Chapitre 12
Write by R.D
«
Et quand mes serviteurs t’interrogent sur moi, alors je suis tout
proche : Je réponds à l’appel de celui qui me prie quand il me prie.
Qu’ils répondent à mon appel et qu’ils croient en moi afin qu’ils soient
bien guidés » (Sourate 2 verset 186)
Fatima
Finalement, nous sommes retournés à la maison après un coup de fil
qu’il a reçu de je ne sais qui. Il a prétexté une urgence en disant
qu’on devait remettre cela pour très bientôt.
Je suis
énormément déçue mais malgré ça, je ne laisse rien paraitre. C’est mon
rôle de le soutenir et peu importe si ça va à l’encontre de mes désirs.
Je n’ai même pas eu le courage de lui demander qui c’était, tant il
paraissait inquiet.
Lorsqu’il m’a déposée à la maison, je suis
retournée dans mes casseroles. Je nous ai mijotée un bon plat en
laissant le coran allumer. Ça me fait énormément du bien d’écouter cela
et ça m’apaise.
Ibrahim ne sait rien, mais j’ai fais un
horrible rêve hier nuit. J’étais dans le noir et je lisais des versets
pour empêcher un homme de m’approcher. Je criais le nom de mon mari mais
malheureusement, ce dernier n’était pas présent.
Concernant la
traduction de ce rêve en islam, c’est assez complexe. Le plus souvent
on dit que quand tu rêve d’être dans le noir, c’est parce qu’on va te
trahir. On demande de sortir de l’oignon, tomate, et huile de palme en
demandant à Dieu de nous assurer sa protection avant de le donner à une
vieille femme.
C’est ce que j’ai fais lorsqu’il m’a déposée à
la maison. N’empêche, ma discussion avec Karim me trouble toujours
énormément. Il l’a forcément vue en rêve sinon comment aurait il su que
je me lavais avec un médicament ? Ce rêve a-t-il quelques choses à avoir
avec ce qu’il m’a dit hier?
J’avais passé la nuit d’hier à
priée et demander à Dieu de m’éclairer là-dessus. Ce n’est qu’après
avoir dormie que j’ai fait ce rêve. Je ne sais pas et je me sens
complètement déboussolée parce que je n’ai personne à qui en parler.
Et si je devais être victime de trahison ? Comment est ce que cette
trahison pourrait survenir à cause de ce médicament ? Qui est cet homme
dans le rêve qui me voulait du mal ? Un proche parent ? Un inconnu ?
Malgré qu’une partie de moi essayait de m’en dissuader, j’ai quand même
versé de l’eau dans la bouteille pour annuler les effets du médicament
avant de m’en débarrasser.
J’ai hésitée longuement avant de composer le numéro de Karim après avoir finie de cuisiner.
Karim : Allo ?
Moi : salam Karim. C’est Fatima, la femme de ton ami.
Karim : waleykoum salam ! Comment tu vas ?
Moi : al hamdoulilah. Es tu en mesure de parler actuellement ?
Karim : attends que je me déplace.
Quelques secondes se sont écoulées avant qu’il ne reprenne la parole.
Karim : ça me fait plaisir de t’entendre.
Moi : merci. Je ne te dérange pas j’espère.
Karim : pas du tout. J’espère que tout va bien pour toi.
Moi : oui, enfin non pas vraiment et tu es la seule personne à qui je pourrais en parler en toute tranquillité.
Karim : je t’écoute.
Moi : après notre conversation d’hier, j’ai passée la nuit à prier et à
demander à Dieu de m’éclairer là-dessus. Tu sais, je n’aimerais pas
faire quelque chose qui pourrait m’attirer sa colère. Je ne voulais pas
utiliser ce médicament, mais la personne m’a incitée à le faire.
Karim : as-tu versé de l’eau comme je te l’ai indiqué ?
Moi : oui je l’ai fait.
Karim : Al hamdoulilah. Je ne le souhaite pas, mais imagine que ton
mari tombe sur ce genre de chose. Pense tu qu’il le prendra bien ?
Moi : je ne crois pas.
Karim : alors ne fais pas des choses qui pourraient te mettre en mal
avec ce dernier. N’oublie pas qu’il est ton guide sur terre, si on te
contraint à faire quelque chose que tu sais pertinemment que ça ne lui
plaira pas, ne le fais pas, peu importe la personne.
