Chapitre 11: L’enterrement
Write by Plume Inspirée
(Brazzaville, Août 2010)
- On a enfin retenu une
date pour l’enterrement
- C’est quand?
- Après demain. Pitsou
j’ai envie que tout ça finisse et que tout ce monde disparaisse d’ici. Je n’ai
plus du tout envie de les voir
- Je te comprend mon
grand. Hier dans la nuit ici c’était grave que des disputes. Tu avais même bien
fait de ne pas dormir ici. J’ai même eu une dispute avec l’un de tes cousins je
pense. Les gens peuvent être cruels quoi!
- Ah ouais avec qui
Cyril? Celui qui pense que j’ai sacrifié mon fils?
- Je ne sais pas si c’est
lui Cyril mais en tout cas je ne lui ai pas raté. Je lui ai dit ses quatre
vérités.
Pitsou parlait encore
quand je venais de recevoir un appel de ma mère, aussitôt que je décrochais,
elle ne me laissait même pas dire Allô
- Qu’est ce qu’on me
raconte là? Tu n’as pas dormi à la veillée, tu as dormi où toi? Donc à ton âge
tu ne sais pas prendre tes responsabilités? Comment un père qui perds son fils
va dormir ailleurs.
La voix de ma mère
montrait qu’elle était dans tous ses états. Je savais déjà que sa santé n’était
pas bonne depuis le décès. Elle était d’ailleurs toujours à l’hôpital depuis.
Alors je ne voulais pas encore lui donner une raison de se mettre en colère, ce
qui n’était pas bien pour sa tension.
- Maman calme toi tu
t’énerve pour un rien. Je ne me sentais pas bien j’ai dormi chez une amie mais
dès le matin je suis revenue à la veillée et là j’y suis . Tu n’as pas à te
faire de soucis
- C’est quelle amie ça?
C’est quel genre d’amie qui te laisse dormir ailleurs alors que tu viens de
perdre ton fils. C’est quel genre d’amis qui te conseille de dormir chez elle
alors que chez toi il y a une veillée. Je n’aime pas ce genre de compagnie
Brice.
- Mamaaaaan comment peux
tu juger une personne que tu ne connais même pas: Ça je n’apprécie pas! Ce
n’est pas à mon âge qu’une amie va me demander de faire quelque chose que je ne
veux pas faire. C’est moi même qui ne voulais pas dormir ici. Arrête de mêler
mon amie à tout ça. Elle n’a fait que m’aider
Cette fois ci le ton de
ma mère était devenu conciliant
- Excuse moi je ne
voulais pas juger ton amie mais tu sais en ce moment je ne sais même plus trop
ce qui convient de dire ou non. En plus je le fais juste pour te protéger
voilà!
- Mais me protéger de
quoi? D’une amie qui m’aide franchement maman ça n’a pas de sens!
- En fait je pense qu’on
ne se fait pas comprendre Brice. Je ne veux pas que les gens commencent à
t’accuser de quoi que ce soit surtout si tu ne dors pas à la veillée alors que
c’est ton fils que tu viens de perdre qu’est ce que les gens ne vont pas dire!
Je comprenais la logique
de ma mère, mais ce qu’elle ne savait c’est que les gens parlaient déjà et
franchement moi, je ne n’avais plus le temps de vouloir plaire aux gens. Je
savais que si quelqu’un avait un avis déjà fixé sur toi tu avais beau te
défendre il n’allait pas changer d’avis. Tel était mon cas avec tous ceux là
qui disaient que j’avais sacrifié mon fils. Je n’avais pas le temps de me
justifier, je préférais suivre le conseil de Camille et espérer qu’un jour les
choses deviendront claires et tout le monde comprendra.
——— L’enterrement
Debout devant la vaste
porte de la chambre mortuaire, qui laissait voir plusieurs portes disposées les
unes en face des autres, nous attendions la sortie de mon père et l’oncle de
Nadia qui étaient entrés pour assister à la toilette et l’habillage du corps.
Je sentais que mes pieds tremblaient. Tout
autour il y’avait des cris, des pleurs, des chants.
Voilà ce qui résumait notre
parcours sur terre? Me disais-je. Pour chaque famille qui attendait il y avait
un ou deux membres de la famille qui portait une photo du défunt encadrée. Cela
permettait à ceux qui venaient assister les familles de se retrouver, tellement
il y’avait beaucoup de levée de corps par jour.
