Chapitre 12 : Familles réunies

Write by Moktar91

Chapitre 12 : Familles reunies



Le commissaire principal de police se tint devant la maison principale du patriarche Amoussou. Il hésita un instant à sonner. Il était encore à l'école de police quand le drame s'était abattu sur la famille. Depuis, il avait pris le soin de mieux connaître ce dossier en essayant de voir toutes les pièces à conviction qu'avait laissé en ce temps, l'inspecteur Amos. Il avait admiré le travail de l'homme et c'est eu égard pour lui qu'il se tenait aujourd'hui devant cette maison pour annoncer de vives voix la nouvelle qu'il portait. Pour une fois, il était gêné et se voyait dans la peau de cet oiseau de mauvais augure. Mais peu importait le temps, il était venu faire un travail et il se devrait de bien le faire. 


Il voulu appuyer sur la sonnerie quand le portail s'ouvrit devant lui. Un jeune homme, trente cinq ans au plus se tenait devant lui. Il regarda le commissaire du haut vers le bas comme si le détailler lui donnerait une réponse convenable. 


L'homme, portait un pantalon satin de couleur noire. Sa chemise de couleur blanche lui allait comme un gant sur sa cravate majestueusement noué.

Comprenant le regard insistant de l'homme, il se présenta enfin.


-<<Pardonnez mon incongruité. Commissaire de Police Rodel Glèlè. Puis-je entrer svp ?>>


Le jeune homme, Ariel s'effaça devant l'assurance et la prestance de l'homme en uniforme. Il était quelque peu déstabilisé. 


Le commissaire s'arrêta au beau milieu du jardin. Il détailla le décor qui se présentait autour de lui. La maison avait gardé son luxe d'antan. Elle était entretenue à la perfection, ne laissant rien présager des drames passés qui s'y étaient produits encore moins des drames futurs dont elle sera la sombre immatériel témoin malgré elle. 

Ariel désigna une chaise au commissaire avant de prendre place en face de lui.

L'homme entra dans le vif du sujet.


-<<Puis-je voir Madame Moriane Amoussou ou à défaut un enfant du regretté Maurille Amoussou ?>>


La question, innocente du commissaire irrita au plus haut point Ariel. Il voulu lui répondre qu'en lui coulait aussi le sang de Maurille Amoussou, non pas en qualité de petit-fils mais bien parce qu'il était son fils. Il toisa longuement le commissaire comme pour se retenir de ne point lui jeter à la figure l'ignoble vérité.


Il se leva, s'excusa auprès du commissaire et s'en alla rejoindre sa mère. 


De longues minutes, une trentaine environ passèrent et Moriane se présenta alors. Quand elle fit son apparition, le commissaire resta subjugué par la beauté de cette dame. Malgré son cancer qui l'avait énormément amaigri, elle gardait sa fierté et sa beauté.


Alors qu'elle s'approchait du commissaire, ce dernier retira subtilement son alliance qu'il glissa dans la poche gauche de son pantalon.


Il se leva promptement et vint à la hauteur de Moriane. Il l'a salua majestueusement en lui baisant la main.



Rodel se perdit le temps d'une illusion dans la plucritude de la beauté de cette muse. C'est la quinte de toux de Moriane qui le ramena à la réalité.


-<<Madame Amoussou, je voudrais vous annoncer de vives voix que votre frère est mort. Toutes mes condoléances.>>


Moriane était à peine surprise. Elle voulut avoir mal, pleurer pour lui mais son cœur se refusait ce plaisir. Elle se rappelait toute la douleur que lui avait causé cet homme en cédant ses actions à Naimath pour l'evincer de la direction de l'entreprise. Elle se rappelait qu'il avait coupé tout contact avec lui, en préférant se consacrer à l'église et à son couple. Elle voulu pleurer mais ne se le permis pas. Non ce n'était pas possible. C'était impossible, fut-il son sang...


-<<Bien ! Que dois-je faire ?>>


Sa voix était fade et fatiguante, lente par moment et pleureuse par instant...