Moi : ok j’ai compris. Merci du fond du cœur.
Karim : c’est tout à fait normal. Donc tu disais ?
Moi : j’ai fais un rêve hier, j’étais allongé dans le noir et un homme voulait me faire du mal.
Karim : hum ! As-tu enlevé des sacrifices pour ça ?
Moi : oui. Je ne sais pas si ça a quelque chose avoir avec ce que tu m’a dis, raison pour laquelle je t’ai appelé.
Karim : moi aussi je ne sais pas. Mais si je découvre un peu plus sur ça, je te ferais signe compris ?
Moi : oui. Que Dieu te gratifie.
Karim : Amine.
Après notre conversation, je me suis sentie nettement plus légère. La
seule personne qui puisse m’aider à tout affronter sur cette terre c’est
bien Dieu, celui en dehors duquel il n’existe aucune autre divinité.
Alors si je dois chercher protection, ce sera auprès de lui et non d’une
autre personne.
Mère Halima
Abdel et moi on se
connait depuis mon adolescence. Moi j’étais la jeune fille frivole qui
cherchais toujours à me faire de l’argent gratuit et lui, le jeune homme
qui avait de l’argent et qui ne s’en privais pas pour appâter les
filles avec.
On s’est rencontré par l’intermédiaire d’une de
mes amis à l’époque qui voulait que je le charme pour qu’on puisse
obtenir tout de lui. Ça n’a pas été facile d’autant plus que c’était le
genre d’homme très intelligent et perfide, mais au final, j’ai réussis à
l’avoir.
On passait nos journées ensembles et nos nuits dans
les boites de nuit. Les gens commençaient à dire que je l’avais sûrement
marabouté parce que c’est incompréhensible qu’un homme de sa posture
puisse sortir avec une fille pauvre et de surcroit qui se prostituais
pour de l’argent.
Notre histoire était tellement sérieuse à ses
yeux, qu’après deux ans de relations, il a voulu me présenter à toute
sa famille, chose dont je me suis opposée catégoriquement.
Pour
moi c’était juste ma source financière, ma banque, mon revenu quand
tout devait aller mal. Il suffisait juste que je me mette à m’apitoyer
sur mon sort pour qu’il me sorte de grosse enveloppe en me faisant
promettre de ne plus mener cette vie.
Du coup, je jouais au
double jeu avec lui. A ses côtés, je suis l’ange, et avec d’autres
hommes le démon. Tout marchait comme sur des roulettes jusqu’à ce qu’un
jour, il me surprenne avec un homme qui n’était rien d’autres qu’un de
ses cousins.
Ça l’avait énormément atteins. Il ne se montrait
plus, passait son temps dans sa chambre et j’avoue qu’à ce moment là, je
me suis vraiment sentie mal d’avoir joué de lui.
J’ai tout
fait pour me faire pardonner. J’ai mis un trait sur mon passé douteux
pour me consacrer à lui mais c’était sans savoir que je portais son
enfant.
Le jour que je l’ai appris, je voyais toute ma vie
s’écrouler. Si mes parents l’apprenaient, ils allaient me tuer à tous
les coups. C’est à ce moment que le père de Fatima est apparu dans ma
vie.
Ils avaient demandée ma main et je m’y étais opposer
catégoriquement mais j’étais obligée d’accepter avant que ma vie ne
prennent un tournant néfaste. J’ai monté un plan de toute pièce pour
humilier Abdel et ainsi faire en sorte qu’il sorte complètement de ma
vie.
Je me suis rendu chez le marabout qui me suis actuellement
pour qu’il me lave et fasse en sorte que son père ne respire que par
mon nom, chose qui a été faite à mon grand bonheur. Je me suis alors
débarrassée de son enfant quelques temps avant mon mariage.
La
virginité est quelque chose de très importante mais Dieu a fait en sorte
que mon mari ne se formalise pas là-dessus. Il m’a même couverte en me
disant que notre intimité nous regarde et que cela ne changeais en rien
mon statut de femme.
Je ne suis pas une sans cœur, jusqu’au
jour d’aujourd’hui, ce passé me hante, mais ce qui devait être fait à
été fait et même si les gens pensent que je suis mauvaise, je pleure
toujours cet enfant qui n’a pas pu voir le jour à cause de mes mauvais
choix.
