
Chapitre 12
Write by Verdo
Les semaines qui suivirent la prise de pouvoir de Martiella furent un véritable enfer pour Sélinam. Si, au début, elle pensait pouvoir supporter les ragots et les critiques des fidèles, les comportements de Martiella envers elle vinrent briser le peu de force morale qu’elle avait encore. Martiella, forte de son nouveau statut de remplaçante du pasteur Sika, s’efforça de rabaisser Sélinam à chaque occasion.
Le premier choc pour Sélinam survint un dimanche matin. Elle s’était installée, comme à son habitude, sur le banc réservé aux diacres et aux responsables de l’église. À peine avait-elle posé son sac qu’un des assistants de Martiella s’approcha d’elle, visiblement gêné.
— Madame Sélinam, commença-t-il doucement, Madame Martiella m’a demandé de vous informer que ce banc est désormais réservé aux membres de la haute assemblée. Vous devez vous asseoir dans les rangs des fidèles.
Sélinam sentit son cœur se briser. Elle savait que cela ne pouvait venir que de Martiella. Sans dire un mot, elle se leva, ramassa son sac et alla s’asseoir au fond de l’église, loin des regards. Les murmures ne tardèrent pas à envahir la salle.
— Vous avez vu ça ? Elle a été reléguée au rang de simple fidèle, chuchota une femme à sa voisine.
— C’est bien fait pour elle. Elle se prenait pour la grande prophétesse, ajouta une autre avec un sourire moqueur.
Mais Martiella ne s’arrêta pas là. Lors des cultes de prière, où Sélinam avait l’habitude de prophétiser et de guider les fidèles dans des moments d’intense ferveur spirituelle, Martiella prit soin de l’écarter.
Un soir, alors que Sélinam s’était levée pour partager une vision qu’elle avait eue pendant la prière, Martiella l’interrompit brusquement.
— Ici, nous respectons l’ordre et la hiérarchie, dit-elle d’un ton autoritaire. Si vous avez une vision, partagez-la avec les diacres. Ce sont eux qui décideront si elle doit être annoncée à l’assemblée.
L’église entière resta silencieuse. Les yeux de Sélinam s’embuèrent, mais elle se rassit sans protester. Elle savait qu’aucune parole ne pourrait convaincre Martiella.
Rapidement, Sélinam sentit l’isolement grandir autour d’elle. Les fidèles qui autrefois la respectaient et venaient chercher ses conseils spirituels commencèrent à l’éviter. Certains allaient même jusqu’à l’ignorer complètement lorsqu’elle les saluait.
Un jour, alors qu’elle s’approchait d’un groupe de femmes pour discuter, l’une d’elles fit un commentaire à voix basse, suffisamment fort pour qu’elle entende.
— Regarde celle-là, elle croyait qu’elle était la reine de l’église. Maintenant, elle n’est rien.
Les autres ricanèrent, et Sélinam, humiliée, fit demi-tour sans dire un mot.
Malgré tout, Sélinam s’accrochait à sa foi. Chaque soir, elle priait dans sa petite chambre, demandant à Dieu de lui donner la force de supporter cette épreuve.
— Seigneur, murmura-t-elle un soir, si c’est une leçon que tu veux m’enseigner, donne-moi la sagesse de la comprendre. Si c’est une punition, montre-moi où j’ai failli pour que je me repente. Mais si c’est une injustice, Seigneur, viens à mon secours.
Ses larmes coulaient abondamment, mais elle refusait de se laisser abattre. Elle se rappelait les paroles de son défunt père, un homme pieux qui lui avait toujours dit : « Les tempêtes passent, mais les racines solides ne cèdent jamais. »
Malgré les humiliations, une pensée commençait à germer dans l’esprit de Sélinam. Elle savait qu’elle ne pouvait pas rester indéfiniment dans cette position. Martiella avait peut-être le pouvoir temporairement, mais Sélinam croyait fermement que la vérité finirait par éclater au grand jour.
Un dimanche, après le culte, elle décida de rester plus longtemps à l’église. Elle observa chaque détail, chaque interaction entre les diacres, Martiella, et les fidèles. Elle remarqua des failles, des signes de mécontentement chez certains.
« Peut-être que tout n’est pas perdu », pensa-t-elle.
Mais pour l’instant, elle devait attendre. Et prier. Parce qu’au fond d’elle, elle savait que sa foi et sa persévérance seraient ses seules armes dans cette bataille spirituelle et émotionnelle.