Parfois loin de ce genre
de réalité on avait comme la fâcheuse habitude de prendre pour acquis la vie.
C’est en ce genre de jours qu’on comprenait la vanité derrière tout ce qui nous
entourait.
Camille m’avait déjà fait
savoir qu’elle ne pourrait pas être là. Son chef ne lui avait pas accordé de
permission pour la journée. Camille avait tellement fait pour me soutenir!
Il y’avait sa mère debout
un peu plus loin, chose promise, chose faite, elle était bel et bien là le jour
de l’enterrement. Il y’avait aussi son petit frère, Darcy, celui à qui j’avais
trouvé un stage.
Vêtu d’une chemise en
pagne, d’un pantalon noir et de mes lunettes de soleil pour couvrir mes yeux
rouges parce que la veille j’avais tant pleuré, je tenais Nadia par la main,
elle était inconsolable. Dorcas était juste devant moi, inconsolable aussi.
Cathy était à côté de tonton Alfred, la sœur de tonton Alfred tenait Cathy par
la main.
De là où j’étais debout,
je voyais deux messieurs pousser une table roulante de l’intérieur de la morgue
vers l’extérieur. Mon père ainsi que l’oncle de Nadia suivaient derrière. Dès
que la table était arrivée sur le perron de la porte, mon père s’était mis à
verser des larmes ainsi que l’oncle de Nadia
Dans la grande salle de
la morgue il était formellement interdit de verser des larmes, il fallait être
assez courageux pour assister au nettoyage du corps.
Au fond de mon cœur, je me disais s’il faille
se marier un jour alors il me fallait une femme qui était prête à me soutenir
comme maman Eliane soutenait mon père. Car dès que mon père avait atteint le
perron de la porte , maman Eliane s’était approchée de lui pour le tenir la
main.
En ce moment précis, je
tenais Nadia très fort pour l’empêcher de partir vers la table roulante à cause
de la foule qui était là. Les agents de la morgue avaient dirigés la table
roulante sur la quelle était placé le cercueil vers un endroit pour le
recueillement des corps.
Dans la cours de la
morgue, il y’avait un coin où était disposé des genres de table mais fait en
béton pour poser les cercueils en attendant l’arrivée des pompes funèbres. Il
y’avait déjà avant notre arrivée des familles qui se recueillaient aussi autour
du cercueil de leur défunt.
C’était donc sur l’une de
ces tables qu’on avait posé le cercueil de mon fils. Les gens pleuraient
autour. En me voyant arriver avec Nadia, ils nous avait laissé passer , je n’avais
pas pu contenir ma douleur une fois arrivé devant ce cercueil, ayant lâché
Nadia, je frappais des coups violents sur le cercueil.
Pitsou s’était détaché de
la foule pour venir me tenir. Cathy venait de perdre connaissance, des gens
essayaient de lui mouiller avec de l’eau pour qu’elle revienne à elle.
Des journées comme celle
là, si elle se répétaient 4 fois dans la même année, je pense que je serais
mort de douleur depuis. Car la douleur que je ressentais était indescriptible.
Aucun mot ne pouvait dire ce que je ressentais. J’avais mal à la tête, mal à la
gorge, mal au cœur, mal au dos.
À un moment débout dans
un coin, je ne cessais de me demander mais de quoi est-il mort? Mourrir était
certes le passage de tout le monde mais on ne mourrait pas sans raison surtout
pas aussi jeune! Junior était parti avec toute son innocence, il était encore
plein de vie. C’était venu comme ça , je
ne voyais plus vers qui me tourner alors je m’étais assis sur une brique qui était
à côté de moi
- - Seigneur j’ai mal,
Jésus-Christ j’ai tant mal pourquoi? Pourquoi alors qu’il était si innocent!
Était ce un réflexe que
d’appeler ce nom de Jésus-Christ dont je ne connaissais pas grand chose! Est ce
que ça marchait de s’appuyer sur lui? Tout ça je ne savais le dire mais en
voyant autour de moi, j’étais venu à l’évidence qu’il arrivait des fois où
personne ne pouvait être là pour toi...
Mon père était lui même
occupé à se recueillir devant le cercueil de son petit fils, pareil pour chaque
membre de ma famille. Même Pitsou qui me tenait la main était perdu lui même
aussi par tout ça, il pleurait en regardant dans la direction du cercueil.