J’ai rencontré Abdel par le plus grand des hasards 15
ans après que ma fille soit née. Il a menacé de tout raconter à mon mari
si je ne lui disais pas pourquoi je l’ai lâchement abandonné après
avoir tout fait pour le récupérer.
Il me vouait et je crois qu’il me
voue toujours cette haine et qu’il a toujours en travers de la gorge
tous les supplices que je lui ai fait subir.
Un jour il est
venu me rendre visite à mon insu chez moi. Je tremblais de tous mes
membres et je croyais qu’il venait pour tout déballer à mon mari. J’ai
été surprise de constater que c’était juste pour avoir un œil sur nous.
Le jour que j’ai exigé qu’il me dise pourquoi il s’incrustait tant dans
ma vie, il m’a dit qu’il voulait que Fatima se marie à son fils. Bien
évidemment j’ai refusé. Je voyais en cela une sorte de vengeance et je
ne voulais pas que ma fille en pâtisse.
A toujours chasser le
naturel, il revient au galop. Il m’a dis qu’il allait m’aider à sortir
de cette misère si je lui accordais ce qu’il me demandait. Je n’ai pas
tardé à accepter parce que j’en avais marre de cette misère et des
railleries que les gens avaient à mon encontre.
Tout ça, c’est
la partie apparente. La partie cachée ? Je dois le laisser coucher au
moins une seule fois avec ma fille pour qu’il puisse garder le silence
jusqu’à sa tombe.
Je n’en croyais pas mes oreilles lorsqu’il me
l’a dit. Je l’ai hurlé dessus, insulter, traiter de tous les noms. Il
se contentait tout simplement de me dire que la vengeance est un plat
qui se mange froid et que c’était soit ça, soit ma finition. Après
maintes réflexions, j’ai finie par accepter, j’ai finie par vendre ma
fille pour ne pas me couvrir d’ignominie.
Aurais-je eu une
fille comme Fatima si je ne m’étais pas débarrassée de cette grossesse ?
Si je n’avais pas demandé au marabout de m’aider ? Aujourd’hui ça fait
25 ans que je suis mariée et al Hamdoulilah, je remercie Dieu de m’avoir
donné une famille et des personnes comme eux et pour rien au monde je
ne verrais cela se briser ou aller en fumée.
Plusieurs se
demandent ici pourquoi j’ai demandée à Fatima de m’accompagner au
village. Comme vous le savez déjà, j’ai montée cette histoire de toute
pièce et c’est simplement un moyen pour moi de trouver une solution pour
la sortir de ce merdier.
Je ne crois pas que je pourrais
encore fermer l’œil, si je laissais une chose si horrible se produire.
Je dois l’emmener chez le marabout. Il doit la laver avec je ne sais
quoi pour redoubler les protections et ainsi me permettre d’avoir plus
de temps pour l’éloigner de ce pervers.
Oui je crois en Dieu.
Ce serait plus facile de prendre ma natte de prière et m’adresser à lui.
Mais nous savons tous que cette vie est un combat continuel et si on ne
se mets pas en position de guerre, on nous bouffera tout cru.
L’histoire de voyage avec Ibrahim est tout simplement un moyen pour
l’éloigner de la maison et faire ce qu’il à a faire. Comment peut-on
être si cruel ? Oui je sais que je ne suis pas la plus sainte, mais
pourquoi demander à ce que son fils épouse ma fille si c’est pour lui
infliger un tel supplice ? Serais-je entrain de passer à côté de quelque
chose ?
J’étais entrain de ranger ma chambre lorsque j’ai
entendue la voix de Fatima au salon entrain de discuter avec son père.
Elle est venue quelques temps après pour me rejoindre.
Fatima : bonjour néné. (Maman)
Moi : comment tu vas ma fille ?
Fatima : ça va al hamdoulilah. Tu as bien dormie ?
Moi : assez bien. Tu sais, la vieillesse commence à gagner mon corps donc je me réveille tous les jours avec différents maux.
Fatima (souriant) : tu es tout sauf vieille. Tu ne fais pas ton âge. Toujours aussi resplendissante.
Moi : ah merci ! Mais je ne t’attendais pas de si bonne heure. On devait aller vers 17h.
Fatima : oui je suis venue pour qu’on parle par rapport à ça. Je
n’étais même pas censée passer le weekend à Conakry mais Ibrahim et moi
avions dû changer notre programme à cause de ce voyage que je dois faire
avec toi.
