Chapitre 12 : Mauvaise décision

Write by Sandy BOMAS



** Francine  MIKALA **


-Allo ? fis-je en décrochant. 


-Fran dit-il avec sa voix légèrement roque. Comment  vas-tu ? 


-Je vais bien…Merci.


-Euh je viens aux nouvelles. Comment se porte ton parent malade ? Il a reçu la poche de sang ? 


-Oh il se porte mieux répondis-je, en priant pour que mon mensonge devienne vérité un jour. Je te dois beaucoup Will. 


-Et il faut que ce soit moi qui t’appelle d’abord pour que tu me dises cela ? 


Silence de mon côté…Il a repris la parole.


-Tu as réfléchi au dîner dont je t’ai parlé ? 


-Oui.


-Quelle est ta réponse alors ? 


J’ai fermé les yeux. Il pourra penser ce qu’il veut de moi. Je n’ai besoin de lui. 


-Je suis libre pour dîner ce soir…


-19 heures ? Je dois être chez moi avant 23 heures. 


-Je pensais à une rencontre moins tardive car je dois aussi rentrer tôt. On peut se retrouver plus tôt ? 


-Oui…Laisse-moi vérifier mon agenda vite fait. Reste en ligne. 


Ce que j’apprécie avec Will c’est qu’il ne tourne pas autour du pot. Il dit ce qu’il veut sans détour et à toi de voir si cela te plaît ou pas.


-Je suis libre à partir de seize heures. Tu pourras te libérer alors ? 


-Oui. 


-Je t’indiquerai le lieu de rencontre d’ici peu. Fran... 


-Oui Will ?


-Merci. 


Je n’ai pas jugé bon de répondre. Il a raccroché et j’ai rangé le portable. Bonne idée ou pas, les dés sont lancés. J’espère juste que sa femme n’apprendra jamais ce qui va se passer cet après-midi. 


(...)


Trois heures plus tard


**William SACRAMENTO**


J’ai senti les mains de ma femme se poser sur mon dos nu et un frisson m’a parcouru l’échine. Je ne me suis pas retourné. J’ai continué à faire ma vaisselle.


-Tu sais que c’est pratiquement un pur délice de voir son séduisant mari à moitié nu en train de faire la vaisselle ? lança-t-elle 


-Ne me fais pas rire Alex, faire la vaisselle n’est pas une corvée pour moi et tu le sais. Vas te laver les mains. Le repas est prêt.


-Oh ! Je me sens gâtée aujourd’hui dit-elle le rire dans la voix.


Je sentais qu’elle tentait d’alléger l’atmosphère qui est restée très lourde depuis hier. Je n’avais rien de particulier à faire en attendant mon rendez-vous avec Fran, c’est pourquoi je suis rentré m’occuper d’elle. Je l’aime. Je ne peux pas le nier et même si je me sens coupable de vouloir revoir Francine, je sais que mes sentiments pour ma femme n’ont pas changé. Même si un autre challenge se dresse devant nous. 


-Voilà j’ai lavé mes mains. Je fais quoi ensuite ? 


-Assieds-toi. Je te sers. J’ai préparé du ragout d’igname accompagné de poulet. 


-Miam miam ! Je ne pensais pas que tu pourrais avoir du temps pour cela vu ton emploi du temps chargé.


J’ai coulé un regard prudent vers elle. 


-Que sais-tu de mon emploi du temps ? 


-Rien de précis…Mais bon vu que tu repars de zéro, je me dis que tu dois être super occupé. Ce n’est pas le cas ? 


-Si, mais je peux me libérer de temps en temps pour mon épouse, fis-je en m’asseyant en face d’elle, tout en posant les assiettes chaudes sur la table.

 Tu as bien rangé les affaires. Je m’occuperai du plus lourd demain comme c’est le week-end. 


-Pas de problème. Tu restes avec moi ? 


-Non…je dois ressortir vers 16heures. J’ai un rendez-vous important. 


Je sais qu’elle fait tout pour éviter le sujet qui lui brûle les lèvres, c’est-à dire sa difficulté à concevoir ou encore mon désir d’être père mais je n’ai pas l’intention de l’aider sur ce coup…je ne veux même pas qu’elle aborde ce sujet parce que mes idées sont plus que floues à ce propos. J’ai fait des recherches ce matin sur la béance cervicale et ça dépend de l’ouverture. Les gynécologues peuvent faire des cerclages au niveau du col, mais là c’est plus chez la femme déjà enceinte. Alex a fait un mauvais choix par le passé et je dois payer avec elle les conséquences. Si je dis que je n’en ai pas envie, je passerais pour le méchant de l’histoire. Mais pourquoi dois-je accepter cela ? 


-Tu penses à quoi ? demanda-t-elle 


- À un contrat que je dois négocier fis-je en la fixant droit dans les yeux. Tu devrais commencer à écrire ton troisième roman…Tu as des idées ? 


