Chapitre 10
Write by Djelay
L’essayage s’est merveilleusement bien déroulé. Les robes sont splendides. Elles épousaient gracieusement leurs formes. Isabelle n’aurait pas pu choisir un meilleur modèle. Ces robes sirènes d’un rouge vif confectionnées avec du tulle souple et de la dentelle sont parfaites pour l’évènement. Ciara aurait préféré qu’il y ait des manches mais le bustier est tout aussi beau. Les gants blancs qui accompagnent les robes apportent une touche d’élégance à leur allure. Ce mariage s’annonce de toute évidence sophistiqué. Pense Ciara.
Après avoir quitté la boutique, elles se rendent dans un restaurant africain se trouvant aux alentours de la boutique de mode. Durant le trajet en voiture Lala n’a pas arrêté une seule seconde de chanter à quel point elle est affamée.
- Enfin nous allons nous empiffrer. Annonce fièrement Lala en s’installant à la table où les a conduites le serveur.
- Toi tu t’empiffres, moi je mange. Rectifie Ciara en s’asseyant à son tour.
- Pfff c’est pareil… J’exprime seulement…
- Bamba ? Prononce faiblement Ciara, coupant la parole à son amie.
Cette dernière se retourne curieuse. Ciara regardait l’homme assis à la table située juste en face d’elle. Aucun doute il s’agit de Bamba. Quelle coïncidence ! pense-t-elle. Elle était sur le point de l’interpeler lorsque son regard marque un arrêt sur le compagnon de ce dernier. Il lui est familier mais elle n’arrive pas à se rappeler l’endroit où elle l’a bien pu le voir.
- Bien sûr c’est Ben, Ben Bamba. S’exclame-t-elle en claquant des doigts.
- Tu les connais ? Lui demande son amie en jetant un autre coup d’œil à la table voisine.
- Oui, le gars en chemise bleu avec la tronche pas trop mal, eh bah il bosse dans la même entreprise que moi. C’est notre DRH.
- Waouh… (Siffle Lala) il est canon. Tu as des collègues aussi bien foutus et tu ne me les présente pas. Reproche-t-elle à son amie.
- Et moi qui croyais que nous étions amies… Ajoute-t-elle.
- C’est bon, tu as finis ! Rétorque Ciara.
- Si tu veux tout savoir c’est un coureur de jupons. Reprit-elle.
- Ça ne me dérange pas tu sais. Fait Lala avec un clin d’œil.
Ciara roule des yeux agacée. Son amie ne changera jamais et cette idée l’attriste. Elle ne souhaite que le meilleur pour Lala. Mais celle-ci devrait d’abord changer sa manière de vivre.
- Hé oh ! l’interpelle Lala en balançant sa main devant ses yeux plongés dans le vide.
- A quoi penses-tu ma belle ?
- A rien. Répond Ciara en soupirant.
- Mais dis-moi qui est ce gringalet qui l’accompagne ?
En effet Ben Bamba est un homme maigre, dont la taille ne dépasse pas les 1.63m. Il n’est ni beau ni moche sans compter son aspect chétif qui n’arrange rien. Il est d’une réserve exagérée, ne parle quasiment à personne et est toujours seul dans son coin aux heures de pause. A bien y réfléchir, c’est étrange de le trouver ici en compagnie de Bamba. Et en plus ils ont le même nom. Si Bamba n’était pas aussi beau, Ciara aurait parié qu’ils sont frères mais c’est impossible. De plus ils n’ont aucuns traits de ressemblance. Alors que font-ils là tous les deux ? A peine se disent-ils bonjour à l’entreprise. Tout ça ne lui dit rien qui vaille.
- C’est notre comptable, Ben. Répond Ciara.
- Son métier lui va à ravir. Plaisante Lala arrachant un fou rire à Ciara.
Le serveur leur apporte leurs différentes commandes. Lala ne perd pas de temps et se jette sur son plat. Ciara qui est intriguée par la présence de ses deux collègues mange avec peu d’appétit.
- Qu’est ce qu’il y a Ciara ? Tu es bizarre depuis que tu as vu ces types.
- Ce n’est rien, ne fais pas attention.
- D’ailleurs, pourquoi n’es-tu pas allée leur dire bonjour ? Interroge Lala entre deux bouchées.
- Je préfère qu’ils ne me voient pas. Ces deux-là cachent quelque chose et je tiens à savoir ce que c’est.
- Tu commences à me faire peur Ciara. Qu’est ce qui se passe ?
Lala semble avoir perdu tout appétit. Elle pose sa fourchette, s’essuient la bouche et croise les mains sur la table attendant des explications.
- Je ne sais pas encore mais tu vois ces deux-là et bah ils ne se parlent jamais alors je trouve bizarre qu’ils soient là à bavarder comme des potes. Il y’a anguille sous roche. Explique Ciara à voix basse comme si elle craint qu’ils puissent l’entendre.