Après des jours d’humiliation et de mépris, Sélinam prit son courage à deux mains et décida d’affronter Martiella. Elle savait que cette conversation serait difficile, mais elle avait besoin de clarifier les choses et, surtout, de défendre sa place aussi en tant que femme légitime du pasteur Sika.
Elle trouva Martiella dans le bureau de l’église, entourée de quelques diacres. La tension était palpable dès que Sélinam franchit la porte. Les regards échangés entre Martiella et les diacres étaient suffisants pour qu'elle comprenne qu’elle n’était pas la bienvenue. Mais Sélinam n’était pas là pour chercher leur approbation.
— Madame Martiella, puis-je vous parler en privé ? demanda-t-elle d’un ton ferme.
Martiella leva les yeux vers elle, un sourire condescendant se dessinant sur ses lèvres.
— Très bien, répondit-elle en se levant. Messieurs, nous continuerons cette réunion plus tard.
Les diacres quittèrent la pièce, laissant les deux femmes seules. Dès que la porte se referma, Martiella croisa les bras, le regard froid.
— Que veux-tu ? lança-t-elle sèchement.
Sélinam prit une profonde inspiration avant de répondre.
— Je veux vous dire que je ne savais pas que le pasteur Sika était marié. S’il m’avait dit la vérité, jamais je n’aurais accepté de me mettre en couple avec lui, encore moins de tomber enceinte, avoua-t-elle.
Le mot "enceinte" sembla frapper Martiella comme une gifle. Son visage changea instantanément, passant de l’arrogance à une colère froide et maîtrisée.
— Enceinte ? Tu es enceinte ? répéta-t-elle, ses yeux s’écarquillant de surprise avant de s’assombrir.
— Oui, je suis enceinte, et je suis sa femme, répliqua Sélinam en soutenant son regard.
Martiella éclata de rire, un rire froid et cruel qui résonna dans la pièce.
— Tu ne garderas pas cet enfant, madame ! cria-t-elle finalement. Tu ferais mieux d’avorter parce que Sika ne reconnaîtra jamais cette grossesse !
Sélinam recula légèrement, choquée par l’intensité des paroles de Martiella. Mais elle n’était pas prête à céder.
— Nous sommes légalement mariés, insista-t-elle. Je suis aussi sa femme. Tu ne peux pas m’ordonner d’avorter.
Martiella se pencha vers elle, ses yeux lançant des éclairs.
— Mariés ? Tu crois que ce mariage a une quelconque valeur ? Sika n’a qu’à se réveiller seulement, et je te garantis qu’il te reniera devant tout le monde. Écoute-moi bien, j’ai bâti tout ce que tu vois ici, chaque pierre, chaque banc, chaque centime investi dans cette église vient de moi. Tu penses que je vais te laisser t’immiscer dans notre vie et prétendre à un quelconque héritage ? Tu rêves !
Martiella se redressa, son regard plein de mépris.
— Si tu refuses d’écouter, ne viens pas pleurer quand tu te retrouveras seule, sans rien ni personne.
Après cette confrontation, Sélinam sortit du bureau en tremblant. Chaque mot de Martiella résonnait dans sa tête comme un coup de marteau. Elle marcha sans but dans la cour de l’église, ses pensées en désordre.
C’est à ce moment qu’une vérité glaçante s’imposa à elle : elle avait été manipulée. Tous les souvenirs de ses conversations avec le pasteur Sika lui revinrent, mais cette fois avec une clarté brutale.
Elle se souvint de la première fois où Sika lui avait parlé de faire un don à l’église. Il avait utilisé des versets bibliques pour la convaincre, lui disant qu’un don exceptionnel ouvrirait les portes du paradis. Elle avait vidé les économies de son ex mari Kodjo, sans hésiter, persuadée qu’elle faisait la volonté de Dieu.
Elle se rappela aussi comment Sika avait planté le doute dans son esprit à propos de Kodjo. Il lui avait dit que Kodjo était "habité par le diable" et qu’il n’était pas l’homme que Dieu avait choisi pour elle. Sous l’influence de Sika, elle avait rompu avec Kodjo, malgré l’amour qu’elle avait pour lui et les enfants qu'ils avaient eus ensemble.
Maintenant, tout semblait si clair. Sika ne voulait pas d’elle. Il voulait son argent, à vrai dire celui de Kodjo.