-Non…


-Le premier a été un pur succès et dès qu’on lancera le second que je corrige actuellement, ce sera également le cas. Tu pourrais raconter l’histoire de ta stérilité pour que cela serve d’exemple à d’autres femmes. 


Elle m’a fixé piquée au vif.


-C’est ma vie privée Will !


-Et après ? Qui le saura à part nous deux ? Ton rôle est d’éduquer les lecteurs alors pourquoi ne pas partager ton histoire ? C’est sûr qu’il y a plein d’autres femmes qui sont dans le même cas que toi. 


Elle m’a lancé un long tchip qui m’a fait  sourir. Sa réaction me fait marrer. Elle joue à la fausse fille prude alors qu’on sait tous deux que ce n’est guère le cas. Bref. Je me suis concentré sur mon repas que j’ai terminé bien vite. 


-Laisse je me charge de la vaisselle murmura-t-elle. 


Je me suis éclipsé dans la chambre à coucher et je me suis connecté sur whatsapp. J’ai envoyé un message à Fran et elle m’a répondu aussitôt


« Grand-popo…Cela te dit ? »


« C’est loin non ? Et le temps ne semble menacer »


« Fran…On ne doit pas nous voir ensemble donc ce n’est pas si loin que ça »


« Ok. Je suis partante. Je te retrouve où ? »


« Devant le restaurant où je t’ai vu il y a deux jours »


« C’est noté Monsieur SACRAMENTO. A toute à l’heure ».


J’ai coupé la connexion. Mes pensées sont directement allées vers l’inspecteur Fitz BRUN. Ce qu’il me propose de faire est risqué à tout point de vue. Il est vrai que j’ai dit à ma femme que je ne m’entendais pas avec mes proches parce que mon père s’est très mal comporté et que les autres l’ont soutenu. Mais je n’ai jamais dit à Alex, que mon père était emprisonné pour meurtre.

 En revenant, je savais que tôt ou tard, la vérité ferait surface. C’est juste que j’ai trop honte quand je pense à cette histoire. Si j’accepte d’appartenir à l’organisation de papa, Francine verra tout ceci d’un mauvais œil. 


Elle ne me comprendra pas et je serai tenu au silence. Dois-je quand même accepté la proposition de l’inspecteur ? Cela m’aiderait à faire tomber l’organisation de papa mais depuis l’intérieur. C’est une idée risquée mais faisable. Alex est entrée dans la chambre, m’arrachant de mes pensées. J’ai capté son regard sur moi, mais j’ai fait mine de ne pas avoir remarqué le désir qui y brillait. 


-Will ? 


-Hummm


-Je te sens bizarre…Tu as changé…Ce n’est pas grand-chose mais je le sens…


-On change tous à un moment ou à un autre Alex…Tu m’as forcé la main pour qu’on revienne. Et je fais face à beaucoup de problèmes en même temps. Je ne suis pas magicien. 


-Donc tu regrettes d’être ici ? 


« Oui parce que je suis une fois de plus obligé de supporter les acolytes de mon père. Et Non parce que Dieu a remis Francine sur mon chemin. Pensée typique d’un homme qui trompe déjà sa femme en pensée. Je le sais. Le pire c’est que je ne sais pas comment lutter contre ça. Certains me diront d’éviter tout contact, mais c’est hors de question. J’ai besoin de la voir et de discuter avec elle, de voir son beau visage ». 


-Will ? Tu m’écoutes ? 


-Euh désolé …J’étais distrait. Que veux-tu ? 


-On doit aller consulter…


-Rien ne presse lâchai-je en la fixant droit dans les yeux. On a le temps. 


Elle a soupiré. Je ne sais pas pourquoi mais je suis en permanence sur la défensive depuis que je sais qu’elle m’a caché un fait si important de son passé. Je ne suis pas à même de la juger mais cela a influencé l’avenir de ce couple. C’est égoïste et j’ai honte de le penser mais je veux des enfants de mon sang. On pourra toujours dire que je suis bizarre, mais c’est juste qu’ Alex a brisé un de mes rêves et je n’arrive pas à ne pas lui en vouloir. 


-Prends rendez-vous. Et on ira quand tu voudras. 


-Bien dit-elle en se lovant contre moi. 


J’ai poussé un soupir. Je l’aime cette femme. C’est indéniable. Alors pourquoi je n’arrive pas à m’enlever Francine de la tête ?

Déjà que je n’ai pas réussi en cinq ans.Depuis que je l’ai revue, il ne se passe pas une heure sans que je ne pense à elle. Et je repense encore à cette nuit où elle s’est donnée à moi. Cette fameuse nuit où elle m’a offert sa virginité. 