Chacun portait sa douleur personne ne pouvait porter la douleur de l’autre en
ce moment précis.
- - Seigneur aide moi
j’ai trop mal!
Alors que j’étais perdu
dans ma tristesse, il y’avait tout d’un coup un grand tumulte, je levais mes
yeux c’étaient les membres de la famille de Nadia qui demandaient à ce qu’on
ouvre le cercueil. Ça criait et ça se chamaillait sans même qu’on ne soit à mesure
de distinguer qui disait quoi.
Puis un moment Nadia
avait cessé de pleurer et s’était levée
- Ouvrez le cercueil de
mon fils, ils doivent payer pour ce qu’ils ont fait. Ouvrez ce cercueil
Mais que voulaient-ils
faire avec le cercueil ouvert? J’étais perdu. L’oncle de ma mère s’opposait
- Laissons l’enfant
reposer en paix. Je ne peux pas admettre qu’on mette du n’importe quoi dans son
cercueil
- Quel enfant qui va
reposer en paix? Si c’est pour ça que vous avez sacrifié l’enfant là, sachez
que vous n’utiliserez pas son esprit. Ouvrez ce cercueil là on va sceller son
esprit.
Mais de quoi parlait la
maman de Nadia aussi. Sceller quel esprit?
Après avoir tenté de
tenir face aux parents de Nadia, ils avaient fini par ouvrir le cercueil
J’avais reconnu le
monsieur que la grand mère de Nadia avait amené à l’hôpital. Il s’était
approché du cercueil et avait déposé un petit paquet dans le cercueil. Une dame
levée non loin de moi qui était apparemment venue nous assister aussi s’était
mise à parler à une autre dame
- Eh mais eux aussi, ça
c’est quoi qu’ils mettent dans le cercueil ils ne peuvent pas laisser l’enfant
reposer en paix vraiment.
- Ah maman ce n’est pas
toujours facile d’accepter ce genre de choc, soit disant que la mort de
l’enfant serait causé par les parents du père du petit donc les parents de la
mère ont consulté. Là ils font ça pour que l’esprit de l’enfant suive le
coupable
- Huuum c’est quand
l’enfant est vivant qu’on le défend ils ont attendu que l’enfant meurt
vraiment!
Donc ce petit paquet
qu’ils avaient déposés dans le cercueil de mon fils c’était pour que le
coupable paye pour ses actes. Je ne savais plus à quoi je croyais, mais ce qui
était sure c’est que s’il y avait un coupable, oui je voulais qu’il paye! si ce
petit paquet dans le cercueil du petit allait permettre à ce que ce coupable
paye alors tant mieux.
Au début je restais
logique en me disant il est mort c’est ainsi. Mais aujourd’hui avec cette
douleur je ne pouvais pas simplement admettre qu’il était mort. Il y avait bel
et bien une explication, j’étais à mon tour prêt à tout pour trouver cette
explication me disais je au fond de moi.
——-
Au retour de l’enterrement
j’avais éteint tous mes téléphones. Je ne voulais parler à personne. La
séparation avec les parents de Nadia avait été très violente depuis les
cimetières ce qui avait fait que Nadia n’était plus reparti au lieu de la
veillée. Pareil pour les parents de mon père aucun d’autre eux n’étaient
répartis à la maison de ma mère le soir de l’enterrement.
Mon père avait tenu à ce
que je rentre avec eux chez lui, je n’avais pas manifesté d’objection, la
vérité était que je n’étais pas sûr de pouvoir dormir dans cette maison là avec
tous les souvenirs de mon fils. Cathy aussi n’allait pas restée à la maison
jusqu’au retour de maman. Elle était partie avec sa tante, la sœur à son père.
Papa était dehors avec
deux de ses sœurs et maman Eliane. Allongé sur le canapé je pouvais les écouter
parler
- Oh c’est triste
vraiment quoi! La veillée de l’enfant s’est juste terminée aux cimetières. Même
pas une dernière nuit pour toute la famille ( lançait une de mes tantes)
- Le choc était trop fort
ça a poussé tout le monde à devenir impulsif. Moi je pense que les parents de
la mère de Junior pouvait agir ainsi mais pas vous et les parents de Marceline.
