Chapitre 1: Crépuscule

La petite Villa des Amoussou grouillait de monde et d'un calme imperturbable. 

Son calme habituel laissait place à un vacarme intérieur assourdissant que nul ne se voulait prévaloir. 

En ce jour, du dimanche deux avril 2000, personne ni rien ne saurait exister. Tout semblait ne plus vivre...Tous semblaient ne plus que survivre. Le souffle des occupants de la petite demeure retenait le souffle, comme ci d'une part chacun attendait juste l'ultime départ. 

La véranda occupait les quelques convives et le salon laissait aller et venir les visiteurs circonstanciels. Même les enfants, de nature si bouillant semblaient comprendre la portée de l'événement. Les jumeaux étaient installés dans le fauteuil familial.  Leurs maigres poids fondaient le vieux canapé qui trônait, tel un trophée dans un coin de la maison. Nul ni personne ne voulait les faire lever. À vrai dire, pouvait-on les faire lever ? Ces deux étaient les plus aimés du patriarche, et les voir dans son canapé ne serait que justice. Par moment, ils se jetaient des regards furtifs et finissaient par reposer leur tête de mômes sur le bord du canapé. L'ambiance demeure toujours aussi glacial... Qui pourrait d'ailleurs briser cette monotonie malheureuse qui laissait entrevoir un silence profond?

- <<Va t'asseoir>>, tonna une voix d'une faiblesse à peine voilée, mais d'un charisme certain. C'était y'a Rockiath, la maitresse de  maison. Le jeune homme, Ariel, une quinzaine d'années, arrêta net sa course au milieu du salon. Il jeta un regard à sa mère, Moriane, cherchant un soutien, mais cette dernière, lentement, baissa le regard, joignit ses deux mains ensemble et les enfouis dans le creux de la fente de ses jambes et se recroquevillant dans le fauteuil, comme pour dire à son rejeton de fils qu'elle ne pouvait se permettre de parler ne serait ce que de contredire la dame de maison du vivant de son père....

Le jeune homme, soutient le regard de Rockiath... Il cherchait une compassion mais rien n'y fit...

- <<Ça finira bientôt>>, grogna-t-il le visage fermé avant de se rasseoir.

Quelques minutes s'écoulaient et d'un pas traînant, on vit apparaître le patriarche du haut des escaliers. 

Ses cheveux blancs se dessinaient dans un rayon de lumière et lui rendaient sa jeunesse d'antan, celle qui lui avait permis de faire chavirer nombres de cœurs et des malheurs, il en avaient fait... Mais ça s'était une autre époque. Une époque aussi vieille que ne pouvait lui laisser ses quelques heures qui lui restait à vivre. Trois heures de temps encore et il devrait partir se reposer. Enfin, si ce voyage pouvait être considéré comme un repos. Il y a bien longtemps qu'il s'était fait à l'idée de partir, et de maintenir servir et rendre tout ce qu'il avait pu prendre. Certes, il devrait partir plus tôt, renvoyé par un inconnu mais il savait que ce jour viendrait bien. Une chose est sûre, le patriarche Amoussou se sentait prêt, quoique le cœur battant, battant dans la mesure où il laissait sa famille, ses êtres qui sont son essence...

Debout dans l'entremise, drapé de son kanvo*, il laissait voir sa belle poitrine parsemé de quelques poils blancs. Son regard grave parcourra l'assemblée et d'un calme absolu, il leva les yeux aux cieux.

-<<Moriane>>, commença -t-il en posant une main tremblante sur le bord de l'escalier, <<Tes frères et toi, dans ma chambre tout de suite>>, laissa t-il entendre avant de se retourner prestement.

Les rejetons se levaient vers les escaliers quand y'a Rockiath se leva, et retint Naimath du bras...

-<<Tu n'es pas son sang.>>

La jeune femme baissa la tête. C'est ce moment que choisi Marvin pour intervenir, tirant sa demi soeur des griffes de cette femme qu'ils n'ont jamais supporté. De se grands bras, il enveloppa sa soeur et les cinq se dirigeait vers la chambre de leur père.

Il sonnait 20h15 et le ciel venait de cravacher un tonnerre d'éclair. Celui qui annonce une pluie soudaine ou peut être un malheur prévu...