Chapitre 10: What!?
Write by Néfi
Il était 11h tapantes le lendemain quand j’allai sonner chez
Alex. Je ne pris même pas la peine de l’appeler. On était samedi. Il devait
certainement être encore à la maison. Le gardien m’ouvrit et m’annonça qu’Alex
était bien là. Il me fit asseoir sur la
terrasse. J’attendis 5 minutes environ.
Mon cœur battait la chamade. J’étais à la fois pressée de le revoir, mais aussi
anxieuse car je ne savais pas à quoi m’attendre. Sa maison était encore plus
proche de la mer que la mienne. L’air frais soufflait déjà bien fort par cette
matinée. Je respirai plusieurs bonnes gorgées d’air frais. Je me disais
« C’est dingue Dona ce que tu fais. Tu te pointes chez lui comme ça. Tu es
tombée bien bas. Où est passé ta fierté ? ».Ma J.A me remonta le
moral : « Mais non, Dona, tu as besoin d’avoir des réponses. Tu ne
peux pas continuer ainsi. Tu fais bien. Ça passe ou ça casse ! ».
Les quelques minutes qui s’écoulaient me parurent
interminables. J’entendis des pas qui se rapprochaient. « Quelques
secondes, tic-tac », pensai-je.
Je faisais
face à la porte. Alex apparut alors sur le pas de la porte donnant sur la
terrasse.
Il avait un
bermuda noir et un tee-shirt col V blanc.
Il avait une barbe naissante et semblait clairement sortir de son lit. « Wow,
qu’est ce qu’il est beau ! », me dis-je.
« Non,
ne craque surtout pas ! », me conseilla ma J.A.
Il fut
surpris de me voir, et s’arrêta net, le temps de comprendre ce qui se passait.
-
Wao bb, quelle surprise, dit-il, en esquissant
un sourire. Il s’approcha vers moi et me prit dans ses bras.
-
Salut Alex. Oui, effectivement c’est vraiment
une surprise.
Il prit une chaise de l’autre côté de
la terrasse et s’assit juste en face de moi.
-
Comment tu vas? ça fait un bail !
« ça fait un bail ? Il me
parle comme à une amie où je rêve !? »
-
Je vais bien Alex et toi ? Alors le bac ?
-
Oui ça y est, je l’ai eu. Je vais poursuivre l’université
en France. Je suis à fond dans les préparatifs.
Ce fut un choc pour moi, d’apprendre
qu’il partait dans un autre pays. Je restai de marbre.
-
C’est super. Tu pars quand ?
-
Dans 1 mois environ.
Je passai directement aux choses
sérieuses.
-
Que s’est-il passé entre nous Alex ? Où en
sommes-nous exactement ?
-
Que veux-tu dire Dona ?
« Il veut un dessin ou quoi ? »
-
Je veux dire que cela fait quelques mois qu’on
ne se parle quasiment plus. Notre histoire s’effrite. Que s’est-il passé ?
Tes sentiments sont-toujours les mêmes ?
-
Je te repose la question Dona ?
-
Tu rigoles ou quoi là Alex ?
-
Non je suis plus que sérieux, me dit-il avec un
air vraiment sérieux.
-
Ecoute, toi et moi savons exactement ce qu’il en
est de notre relation. Il y a un an, les choses étaient bien différentes et
beaucoup plus intenses entre nous.
-
Oui tu as raison, mais bb, mes sentiments n’ont
pas changé. Ce n’est pas parce qu’on se parle moins ou quasiment plus comme tu
dis, que je ne t’aime plus.
Mon cœur battait une fois de plus la
chamade. Alex joutait-il avec mes sentiments ? Où voulait-il en venir
exactement ?
-
Comment peux-tu prétendre m’aimer et rester des
mois sans prendre de mes nouvelles Alex ? Comment ? Expliques moi ça
stp. Ne suis-je pas importante ? Je ne mérite pas ça Alex ? Tu n’as
pas envie de savoir si je vais bien ? Je n’ai pas le droit d’en savoir un
peu plus sur ta vie Alex ? (Mon ton commençait à monter sérieusement).
-
Écoute-moi Dona, me dit-il en s’approchant de
moi. C’est vrai que j’ai été un peu occupé. J’ai été négligeant. Je te prie de m’excuser.
-
Un peu occupé ? criai-je, en colère.
Cet homme se rendait-il compte de ce qu’il disait ?
-
Calme-toi bb stp. Calme-toi. Il me prit la main.
-
Non ne me touche pas Alex, stp, rétorquai-je, en
me libérant de sa main. Non, non, je m’attendais à des excuses plus réalistes,
mais jamais je n’avais imaginé que tu me dirais que c’était parce que tu étais
occupé. Et tu étais occupé par quoi exactement ?
J’étais assise, et lui debout. Il me faisait un
effet de fou. Il avait son regard totalement enfoui dans le mien. Il n’avait
pas ses lunettes, ce qui me charma encore plus. Je le préférais ainsi car cela
me permettait encore plus de voir ses magnifiques yeux.
« Tu t’égares ma pauvre Lucette », me
cria ma J.A. Sa voix me fit revenir dans la réalité.
-
J’avais mon examen à passer. Je devais
absolument le réussir. Je ne voulais absolument pas décevoir mes parents et je me
mettais une pression énorme. J’avais déjà manqué une inscription à l’université
l’année passée à cause de mes notes qui étaient trop justes.