-J’ai envie de toi murmura Alexiane. J’aime quand tu bandes pour moi comme ça...


J’ai fermé les yeux brièvement. Effectivement, j’étais en érection, mais c’était sans même le vouloir. 


“C’est l’effet Francine »


-Je ne peux pas Alex…suis épuisé et je dois sortir tout à l’heure. Tu n’as pas sommeil ? 


-Tu ne peux pas, mais tu bandes ? Tu te fiches de moi ? 


-Ce n’est pas parce que je bande que je devrais avoir envie de toi. S’il te plaît, n’en fais pas un problème. J’en ai déjà assez... 


-Tu me trompes n’est-ce-pas ? C’est la femme que tu vois qui te fait bander maintenant Will ? 


-Ne sois pas ridicule Alex….Tu n’es même pas cohérente dans tes propos. Tout ça parce que je refuse de coucher avec toi ? dis-je en me dégageant.


-Bravo ! Maintenant tu couches avec moi ? Je pensais qu’on faisait l’amour et tu ne me repoussais pas… 


-C’est juste un jeu de mots qui revient au même Alex ! Arrête dis-je en haussant le ton. Je vais me coucher au salon. Besoin de repos. 


-Will ? murmura t-elle. 


-Je ne te trompe pas!


Je suis sorti de la chambre en fermant la porte derrière moi. Je suis resté un moment debout dans le couloir. Je prenais conscience du fait que Francine détenait le pouvoir de faire capoter mon mariage. Je ne l’ai même pas touché mais déjà elle envahi l’espace. 

Il faut que je prenne une résolution. Je ne peux pas perdre mon épouse. C’est l’esprit pensif que je suis parti m’installer au salon.  Il faut que je mette définitivement un terme à cette hantise. 


(...)


Pendant ce temps dans la chambre 


****Alexiane***


J’essuie mes larmes en entendant mon portable  sonner. Je regarde l’identifiant qui s’affiche et je vois le nom de ma mère à l’écran. Je me mouille avant de décrocher. Elle est trop perspicace. 


-Bonjour maman fis-je d’une voix faussement enjouée. Comment tu vas ? 


-Ah ma fille…je t’avais dit que tu devais me suivre chez papa John non ? Pourquoi tu ne m’as plus appelée ? 


-William est rentré à la maison et il a cuisiné. Je n’ai pas pu sortir. Et je t’ai dit que je ne voulais pas aller chez Papa John. 


-Tu es trop bête ! C’est moi qui t’ai mise au monde Alexiane ! Tu n’iras pas pourquoi ? Tu penses que j’ai fait comment pour être la seule femme de ton père au point de lui avoir fait sept enfants ?!


-Ha Maman. Je ne veux pas faire de sorcellerie. Je n’en ai pas besoin pour garder mon homme, ni mon foyer. 


-Tsuippp ! …Laisse-moi ton gros français ! Je t’ai dit que ton mari voit une autre femme non ? Tu ne m’as pas crue et pourtant c’est la vérité. 


Mon cœur a fait un bond dans ma poitrine. 


-Quoi ? 


-Papa John a dit que Will voit une autre femme. Et toi tu es là à me parler le gros français. Il est jeune, beau et il a l’argent…Si tu laisses une autre va te le prendre…


-Maman arrête. Papa John ment ! Will ne voit aucune autre femme ! Il est fidèle !


-Papa John m’a donné une poudre que tu dois verser dans sa nourriture chaque matin pendant un mois. Il va oublier l’autre femme et il te mangera dans la main ma fille ! 


Je me suis rappelée du comportement de Will et les mots de ma mère m’ont touchée. Et si maman et ce monsieur disaient la vérité ? Et si Will me trompait effectivement avec une autre femme ? 


Son comportement a changé. Il est irritable, soucieux, pensif...Et pire, il n’a pas envie de me faire l’amour !

J’ai mis tout ça sur les effets de sa colère et si je me trompais ? 


-Maman j’ai compris...Je passerai à la maison pour prendre la poudre. 


-Bien. Je te laisse. Ton père est déjà couché  et il n’aime pas quand je suis loin. Je t’embrasse ma fille.


« Pin pin pin »


Elle a raccroché avant que je n’ai eu le temps de rajouter quoique ce soit. 

Je me suis levée d’un bond me demandant par où commencer. 


« Will peut me tromper ?! »


 J’ai toujours été droite comme il le fallait. Pourquoi me tromperait-il ? Mais pourtant les signes sont là. Il faut que j’en parle avec lui ! 

Je me suis mise nue et je suis sortie de la chambre. Je l’ai retrouvé couché dans l’un des divans le regard levé au plafond.


-Will ? murmurai-je. 


Il a posé ses yeux sur moi et j’ai vu son regard glissé sur mon corps. Mais contrairement aux autres fois, aucune lueur de désir ne s’est allumée dans ses yeux.  Il a planté son regard dans le mien. 


