Chapitre 11 : le jugement
Write by Djiffa
Assise dans un coin de la cellule, je n'arrivais pas à dormir. Je me posais des questions dont je ne pouvais avoir la réponse. Qu'est ce qui peut amener un homme qui a une fois aimé sa femme à lui faire un tel coup? Moi Caroline, la mère de l'enfant de Guillaume. S'il n'a pas pitié de moi, au moins il devait penser à Lucile. S'il ne m'aime pas, pourquoi alors m'a t'il épousé ? Car il aurait pu ne plus m'épouser. Que s'est-il exactement passé. ? Ou bien c'est sa mère qui le pousse à faire tout ça. ? Dans tous les cas, c'est un club de démons. La prison est un monde à part, hors du temps. Les femmes avec lesquelles je partageais ma cellule me traitaient avec bonté, émues par mon histoire. En prison chaque jour est une corvée. Il y a les travaux forcés à faire. Avec le temps, je deviens très proche de certaines mais surtout de Isabelle. Isabelle est une jeune fille métisse très charismatique. Elle déborde d'énergie et possède une grande force de persuasion. Elle est belle, courtoise et conciliante, mais peut soudainement se montrer dure et intolérante. Isabelle me remontait le moral tout le temps et réussit quelques fois à me faire rire. Isabelle trouvait que j'étais trop naïve et gentille. Elle pensait que Guillaume est un arriviste et que ma naïveté m'a empêché de le découvrir. Un jour, lors de nos bavardages, je lui demandai ce qu'elle a fait pour se retrouver en prison. Elle sourit et me dit qu'elle me le dira plus tard. Le temps passait et je pensais énormément à Lucile. Nulle ne doute qu'elle serait entrain de souffrir de mon absence. Quant à moi, je souffrais beaucoup dans le couloir de la mort. Un jour, j’eus le courage de demander à un agent de police ce qu’ 'il en serait du bébé à sa naissance. Il me répondit que je pouvais choisir de le remettre à une personne de mon choix ou de le laisser à la disposition de la prison qui se chargera de l'envoyer dans un orphelinat. Je fondis en larmes à ses propos. Je me dis que je ferai appel à la femme de Boris. Je réfutai rapidement cette idée car son mari avertirait tout de suite Guillaume. Or, à l’heure-ci, ma belle-famille pense que je suis déjà exécutée et bien logée dans l'au-delà. En plus mieux vaut que mon bébé ne vive pas avec des gens pareils. D'ailleurs, aucun d'eux ne savait que j'étais enceinte. Chaque mois, escortée par deux agents de police, j’allais en consultation pré natale. Mais je n'étais pas du tout concentrée sur ce bébé car je n'aurai même pas l'opportunité de vivre avec lui. Ceci m'attrista intensément. Un jour, de retour d'une de ces consultations, je vis Isabelle qui avait le regard triste.
- Que se passe-t-il Isabelle. ?
- Je me sens très triste à cause de toi Caroline.
- n'est-ce pas toi qui me remonte le moral. ? Et pourquoi veux-tu m'assombrir davantage. ?
-tu te souviens Caroline que tu m'avais demandé pourquoi j'étais en prison..?
- Oui mais tu n'as pas voulu me le dire.
- Oui, parce qu'en te le racontant, j’aurais été obligée de te dire qui je suis. Et je ne voulais pas que tu t'accroches à moi par intérêt. Je voulais que notre amitié soit vraie.
- Parle Isabelle Où veux-tu en venir. ?
- Écoute Caroline, je suis ici en prison sur décision de mon père suite à une bagarre en boite de nuit Où j'ai copieusement bastonné une fille de nuit qui tournait autour de mon copain. J'étais vraiment surprise par ce qu'Isabelle me racontait.
- Et pourquoi c'est ton père qui décide de t'envoyer ici?
