Chapitre 1: Moi Malaika

Write by Victoria04


Les rayons du soleil pénétrant à travers les vieilles percières de la case réussissent à me réveiller de mon profond sommeil. 
À contre-cœur je me redresse alors du lit.
Instinctivement je tapote l'autre côté de la natte à la recherche de ma petite sœur Mina âgée de neuf ans.
Je constate qu'elle n'est pas présente.
Elle a sûrement dû se réveiller tôt pour aller jouer avec les cochons que mon père élève.

Rassurée,je m'étire ensuite.

L'envie de me rendormir ne me quitte pas mais malheureusement moi étant une fille d'un profond village du Burkina Faso, je n'ai pas droit à la flemmardise comme les filles de la capitale Ouagadougou.
Elles sont réputées pour être des filles super bien habillées,coiffées et parées. 
En plus de ceci ,à ce qu'il parait elles adorent les grâces matinées. 
De grandes paresseuses comme le dirait si bien ma mère.

-Malaïka !

Je sursaute surprise de voir ma mère arrêtée près de la porte. 
Au vu de l'expression de son visage je devine qu'elle n'est pas de bonne humeur.

-Malaika! Il est déjà sept heures du matin! 
Que fais-tu encore au lit? Ton frère et ta  sœur sont déjà entrain d'effectuer les tâches et toi tu es là couchée comme une reine.

Gênée,je préfère me taire et baisser la tête.

-Dépêche toi! Vas me chercher de l'eau au marigot.

Elle s'en va en claquant violemment la vieille porte déjà en mauvais état.
Ne voulant pas énerver "madame la Reine " je me relève rapidement de la natte.
Ensuite je récupère mes effets de toilette puis je prend la direction de la porte.
J'effectuerai une toilette sommaire vu que j'ai été commissionné par ma mère.

Voici à quoi ressemble ma vie! Moi Malaïka TRAORÉ. 
À peine âgée de vingt ans et j'ai déjà vécu pas mal de souffrances.
À vrai dire depuis toute petite je ne connais que la misère,la faim ,la maladie, la violence et l'échec scolaire.

Papa étant un éleveur de cochons et de volailles et  maman étant une simple vendeuse de Dolo, je peux affirmer que les jours sont extrêmement difficiles.
Il peut arriver que parfois l'on rêve à un avenir meilleur puis la Vie nous rappelle que nous devons nous confronter à notre réalité aussi triste soit-elle. 
Pendant un moment je croyais que mon avenir se trouvait à l'école.
Malheureusement je compris très tôt en classe de CM2 que je n'étais pas faite pour ça.
Moi j'adorais dessiner et me perdre dans la lecture de romans fantastiques mais ma maîtresse voulait à tout prix que je connaisse par cœur la table de multiplication et de division.
Je me rappelle qu'elle me chicotait chaque matin avant de me laisser entrer en classe car je ne connaissais pas cette foutu table de multiplication.
Pour elle tout était de ma faute, j'étais née stupide et je le demeurerai..
J'étais son bouc émissaire et elle avait réussi à amener ma mère à me violenter.
Heureusement je pus franchir le Certificat d'Études Primaires mais arriver en classe de sixième c'était toujours pareil sauf que là nous avions affaire à de véreux professeurs.
Surtout le professeur de Sciences de la Vie et de la Terre, il n'arrêtait pas de courir après nous, ses élèves filles .
Il nous faisait chanter pour juste avoir la moyenne dans sa matière en échange d' attouchements sexuels.
Par la grâce de Dieu je pu m'en tirer jusqu'à la classe de troisième mais là encore fut ma désolation.
Je tentais l'examen du Brevet deux fois de suite mais à chaque fois ce fut l'échec. 
J'en avais assez d'être la redoublante de la classe, la nullarde et l'exemple de l'échec pris par les professeurs alors je décidais d'interrompre mes études pour aider ma mère dans sa vente de bières locales à base de petit mil, commerce pas très rentable mais suffisant pour assurer les études primaires de ma sœur Mina et de mon frère Selim en classe de Seconde scientifique.

Aujourd'hui toute la famille compte sur eux pour la réussite.
Ils ont la lourde tâche d'assurer la fierté de la famille TRAORÉ ,moi je ne suis rien et je ne représente rien.
D'ailleurs si j'avais continué mes études  scolaires où serais-je en ce moment ?
À l'université ? Peut-être mais que serais-je entrain d'étudier ?
La sociologie? Les Sciences économiques ? La biologie ?

Aucune idée !  Rien de tout ceci ne m'intéressait.

Je n'avais pas de métier de rêve.

Oh si ! Je voulais découvrir le monde mais bien évidemment ce n'est pas un métier.

Ma mère ne cesse de me répéter que ma seule issue est le mariage.
D'après elle je suis en âge de le faire et vu que je n'ai aucune qualifications ni savoir faire je devrai m'atteler à rechercher un mari riche ayant plusieurs bœufs et champs agricoles donc capable de m'offrir une dot digne de ce nom afin que ma mère fanfaronne partout. 
Moi je ne me sens pas prête pour tout ceci,je suis encore jeune et je veux rêver à un avenir meilleur en ville.
Je me vois bien rejoindre mes copines qui y sont pour travailler dans les grandes demeures des riches expatriés. 
Mais ma mère dit que ça ne me servirait à rien si ce n'est pas attraper une grossesse de ces expatriés.

Tiraillée entre plusieurs situations,je me contente de continuer mon train-train quotidien avec espoir que Dieu m'offre une meilleure option.


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