Elle sentit une vague de regrets l’envahir, un sentiment écrasant qui la fit s’asseoir sur un banc.
— Qu’ai-je fait ? J'ai été une idiote ! murmura-t-elle, les larmes coulant sur ses joues.
Elle posa une main sur son ventre, là où grandissait un enfant qu’elle ne savait plus comment accueillir.
Chaque jour qui passait semblait plus sombre que le précédent. Sélinam évitait désormais les regards des fidèles. Elle ne supportait plus leurs murmures, ni leurs ricanements. Elle s’enfermait souvent dans sa chambre, se plongeant dans des prières interminables, espérant un signe, une direction.
Mais la seule question qui la hantait était : Que faire de cette grossesse ? Garder cet enfant signifiait s’attirer encore plus de haine et de mépris de la part de Martiella et des fidèles. Avorter, en revanche, était une option qui la déchirait profondément, car cela allait à l’encontre de tout ce en quoi elle croyait.
Sélinam se retrouva à un carrefour, seule, sans personne vers qui se tourner. Elle avait été manipulée, utilisée, trahie. Et maintenant, elle devait affronter les conséquences de ses choix, seule face à son destin.
******************************************************************
La maison d’Ethiam n’était plus un foyer paisible. Depuis le retour mystérieux de la sacoche, les nuits étaient devenues insoutenables. Les murs semblaient résonner d’échos lugubres, des pleurs déchirants et des cris stridents surgissant de nulle part. À chaque fois qu’il tentait de s’endormir, des voix s’élevaient, l’appelant par son nom, d’un ton sinistre et oppressant.
Ethiam se recroquevillait souvent sur lui-même, les mains pressées contre ses oreilles, priant pour un peu de répit. Mais les bruits continuaient, implacables, comme si la maison elle-même conspirait contre lui. Le désespoir le gagnait peu à peu.
Il avait réussi, non sans difficulté, à déplacer la sacoche dans la chambre d’amis. Mais même cela n’avait pas été une tâche ordinaire. La sacoche refusait obstinément de se soulever, devenant dure comme de l’acier à chaque tentative. Finalement, Ethiam avait été contraint de déplacer toute la table centrale sur laquelle elle reposait. Il avait tiré, poussé, juré et transpiré jusqu’à ce qu’il parvienne à l’installer dans la chambre. Mais malgré son éloignement, son influence néfaste continuait de se faire sentir.
L’atmosphère dans la maison devenait de plus en plus pesante. Chaque bruit, chaque murmure semblait amplifier l’angoisse qui pesait sur Ethiam. Les souvenirs de ses mauvais choix lui revenaient en boucle : l’assassinat de Mawugno et toute sa famille, Nomagno et maintenant, l’anarque du pasteur Sika.
« C’est lui qui m’a mis dans ce pétrin, cet imposteur ! » pensa-t-il avec rage.
Il ne pouvait s’empêcher de ressasser les événements récents. Le pasteur Sika lui avait soutiré cinquante millions, lui promettant de se débarrasser de la sacoche, et voilà qu’elle était revenue, plus maléfique que jamais. Sa colère montait à chaque pensée, sa frustration se mêlant à la peur et à la culpabilité.
Pour couronner le tout, Ayelévi était toujours dans le coma à l’hôpital, et aucun médecin ne semblait capable de comprendre ce qui l’avait mise dans cet état. Ethiam se sentait impuissant, accablé par le poids de ses responsabilités.
Ce soir-là, alors qu’il errait dans la maison comme une âme en peine, Ethiam fut confronté à une situation qu’il redoutait depuis longtemps. Les parents d’Ayélévi, qui avaient jusque-là gardé un silence lourd mais respectueux, décidèrent de briser le mur de l’indifférence.
Ils avaient demandé à le rencontrer, leur regard grave trahissant une inquiétude profonde.
— Ethiam, commença le père d’Ayélévi d’une voix posée mais ferme. Il est temps que tu nous dises la vérité sur ce qui est arrivé à notre fille.
Ethiam sentit son cœur se serrer. Il savait qu’il ne pouvait pas leur dire la vérité. Comment aurait-il pu leur avouer que c’était la sacoche maudite qui avait blessé mortellement leur fille ?
Il prit une profonde inspiration, cherchant à garder son calme.
