
Chapitre 13
Write by Josephine54
Beverly
J’étais rentrée dans la chambre sur la pointe des pieds, essayant d’éviter de réveiller mes frères et sœurs.
Je troquai silencieusement mes vêtements de ville contre mon pyjama et me glissai avec soulagement sous les draps frais. Je me sentais extrêmement fatiguée et me demandais quand cette vie de frénésie prendrait fin. Je n’avais jamais une seule minute à moi.
Je pris mon téléphone pour envoyer un message à Arthur, mais je me rendis compte qu’il m’avait écrit il y a peu.
" Bien arrivé à la maison, bébé."
" D’accord chéri, essaie de te reposer et on se dit à demain."
" Hum… il faut que je sois loin de toi pour avoir droit à quelques mots doux ?" ironisa Arthur.
J’aurais rougi à ces mots si j’avais eu la peau claire, mais je devais admettre qu’il avait bien raison. J’avais souvent envie de lui dire ces mêmes mots affectueux qu’il employait avec moi, mais j’étais toujours morte d’embarras face à lui.
" Bonne nuit", écrivis-je, sans relever sa provocation.
" Haha, pas de problème, mais ma chère, saches que « le chéri » de tout à l’heure, tu vas devoir me le dire en face."
" Haha, pas de problème", répliquai-je en joignant à ma réponse un émoticône de bras musclés.
Je reposai enfin mon téléphone et me laissai immédiatement envelopper par les bras de Morphée.
Je me levai le lendemain matin, c’est-à-dire quelques heures plus tard, dans un état de fatigue extrême. Je me fis violence et me redressai péniblement du lit. J’émis un fort bâillement, comme pour me sortir totalement de mon sommeil.
Je réveillai mes frères et sœurs, et chacun emprunta quelques instants plus tard le chemin de l’école.
J’arrivai à la fac et tombai immédiatement sur Arthur. Il semblait m’attendre.
- Bonjour mon cœur, lança-t-il en se rapprochant de moi.
- Bonjour Arthur, répondis-je presque timidement.
- Bonjour Arthur ? me mima-t-il, un sourire malicieux aux lèvres.
Il me regarda avec attention, attendant visiblement que je me corrige.
- Bonjour chéri, dis-je d’une petite voix.
- Haha, tu vois ? T’en es pas morte.
Je lui fis simplement un petit sourire. Il s’approcha lentement de moi, posa un rapide baiser sur mes lèvres et me regarda sans masquer son appréciation.
- Hum… ma chérie est toute en beauté là ? siffla Arthur.
J’avoue que je m’étais particulièrement apprêtée ce matin. J’avais envie de me sentir belle aujourd’hui. J’avais envie d’être belle pour lui.
- Merci, répondis-je avec un sourire.
- C’est tout ? rétorqua Arthur en me faisant les gros yeux.
- Merci chéri, répondis-je avec un sourire aux lèvres.
- Voilà, lança fièrement Arthur.
On s’achemina vers la salle de classe. On s’installa et quelques minutes plus tard, le prof faisait son entrée. Amanda nous rejoignit après et on passa une journée sans encombre.
Je devais bosser tous les soirs de cette semaine, et heureusement, Arthur était disponible pour me raccompagner. Non seulement, cela me permettait de faire des économies, mais en plus, nous pouvons passer du temps ensemble.
Je me sentais de plus en plus liée à lui, et j’espérais du fond du cœur qu’il ne me décevrait pas. J’avais peur de mettre un nom sur les sentiments qu’il m’inspirait.
Nous avions à peine fini le dernier cours lorsque nous étions en train de sortir de la fac. Amanda prit rapidement congé de nous.
- Je dois y aller. Je dois faire un saut chez ma tante avant de rentrer, dit-elle en me faisant une bise.
- Pas de problème, ma belle, répondis-je avec un sourire.
- Salut Amanda, dit Arthur.
C'était devenu récurrent. Dès que le cours finissait, elle trouvait toujours un prétexte pour s'en aller immédiatement. J'avais parfois l'impression qu'elle évitait de rester avec nous. Je ne voulais pas penser du mal, mais j'espérais du fond du cœur que son engouement pour Arthur lui était passé.
Un petit moment de gêne s'installa entre nous après le départ d'Amanda.
- As-tu pu parler à ta sœur ?
- Pas encore, je suis rentrée très tard hier. Un monsieur m’a presque séquestrée et il ne voulait pas me laisser rentrer chez moi.
- Haha, c’est exactement ça. J’imagine que c’était vraiment déplaisant.
- Haha, tu parles, je m’ennuyais tellement, mais bon, comme j’ai bon cœur, je suis tout de même restée avec lui.
