CHAPITRE 12 : Accepte-moi comme je suis

Write by Verdo

JE L'AIME MALGRÉ MOI (Roman)


CHAPITRE 12 : Accepte-moi comme je suis.


<<Le souci de sa propre image.

Voilà l'incorrigible immaturité de l'homme>>.


Dr Milan Kundera...


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Très tôt le matin, Minsha et moi nous nous retrouvâmes au lieu de rendez-vous puis nous partîmes à son endroit secret. D'abord, nous étions passés chez sa meilleure amie Angelle à qui elle me présenta puis nous lui confiâmes la tâche de superviser ma moto. Nous longeâmes ensuite à pied une voie non bitumée qui débouchait sur la sortie de la ville puis nous prîmes la route de la forêt. Je n'avais aucune idée sur l'endroit où nous allions et à vrai dire, j'avais un peu la trouille.  Prendre la poudre d'escampette me venait sans cesse à l'esprit.


  - Ma fleur, mais où est-ce que nous allons en pleine forêt? C'est quoi tous ces secrets?

  - Calme-toi mon amour. N'aie aucune crainte ni peur. Nous y sommes presque. D'accord? 

  - Okay. Si tu le dis.


Une vingtaine de minutes après, nous arrivâmes devant une petite maisonnette construite avec des claies. Les toits étaient bien paillés. À la devanture se trouvait trois tiges de bois enfoncés dans le sol sur lesquelles était suspendue une petite jarre dans laquelle se trouvait de l'eau et des herbes. Il y avait également des herbes qui poussaient tout le long de la clôture. Les claies étaient peintes des photos de sirène et de certains poissons de mer dont j'ignorais l'existence. Minsha  me rassura de ne pas avoir peur en me prenant par la main. Elle me demanda d'enlever mes chaussures puis nous entrâmes une fois que ce fut fait. Une jeune femme dans la trentaine était assise sur une natte  au milieu de tout un tas de cauris. Ses cheveux étaient tellement longs et touchaient le sol. Ses sourcils complètement rasés et son maquillage extravagant lui donnaient l'allure d'une sorcière des films nigérians. Elle portait des amulettes autour du cou et mâchait de la cola. Dans sa main se trouvait une sorte de canne. Elle émit un léger sourire à notre vue puis d'un ton amical nous ordonna de nous asseoir sur une autre natte qui se trouvait devant elle. 


  - Sois la bienvenue ma Sika (Or en langue éwé). Je m'attendais déjà à ta visite. Dit-elle à l'endroit de Minsha. 


J'étais complètement dans le noir.


  - Merci reine mère. Répondit-elle. 

  - Qu'est-ce qui se passe Minsha ? Intervins-je. C'est qui Sika ?

  - Calme-toi Alassane. Pourquoi es-tu si pressé? Ressaisis-toi et laisse voir les choses. Et aussi arrête de m'appeler Minsha ici. Appelle-moi plutôt Sika. C'est mon nom de baptême ici.

  - Eh bien, je vois que mon beau a l'air inquiet. Mais rassure-toi jeune homme, bientôt tu vas tout comprendre. 

  - Euh...

  - Sika, continua-t-elle. À présent, raconte lui tout. 

  - D'accord reine mère. Écoute Alassane. Au fait voici ma mère spirituelle; celle qui gouverne notre  royaume de sous la mer. Il y a de cela quelques années lorsque je n'étais qu'enfant, je m'évanouissais sans cesse. Mes parents firent le tour de tous les hôpitaux et de tous les tradi-thérapeutes mais sans résultats. Alors un jour j'ai aperçu la reine mère dans un songe où elle m'a ouvert les yeux sur qui j'étais c'est à dire ma véritable personnalité et m'a emporté avec elle pendant un moment sous la mer. Une fois là bas, elles m'ont fait les cérémonies d'intégration. Depuis ce jour, à mon réveil, tout est redevenu normal. La  seule condition était que mon futur mari devait intégrer mon cercle et se soumettre à nos règles. C'est pour cette raison que je t'ai amené ici. D'abord pour te présenter à maman et ensuite pour qu'elle scelle le lien de notre amour en nous célébrant un mariage spirituel. Je t'aime vraiment Alassane et j'aimerais que tu sois dévoué corps et âme à moi. Nous vivrons désormais pleinement notre amour. Qu'en penses-tu ? 


Je n'arrivais toujours pas à croire ce qui était en train de se passer. J'étais abasourdi devant tout ce déballage. La prétendue reine mère et Minsha ou Sika attendaient tous les deux impatiemment que je leur réponde favorablement. Je ne m'en remettais pas qu'elle ait pu me cacher un tel secret et que tout d'un coup voulait que je me réjouis et pire rentrer dans son soit disant cercle. Qu'en était-il de moi et de mes sentiments? J'avais l'impression qu'elle ne me  considérait pas assez pour m'en informer bien avant de venir ici. C'était comme un manque de respect à mon égard. Alors je me levai et sortis sans rien dire et allai m'adosser à un arbre à la devanture. Je me plongeai  dans mes pensées et essayai de repenser à tous ses dires. C'était plus fort que moi. Je repensai également à la  discussion que j'avais eu avec André et surtout lorsqu'il me conseillait de me méfier de Minsha. Peut être qu'il disait vrai. Pensai-je car tout commençait à concorder. 


Quelques minutes plus tard, Minsha me rejoignit sous l'arbre. Elle se blottit contre moi et me demanda ce qui n'allait pas. Le simple fait de la voir et de la regarder en face me fit perdre la parole. Je ne sus plus quoi lui répondre. Elle s'excusa pour le fait de m'avoir caché cette partie d'elle et essaya de me convaincre que tout cela était pour notre bien à tous les deux; que rien de négatif n'allait en sortir. Ce sera  en quelque sorte pour nous deux une grande preuve d'amour qui nous permettra de nous aimer pour toujours. 


  - Je ne sais pas Minsha. Tout ça me dépasse. Pour moi, ce n'est pas une bonne idée. Laisse-moi du temps pour y réfléchir lui murmurai-je.

  - Quoi ? Du temps pour quoi? Si tu m'aimes comme tu me le dis souvent, pourquoi as-tu besoin du temps pour me le prouver ? 

  - Écoute, ce n'est  pas ça. Ce que tu me demandes là est carrément différent. C'est toute ma vie qui en dépend. 

  - Et alors? Ne veux-tu pas être avec moi pour le reste de tes jours? N'est-ce pas ce que tu me cries souvent ? 

  - Si mais...

  - Écoute Alassane, c'est ça ou rien. Si tu veux m'avoir, tu dois accepter de le faire. Au cas contraire, tu peux tirer un trait sur moi. Quelqu'un d'autre prendra ta place et le fera. 

 

Elle me quitta et retourna auprès de la reine mère. J'étais écœuré qu'elle me parle ainsi. C'était la première fois. Intérieurement, je ne voulais pas le faire mais je ne voulais pas la perdre non plus. L'amour que je lui portais était inconditionnel et le fait  de penser qu'elle et moi ne serions plus ensemble et que quelqu'un d'autre prendrait ma place et lui ferait toutes les cochonneries que je lui fais me fendait le cœur. 


Je retournai les rejoindre.


  - Sika, j'accepte.

  - C'est la meilleure des décisions  mon fils répondit la reine mère en se réjouissant de ma réponse.


Écrit par Koffi Olivier HONSOU alias Verdo Lompiol. (Noveliste togolais).


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