Chapitre 1 : Yoann MENSAH
Write by kaynaliah
*****Yoann****
- Je préfère m’en aller avant de dire des mots qui risquent de dépasser ma pensée.
- A qui penses-tu t’adresser ainsi Yoann MENSAH.
- Mais à toi bien entendu chère mère.
- Je t’interdis de me parler ainsi et de m’humilier de la sorte devant nos invités.
- Il s’agit de tes invités et non des miens.
- Yoann !
- Mais à quoi pensais-tu donc en organisant ce cinéma ?
- Je le fais pour ton bien.
- Permets-moi d’en douter chère mère. Depuis toujours, tout a toujours tourné autour de toi. Tu as toujours été égoiste en ne pensant qu’à tes propres intérêts.
- …..
- Toute ta vie n’a tourné qu’autour de l’argent, des voyages et des hommes qui ont l’âge de tes enfants. N’en as-tu pas honte ? Ne penses-tu pas qu’on a honte de toi Ednan et moi ?
- Je suis ta mère Yoann.
- Ah oui ? Où étais-tu quand j’étais malade ? Où étais-tu quand j’avais besoin de soutien ? Où étais-tu pour célébrer mes victoires ? Pas à mes côtés en tout cas vu que tu planais à ce moment-là entre les cuisses de tes nombreux amants.
- Mais je suis là maintenant.
- Après combien d’années d’absence en te rendant compte que la jeunesse n’est pas éternelle.
- Je ne te permets pas de me parler ainsi.
- Nous y voilà chère mère. Débattre avec toi sur ce sujet est une perte de temps. Tu sauras quoi dire à tes « illustres » invités mais cette partition se jouera sans moi. Je n’ai pas besoin de ma mère pour avoir une femme. Certes je suis veuf aujourd’hui mais jamais je ne t’ai dit que je voulais remplacer Laurence dans ma vie. Ne t’immisce plus jamais dans ma vie privée. Que cela soit la première et dernière fois.
Je récupère mes clés de voiture sur la commode, prends ma fille Sissy qui jouait au salon avec d’autres enfants et sors de cette maison étouffante. Je l’installe sur son siège-auto avant de prendre place devant le volant et de quitter la maison de ma mère. Arrivés chez nous, je m’occupe de donner le bain à ma fille avant de préparer le repas que nous partageons tous les deux dans une belle ambiance.
A 20 heures, je mets Sissy au lit, épuisée par la journée, avant de me diriger vers la chambre et de composer le numéro de Yasmina.
- Allô.
- Bonsoir Yasmina. C’est moi.
- Bonsoir Yoann. Comment vas-tu ?
- Bien et de votre côté ?
- Toujours pareil.
- As-tu essayé de lui parler aujourd’hui ?
- Je n’arrête pas de le faire depuis son arrivée ici mais elle s’entête et je ne sais plus quoi faire.
- Il est vrai qu’il ne s’agit pas de nos histoires mis on ne peut pas laisser Yena et Ednan ainsi.
- Je suis bien d’accord avec toi.
- Je compte dire la vérité à mon frère.
- Pardon ?
- Je vais tout lui dire. Il a le droit de savoir ce qui se passe.
- Elle nous en voudra Yoann.
- Elle ne nous laisse pas non plus le choix.
- ….
- Je ne peux pas continuer à regarder mon frère dans les yeux et à lui mentir continuellement que j’ignore où se trouve Yena.
- …..
- Je ne veux pas qu’il me déclare la guerre pour rien.
- Ce n’est pas une si mauvaise idée que cela. Comment comptes-tu t’y prendre ?
- En lui confiant tout.
- …
- La balle sera ensuite dans son camp. C’est trop lourd à porter comme secret. Cela devient invivable.
- …..
- Si j’avais pu avoir cette chance avec mon épouse Laurence, je l’aurai saisie de toutes mes forces sans regrets.
- Tiens-moi au courant alors. Il faut que je la préparer à cette éventualité qu’elle le revoit beaucoup plus tôt que prévu.
- Elle est très courageuse ta sœur et surtout bien entourée. On ne peut pas la laisser commettre cette erreur monumentale.
- Tiens-moi au courant s’il te plaît.
- Bien. Et son état de santé ?
- Elle va bien en apparence mais elle s’est aussi beaucoup renfermée. Il faut certainement lui laisser du temps
- Merci Yasmina. Je t’appelle demains soir.
- Non merci à toi pour tout ce que tu fais pour ma sœur.
- Elle est une grande amie et je ne fais que mon travail également. Bonne nuit à vous.
- Merci pareillement.