- Haha, j’ai toujours su que tu étais une fille généreuse, rigola Arthur.
- Ma gentillesse me tuera. Mais plus, sérieusement, repris-je, je suis rentrée et tout le monde dormait déjà.
Je préférais lui épargner les détails de ma dispute avec ma mère.
- Je compte parler avec elle vendredi. C’est mon jour de repos. Je vais rentrer plus tôt à la maison et j’en profiterai pour discuter avec elle.
- Je vois, lança Arthur d’un air déçu. J’espérais qu’on passerait cette journée-là ensemble.
- Je sais, répondis-je d’un ton conciliant. Je l'aurais aussi voulu... ce sera pour la prochaine fois, promis…
J’espérais vraiment qu’il ne ferait pas d’histoires. Ils sont toujours tous très compréhensifs au départ, avant de commencer à se plaindre.
- D’accord, répondit-il d'une voix douce. Je sais que ce n’est pas facile pour toi.
Nous étions maintenant arrivés sur la grande rue et je hélai un taxi pour me rendre au travail.
- Bim... klaxonna le taxi, acceptant ainsi ma destination.
- À ce soir bébé, lança Arthur en ouvrant la porte du taxi pour que je m’y installe.
La semaine se déroula sans encombre. Nous étions maintenant vendredi.
- À lundi, lança le professeur en sortant de la salle.
Je me levai avec soulagement. La semaine avait été éprouvante. Je prenais énormément de plaisir à passer du temps avec Arthur, mais pour cela, je rentrais aussi très tard à la maison. J’avais donc peu d’heures de sommeil et me sentais toujours fatiguée pendant la journée.
J’étais certes triste de me séparer d’Arthur, mais j’aurais au moins la possibilité de dormir tôt aujourd’hui. Je ne comptais pas me réveiller avant 10 h demain.
- On se dit à demain, alors, lança Arthur d'une voix faussement triste.
- Haha, arrête de faire l'enfant, rétorquai-je en lui donnant une légère tape sur la tête.
- Mais mon bébé va me manquer, fit-il en mimant une voix d'enfant.
- Haha, t'es trop con Arthur.
On se mit à rire tous les deux pendant un bref moment. Arthur m'attira ensuite à lui et me donna un baiser.
- On se parle plus tard au téléphone.
- D'accord, répondis-je simplement.
Arthur héla un taxi qui accepta nos deux destinations. C'était parfait. Nous ferions une partie du trajet ensemble.
Je descendis la première et fis simplement un geste de la main à Arthur. Je pris le petit sentier qui séparait la maison de la route principale. J'arrivai à la maison et trouvai mes frères qui étaient en train de jouer aux cartes au salon.
- Beverly, hurlèrent en chœur les plus petits en se jetant sur moi.
- Bonjour mes bébés, répondis-je en les réceptionnant.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
Je me rendis ensuite dans la chambre pour enlever mes vêtements de ville et enfiler un caba (robe en pagne) et retournai au salon.
- Virginie n'est pas là ? demandai-je à Arnaud.
- Elle est sortie tout à l'heure. Elle est allée rejoindre maman au marché.
Mes yeux s'agrandirent à cette nouvelle. Virginie... maman... ensemble... c'était simplement incroyable. Maman et Virginie s'ignoraient la majeure partie du temps. Elles ne se disputaient jamais, mais elles ne supportaient pas de passer une minute en compagnie l'une de l'autre. Virginie trouvait que maman était une personne indigne et elle ne voulait plus rien avoir à faire avec elle.
- Pour quoi faire ? demandai-je à Arnaud.
- Je ne sais pas. Elle m'a simplement dit que maman l'attendait, répondit-il en haussant les épaules.
Virginie et maman… au marché… sont-elles allées vendre ? Virginie avait-elle décidé de donner un coup de main à maman dans ses activités ? Ce serait une grande première.
Je n’eus pas le temps de pousser plus loin ma réflexion que je vis Virginie et maman rentrer ensemble dans la maison. Elles devisaient gaiement. Je passai rapidement une main devant mes yeux pour m'assurer que je n'avais pas tout à coup des hallucinations visuelles.
Virginie
Après ma conversation avec maman, durant laquelle cette dernière m'avait dit vouloir rencontrer mon copain, j'avais rappelé Frédéric le même soir. Il avait décroché à la première sonnerie.
- Que s'est-il passé tout à l'heure ? avait-il demandé d'une voix vive. Pourquoi as-tu raccroché ?
- En fait, c'était ma mère...