— Papa, maman, je comprends votre inquiétude, dit-il, sa voix tremblante malgré lui. Mais ce qui est arrivé à Ayélévi est… inexplicable. Ce soir-là, elle était fatiguée. Elle a trébuché et est tombée. Peut-être une crise de fatigue extrême, je ne sais pas…
Le père d’Ayélévi fronça les sourcils, son regard perçant.
— Trébuché ? Tu veux dire qu’elle s’est retrouvée dans le coma à cause d’une simple chute ? demanda-t-il, visiblement sceptique.
Ethiam hocha la tête, évitant de croiser leur regard.
— Oui… enfin, je veux dire… Je ne comprends pas non plus comment c’est arrivé. Les médecins disent qu’elle a subi un choc.
La mère d’Ayélévi éclata en sanglots, tandis que le père se contenta de soupirer lourdement.
— Nous voulons la vérité, Ethiam, dit-il après un moment de silence. Si quelque chose de grave s’est passé, tu dois nous le dire.
Ethiam secoua la tête avec véhémence, son visage se couvrant d’un masque de désespoir.
— Je vous jure que je vous ai tout dit, insista-t-il. Je ferais tout pour qu’elle se rétablisse.
Le père d’Ayélévi observa Ethiam un long moment, puis hocha lentement la tête.
— Très bien. Mais sache que si quelque chose arrive à notre fille, tu auras des comptes à rendre, dit-il avant de se lever et de quitter la pièce.
La mère d’Ayélévi suivit, jetant un dernier regard dévasté à Ethiam avant de disparaître dans le couloir. Ils s'en allèrent.
Une fois seul, Ethiam se laissa tomber dans un fauteuil, ses mains tremblant. Il avait menti, encore une fois. Mais qu’aurait-il pu faire d’autre ? Leur dire la vérité aurait été pire.
Il tourna la tête vers l’horloge murale. Minuit approchait, l’heure où les bruits étranges et les manifestations surnaturelles semblaient redoubler d’intensité.
Il entendit soudain un bruit sourd venant de la chambre d’amis. Se levant avec précaution, il se dirigea vers la porte, ses pas résonnant dans le silence pesant de la maison. Lorsqu’il entra, la sacoche était là, toujours posée sur la table qu’il avait déplacée.
Mais cette fois, elle semblait… différente. Une aura sombre et oppressante émanait d’elle, remplissant la pièce d’une froideur inhabituelle.
Ethiam tendit la main pour tenter de la déplacer à nouveau. Mais à peine eut-il posé ses doigts dessus qu’une force invisible le projeta en arrière, le plaquant contre le mur comme ce qui était arrivé à Ayelévi.
« Cette maison est maudite », murmura-t-il, la panique dans la voix.
Et pour la première fois, il comprit que tant qu’il garderait cette sacoche, sa vie ne serait jamais en paix. Il essaya à plusieurs reprises et finalement réussit à la prendre. Il la mit dans son sac…
Le cœur battant à tout rompre, Ethiam se tenait devant l’entrée principale de l’église du pasteur Sika. La foule de fidèles s’était massée à l’intérieur, chantant et priant d’une seule voix, les mains levées vers le ciel dans une ferveur presque hypnotique. Le son des tambours et des louanges résonnait à travers les murs de l’imposant bâtiment, mais Ethiam, lui, n’entendait rien d’autre que le rugissement de sa colère.
Il avait passé des nuits blanches à méditer sur cette idée. Comment le pasteur Sika avait-il osé lui extorquer cinquante millions pour une promesse qu’il n’avait jamais tenue ? Comment cet homme, qui se présentait comme un serviteur de Dieu, pouvait-il profiter de la crédulité des gens pour bâtir sa richesse ? Cette pensée le consumait, et il avait décidé que l’heure de la vengeance avait sonné.
Ethiam poussa les grandes portes de l’église avec fracas, interrompant brutalement le culte. Les fidèles, surpris par l’irruption soudaine, tournèrent la tête vers l’entrée. Le silence tomba dans la salle, les regards confus et inquiets se fixant sur lui.
D’un pas assuré, Ethiam avança dans l’allée centrale, ses chaussures résonnant contre le sol carrelé. Il tenait la sacoche noire dans une main, un symbole de tout ce qu’il avait perdu. La tension était palpable, et même les musiciens avaient arrêté de jouer, leurs instruments encore suspendus dans les airs.
Arrivé au milieu de la salle, Ethiam s’immobilisa et leva la sacoche au-dessus de sa tête.