J’espère vraiment qu’Ednan ne m’en voudra pas de lui avoir caché cette information capitale. J’ai fait de mon mieux afin de ne pas être impliqué dans cette histoire mais là je n’en peux plus de lui mentir. Avec Yena qui fait la sourde oreille, il faut bien qu’une personne se décide à crever l’abcés. Je sais qu’il s’est mis à fréquenter une personne il y a trois mois, une femme qui lui a même été présentée par maman mais je ne pense pas que cela soit sérieux entre eux. Je prends un verre de scotch avant de m’asseoir sur la canapé et d’écouter du jazz. Toutes mes pensées s’envolent vers ma défunte épouse Laurence. C’était notre petit moment : écouter de la bonne musique le soir avant de danser sensuellement l’un sur l’autre sur notre lit conjugal. Elle me manque terriblement. Je ferme les yeux en pensant à elle. Nous aurions dû fêter notre cinquième année de mariage cette année. La vie est courte et on devrait en profiter pour prouver notre amour à ceux qui nous sont chers.
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Tous les dimanches, mon frère et moi nous retrouvions et nous faisons du footing ensemble. Mais aujourd’hui, mon cœur n’y est vraiment pas. Je lui ai donné rendez-vous chez moi dans une heure. Je me suis rendu ce matin à mon cabinet récupérer des dossiers dont j’aurai besoin avant de rentrer chez moi. Sissy est devant ses dessins animés lorsque j’entends la sonnerie retentir. Elle se lève et court joyeusement avec ses petits pieds en criant. Je la soulève au passage et la fait virevolter dans les airs avant de la câler contre moi. J’ouvre la porte et je vois mon frère dans toute sa splendeur et accompagnée de sa conquête du moment : Mélissa. Je m’écarte pour les laisser entrer. Mais que diable fait-il avec elle chez moi alors que je lui avais demandé de venir seul ?
- Bonjour.
- Salut frérot.
- Comment vas-tu ?
- Bien et toi ?
- Je me fais martyrisée par la petite Sissy.
- Bonjour Yoann.
- Bonjour Mélissa.
- Tu peux m’appeler Méli tu sais ?
- Je ne pense pas avoir envie d’une telle intimité avec toi pour l’instant.
- Traduction ?
- On en reparlera si tu portes le nom MENSAH un jour.
- Ok.
Je me rends à la cuisine prendre un plateau pour faire le service. Je leur apporte des rafraîchissements avant de disparaître à nouveau à la cuisine pour sortir le gratin et le poulet rôti du four.
- Je peux t’aider ?
Je me retourne pour faire face à Mélissa.
- Oui si tu veux.
- Avant toute chose, je m’excuse si j’ai fait quoi que ce soit de travers car il est évident que tu ne m’aimes pas beaucoup.
- Je n’ai jamais dit que je ne t’appréciais pas. Tu sais qu’Ednan aime une autre femme ?
- Yena ? Oui je le sais.
- Mais pourquoi perds-tu donc ton temps avec lui.
- On dira que nous nous rendons des services mutuels et que nous apprenons à nous connaître.
- Penses-tu pouvoir atteindre cet objectif de lui faire oublier l’amour de sa vie ?
- L’espoir fait vivre et je veux y croire aussi.
- Bonne chance dans ce cas en espérant que tu ne sortiras pas de là en tant que grande perdante et surtout avec le cœur brisé.
- En fait tu n’es pas si méchant que cela Yoann.
- Si tu le dis. Tu peux dresser la table s’il te plaît ? Tu trouveras la nappe et les serviettes dans le tiroir gauche du meuble central situé dans le séjour tandis que la vaisselle et les couverts se trouvent ici.
- J’y vais.
La table dressée, nous avons pu partager le repas dans une bonne ambiance bien que je suis fort inquiet par rapport à la suite de la journée. En raison du sujet délicat que je voulais aborder avec lui, j’ai demandé à Ednan d’aller déposer Mélissa et de revenir car j’avais quelque chose d’important à lui dire. Pendant son absence, j’en ai profité pour mettre Sissy au lit pour qu’elle fasse sa sieste. Assis devant la télévision éteinte, j’attends patiemment le retour de mon frère.
- Pourquoi n’apprécies-tu pas Mélissa ?
- C’est ce qu’elle t’a dit ?
- Non ce que je vois. C’est une chic fille tu sais.
- Je n’en disconviens pas mais je ne crois pas qu’elle soit faite pour toi.
- On croirait entendre maman.
- Pardon ? Crie-je incrédule.
- Je plaisante Yoann. Pourquoi prends-tu cet air outré.
- Tu es vraiment incorrigible.
