-            Pourquoi tu regardes tant cette fille Chris ?!

En guise de réponse, Christopher se retourne, adresse un sourire en coin à son frère Tristan et redirige ensuite son regard vers la jeune fille. Tristan reprend :

-            Ne me dis pas que tu veux aussi la compter parmi tes conquêtes, tu en as déjà assez tu trouves pas ?!

-            Pourquoi ?! Tu la voudrais toi ? (Toujours souriant)

-            Bof, elle n’a rien de spécial, elle ressemble à toutes les lèches bottes d’amies qu’a ta stupide de sœur Carole !

-            Hum… Mais il y a une chose en elle qui me dresse ! Elle a un petit côté ingénu et en même temps coquin. Pour tout dire, elle est tout simplement appétissante.

-            Murielle n’apprécierait pas d’entendre ce que tu dis là !

-            Parce que tu vas le lui dire ?!! Et si je te la passais, histoire de t’amuser un peu ? Moi elle me soule déjà.

-            A ce prix-là, pourquoi pas ?!! Marché conclut. Conclut Tristan un sourire satisfait aux lèvres en s’éloignant de son frère.

Christopher l’interpelle et lui dit :

-            Tristan, Carole n’est pas une idiote, c’est notre petite sœur.

Christopher et Tristan sont frères jumeaux, ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau, mais sont différents l’un de l’autre de par leur trait de caractère. De père suisse et de mère ivoiro-sénégalaise, les deux jeunes garçons sont presque déjà des hommes à présent. Ils sont le mélange de plusieurs cultures et de deux couleurs de peaux différentes ; ce qui fait d’eux de beaux sang-mêlé. Christopher est rieur, chaleureux et très perspicace. Par contre, Tristan est ronchonneur, pas très sûr de lui et pourri gâté, surtout par sa mère. Toutefois, les deux avaient certaines choses en commun : ils sont tous deux brillants dans leurs études, ils aiment le luxe ; leurs parents étant fonctionnaires internationaux, ils ont tout ce que des jeunes hommes de leurs âges pouvaient désirer. Et ils aiment particulièrement collectionner les jolies filles, Christopher plus que Tristan à vrai dire. Puisque Tristan se contente bien de celle que pouvait lui laisser Christopher, étant donné qu’il manque toujours d’assurance. Mais là encore leur goût en matière de femme est différent…

Kady est venue aider son amie Carole à relever son niveau en mathématique. Cette dernière, ses parents l’ont bien mise en garde que si elle n’a pas de moyenne en ce dernier trimestre, elle n’aurait pas droit au bal de fin d’année. Et Dieu seul sait que Carole adore les fêtes. Elle s’est liée d’amitié véritable à Kady parce qu’elle trouve que celle - ci a du répondant, ne se laisse pas faire et surtout est studieuse. Elles sont en plein exercice sur la terrasse d’étude quand arrive Christopher :

-            Salut les filles. Dit-il

-            Salut. Répondent-elles ensemble.

Kady est au tableau à corriger un exercice qu’elle a donné à Carole auparavant, cette dernière est assise et la suit. Christopher fait de même quelques minutes puis s’adresse ensuite à Kady avec un sourire ravageur :

-            Kady, mais comment tu fais ? je te trouve encore très lumineuse… aujourd’hui.

Elle répond d’un merci à peine audible et baisse le regard. Carole s’empresse de l’éloigner, parce qu’elle tient absolument à étudier, et ne veut pas que son frère déconcentre Kady :

-            Alors ça avance ces exercices ? Demande toujours Christopher sans faire attention à sa sœur.

-            Oui bien, mais s’il te plait Chris, laisse-nous, on n’a pas encore fini. Répond Carole

-            Ok, bye.

Christopher s’éloigne en jetant un regard enveloppeur à Kady. Carole s’apercevant du manège de son frère, s’adresse à cette dernière :

-            Ne te laisse pas séduire par mon frère Kady. Tu n’es pas son genre de fille tu sais, et lui non plus d’ailleurs.