- Tu as trop regardé de films policiers ma belle. Ils se sont peut-être croisés ici par hasard et ils ont décidé de partager la même table.
- Non, je suis sûre qu’ils trament quelque chose ces deux-là.
- C’est bon c’est bon, tu me fiches la trouille là. Si tu as fini, on part.
Lala n’attend pas la réponse de son amie, déjà elle se lève et se dirige vers la sortie laissant le soin à son amie de régler l’addition. L’expression méfiante de Ciara lui a foutu les jetons. Son amie a toujours eu de bonnes intuitions comme la fois où elle avait pressenti qu’une chose atroce était en train d’arriver à leur amie d’enfance Nina. Il y a de cela treize ans mais chaque fois qu’elle y repense, elle ne peut s’empêcher d’avoir des frissons. Nina qui n’est plus de ce monde, avait été sauvagement violée et battue. Le soir du drame Ciara disait ressentir des palpitations inhabituelles au cœur. Sans l’expliquer, elle était certaine que Nina était en train de vivre quelque chose d’atroce. Personne ne l’avait prise au sérieux jusqu’à ce qu’on retrouve au petit matin, le corps sans vie de Nina dans une ruelle non loin de sa maison. Cette découverte avait anéanti tout le monde principalement Ciara parce qu’à l’époque Nina était sa meilleure amie. Après cela, elle est restée muette durant deux semaines. Ses parents croyaient qu’elle ne reparlerait plus jamais. Mais forte heureusement elle a pu surpasser cette épreuve grâce à un psychiatre. Lala a pu l’aider à sa façon en lui apportant tout le soutien et le réconfort qu’une amie puisse espérer. Leur amitié s’est renforcée à la suite de cela et elles sont devenues les meilleures amies du monde. Aujourd’hui, tout cela est derrière elles mais la scène de tout à l’heure ont fait réapparaitre ces mauvais souvenirs. Si Ciara prétend que ces collègues préparent un sale coup cela doit être sûrement vrai.
Ce matin Bamba est passé faire un coucou à Ciara dans son bureau. Emma et lui ont tous deux repris du service. Ils ne se parlent presque plus ce qui veut dire qu’ils ont compris la leçon. Bamba ne se doute pas qu’elle l’a vu le samedi dans ce restaurant. Il semble différent. De lui dégage une aura diabolique. Peut-être qu’elle exagère un petit peu mais quoi qu’il en soit elle devrait rester sur ses gardes car quelque chose lui dit qu’il pourrait s’en prendre à Stéphane. Même si ce dernier est un abruti de la pire espèce, elle ne supporterait pas qu’il lui arrive quoi que ce soit. Bamba lui a fait clairement comprendre qu’il déteste le patron. Ses propos lui avaient glacé le sang. Jamais elle ne l’a entendu parler ainsi. Elle veut bien comprendre qu’il soit en colère à cause de la mise à pied disciplinaire et c’est normal. N’importe qui serait furieux mais Bamba ressent plus que ça, il est rempli de haine à l’égard de Stéphane et c’est inquiétant. Elle espère seulement que ça lui passe.
Sa pause est terminée et Ciara doit retourner travailler. Les lundis sont toujours aussi éreintants. Se plaint-elle intérieurement en quittant la cafétéria de l’entreprise.
- Mademoiselle, M. N’Goran souhaite que vous contactiez son assistante. Annonce Sylvie à peine Ciara arrivée.
- Sara ? Demande celle-ci devant l’entrée de son bureau.
- Oui mademoiselle.
- Ok. Merci Sylvie.
Ciara raccroche tout doucement le combiné la mine pensive se balançant de gauche à droite dans son fauteuil ergonomique. Elle ne comprend pas la raison pour laquelle Stéphane souhaite que ce soit elle qui l’accompagne à la réunion du vendredi avec les clients chinois. C’est absurde ! C’est le directeur qui devrait y aller à sa place. Qu’est-ce qu’il mijote ? Cette histoire n’est pas net alors là pas du tout. Se dit-elle avant de replonger dans le travail.
La semaine passe à une telle vitesse que Ciara en perd la notion du temps. Sylvie a dû lui rappeler ce matin qu’ils étaient vendredi. Elle est nerveuse car l’heure de son départ avec Stéphane pour la réunion approche. Dans environ une heure il sera 18 h et Stéphane viendra la chercher. Elle appréhende le moment où elle le verrait. Ils ne sont pas revus depuis leur altercation dans le bureau de Stéphane. Il doit lui en vouloir. Ayant mûrement réfléchi, elle a trouvé correcte de s’excuser auprès de lui. Elle espère juste que ce n’est pas trop tard. Son téléphone sonne.