Vous aurez pu vous retrouver pour une dernière veillée avant de vous séparer.
N’oubliez pas qu’il y’a Brice et Dominique au centre hein ( cette fois ci
c’était maman Eliane qui essayait de raisonner mes tantes)
- Eh laisse pardon Eliane
laisse. Donc tu veux faire l’aveugle ou quoi. Marceline sait où est parti cet
enfant! Et elle n’a pas même pas osé être là pour soutenir son fils aîné qui
perd son unique fils. Quelle maladie là, quelle crise même elle a fait là bas?
Tchuiiiiiip cette femme aura son sort avec Dieu ( rajoutait ma tante)
Puis c’était au tour de
l’autre tante de parler cette fois ci
- Comme on dit que le
jugement de Dieu traîne là, j’espère que les gris gris que les parents de Nadia
vont faire ne vont pas traîner. Cette femme là doit payer pour ce qu’elle a
fait. Quel cœur que de supporter voir son fils dans une telle douleur? Cet
enfant qui est là ne va pas s’en remettre demain hein. Brice est vraiment sous
le choc je vous jure.
Je n’accusais pas ma
mère, je ne condamnais pas non plus mes tantes. Je n’avais pas passé beaucoup
de temps avec elles, je ne pouvais pas savoir qu’elles aussi m’aimaient autant.
Les derniers jours de la veillée, elles avaient été au soin avec moi. Et là en
les écoutant parler je comprenais ce qui les animait, c’était l’amour qu’elles
avaient pour moi.
Dorcas était assise à même le sol à côté de moi. Karl avait pris sa guitare
et il jouait. Un moment Dorcas s’était mise à fredonner des paroles au rythme de la guitare de
Karl. Allongé sans force, j’écoutais ces paroles qui me faisaient un effet que
je ne savais expliquer
« Mon seul appui,
c’est l’Ami Céleste,????
Jésus seul! Jésus seul!????
Les ans s’en vont, cet Ami me reste,????
Jésus seul! Jésus seul! »????
Puis les deux ensembles avec Karl fredonnaient le
refrain:
« Cet ami connaît mes
alarmes;????
Son amour guérit ma douleur;????
Sa main essuie toutes mes larmes,????
Doux Sauveur! Doux Sauveur!????
.... Deux jours plus tard....
Chaque matin, on passait des temps dans la prière
avant que papa ne sorte vaquer à ses occupations. Ou je dirais qu’eux, ils
passaient des temps dans la prière car moi je restais juste assis mes yeux
fermés, je n’avais rien à dire. Je ne savais pas comment commencer.
Cet après midi, j’avais téléphoné tonton Alfred pour
avoir des nouvelles de Cathy et c’est là qu’il m’avait fait des reproches sur
le fait que je n’étais pas rentré à la maison après l’enterrement
- Tu es un homme et le comportement que tu as affiché
est lâche de ta part. Tu sais ta mère est très déçue depuis qu’elle a appris
que tu n’es toujours pas rentré à la maison
- Non mais tonton Alfred vous faite semblant ou vous
êtes vraiment sérieux? Je viens de perdre mon fils et vous pensez que j’ai
quelque chose à cirer de votre avis sur mon comportement. Écoutez je vais vous
dire quelque chose, en ce moment même l’avis de ma mère je n’en ai rien à
cirer. J’essaie de m’en sortir tant que je peux. Et si rester chez mon père me
procure la paix bah c’est la solution que je vais choisir voilà!
J’avais coupé. Je ne savais pas comment expliquer cela
mais depuis la journée d’hier j’en voulais tout d’un coup à ma mère de n’avoir
pas été là pour enterrer mon fils qui avait vécu chez elle depuis toujours.
C’est vrai qu’elle était à l’hôpital mais c’était tout de même irresponsable de
sa part. Elle n’allait plus jamais le voir et ne s’était même pas embêter de
rentrer pour l’enterrement!
J’étais assis sur le fauteuil, maman Eliane était
dehors avec Dorcas quand Camille était arrivée
- Bonjour maman, bonjour Dorcas
- Oh ma fille tu es là. Comment vas tu aujourd’hui?
- Ça va un peu maman
- Ya Camille bonjour. Tu peux entrer hein ya Brice est
à l’intérieur
Depuis avec Camille on n’avait pas parlé de ce qui
était arrivé cette nuit là chez sa mère.