Moi : je suis désolée mais tu sais, tu es ma seule fille et dès fois j’ai besoin que tu sois avec moi.
Fatima : oui et je te comprends. Seulement, Ibrahim c’est mon mari et
je ne peux pas aller à l’encontre de ces décisions. Il m’a dit que je ne
peux pas faire deux jours d’autant plus qu’il voyage demain à la
première heure.
Moi (étonnée) : voyager ? Où va-t-il ?
Fatima : c’est un voyage pour le boulot.
Moi : ce n’est pas trop tôt ? Je veux dire, vous venez à peine de vous marier.
Fatima (poussant un soupir) : même lui ne veux pas y aller, c’est moi qui suis entrain de le contraindre.
Moi : mais laisse le rester avec toi, Fatima. Pourquoi veux-tu qu’il aille là-bas ?
Fatima : il ne peut pas manquer de respect à son père. Tu sais très
bien que le respect des parents est très important dans la religion. En
tant que sa femme, je me dois aussi de bien le conseiller. Ça a été
difficile de le lui faire accepter, mais il a finis par abdiquer.
Là, je ne sais vraiment pas quoi faire. Ce con pourrait faire sa sale
besogne à n’importe quel moment. Il me faut trouver une solution.
Moi : tu sais, même si c’est son père, le mariage est aussi quelque
chose de sacrer. Vous êtes jeunes, vous venez à peine de vous connaitre,
il faut passer le plus de temps ensemble. Comment cela peut il se faire
s’il voyage à tous moment ? Je trouve sur ce point que ton mari a
raison. Aucune personne n’est irremplaçable, que son père trouve une
autre personne.
Fatima (sceptique) : hum !
Moi : Oui. D’ailleurs concernant ta tante, je pourrais y aller seule. Je lui dirais que tu as voyagé avec ton mari.
Fatima : au fait, il s’agit de quelle tante ?
Moi (bégayant) : heu.. Une tante du côté de ton père. Tu ne la connais
pas. Tu sais, les familles en Afrique sont tellement nombreuses, que tu
peux un jour passer à côté de la petite sœur de ton père sans le savoir.
Fatima : oui c’est vrai.
Elle a semblée réfléchir un moment avant de reprendre la parole.
Fatima : néné ? (maman)
Moi : oui ?
Fatima : est ce que c’est un problème si je parle des médicaments que
tu m’as donnée à mon mari ? Je n’ai pas le droit de lui cacher ce genre
de chose et toi-même tu sais que si ça ne tenait qu’à moi, je
n’utiliserais jamais ça.
Cette fille veut me tuer ou quoi ?
Moi : Eh djiwo (jeune fille) toi aussi. Quand est ce que tu te
réveilleras ? Il ne faut pas être si naïve que ça sinon tu seras mal
barré dans ton futur.
Fatima : Mais ?
Moi (la coupant) : je t’ai déjà dis que je ne ferais rien qui te fera du mal.
Fatima : Mais on m’a dit….
Moi : on t’a dis quoi ?
Fatima : on m’a dit qu’une femme ne doit pas avoir des secrets pour son mari.
Moi : oui mais même un croyant doit avoir une partie de ses œuvres
cachées. Des œuvres qui resteront qu’entre lui et son créateur et qui
lui seront bénéfique le jour du jugement. Pourquoi pas une femme envers
son mari ?
Fatima : et s’il le découvre ?
Moi : il ne le découvrira que si tu veux qu’il le découvre.
Fatima : ok !
Moi : si ce n’était pas pour ton bien, je ne te l’aurais pas donnée.
Fatima : ok !
Elle ne semble pas convaincue, mais j’espère pour elle qu’elle ne commettra pas cette erreur.
Moi : et si vous allez en lune de miel ? En avez-vous eu droit depuis que vous êtes mariés ?
Fatima : non mais on dirait que tu oublies qu’il doit voyager demain.
Moi : si j’étais toi, je lui dirais de reporter ça. En tout cas, c’est
juste un conseil. Je ne mettrais pas ma bouche dans votre couple.
Nous avons encore discutés longuement avant qu’elle ne s’en aille. Si
je ne peux pas l’éloigner de lui un petit moment, il va falloir que je
trouve un moyen de dissuader Abdel. Mais comment ? Je n’en ai aucune
idée.