Chapitre 1 : Le pieu des pieux.
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Chapitre 1 : Le
pieu des pieux
"La religion est l'opium du peuple." dixit Karl Marx. Ici, Chez
moi, le peuple se shoote à la Jésus! Son amphétamine est débitée à longueur de
jour par des bonimenteurs fainéants. Et on chante! Cela chante, ça chante... Le peuple, oui le peuple, danse sous les
vivats des alléluia-Amen!
Sous le chaud tropique où tout est
exubérance, Jésus prolifère également sous l’action de cette humidité moite qui
fait tout pousser. Jésus, comme le moustique, est le fonds qui manque le moins.
Une bible, trois mois de recyclage, et le voilà prêt pour sa mission :
Sauver les âmes à tous prix. A tous les prix. Bien qu’il soit très pieu, il ne
dédaigne pas un paiement en nature.
Il a une sainte horreur de la sébile et de l’obole. Sa cible de
prédilection est la charmante désespérée, possédée par le démon du midi. Il y
trouve là, sur cette chair pulpeuse, le pinacle de son mont de Sion. Là, oui,
là, il ne dédaigne pas labourer un champ aussi fertile en orgasmes et en
imprécations lubriques à faire damner un Pape.
Il ahane en donnant des coups de reins à
toutes celles qui n’en peuvent plus de supporter leur sécheresse et leur
abstinence. Les absolutions sont accordées, sur
le rythme d’un phallus insatiable, à toutes les impies.
Nulle place n’échappe à ces orgies
de liturgies de la rédemption et du réveil ! Garages de voitures, salles
de classes, living, toilettes de cinéma…. On n’y va, chacun selon son
évangile : Evangile de pierre, évangile de feu, évangile de l’eau,
évangile du sperme, évangile..., évangile apocryphe ;
Pilate, s’en est déjà lavé les mains. Ne voulant être le témoin
de ces temps nouveaux où la verge dompte la vierge, ou
l’hymen défloré est porté en triomphe comme parure.
Mais lui, il n’a pas eu besoin de gant pour saisir la balle au bond. Il
avait été largué par tous les trains. Il était resté sur le quai de la vie. Ce
fut un soir ou peut être un après midi, il ne le sait plus, tant l’eau a coulé
sous les ponts depuis. Le hasard a croisé son chemin. Il s’incarna dans cet homme
élégant qui en imposait aux autres. Il avait la manière et savait parler à la
foule. Il lui a dit : Petit suis-moi. Et il la fait sans se poser de
questions. Ils allaient ainsi les chemins à pêcher, pour le royaume, les âmes
en perdition. Avec lui, il a appris tous les rouages du métier. La vertu de son
maître n’a pas émoussé son instinct de prédateur. Ce n’est pas sa faute s’il
est né dépouillé de tout. Mais il ne peut avoir de doute. Ce ne
peut être que par volonté divine qu'un bon samaritain est venu à sa
rescousse. Elu pour renaître, pourquoi donc lui faut-il s’embarrasser de la
vertu de son sauveur. Sa morale à lui, il lui faut l’inventer.
De valet de chambre, il est passé garçon de course, au choriste, au chantre
avant d’être consacré diacre. Il a obtenu grâce à cette ascension, tout ce à
quoi un jeune pouvait aspirer : le respect d’une communauté. ! Et il
a continué ses efforts pour gravir le reste
des marches vers le sommet. Sa vie est désormais décryptée par nombre de
médias. Son compte en banque croît en pic en corrélation avec l'effectif de fidèles qui
fréquentent son église. D’ailleurs, il n’a plus l’occasion de dépenser son
argent. La plupart de ces besoins sont couverts par les ouilles. A cœur joie, ils
le vêtent, le nourrissent, lui offrent des voitures de luxe et lui cèdent leur
demeure pour y séjourner lorsqu’il est en campagne. Alors, pourquoi devra-t-il
se priver de leurs femmes et de leurs filles. Il a bon droit. Un droit divin.
Son pieu ne peut faire la fine bouche.