois se déhancher à mes soirées, sont appelés à reprendre le business de leurs parents demain.
-Et donc ? On doit faire quoi ? Leur cirer les pompes ?
-Non mais c’est maintenant qu’on doit penser à établir des liens pour le futur…
-Tchippp ! Moi ils me sortent tous par les yeux ! Et ces filles-là, qui jouent les bimbos à deux balles, j’ai juste envie de les baffer !
« De vraies tuées* ! » (filles légères)
-Laisse tomber, tu comprendras plus tard… »
Il avait raison, mon frère avait vu juste.
Tous ces anciens gosses de pontes sont devenus des « grands quelqu’uns » et nombreux sont de bons clients de notre restaurant Le Palais d’Epicure.
Je souris toujours agréablement, lorsque je repense à l’histoire de ce restaurant.
Quand je suis tombée enceinte de Yasmine, j’ai préféré quitter le Gabon afin d’éviter la pression de mon entourage autour de la paternité de mon bébé.
Je n’avais pas la force nécessaire pour affronter ma famille...Il fallait que je sois suffisamment sereine, pour rabrouer tous ceux qui me posaient les questions autour du géniteur de Yasmine.
Étant donné que la situation était très compliquée pour moi, me réfugier en France dans l’un des nombreux appartements laissés par mon père était la solution la plus simple que j’avais trouvée.
« Finalement être la fille de ce grand bandit de MIKALA Daniel avait du bon quelque part…Rire amer… »
J’avais besoin d’être seule pour mener ma grossesse à terme et pour me reconstruire...
Cette grossesse, je l’avais bien vécue seule finalement...
Qu’est-ce que j’étais gourmande ! J’aimais manger autant que j’aimais cuisiner.
Je passais des journées entières à essayer de nouvelles recettes. J’étais accro à toutes les émissions et les jeux télévisés comme Master chef, Top chef et tout le tralala. D’ailleurs c’est comme ça que l’idée de faire une formation en hôtellerie m’est venue.
J’avais la chance d’être au pays de la gastronomie, c’était là une belle opportunité d’être formée par les plus grands. Pour me perfectionner, je me suis inscrite dans une grande école d’hôtellerie.
Après avoir obtenu mon diplôme en management hôtelier, j’ai fait une formation complémentaire en pâtisserie avec le célèbre chef étoilé Cyril Lignac. Puis une autre formation en cake design, ce qui est d’ailleurs ma spécialité.
(Fin de la pensée de Francine)
(…)
Les coups de klaxons de la voiture derrière moi, me reconnectèrent au monde réel.
Kit main libre à l’oreille, j’attends que mon frère décroche.
-Allô Yannick !
-Oui Frans !
-Tu en as mis du temps pour répondre dis donc !
-Ben il est midi et comme tu le sais il y a de l’affluence au restaurant. Et même si Charlotte et Valencia assurent parfaitement au niveau du service. J’aime bien m’assurer que tout se passe bien. Du coup j’étais en salle quand tu appelais. Comment va ma Yasmine ?
-Elle est très faible...Comme tu le sais...
-Et que disent les médecins ? Qu’est-ce que les derniers examens ont donné ?
La voix de Yannick traduisait son inquiétude par rapport à l’état de santé de la petite.
-Nous sommes sorties de l’hôpital….
-Vous êtes sorties d’El Rapha ?! Mais pourquoi vous êtes sorties alors que l’état Yasmine ne s’est pas amélioré ?
-Le médecin a dit qu’elle a besoin de rencontrer un spécialiste…
-Un spécialiste ? Mais pourquoi ?! Hurla mon frère interloqué
-Le médecin qui la suivait à El Rapha, a passé la main à un de ses confrères qui saura mieux traiter sa maladie…
-Sa maladie ?! Reprit-il en écho mais de quelle maladie s’agit-il Francine ?
J’ai senti ma gorge se nouer et les larmes me monter aux yeux. Je m’éclaircis la voix puis repris :
-Je ne peux pas t’en dire plus Yannick. On a rendez-vous à l’hôpital d’Angondgé pour rencontrer le spécialiste…Je fais un tour rapide à la maison avant de m’y rendre avec la petite.
-Ok…Je m’assure que le service est bien fait et je te rejoins. On ira ensemble !
-D’accord. Je te laisse. Je dois conduire…
-Sois forte…A tout à l’heure !
-Ok à toute à l’heure.
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