- Où est Sissy ?
- Elle se repose.
- Ok.
Il se rend au bar du salon et en sort deux verres et une bouteille de whisky. Il nous sert et me tend un verre.
- Tu veux trinquer ?
- Oui.
- A quoi ?
- La vie tout simplement et à cette nouvelle chance qu’elle me donne.
- Si tu le dis.
- Quel est cet air sérieux que tu prends ?
- Je dois te parler.
- Cela a l’air sérieux en tout cas.
- Ednan.
- Oui c’est mon prénom.
- Je veux te dire quelque chose mais je veux que tu me promettes de me laisser aller jusqu’au bout.
- Ok.
- Je veux parler de Yena.
- Ce n’est pas la peine.
- Ecoute-moi bon sang.
- Je pensais qu’il s’agissait de quelque chose de grave et tu oses me parler de Yena.
- Yena t’a menti.
- Je le sais déjà.
- Je ne parle pas de cela.
- Mais de quoi parles-tu bon sang. Dit-il en se levant
- Je sais pourquoi Yena est partie.
- Mais qu’est-ce que tu dis Yoann ? Elle a rencontré un autre homme et m’a plaquée à trois jours de ma demande en mariage.
- Il y a trois mois Yena a débarqué à ma clinique et voulait ne rencontrer que moi comme médecin. Elle était en larmes. Elle semblait effondrée.
- ….
- Elle venait d’apprendre qu’elle était atteinte d’une leucémie.
- Quoi ?
- Yena est malade et a demandé à ce que je la suive comme ce que je faisais avec papa lorsqu’il était malade.
- Pourquoi e m’as-tu rien dit ?
- Ce n’était pas à moi de le faire mais elle.
- …..
- Certes je suis ton frère mais je suis aussi son médecin et il m’était interdit de dévoiler quoi que ce soit sur son état de santé.
- …..
- Je pensais qu’elle t’en parlerait d’elle-même.
- …..
- Elle devait commencer une chimiothérapie mais il y a eu des complications.
- Quelles complications ?
- Elle porte ton enfant Ednan et en se sachant enceinte, elle a refusé le traitement pour donner une chance à ce bébé.
- Tu plaisantes n’est-ce pas ?
- Non.
- Je ne comprends pas. Elle m’a dit avoir rencontré une autre personne.
- Elle t’a menti. Elle ne veut pas que tu te sentes obligé de rester à ses côtés à cause de sa maladie et sa grossesse.
- ….
- Elle avait trouvé la bague dans le dressing et a paniqué. Elle refusait de te dire oui en se sachant presque condamnée.
- Elle m’a mentie.
- Oui. Pour te protéger je pense.
- Seigneur !
- Où est-elle ? Je veux lui parler et la voir.
- Comme j’ai eu à te le dire il y a eu des complications.
- …
- Yena est en train de se laisser mourir pour votre bébé car elle ne peut recevoir de soins dans son état.
- Où est-elle Yoann ?
- A Liège chez Yasmina.
- Quelles sont ses chances ?
- Elles s’amoindrissent de jour en jour.
- ….
- Je ne veux pas te mentir mais elle est certainement entrain de vivre ces derniers instants.
- Mais pourquoi tu ne m’as rien dit ? Pourquoi m‘as-t caché cela ?
- Je suis désolé.
- Elle est enceinte de combien de mois.
- Elle en est à quatre mois et demie.
- Tu mérites que je te foute mon poing dans la gueule pour m’avoir caché cela et encouragé Yena dans son mensonge.
- …..
- Il faut que j’aille à l’aéroport pour tenter d’avoir une place sur le vol de ce soir pour Paris. Elle sait que tu m’as tout dit ?
- Non.
- Je ne veux pas la perdre Yoann.
- Je sais. Mais elle est affaiblie. Elle a besoin de toi-même si elle se refuse à cette idée. Vas-y et ne te retourne pas. Les choses peuvent toujours tourner en votre faveur par la foi.
- Je te tiens au courant.
Il sort rapidement de chez moi atterré par la nouvelle et j’appelle Yasmina.
- Je lui ai tout dit.
- Alors ?
- Il sera là dans les prochains jours.
- Merci Yoann.
- Elle a besoin de notre soutien. Ne me remercie pas car je n’ai rien fait.
Plus tard dans la soirée, je reçois un message d’Ednan.
« J’ai réussi à avoir un billet. Je suis en salle d’embarquement. Merci de m’avoir dit la vérité mais je t’en veux de m’avoir caché cela depuis le début. Elle a besoin de moi et je l’ignorais. Je te contacte à mon arrivée. Ne dis à personne où je suis »