- Oui sylvie ?
- M. N’Goran vous attend dans sa voiture à l’entrée. Informe la jeune secrétaire.
- Merci Sylvie.
Ciara jette un coup d’œil à sa montre. Stéphane a trente minutes d’avance. Elle qui croyait avoir encore un peu de temps pour préparer son texte d’excuse c’est mal barré. Ciara retrouve Steph dont la voiture est garée juste en bordure de trottoir. Les vitres sont teintés de ce fait elle ne peut pas le voir. Le chauffeur se dépêche de lui ouvrir dès qu’il aperçoit. Hum quelle galanterie ! pense-t-elle. Si le patron pouvait suivre l’exemple du chauffeur il deviendrait le mec idéal.
- Bonsoir monsieur. Dit-elle en s’installant sur la banquette à côté de Stéphane.
- Bonsoir mademoiselle Kipré. Répond-il d’un air indifférent sans lui accorder le moindre regard.
- Allons-y ! Ajoute-t-il à l’égard du chauffeur.
Ciara ne bronche pas. Le comportement de Stéphane la blesse plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Se pourrait-il qu’il se soit déjà lassé d’elle ? Elle a commis une grave erreur en le mordant. Forte Heureusement qu’il ne l’a pas renvoyé. A présent il se comporte en véritable étranger.
- Je vous explique rapidement le but de la réunion.
Sa voix grave la fait tressaillir ce qui n’échappe pas à Stéphane mais il ne s’y attarde pas.
- Je suis satisfait de votre travail concernant notre nouveau produit. Le nom que vous avez choisi me plait. Je trouve que ‘’p’tit dej’’ est original. Il convient parfaitement à nos nouvelles céréales. Il est facile à retenir et attrayant. Félicitations.
Ciara n’en croit pas ses oreilles. Stéphane la félicite. Il a pris un coup sur la tête ou quoi ? Elle se pince le bras pour s’assurer de ne pas être en plein rêve. Elle tourne la tête dans sa direction curieuse de voir l’expression qu’il arbore. Il ne la regarde toujours pas ce qui lui pince le cœur. Ce n’est pas grave, le plus important c’est qu’il ait reconnu ses compétences. Il ne lui en faut pas plus pour être en joie.
- Merci monsieur, c’est le travail de toute une équipe. Répond-elle humblement.
- Je n’en doute pas mais vous en êtes la responsable. Mais passons. La réunion de ce soir a pour but de signer un partenariat avec le groupe ‘’Fang industry’’.
- J’en ai entendu parler, Ce sont les dirigeants des trois centres commerciaux les plus huppés de la ville de Shenzhen et…
- Veuillez-vous abstenir de m’interrompre quand je parle. La tança-t-il le regard plongé dans sa tablette.
Il marque une pause afin de s’assurer qu’elle ait compris le message, puis reprend.
- Comme je le disais tant tôt, ils sont intéressés par nos produits et voudraient les commercialiser dans leurs différents centres. Ce serait une très bonne affaire pour nous, je dirais même un grand exploit pour food’s industry. Votre mission est de faire l’éloge de nos produits et de l’entreprise de sorte à convaincre ces chinois de signer avec nous.
- Vous en sentez-vous capable ? Demande-t-il en tournant les yeux vers elle cette fois.
Il daigne enfin la regarder. Ciara remarque les cernes autour de ses yeux. Il a dû travailler d’arrache-pied pour être dans cet état. Elle ressent d’un coup de la culpabilité. Elle qui prétend travailler dure tous les jours, se permettant parfois de critiquer Stéphane pensant qu’il ne foutait rien de ses journées. Elle a été dure avec lui. Se l’avoue-t-elle ne se rendant pas compte de son regard insistant.
- Qu’est –ce qu’il y a ? Demande-t-il de sa puissante voix.
- Pardon ?
- Je vous demande si vous vous sentez capable d’accomplir votre mission et vous restez là à me regarder comme si j’avais la tête à l’envers.
- Excu…sez… moi monsieur j’étais ailleurs… Bégaie-t-elle.
- Comme toujours. Cette fois j’ai besoin que vous soyez concentrée sinon vous savez ce qui vous attend. La menace-t-il.
- Oui monsieur. Répond –elle poliment.
La réunion s’est merveilleusement bien déroulée. Ciara a été parfaite. Son assurance a épaté Stéphane. Elle voyait la mine fière et satisfaite qu’il arborait lors de son speech. Elle-même ne se reconnaissait pas. C’est peut-être la présence de Stéphane qui lui a donné du courage, elle ne saurait le dire. Mais une chose est sûre ils ont mis les chinois dans leur poche et lundi ceux-ci viendront à l’entreprise pour la signature du contrat.