- Coucou tu ne répondais pas à mes messages je me suis
inquiétée
- Excuse moi Camille, en ce moment j’ai du mal à
savoir ce qui convient de faire
- T’inquiète je te comprends
Elle s’était assise et aussitôt j’avais lancé
- J’ai envie de marcher un peu, tu veux bien qu’on
marche juste dans le quartier
- Oui bien sûr
Elle s’était levée et avait laissé son sac, elle avait
juste pris son téléphone avec elle.
En sortant j’avais dit à maman Eliane qu’on marchait
juste dans le quartier.
- Camille je suis perdu en ce moment je n’arrive pas à
trouver une cause à la mort de mon fils et je ne cesse de me dire que pour que
je sois en paix et que je fasse mon deuil il faut que je sache de quoi il est
mort. Tu penses que je perds la tête en pensant ainsi?
- Non pas du tout. C’est ton fils et ton attente était
celui de tout père, le voir grandir. Si ça ne s’est pas passé comme tu l’aurais
voulu c’est normal que tu veuilles comprendre. Et que vous avaient dit les
médecins concrètement?
- Pas grand chose. J’envisage de retourner voir le
médecin qui l’avait traité pour parler avec lui.
- C’est une très bonne démarche. Et quand comptes tu
retourner chez ta mère?
- Je ne supporterais plus le fait de rester là bas. Il
y a trop de souvenirs du petit là bas. En fait je vais peut être chercher une
maison et aménager
- Je te comprends mais rester seul aussi ne va pas te
réussir tu es encore trop fragile Brice.
- Je vais y rester avec Pitsou ou Karl.
- Ok.
Il s’était tout d’un coup installé un silence entre
nous. Je sentais qu’il était temps pour nous de parler de ce qui était arrivé
cette nuit là. Alors je m’étais lancé en premier
- Camille tu es une amie précieuse et je ne voudrais
pas te perdre. Je ne sais pas quoi dire de ce qui s’est passé cette nuit là
chez ta mère. Je me...
Je n’avais pas terminé ma phrase que Camille m’avait
coupé la parole
- Je comprends, moi non plus je ne veux pas perdre
cette amitié et si pour conserver cette amitié il faut qu’on oublie ce qui
s’est passé alors je suis d’accord on ferrait mieux d’oublier ce qui s’est
passé cette nuit là!
Ma vie était trop compliquée, comment dire à Camille
que ce que je m’apprêtais à lui dire ce n’était pas qu’on oublie cette nuit
mais qu’on essaie plutôt de faire à ce que ça marche.
Mais en même
temps si elle proposait qu’on oublie cette nuit je lui comprenais bien. Camille
avait vu comment je parlais de ma relation avec Désira, elle savait que je ne
pensais pas me marier un jour, quelle fille consciente de cela, pouvait
envisager une quelconque relation avec un tel homme?
On continuait notre marche et je confiais mes peurs à
propos de la mort de mon fils à Camille et elle ne cessait de me remonter comme
toujours.
En repartant vers chez
mon père, je mourrais d’envie de dire à Camille que j’avais des sentiments pour
elle. Mais en même temps que valait ma parole? Elle avait l’expérience de ma
relation avec Désira. Je savais qu’elle n’avait pas envie d’être en relation
avec un tel homme. Camille n’était pas le genre de fille capable d’accepter une
relation avec des fondements aussi incertains.
Une fois à la maison chez
mon père, maman Eliane avait invité Camille à manger avec nous.
- Vraiment maman ce ne
sont pas dans mes habitudes de décliner une telle invitation mais je dois
partir là
- Oh ma fille d’accord je
comprends mais la prochaine fois j’espère que tu resteras manger avec nous
- C’est promis maman!
J’avais accompagné
Camille jusqu’à la voie principale.
** Dans la tête de
Camille**
En marchant, je mourrais
d’envie de crier ou de pleurer. La vérité était que j’avais espéré au fond de
mon cœur que Brice veuille nous donner une chance. Depuis la dernière fois, je
n’avais cessé d’espérer reconsidérer les choses avec Brice en partant cette
fois ci sur une base clairement définie. Qui sait peut être que ça aurait pu
marcher, me disais-je!
