Chapitre : Un foi de Godfroy.

Godefroy est son prénom. Cependant, tout le monde l’appelle par son diminutif : God. Avant qu’il ne soit né de nouveau, il portait le prénom Koffi. Depuis lors, il a fait dos à son passé et a fait peau neuve comme une chrysalide. Il a désormais en aversion tout ce qui lui rappel son passé. Il fait tout ce qui lui est possible pour vivre en conformité avec sa nouvelle foi.

Godfroy a fait la rencontre du Christ par l’intermédiaire d’un jeune-homme. Ce dernier, en le croisant dans la rue, un soir, lui a posé sa question magique : Est-ce que tu connais Jésus ? Il a répondu non. En effet, effectivement il ne connaissait pas, le Dieu qui s’est fait homme pour la rédemption de pauvres pécheurs. Le Jeune-homme lui a aussitôt dit qu’il courait un grand danger dans son état d’ignorance. Il lui a proposé le remède : une bonne dose d’évangélisation pour remettre son âme égarée sur le chemin du paradis.

C’est ainsi que commença leur amitié. God était curieux d’en apprendre davantage sur cette parole sainte qui sauve les âmes. Au bout de quelques sessions de camps de retraite spirituelle, God se sentait suffisamment aguerri pour affronter le malin et sa milice démoniaque. Il en fut définitivement convaincu à la sortie d’une séance nocturne particulièrement marquante. Au cours de cette nuit, le pasteur pour faire la preuve de la puissance infinie du Christ avait, de ses dents, tué une dizaine de hiboux. Oiseau réputé être un vaisseau maléfique de sorcières.

Depuis lors, God recherchait lui aussi une occasion pour donner la preuve de sa nouvelle foi. Il ne tarda pas à en avoir l’occasion et à devenir le héros, malgré lui, du burlesque.

La reconversion de God commença un dimanche à la sortie de l’office. Le sermon avait été dit avec verves et convictions. Il portait sur l’idolâtrie. La religion dite sataniste faite de fétichisme et d’autres occultismes qui ne pouvait être que néfaste pour le salut des âmes, avait été longuement stigmatisée et fustigée.

Galvanisé par le sermon entendu et fort de sa foi, God entreprit de  ridiculiser les adeptes de la religion traditionnelle qu’il croisa alors qu’il rentrait chez lui. Ce fut dans un quartier de la ville connu pour abriter des cérémonies annuelles de purification qu’y menait un prêtre vaudou très célèbre.

Il retira de la tête d’un adepte le canari d’eau que celui-ci portait et le fracassa par terre. Il manqua de le gifler. Il lui cria des horreurs sur le fétichisme et lui recommanda vivement de quitter cette pratique rétrograde pour le rejoindre dans la nouvelle lumière. Ensuite, il se moqua abondamment de tout le parterre de prêtres et de dignitaires religieux. Pour couronner son sacrilège, il s’est emparé du grand tam-tam sacré et l’a tambouriné d’un air moqueur.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, aucune réaction ne vint des traditionnalistes. On ne sait si c’est par stupeur ou par dépit. Ils le laissèrent aller jusqu’au bout de sa démonstration. Ensuite, God reprit son chemin avec ses coreligionnaires très satisfait de lui-même. L’histoire racontera après que c’est lorsqu’il est parvenu au portail de sa maison qu’une force surnaturelle s’est emparé de lui. Soudainement, God entra en transe. Il chanta les chants des adeptes qu’il ne connaissait pas auparavant et dansa avec une virtuosité de dignitaire. Il rebroussa chemin ainsi et revint sur le lieu de sa témérité.

Depuis ce jour, il a gravit tous les échelons de la religion traditionnelle et est devenu un grand initié ne jurant que par les mânes de ces ancêtres. Certaine fois, au comble de son contentement, à l’occasion de la cérémonie annuelle, il préside lui-même le rythme des tambours en jouant le grand tam-tam sacré. Dieu est vraiment bon !