- tu sais Caroline, mon père est un richissime homme d'affaires français qui est installé dans ce pays. Ma mère est ivoirienne d'où mon métissage. En tant que fille de riche, je passais du temps avec les enfants de grandes autorités et nous commettions énormément de bêtises. Mon père est tout le temps en colère. Après cette dernière bêtise que j'ai commise, il a lui-même ordonné à ce qu'on m'arrête, disant que le séjour en prison allait m'assagir. Autrement, personne ne pouvait me toucher car mon père est très puissant. Il est ami au chef de ce pays et à beaucoup d'autres présidents. Je suis donc ici pour six mois et dans une semaine, je vais partir. C'est pourquoi je suis si triste de devoir te quitter. Je la regardai abasourdi. Je ne pouvais même pas pleurer. Celle qui me remonte le moral et m'égaie allait partir. A quoi bon me lamenter? De toute façon, dans trois mois j'accouche et je meurs. Isabelle reprit.
- Je ne vais pas t'abandonner Caroline. Je vais parler de toi à mon père. Nous allons te prendre le meilleur des avocats afin qu'il essaie de te faire obtenir un procès et de changer cette condamnation à mort. Je te le promets.
- Cela sera-t-il possible. ?ne me donne pas un faux espoir Isabelle.
- Je suis très sincère Caroline. Oh Dieu ! Il y aurait donc un espoir ! Oh Seigneur merci. Depuis ce jour, je ne fis que prier sur cette bonne intention d'Isabelle. Je fus très attristée par son départ mais elle promit me rendre visite très souvent pour me faire le point de ces démarches............ Trois jours, après le départ d’Isabelle, un agent de police vint m'avertir que j'avais une visite. Je me dis que cela ne pouvait être qu'Isabelle car personne ne vient me voir. D'ailleurs pour tout le monde, c'est que je suis déjà morte depuis trois mois. L'agent de police m'amena donc vers mon visiteur. C'est un inconnu.
- Bonjour Madame Caroline.
- Bonjour Monsieur
- Je m'appelle Alassane et je suis avocat.
Je compris net. Un grand sourire se dessina sur mes lèvres. Mon interlocuteur reprit.
- Je suis envoyée par Monsieur Vallin. Maintenant vous allez me raconter toute l'histoire. Je ne me fis pas prier. Cet Avocat était comme un messie pour moi. A la fin, je lui demandai.
- Maître Alassane, ai-je des chances de faire changer ma condamnation? Surtout dites-moi la vérité.
- Oui Madame Caroline, si nous arrivons à démontrer certains faits.
- Et alors, je serai libre?
- Ça dépend. Peut-être que vous échopperez de quelques années. C'est déjà mieux que la mort. Ce qui est sûr je ferai tout ce qui est en mon pouvoir et Dieu décidera du reste.
- Merci beaucoup Monsieur Alassane, faites de votre mieux. Comme promis, Isabelle me rendit visite chaque semaine. Grâce à Maître Allasane et aux diverses relations du père de Isabelle, je pus obtenir un procès rapidement pour reconsidérer ma situation. J'ai été programmée pour être jugée dans deux mois.
La veille du procès, j'étais tellement excitée que cette émotion déclencha prématurément le travail de
L’accouchement. C'est ainsi que je donnai naissance à mon fils. Je lui donnai le prénom Amal qui traduisait mon état d'âme en ce moment. Amal signifie Espoir en langue arabe. Isabelle m'avait proposé de m'élever mon enfant en signe de notre amitié. C'était bien mieux qu'un orphelinat. J'avais confiance en Isabelle. On reconnaît toujours les bonnes personnes à l'intuition. Mon accouchement fit que mon procès était repoussé. Je passai encore deux bons mois à attendre .Pendant ce temps, je souffris beaucoup car je ne faisais que penser à mes enfants. Isabelle continuai de me rendre visite en m'emmenant le nouveau-né. Amal était nourri au lait artificiel mais grandissait bien. Isabelle me fit comprendre que son père avait engagé une nounou expérimentée pour s'en occuper. Au moins de ce côté, j'étais soulagée. J'en profitai pour me concentrer sur la prière. Je priais Dieu d'accomplir un miracle pour le procès. C'est ainsi que le jour du procès, Maître Allasane fit de son mieux pour assurer ma défense. Après un long moment d'attente, le verdict fut prononcé.
A suivre....