Un silence de plomb s'était abattu sur la ligne. Frédéric était au courant que mes parents ignoraient que j'avais un téléphone, encore moins que j'entretenais une liaison avec un homme marié.
- Qu'a-t-elle dit ? avait-il demandé dans un soupir.
- Elle m'a demandé d'où venait mon téléphone et je lui ai parlé de toi.
- Que lui as-tu dit exactement ? avait demandé Frédéric.
J'avais parfaitement compris sa question muette. Savait-elle qu'il était marié.
- La vérité...
Un autre lourd silence s'était installé sur la ligne avant que Frédéric ne le rompe.
- Comment a-t-elle réagi ? s'était enquis ensuite Frédéric d'une voix inquiète.
- Bizarrement, je l'avoue.
Je lui avais raconté dans les moindres détails ma conversation avec ma mère.
- Je vois, avait simplement répondu Frédéric. Dis-lui que je pourrais être là vendredi, aux environs de 18 h. Après le boulot.
- D'accord, avais-je simplement répondu.
J'avais donc informé maman de la venue de Frédéric.
- Nous allons le recevoir comme il se doit.
J'avais tellement été soulagée par sa réaction. J'avais tellement craint qu'elle ne fasse un scandale à cause du fait que Frédéric soit un homme marié.
Je m'étais donc rendue au marché pour rejoindre maman à son stand.
- Tu es là, ma fille, lança maman avec un large sourire aux lèvres. Je ferme tout et on y va.
Maman emballa sa marchandise très rapidement et ferma son comptoir.
- Tu as pris de l'argent, j'espère, me demanda maman.
Voilà, il fallait s'y attendre. Maman ne dépensait jamais le moindre sou pour sa famille ou la maison.
- Oui, maman.
J'étais obligée de faire profil bas. J'étais tellement soulagée de l'avoir de mon côté. Ce matin, en sortant, Beverly m'avait dit que nous parlerions ce soir. J'avais craint la confrontation avec elle toute la semaine, mais savoir maman de mon côté me rendait plus forte. Il ne fallait pas être un devin pour savoir que Beverly m'aurait demandé de rompre avec Frédéric. Je n'avais aucunement l'intention de le faire. J'étais vraiment à l'aise avec tout ce qu'il m'offrait et je n'avais pas l'intention de sacrifier tout cela à cause de ses soucis de moralité.
- Nous allons acheter du plantain, des bobolos, de la viande, des arachides. Nous allons lui cuisiner un bon plat de ndolé (met camerounais fait à base de légumes, viande et arachides). Je m'en charge, dit maman avec enthousiasme.
Maman était en effet une bonne cuisinière, dommage qu'elle ne fasse jamais profiter ses enfants de son talent.
- D'accord maman, répondis-je simplement.
- On va aussi acheter une bonne bouteille de vin. Tu m'as dit qu'il était un haut cadre, nous devons lui offrir quelque chose à sa hauteur.
- D'accord maman.
On fit rapidement les achats et nous étions maintenant sur le chemin de retour.
- Depuis quand le vois-tu ? demanda maman.
J'avoue que j'étais assez embarrassée d'avoir cette conversation avec maman.
- Euh... depuis près de six mois.
- Comment est-il possible que personne ne s'en soit rendu compte ? demanda maman.
J'avais envie de répliquer qu'en ce qui la concernait, c'était déjà un miracle qu'elle soit au courant. Je me demandais encore par quel mystère elle s'était trouvée à la maison ce fameux jour. Maman passait une bonne partie de ses journées et même de ses soirées hors de la maison.
- Euh... en fait, Beverly et Arnaud sont au courant.
- Beverly est au courant ? demanda maman en écarquillant les yeux. Qu'a-t-elle dit ?
- Euh... euh... nous n'avons pas encore eu le temps d'en parler. On comptait le faire ce soir.
- Je vois. Vous n'aurez de toute façon pas le temps de le faire aujourd'hui. Nous devons immédiatement nous mettre aux fourneaux. Il sera là d'ici moins de deux heures.
On enfin à la maison. Beverly était assise au salon et jouait aux cartes avec mes frères. Elle leva un regard surpris vers nous.
- Bonsoir, lança-t-elle.
- Bonsoir Beverly, répondis-je avec maman.
- Virginie, va te changer, nous devons commencer immédiatement, dit maman.
- D'accord maman, répondis-je simplement.
Beverly avait de la peine à masquer son ahurissement. Je me rendis donc dans la chambre pour enfiler un vêtement plus confortable. Je ne fus pas surprise d'entendre quelques instants plus tard, la porte de la chambre grincer.
- Que se passe-t-il ici ? demanda Beverly en me regardant avec attention.