Chapitre 13 : COLERE DE REINE

Write by Marc Aurèle

RAY

**Deux mois plus tard **

-          Trésor, ce weekend, on devra se rendre à Abokpè pour finaliser les formalités d’acquisition du domaine de l’hôtel et aussi faire travailler les techniciens du CNERTP. Monsieur Jacobs envoi, une équipe pour explorer le terrain.

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-          Ils descendent demain, du coup je pense qu’on devra quitter Cotonou vendredi après midi afin de profiter pleinement de la journée de samedi pour les rendez-vous.

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-          J’ai déjà discuté avec un des dignitaires avec qui je suis en contact et il pense même, me faire rencontrer la Reine, si tout va bien.

Mon sang ne fit qu’un tour. J’eu l’impression d’étouffer. Je me levai et sans mots dire, m’approchai de la fenêtre de son bureau. J’en ouvris la baie, laissant pénétrer un grand vent chaud. Au contact de cet élément de la nature, tout mon être frissonna.la sensation que je recherchais m’était alors accordé. Je refermai la baie avant de me retourner vers mon homme, qui était toujours plongé dans son ordi. Depuis notre retour de l’Afrique du Sud, Sam ne s’arrêtait plus. Il était comme boulimique du travail. Il accumulait près de quatorze heures de travail sans s’arrêter. Il ne cessait de me répéter qu’il avait là l’opportunité de se lancer dans sa propre entreprise. Je cherchais l’occasion de lui présenter mes inquiétudes, mais je n’en avais pas. Toutes mes tentatives furent vaines. J’avais essayé à plusieurs reprises de le diriger vers d’autres territoires, mais mal m’en prenait à chaque fois. Sam devenait lait au feu et partait au quart de tour.

 

Ma dernière tentative datait d’environ vingt quatre heures. Toutes mes tentatives ayant été vaines, j’avais décidé d’impliquer ma mère pour le raisonner car j’avais déjà capitulé face à mon incapacité à lui faire entendre raison. Junior et moi avions fini de diner et je venais à peine de le mettre au lit, quand son père revint de la fameuse rencontre avec ma mère. Son visage dépité en disait long. Dès qu’il jeta sa veste sur le canapé il tonna.

-          Tu ne devineras jamais ce que ta mère à essayer de me faire gober à ton sujet ?

-          Lol… raconte ! avais-je sortie faussement surprise et en essayant de dédramatiser ;

-          Ce n’est pas du tout drôle tu sais, il paraitrait qu’à cause de ta vie je ne devais pas poursuivre le projet des Hôtels Cascades. Quoique ses explications n’avaient rien de réalistes. Alors soit, elle me cache quelques choses, soit vous vous foutez de moi dans ta famille. Pour le moment, j’avance dans mon projet et je veux y arriver. Quant au choix d’Abokpè, je veux bien le changer. J’enverrai un mail cette nuit à Jacob et sa réponse me fixera sur la suite.

-          J’avais essayé de te faire comprendre le problème d’Abokpè, mais tu ne semble pas entendre raison. Ma situation à Abokpè n’est pas celle de tous les mortels, et tu n’es pas sans savoir que tout ce qui concerne ce bout de terre est mystique.

-          Lol queuqueu de mysticisme, Miss. Tu jouais à quoi quand tu te faisais passer pour la reine à Sun City ? Je te promets que je me voyais avec mon projet quelque part dans les Natitingou, non loin des chutes de Tanougou, mais il a fallut que tu te les joues, Reine mère avec je ne sais quel filtre.

-          Je n’ai fait aucun filtre, je ne sais comment t’expliquer mon chéri, je suis la Reine d’Abokpè malgré moi. Maintenant c’est de tradition que la Reine ne se marie point, alors je ne peux jamais me retrouver la-bas avec un homme, au risque de perdre mon époux qu’est le peuple. Et c’est la raison pour laquelle, je t’ai toujours tenue à l’écart de cette portion de terre.

-          Arrête avec ses pitreries, j’ai faim et j’ai du boulot. De toutes les façons, c’est assez claire pour moi. Si Jacobs est d’accord je déplace le projet. Avait-il  hurlé. On pouvait entendre sa voix à l’autre bout de l’appartement. Heureusement que junior s’était déjà endormi.

Le ton montait graduellement ; mon homme n’en avait pas l’habitude et à l’entendre à présent, je devais mettre un terme à cette discussion. D’aucuns penseraient que j’avais la capacité de résoudre ce dilemme, mais je dois avouer que je n’ai aucun pouvoir sur les esprits qui dirigent Abokpè. Dans ma tête, je n’avais de puissance que sur mes propres pensées, je ne parvenais à gérer que les idées qui venaient essentiellement de mon vouloir, mais jamais je n’arrivais à rien gérer quand il s’agissait d’Abokpè.