- Vous avez été sensationnelle. La félicite-t-il pendant qu’il remplit son verre.
Après le départ des chinois. Il a tenu à ce qu’ils restent un moment pour trinquer à son succès. Cette fille est incroyable. Depuis qu’il a eu connaissance du rapport qu’elle a rédigé il est convaincu de ses compétences. Elle est travailleuse et il adore ça chez elle. Mais ce qu’il aime le plus, c’est cette bouche qu’il meurt d’embrasser depuis l’instant où elle est monté dans la voiture. Avant cela, il l’a observé pendant qu’elle avançait vers le véhicule. Les déhanchements de son corps à chaque pas qu’elle faisait ont causé bien des dégâts au niveau de son entrejambe. Il a dû faire violence sur lui-même pour se ressaisir. Une fois dans la voiture, il a préféré ne pas la regarder pour éviter de lui sauter dessus. Il n’aurait pas pu résister il en est certain.
- Merci monsieur. Murmure-t-elle embarrassée par tant d’éloges.
- A notre succès ! Fait-il en tendant son verre vers elle.
- A notre succès ! répète Ciara en l’imitant.
Le champagne est officiellement son péché mignon. Elle ne peut que le reconnaître. Combien de verre a-t-elle bu déjà ? Trois, quatre, cinq, peut-être plus. Et merde, on s’en fiche. Ce qui compte c’est qu’elle soit là, assise en face de Stéphane dans un somptueux restaurant à siroter du champagne.
- Vous savez quoi monsieur N’Goran ? heuk ! hoquète-t-elle.
- Quoi ? demande-t-il amusé.
Elle est diablement sexy dans cet état. Il ne devrait pas penser ainsi mais la voir ivre est tellement drôle. Il prendrait bien des photos pour le lui montrer demain. La connaissant, elle serait morte de honte. Cette pensée le fait un sourire.
- Heuk… vous êtes très… heuk…très méchant. Dit-elle d’une voix trainante en pointant l’index vers lui.
- Vraiment ? Fait-il, luttant contre un fou rire.
- Oui monsieur N’Goran. Heuk…Vous m’avez humiliée à plusieurs reprises. J’en ai pleuré vous savez ?... Heuk… Non, vous n’en savez rien. Heuk… et bah à présent vous le savez.
Savoir qu’elle a pleuré par sa faute le met en rogne. Son intention n’a jamais été de la blesser. Enfin si mais il s’en est voulu après. Il est tellement désolé mais le lui dire maintenant ne servirait à rien puisqu’elle ne se rappellera même pas cette conversation.
- C’est bon ! Viens je te ramène chez toi.
Il tente de la mettre debout mais elle le repousse.
- Non ! je ne veux pas rentrer chez moi, je veux rentrer avec toi. S’écrie-t-elle.
- Calme-toi Ciara, tout le monde nous regarde. Chuchote-t-il en essayant à nouveau de l’arracher à la chaise mais une fois de plus elle résiste.
- D’abord dis-moi que m’emmènera chez toi pour me faire l’amour, j’en meurs d’envie depuis si longtemps. Dit-elle en lui caressant l’entrejambe.
- Putain Ciara ! Marmonne Stéphane qui à présent se sent embarrassé par tous les regards convergés vers lui.
Excédé, il la porte sur son épaule. Une position des plus humiliantes pour une adulte. Il se permet même de lui mettre une claque sur les fesses parce qu’elle n’arrête pas de se débattre tout en hurlant qu’elle veut descendre. Heureusement qu’elle est ivre sinon il n’ose pas imaginer sa réaction lorsqu’il l’aurait posée. Dès qu’ils parviennent à la voiture, il la glisse à l’intérieur et monte à son tour. A peine a-t-il refermé la portière qu’elle l’enfourche et se met à onduler sur lui.
- Fais-moi l’amour Stéphane. Ici et maintenant Murmure-t-elle.
Elle capture aussitôt sa bouche dans un baiser assoiffé sans toutefois cesser de se frotter contre lui. La surprise empêche Stéphane de réagir comme il le faut. Combien de fois a-t-il rêvé de ce moment ? De la tenir de cette façon ? De la voir se déhancher comme ça sur lui ? Il a attendu cela pendant trop longtemps. Même si en cet instant, des pensées occupent son esprit, ceux-ci ne l’empêchent pas de savourer le baiser langoureux que Ciara et lui sont en train d’échanger. Un baiser sauvage et intense comme il les aime. Elle tente de lui retirer sa veste mais il la stoppe dans son élan reprenant ses esprits.
- J’en meurs d’envie tu n’imagines pas à quel point. Mais pas comme ça, pas dans ton état.
- Moi je veux le faire maintenant. insiste-t-elle en assaillant son visage et son cou de petits baisers sensuels.
Fin de dixième chapitre. Bizbi.