-Alex j’ai dit que je n’ai pas envie de sexe. C’est simple non ? 


Je l’ai fixé désemparée. Il ne m’avait jamais fait un coup pareil. Je commence par croire que ma mère a  peut-être raison. J’ai fondu en larmes devant lui. 


-Comment elle s’appelle ? 


-Qui ? demanda-t-il en se relevant. Et avant de répondre, fais attention à ce que tu vas dire. As-tu une seule preuve de ce que tu avances ? 


-Non mais…


-Merde Alex ! Tout ça parce que je refuse de te combler ? Tu pleures à cause de ça ? 


-Tu as dit que tu as rendez-vous cet après-midi en dehors de la ville non ? 


-Oui. 


-On ira ensemble à ce rendez-vous ! 


-Au nom de quoi ? demanda-t-il en levant un sourcil. 


-Je suis ta femme ! Tu te dois de me respecter et …


-Donc je ne te respecte pas ? Tu te bases sur quoi pour l’affirmer ? 


-Ah pardon  ! Ne m’embrouille pas William-Kendrick SACRAMENTO  ! On bouge ensemble ou tu ne sors pas d’ici,  point barre !


Il a souri. Je me suis sentie ridicule mais trop tard pour reculer. Je devais assumer mes mots. 


-J’irai seul à ce rendez-vous et si jamais tu tentes de me faire cet affront, tu ramasses tes affaires et tu sors de chez moi Alex…je ne sais pas d’où te vient ce courage absurde ou ces idées mais je te préviens…Tu ne me prendras pas la tête pour quelque chose que je n’ai pas fait. 


Je l’ai fixé sonnée par ses propos…Will avait changé  si vite que cela me fait peur. Je ne peux pas sortir de cette maison sinon une autre viendra me remplacer vite fait surtout que je suis stérile. Ce que je peux faire c’est d’être patiente et utiliser la poudre que maman a prévu pour l’occasion. 


«Qui que ce soit, le problème sera vite réglé ».


-Je suis désolée…Excuse-moi murmurai-je. Je ne sais pas ce qui m’a pris...


Il ne m’a pas répondu mais il s’est rallongé. J’ai essuyé mes larmes.

 Je ne pensais pas que je pourrais être emmenée un jour à utiliser de poudres magiques pour garder un homme, mais on ne devrait jamais dire jamais. 

Je vais jouer la sournoise.


 « Aucune femme ne viendra me faire quitter ma maison ! »


(…)


Trois heures plus tard 


**William**


Je pousse un soupir sans même m’en rendre compte. Alex ne m’a plus adressé la parole avant que je ne sorte de la maison et je n’ai pas essayé de l’amadouer. Elle aurait fini par me demander de rester à la maison et je tenais à voir Francine…

Peut-être que ce sera la seule et unique fois qu’elle accepte de me rencontrer. 


« Je ne veux pas perdre cette opportunité ! »


-Tout va bien ? murmura Francine près de moi


-Oui je vais bien…je pensais à ma…


-Femme ? 


-Oui dis-je en avalant ma salive…Elle ne voulait pas que je sorte de la maison. 


Elle a tourné la tête vers la vitre m’empêchant de voir ses yeux et l’expression de son visage.


«Pourquoi est-ce que je m’accroche à mon passé ? Pourquoi ne puis-je pas avancer avec Alex et mettre Francine au placard une bonne fois pour toute ? »


-Elle avait sûrement ses raisons. Je suis sûre qu’elle doit se dire que tu vas voir une femme. 


Je n’ai pas jugé bon d’argumenter. Le but de cette sortie est de discuter avec elle et apprendre à mieux la connaître. Je n’avais pas eu l’occasion de le faire il y a cinq ans et maintenant  je le peux. 


-Tu es allé sur la tombe de ton père récemment ? Demandai-je pour changer de sujet. 


Elle s’est crispée…


-Non mais j’irai probablement avant de repartir au Gabon. 


-Ok…


La mer est belle et scintille…Le vent frais souffle très fort faisant voler les mèches de Fran sur sa tête. Mon regard a quitté la voie sablonneuse pour détailler sa silhouette. Elle a enfilé une chemise sur un pantalon jean. Habillement très simple mais moi je me sens perturbé…


Les choses m’échappent sans que je n’arrive à les saisir. Je ne suis pas un homme infidèle. La seule fois où je l’ai été c’était avec elle et je ferai tout pour ne pas répéter cette erreur. Parce que je n’aurai pas d’excuse si cela se produisait …


Je sais qui elle est. Je sais quelles seront les conséquences possibles, si jamais je la touchais.


« Que Dieu me vienne en aide ! »


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PLUMES 241 ET ELSA


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Course Contre la mor...