Je m’étais résolu à me taire et supplier le ciel de me venir en aide. La soirée s’était ainsi achevé, Sam dans son ordi, moi recroquevillé dans un coin du canapé, à l’attendre. Je m’étais finalement réveillé dans ses bras, aux environs de  deux heures du matin, alors qu’il éteignait les lampes du salon, tout en me portant vers notre chambre à coucher.

J’étais parti de la maison ce matin, avec la ferme conviction de savoir ce que Jacobs aurait décidé et c’est pourquoi, j’avais porté à mon homme son encart au service. Les nouvelles n’étaient pas bonnes et je devais à présent faire appel à mon bon sens.

Je ne serais pas de la partie avec toi. Et donc tu ne pourras pas rencontrer la Reine. Je vais user de mon autorité pour résoudre cette situation sans qu’aucun de nous ne soit lésé. Me dis-je en tenant dans les mains le fil d’attache du rideau. Sam redressa la tête et nos yeux se croisèrent. Il me regarda de la tête aux pieds, je compris où il voulait en venir.

-          Chef, je n’ai juste rien à dire. Si tu peux manager au mieux tes programmes, tant mieux. Au fait si tu dois rencontrer la Reine à Abokpè, sache que tu perds ta femme, dès demain soir et tu ne la retrouveras que lundi soir.

 

SAM

Je n’en crois tout juste pas mes oreilles. Soit, je suis dans un mauvais rêve ou je suis dans une vilaine mise en scène et je dois demander au réalisateur de reprendre.

-          Qu’est ce que tu me sors en ayant l’air aussi bien dans  ta peau. Fis-je en me tenant sur mes pieds.

-          Ce que tu as entendu mon amour. Venais de me répondre Ray

-          Et cela voudra dire exactement quoi ? donc tout ce que vous semblez me sortir comme une blague serait vérifié ? Elle s’était déjà rapprochée de la porte et semblait vouloir sortir du bureau.

Elle s’arrêta et fit volte face.

-          Il est temps que tu te fasses à la vérité au sujet de moi et de ma famille. Sam, Abokpè et moi c’est une autre réalité. Et si je me tien à l’écart c’est bien pour toi. Mais du moment où y a des interférences, je pense qu’il faut faire les points et s’organiser quand même.

Elle affichait un air de femme fâchée. De cette réaction, je pouvais aisément comprendre que j’avais non seulement merdé, mais que j’avais également raté plusieurs épisodes du feuilleton au sujet d’Abokpè. On dit souvent que la vie est fondée sur le spirituel qui anime le matériel. On dit que tout ce qui nous arrive se passe en premier dans un certain monde invisible avant de se manifester dans ce monde ci. Quand j’entends parler de mysticisme ou du mystique, généralement je pouffe de rire car pour moi, la vie est carrée et simple à gérer. Oui la terre est ronde, mais pour moi tout est question de principes, de règles et de lois. Si d’aventure nous nous retrouvons dans un délire du paranormal, cela voudra tout juste dire, que quelqu’un quelque part à semer la graine qu’il ne fallait pas. Je regarde mon épouse, dans l’entrebâillement de la porte qu’elle venait de rouvrir. Ses mots semblaient m’avoir sorti d’un long sommeil.

-          Je vois, qu’il n’y a rien à ajouter. Fis-je avant d’ajouter. A qui dois-je m’adresser quand je serai prêt de comprendre les inepties d’Abokpè ?

-          Lol raconte toujours tes coups, Sam, je ne suis plus en mode jeu. Ce qui se passe est très sérieux. Je suis liée à Abokpè et si je dois vivre longtemps ma vie, ce sera son choix.

Elle hurlait presque. Son timbre de voix faisait aisément vibrer le verre de parois vitrées de mon bureau. J’entendais le sifflement de cette femme comme celui d’un train qui brisait le silence de la nuit. Les nerfs de son visage s’affichaient dures et fermes aux travers de sa peau. Sous mon regard hagard, je pouvais voir l’affluement du sang dans les veines sur ses membres. Je percevais d’avantage l’importance du sujet et je devais la calmer.

J’avançai vers elle et pris ses mains dans les miennes. L’effet recherché ne vint pas au rendez vous. Je vis juste Ray me repousser et sortir violement du bureau. J’essayai de la rattraper, mais elle avait déjà rejoint l’ascenseur qui se referma sur elle.

Je revins sur mes pas tout goguenard. Je me laissai choir dans le canapé et porta mes mains vers mes temps pour les masser. Mes pensés volèrent vers Jules, qui jadis aurait déjà reçu mon coup de fil. Hélas, je devrais me rabattre sur ma grand-mère, dont l’âge avançait grandement. Un coup, j’eu la nostalgie des bons moments de confidence que je partageais, avec cet ami, emporté par un coup de vent.

Rayons de soleil