-            Oui, je sais, t’inquiète pas.

Kady sait se tenir, elle connait sa place. Issue de famille polygame, son père, Karim DJARASSOUBA, a trois épouses et est un fervent croyant, très attaché à la religion. Il est très sévère et strict sur l’éducation de ses enfants, en particulier celle de ses filles. Elles ont un code vestimentaire qui est sensé couvrir presque tout leur corps, des heures strictes de sortie et ne doivent pas fréquenter le sexe masculin, même pas comme ami. Pour Karim, c’est le meilleur moyen de faire arriver ses filles pucelles au mariage.

Kady est l’une des filles les plus chanceuses de son père, puisqu’elle est studieuse, son père la laisse, elle et trois autres de ses sœurs continuer leurs études. Les autres, ont été soit déjà mariées soit en attente qu’on leur trouve un mari ou soit encore que le mari se décide à venir les chercher. Et gare à celle dont l’époux ne confirmera pas la virginité. Elle est automatiquement renvoyée dans sa famille et la dot est remboursée au mari trompé. Mais grâce à Dieu, la famille de Kady n’a jamais subi une pareille humiliation publique.

Cette année-là, Kady fait la terminal C à l’âge de 19 ans presque révolue. C’est le niveau le plus élevé qu’une fille de son père ait obtenu d’ailleurs. Dans les mœurs de certaines familles, comme celle de Kady, le plus important pour une femme, c’est la famille, le foyer, les enfants. Avec un peu de chance, Kady espère obtenir son bac, même si elle n’a pas eu la chance de commencer les études très tôt à cause du refus de son père de scolariser les filles. Elle espère ainsi aller à l’université et échapper peut-être au sort de ses cousines et grandes sœurs : le mariage arrangé !

Elle a d’autres rêves pour elle, étudier, travailler voyager, mais actuellement quelque chose lui occupe vraiment l’esprit, ou plutôt quelqu’un : Christopher. Elle fond à chaque fois qu’il pose le regard sur elle ou lui adresse la parole. La première fois qu’elle l’a rencontré, c’était à la rentrée des classes au collège Jean de la Menai, à Man, en Côte d’Ivoire, lorsqu’il y a accompagné sa sœur Carole. Elle a eu le souffle coupé : « un aussi beau garçon ne peut exister que dans les films ! » s’est-elle dite sur l’instant.

Elle a continué de le voir par la suite lors des séances de travaux qu’elle a souvent eu avec Carole, tantôt chez cette dernière, tantôt chez elle-même. Penser à lui, lui donne des papillons dans le ventre. Si elle n’avait pas étudié, on lui aurait certainement fait croire que c’est mal ce qu’elle ressent pour ce garçon. Une fille descente ne doit pas rêver de garçon, mais c’est faux, elle sait maintenant que c’est normal, que cela est en harmonie avec son corps de jeune fille. Mais elle ne se fait pas d’illusion, Christopher ne s’intéressera jamais à une fille à l’existence trop compliquée comme elle. De plus, il fréquente des filles tellement belles et sophistiquées, alors qu’elle ne se contente que d’être le plus naturel possible, parce que cela fait partie son éducation en elle-même.

***

Le trimestre arrive enfin à son terme, et les efforts de Carole ont portés leurs fruits, elle a eu la moyenne. Il lui reste maintenant l’examen du baccalauréat à passer, elle a fait promettre à son père de lui offrir une fête à la maison pour elle et ses copines en récompense de leurs efforts :

-            S’il te plait papa, je te promets que j’obtiendrais mon diplôme !

-            Ah ma fille chérie ! Tu n’as même pas encore composé ! Tu devrais te concentrer pour cela d’abord tu ne crois ?

-            Ce sera après la composition bien sur papa, j’aurais besoin de déstresser s’il te plait !

-            Ma petite adorée, tu es le sosie de ta mère, je ne sais rien te refuser vraiment !

-            Merci papa chéri. Répo