Le commissaire se racla la gorge, gêné par sa question. Toutefois, il repondit : <<Pas vous, enfin pas seulement vous mais aussi votre sœur. Nous avons besoin de vous deux pour l'identification du corps et d'autres enquêtes bien entendu. Le plus tôt serait le mieux.>>


Moriane reçut l'information comme un coup de poignard. Même dans les moments les plus tristes de leurs vies, il faut que la bâtarde trouve l'opportunité de s'incruster dans la famille pour jouer de mauvais tours. Elle devrait encore se voir jouer les mauvais rôles...


Son regard s'assombrit et elle pensa à l'éventualité de se retrouver dans la même pièce qu'elle...


Le commissaire se leva pour partir. Derrière lui Moriane, faible, le raccompagnait. arrivé à hauteur du portail, il s'arrêta un instant, fixa Moriane. Son regard la destabilisa et elle le fuya.


-<<Vous souffrez de quoi Madame Amoussou ? Une tumeur ? Un cancer ? >>


Moriane passa une main sur sa joue. Elle ne pouvait comprendre comment cet homme pouvait aussi facilement lire en elle. Elle se retrouvait pour l'une des tout premières fois, dos au mur. Elle répondit d'une toute petite voix, comme une enfant prise devant un mauvais acte qu'il accomplissait.


-<<Un cancer, stade 3...>>


Elle posa son regard au sol le temps d'un Instant. Le commissaire resta sonné par cette réponse. Il se ressaisi au bon moment. Sans plus rien dire, il tendit sa carte de visite à Moriane.


-<<Appelez moi demain à la même heure. Et surtout ne refusez pas. Pour l'instant, on se voit ce soir à la morgue.>>


C'était plus un ordre qu'une suggestion. Son regard était devenu dur. Sans plus attendre, il s'en alla. 


Alors que Rodel se mit au volant de sa voiture, il ne put s'empêcher de crier toute sa rage à cette vie qui une fois de plus voulait l'entuber.


Il avait perdu sa femme il y a déjà dix ans du cancer du sang, et maintenant que la vie lui offrait une autre femme, il devrait encore apprendre qu'elle souffrait du cancer. 


Sa décision était prise, il l'a fera evacuer pour la sauver, de gré ou de force. 


Cette fois-ci, c'est à lui d'emmerder la nature...et il comptait bien le faire...



Il sonnait 20h15 quand Moriane et Naimath quittèrent enfin la morgue. C'était la première fois depuis six ans que les deux sœurs se voyaient. La tension était palpable.


Dans ce bureau, en face de Rodel, la famille semblait vouloir faire front le temps d'une bataille. Moriane reagrdait à la volée sa sœur. Elle la trouvait belle mais cela ne faisait pas s'estomper sa douleur, sa colère.


Le commissaire ouvrit un dossier en face de lui et regarda les deux sœurs trois dans les yeux : <<Votre frère est victime d'un tueur en série. Le même qui a tué le député Amos et le Père Florent. On a retrouvé sur les trois corps la même marque, comme une signature qu'il laissait derrière lui, comme pour signaler sa présence. Des traces de griffures tout le long de l'abdomen des corps. Cette personne en veut probablement à votre famille. J'ai pu consulter les dossiers laissés par le député Zinsou du temps où il officiait encore dans la police. Et je crois qu'un lien de parenté se dégage entre lui, vous, votre frère et le père Florent. Si mes conclusions sont bonnes, il se pourrait que vous soyez les prochaines sur la liste... ou peut-être bien Ariel ou un de vos enfants... Dans quel ordre, je ne saurais le dire. Toujours est-il que vous êtes tous sous sa menace. Ceci étant, je me vois dans l'obligation de vous assigner tous en résidence surveillée avec des gardes du corps. Et vu les moyens limités de la police, je serai contraint de vous mettre dans la même maison... Et l'ordre vient du président de la République en personne... Un autre scandale avec le clan Amoussou sera difficile à avaler...>>



Le commissaire se tut à la fin de son speech. Les deux sœurs gardèrent longuement le silence avant de se rendre à l'évidence. Elles sont contraintes de vivre sous le même toit avec toute leur famille.



Une fois encore, la famille se recomposait...



Cette fois peut être pour le meilleur....

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