Mais en même temps je
m’attendais un peu à ce qu’il ne veuille pas considérer cette nuit. Je n’étais
pas le genre de fille que Brice fréquentait. J’avais déjà vu des photos de
Désira... J’étais loin d’être ce genre. Espérer une quelconque attention de la
part de Brice était bien insensé de ma part.
Une chose était sûre
c’est que j’étais sincère dans mon amitié avec lui, j’étais là pour lui pas
pour attendre quelque chose en retour, il était mon ami et entre amis on se
soutenait toujours.
Au moment de prendre
congé, Brice avait arrêté un taxi pour moi
- Tu sais je peux prendre
mon bus hein
- Camille t’as un défaut
tu veux être là pour les autres mais tu ne laisses pas aux autres l’occasion
d’être là pour toi.
- Oooh Brice!
- Sérieux, je l’ai
remarqué. Tiens c’est pour ton taxi.
Il m’avait tendu un
billet de 5000 frs.
........
** Dans la tête de
Brice**
Je m’étais réveillé en
sursaut, je transpirais à grosse goutte, déjà que chez mon père il n’y avait
pas de climatiseur. Karl qui partageait la chambre avec moi s’était aussi
réveillé après mon réveil brusque
- Yaya qu’est ce qui ne
va pas?
Je n’arrivais pas à
maîtriser ma respiration haletante. Pris de panique, Karl était sorti de la
chambre pour revenir une minute plus tard avec papa.
- Brice qu’est ce qui ne
va pas?
- Quelle heure est-il
papa?
- 2 heures pourquoi
demandes tu l’heure?
- Non pour rien. Juste
gêné que tu aies à te réveiller à une heure pareille à cause de moi. Je pense
que ça va aller tu peux repartir dormir
- Non je n’irais pas
dormir tranquillement en sachant que tu es si préoccupé.
Il s’était assis à côté
de moi au lit, Karl était debout à côté. Quelques minutes plus tard, maman
Eliane frappait devant la porte de la chambre ainsi que Dorcas.
Dorcas s’était assise à
même le sol à côté de mes pieds. Maman Eliane quant à elle était debout tout
comme Karl
- J’ai fais un rêve ou je
dirais des rêves . Je ne sais pas comment dire mais c’était un genre de rêve
mélangé. J’étais enfermé dans une pièce puis il y avait des parties dans le
rêve où Junior était vivant mais on le mettait dans un cercueil et il criait
après moi, mais j’étais dans l’incapacité de sortir de la pièce pour le
secourir
Je n’arrivais plus à
garder mon calme, j’avais tout d’un coup poussé un cri
- Aaaaaaaaaah ah ah papa
je pense que je ne vais pas arriver à surmonter cette épreuve! Papa je ne vais
pas y arriver
Je bougeais ma tête dans
tous les sens
Aussitôt maman Eliane
s’était mise à prier
- Qui donne la paix si ce
n’est toi Jésus-Christ le prince de paix? Qui console les cœurs si ce n’est toi
Saint-Esprit, le consolateur? Je t’invite dans la vie de Brice pour restaurer
ce que l’ennemi a détruit. Qui peut comprendre la profondeur de sa douleur? Oh
Seigneur c’est toi même qui nous invite à venir à toi avec nos fardeaux...
Elle continuait à prier,
Karl et Dorcas s’étaient lancés aussi
dans la prière. Papa me tenait la main et chaque fois que maman Eliane disait
quelque chose dans sa prière il ne cessait de dire
- Amen Seigneur qu’il en
soit ainsi.
Ce n’était qu’aux
environs de 5 h du matin que j’avais pu trouver le sommeil. C’était aussi certainement
quand je m’étais endormi que papa, maman Eliane et Dorcas avaient quittés la
chambre car jusqu’à ce que je réussisse à m’en dormir ils étaient tous là
autour de moi.
À mon réveil il était
10h, j’étais descendu du lit et m’étais dirigé au salon. Papa était assis
devant la télé ainsi que Karl.
- Brice comment te sens
tu maintenant?
- Un peu vide mais ça va.
Je suis désolé pour la nuit dernière
- Tu n’as pas à être
désolé. Peu importe ton âge et ta position sociale je suis ton père et c’est
mon devoir de te tenir la main quand tu ne vas pas bien. Assieds toi il faut
qu’on parle.
Juste le regard que papa
avait lancé à Karl l’avait laissé comprendre qu’il fallait qu’il nous laisse
seuls.