— Vous voulez savoir qui est vraiment votre pasteur ? hurla-t-il, sa voix brisant le silence comme un coup de tonnerre.
Les murmures s’élevèrent parmi les fidèles, certains cherchant à comprendre ce qui se passait, d’autres chuchotant des prières.
— Cet homme, reprit Ethiam, désignant l’autel d’un doigt accusateur, n’est qu’un imposteur ! Un menteur !
Les diacres, assis à l’avant, se levèrent précipitamment, visiblement embarrassés par la tournure des événements.
— Qu’est-ce que vous faites ici ? lança l’un d’eux en s’avançant. Vous n’avez pas le droit d’interrompre le culte !
Mais Ethiam ne se laissa pas intimider.
— Je vais vous dire pourquoi je suis ici, cria-t-il, sa voix tremblante de rage. Ce soi-disant pasteur m’a pris cinquante millions de francs ! Oui, cinquante millions ! Tout ça pour une promesse vide ! Il m’a dit qu’il ferait disparaître cette foutue sacoche, et elle est revenue !
Un murmure de choc parcourut l’assemblée. Les fidèles échangeaient des regards incrédules, incapables de croire ce qu’ils entendaient.
— Il m’a trompé ! continua Ethiam, sa voix montant en intensité. Il vous trompe tous ! Pendant que vous donnez vos maigres économies pour ses soi-disant œuvres de Dieu, il s’enrichit dans votre dos ! Regardez autour de vous ! Toutes ces choses, cette opulence, d’où croyez-vous qu’elles viennent ? Pendant que vous les fidèles vous viviez dans une misère absolue !
Les murmures se transformèrent en un brouhaha confus. Certains fidèles semblaient choqués, d’autres en colère, tandis que certains tentaient encore de défendre le pasteur Sika.
— Ce n’est pas vrai ! cria une femme depuis les bancs. Le pasteur Sika est un homme de Dieu !
— Un homme de Dieu ? ricana Ethiam. Un homme de Dieu qui vit dans une maison luxueuse pendant que vous peinez à payer vos loyers ? Un homme de Dieu qui prend l’argent des pauvres pour bâtir un empire ? Ouvrez les yeux !
À cet instant, un des diacres tenta de s’interposer, posant une main ferme sur l’épaule d’Ethiam.
— Monsieur, calmez-vous, dit-il d’un ton autoritaire. Ce n’est pas l’endroit pour régler vos différends personnels.
Mais Ethiam se dégagea violemment, ses yeux brillants de rage.
— Pas l’endroit ? cria-t-il. C’est exactement l’endroit ! Ces gens ont le droit de savoir à qui ils confient leur foi !
Il lança un regard circulaire à l’assemblée, cherchant à capter l’attention de chaque personne présente.
— Vous êtes tous des moutons, continua-t-il, sa voix empreinte de mépris. Vous suivez aveuglément un homme qui vous manipule, qui vous exploite ! Vous donnez votre argent, votre temps, votre foi, et pour quoi ? Pour qu’il puisse continuer à vivre dans le luxe pendant que vous souffrez ?
Les réactions parmi les fidèles étaient mitigées. Certains étaient visiblement ébranlés par les paroles d’Ethiam, leurs visages exprimant le doute et la confusion. D’autres, cependant, restaient fermes dans leur foi, criant des prières et demandant à Dieu de protéger leur pasteur.
— Quittez cet endroit, Satan ! hurla une vieille femme, brandissant un chapelet en direction d’Ethiam.
Mais il ne prêta pas attention à elle. Il jeta un dernier regard vers l’autel, où trônait la chaise vide du pasteur Sika.
— Je vais vous dire une chose, dit-il d’une voix calme mais glaciale. Le jour où vous ouvrirez les yeux, il sera trop tard.
Sur ces mots, il lança la sacoche sur le sol, provoquant un bruit sourd qui résonna dans toute l’église. Puis, sans un regard en arrière, il tourna les talons et quitta l’église, laissant derrière lui une assemblée divisée et un scandale qui continuerait de faire des vagues pendant longtemps.
Écrit par Koffi Olivier HONSOU.
blogdeverdo.wordpress.com
Muswada : Verdo
WhatsApp : 00228 90509882
Amazon Kindle : Koffi Olivier HONSOU.
Copyright : 24 mars 2025
Tous droits réservés.