Chapitre 10

Write by Spice light





Chapitre — Dix 




Marguerite IYOMBE



Cela fait deux mois que le numéro de Victor ne passe plus. Je me sens complètement perdu. Où pourrais-je le chercher ? Même si je portais plainte, quelles seraient mes chances ? Minimes. D'autant plus que c'est agi légalement : il est le père de l'enfant.

Je suis sombre. Je n'arrive plus à me concentrer. Mon travail ? Je suis presque sûr d'être renvoyée bientôt.

Mon fils… mon tout.

Je n'aurais jamais dû faire confiance à Victor. Ni à sa femme.

Ils m'ont volé ce que j'avais de plus cher.



Dix ans plutar

Joan MUAMBA FOKE



— Tu ne vas pas te servir ?

— Qu'est-ce qu'il ya au menu ce soir ?

— Courgettes et poisson séché, répond Espoir.

— Hum…, je grimace.

— Alors tu ne vas pas manger ?

— Tu connais déjà ma réponse, Espoir.

— Tu es vraiment exceptionnel, comme ta date de naissance.

— Une fois tous les quatre ans, je réponds en souriant.

— Prends quand même, tu vas me le donner ensuite.

— Jamais je ne mettrai les pieds dans cette cuisine si le menu ne me plaît pas.

— Et ton père, il en pense quoi ?

— Ah, longue histoire. Je fais les choses à ma manière.

— Jeanne…

—Oui, Espoir. Bon, je te laisse.


Je file jusqu'au magasin de l'internat. Je jette un coup d'œil autour de moi, ouvre la fenêtre en douce, me faufile à l'intérieur, et me dirige discrètement vers le rayon des friandises. J'en prends quelques paquets de biscuits pour cette nuit et demain matin. Je les glisse dans le gros pull que je porte, puis je ressors par où je suis entré.


J'ai 17 ans. Je suis en 6ᵉ des humanités. Encore quelques mois avant de quitter cet internat, un peu trop reculé de la ville où vivent mes parents. Les deux premières, Light et Mine, sont déjà mariées : Light en Afrique du Sud, Mine en Belgique depuis l'an dernier.

Sunobtenir son diplôme de graduat cette année. Ivy, elle, entame sa première année universitaire.


Ce n'est pas la joie, mais que puis-je y faire ?


Mon père me porte souvent lorsqu'il vient me voir ou quand je suis en congé. Ma mère, elle, fait le minimum. Et même là-bas, manger reste un combat. Elle me dit que j'exagère, que je dois manger comme les autres. Mais moi, je préfère m'abstenir et acheter à manger sur la route… ce qui m'est aussi interdit.

Alors je dors affamé, parfois.

Mais je suis bon.


Je suis très intelligent. Toujours premier de la classe, souvent parmi les trois meilleurs de l'école.


Je retourne dans ma chambre, mange mes biscuits en silence, puis me rend au grand salon prendre de l'eau dans le filtre. Au moins, ça, on peut le faire comme on veut.


Je retourne ensuite étudier. À 20h30, tout le monde dort déjà. Mais moi, je n'y arrive pas. Comme chaque soir depuis dix ans, mes pensées reviennent vers elle. Ma mère.


Pourquoi n'est-elle pas venue me chercher ? Elle m'avait parlé d'un voyage à l'étranger… Est-il toujours d'actualité ? Ou bien est-elle partie sans moi ?


Mais du peu que je sais d'elle, je suis convaincu qu'elle m'attend.

C'est pour cela que je me donne à fond dans les études.

Une fois libéré, je remuerai ciel et terre pour la retrouver.


Nourri d'espoir, je finis par m'endormir, un peu apaisé.





Victor FOKE



— Kovo, l'argent que je t'avais remis pour les habitudes de Joan, il est où ?

— Vieux, toi-tu sais… j'étais même tombé malade.

— Je ne peux donc plus te faire confiance ? Mon fils doit être bien habillé, c'est mon remplaçant. Rolls ne fait que gâter sa vie, Sun avec son caractère là… non. Il me reste Joan, et c'est un enfant généreux.

— Djo Vic, je comprends. Samedi je voyage, donne-moi juste le transport.

— D'accord.


Lorsqu'il part, j'appelle Anaël. Enfin.

Ça fait plus de sept ans qu'on est ensemble. A un fils, Achaël.

Elsa ne doit jamais le découvrir. Ce serait la fin de notre mariage. Et moi, j'aime ma femme.

Je sais qu'elle se doute de quelque chose, mais bon…


— Bonjour Victor.

— Bonjour Anaël. Tu vas bien ?

— Comment veux-tu que j'aille bien ? Cela fait combien de jours que tu n'es pas venu ?

— Et toi, m'as-tu appelé pour savoir pourquoi ?

— C'est toi qui m'avais proposé qu'on se voie, non ?

— Bon, va-y bien au but.

— Je voulais te dire que je ne souhaite plus continuer cette relation. Mes attentes ont changé. Je faisais des efforts pour Achaël, mais là, ça ne vaut plus la peine. Tu peux continuer à le voir si tu veux et l'aider pour sa scolarité, mais ne te sens pas obligé.

- Ouah. Je m'y attendais, mais pas aussi fréquemment. Tu as pris ta décision, je la respecte.

— Bon, je vais y aller. Si jamais tu veux des nouvelles d'Achaël, tu as mon numéro.

— D'accord. Au revoir.


Ça me fait quand même un peu bizarre. Mais bon… c'est la vie.





Joan et Roseline



— Je te dis que j'ai besoin de serviettes hygiéniques, Joan ! s'énerve Roseline.

— Mais l'internat en met à disposition pour vous, Rose.

— Tu me vois utiliser ces serviettes de basse qualité ? lance-t-elle avec dédain.

— Rose, je n'ai pas d'argent en ce moment. Si j'avais su que tu voulais juste me faire parler, je ne serais pas venu. Tu n'es pas la seule ici, et tu le sais.

— Je ne suis peut-être pas la seule, mais je vaux mieux que les autres, boude-t-elle.

— Allez, viens là, chérie.


Je la tire doucement contre moi. Nos lèvres se touchent, un baiser en appelant un autre. Elle grimpe à califourchon sur moi. Je défais sa veste, puis son débardeur.

J'embrasse ses seins, elle frissonne. Je descends lentement, ouvre la fermeture de son pantalon, passe la main sous son slip. Elle gémit doucement quand mes doigts explorent son intimité. Je tire sur l'un de ses tétons pendant que mes doigts dansent en elle.


— Haan… comme ça, oui. Je t'aime plus que tout…


— Comme ça ? dis-je en augmentant un doigt.


En réponse, elle m'embrasse passionnément, les ongles griffant mon dos.

Je la bascule sur le lit, retire son pantalon et son sous-vêtement. Elle sort un préservatif de ma poche et me l'enfile. On commence aussitôt.


Au bord de la jouissance, le préservatif éclate. Je me retire précipitamment, nettoie sa peau à l'aide d'un mouchoir imbibé de Linex.

— Ça va ?

— Oui… murmure-t-elle, les yeux fermés, encore haletante.


Après quelques minutes de repos, on recommence. Cette fois, sans protection.

Je n'en suis pas fan de toute façon, mais je les mets toujours au premier tour.


POUR QUELLES RAISONS...