-
Alex, tu n’es ni le premier, ni le dernier à
aller au bac. Et aux dernières nouvelles, le bac n’empêche pas les gens d’avoir
des petites amies ou même de passer des appels.
-
Bb, je ne t’ai jamais menti et je ne te mentirai
jamais. Tu le sais ça. Crois-moi, c’est la vérité.
Je sortis un « tchip » retentissant de ma bouche.
J’étais exténuée par ce garçon. Je ne savais même pas quoi dire. Il me regarda,
en esquissant un sourire. Mon cœur fondit.
Le gardien
sortit de nulle part et annonçai à Dona, que son père était prêt à partir.
-
Ecoute, bb, je dois sortir avec Papa. Il m’attend.
On doit aller à Porto-Novo. On finira cette conversation plus tard. Je t’invite
à manger ce soir. Disons 20h au restaurant de l’hôtel Novotel. Je t’y retrouve là-bas
directement ?
Non, je ne pouvais pas accepter cela.
La même histoire allait recommencer encore. J’allais craquer pour lui, il
allait voyager et ce serait encore pire que maintenant. Non, je ne voulais pas
revivre tout ça.
-
Non Alex, je ne préfère pas. Ça va être encore
le même scénario. Tu as eu suffisamment de temps pour me montrer que tu tenais
à moi, mais tu ne l’as pas fait. Je voulais savoir pourquoi. Il n’y a vraiment
rien de plus à ajouter. Et si je n’étais pas venue, tu serais certainement
parti sans rien me dire.
C’était dur de dire ça. Mais bon, c’était
du bon sens.
-
Non bb, je n’aurais pas fait ça. C’est mal me connaitre.
« C’est ça ! » pensa
ma J.A.
Il
poursuivit :
-
Tu dois être en colère. C’est normal que tu
réagisses comme ça. Ecoute, je t’appelle plus tard pour qu’on continue la
conversation.
Je me levai, prit mon sac et me
dirigeai vers le portail. Il m’emboîta le pas.
-
Je t’aurais bien déposé, mais il faut vraiment
que j’y aille bb, me dit-il une fois le portail franchi.
Je me retournai vers lui et lui dit :
-
Au revoir Alex.
Etonnamment, il prit mes mains, les
ramenai près de sa bouche et me fit un bisou sur chacune d’elles. Il se
rapprocha près de moi, passa ses mains sur mes hanches, me fit un bisou sur le
front et me fixa droit dans les yeux.
-
Je t’aime Dona. Ne fais pas confiance aux
apparences.
-
Bye Alex, lui dis-je, le cœur serré.
Une fois chez moi, j’allai
directement dans ma chambre. Cette conversation m’avait plus frustrée qu’elle
ne m’avait apportée de réponses. Une chose était sûre : j’aimais cet
homme. Et plus le temps passait, plus je l’aimais. Mon amour pour lui n’avait
pas, diminué. Bien au contraire, il était encore plus intense. Mais Alex me
négligeait trop. Il prétendait m’aimer encore. Mais son examen était-il une
raison pour ne plus communiquer normalement avec moi ? Il m’avait pourtant
paru si inchangé. Ses yeux avaient, en tout cas, la même intensité quand il me
regardait. S’en était encore plus troublant. Et son baiser sur mon front, sur
mes mains. Il m’avait traité, au fond comme une princesse, comme à son
habitude. J’étais en effet très curieuse de savoir ce qu’il avait à dire de +,
de savoir s’il avait eu une autre petite amie, s’il m’aimait réellement comme
il le prétendait. Seigneur, que devais-je faire. Lui faire à nouveau confiance ?
Accepter de le revoir ? Ou le laisser partir ? Ne risquais-je pas de
revivre les mêmes histoires ? Ses absences répétées ? Je ne savais
vraiment pas quoi faire.
La nuit tomba sur Cotonou, sans que j’aie
les réponses à mes questions.
Le lendemain matin était Dimanche. Ma
grand-mère très croyante, tenait à ce que nous allions à l’église. Elle allait
au culte de 7h du matin. Vous-mêmes, vous connaissez les vieilles personnes,
toujours les premières à se lever. Le chauffeur l’y avait déposé. L’église
Notre Dame de Lourdes était en effet à, à peine 10 minutes de marche de la
maison. Mes sœurs et moi allâmes à la messe de 11h du matin, à pied donc. Tant
bien que mal, je trainais ma carcasse. L’homélie du prêtre me toucha quand
même. Il disait « Jésus est à votre porte. Il dit, Demandez et je vous
donnerai. » Inspirée, je fis une prière. Je demandai à Dieu de m’aider à
prendre la bonne décision. A la fin, j’allai faire une prière aussi à Maman
Marie. « Maman Marie, toi qui es une femme et qui sait tous les maux qui m’animent,
aide moi, guide moi, éclaire moi ». Est-ce qu’il fallait que je me fie à
ma tête ou à mon cœur. Devais-je me laisser guider par ma raison ou mes
sentiments ?
De retour à
la maison, mes sœurs et moi nous nous mirent à table. Ma grand-mère avait
préparé une bonne sauce d’arachide, à la viande de bœuf et au wagashi (fromage
à base de lait de vache).La sauce était accompagnée d’igname pilée (foufou). C’était
nerveux.
Nous étions
ensuite au salon, en train de regarder la télévision, quand mon téléphone
sonna. C’était lui, et je devais prendre une décision, et très vite!