Chapitre 14
Write by Benedictaaurellia
Chapitre 14
Une semaine plus tard.
Edmund.
Mon départ est prévu pour ce soir.
Je suis à la fois heureux et triste. Heureux parce que je vais retrouver mes habitudes à Paris et triste parce que je laisse Ainara ici. Mais c’est un mal pour un bien. Parlant d’elle, je l’entends m’appeler au loin.
Ainara : Edmund ?? Je suis là.
Elle est venue passer la journée avec moi et me conduira à l’aéroport ce soir. Paul et Ruth sont sortis pour nous laisser entre nous.
Edmund : Je suis dans le bureau.
Elle m’y retrouve.
Elle : tu fais encore quoi ?
Lui : Je range des documents. Donne-moi cinq (05) minutes et je suis à toi. Je veux mettre de l’ordre dans le bureau.
Elle : D’accord. Je t’attends à la cuisine. J’ai ton petit déjeuner préféré.
Je salive rien qu’à l’entendre. Je me dépêche de finir et la rejoins à la cuisine.
Elle m’a déjà servie.
Elle me tend ma tasse contenant une bouillie aklui (bouillie locale faite à base de farine de maïs fermentée dont on fait des grumeaux) et une assiette de beignets communément appelés botokoin. Je raffole trop de ça.
Elle : Tu as fini de ranger ton bureau ?
Moi : Oui.
Elle : Je t’ai fait quelques sachets de grumeaux pour la bouillie aklui. Tu en auras pour un moment avec ça.
Moi : Merci.
Elle (me tendant un sachet) : il y a aussi quelques sauces que j’ai congelé. Tu devras les mettre dans ton trolley pour que ça reste au frais dans l’avion.
Moi : Tu me gâtes. Je vais finir par ne pas partir hein ! Comme ça je profiterai de ta cuisine tous les jours.
Elle : Tu n’as même pas intérêt.
Nous déjeunons tranquillement et après nous nous posons au jardin pour discuter.
Moi : tu n’as pas idée combien tu vas me manquer.
Elle : tu vas me manquer aussi. Il y a les réseaux sociaux.
Moi : tu sais comme moi que ce n’est pas la même chose.
Elle : ne t’inquiète pas. Ça passera vite. De toute façon, je serai à Paris dans deux ou trois mois.
Moi : Pour quoi faire ?
Elle : Je dois participer à un séminaire d’architecture.
Moi : Architecture ? Tu sais que je ne te connais même pas ! Tu sais pourtant tout ou presque tout de moi.
Elle : c’est vrai. On n’a jamais pris le temps de discuter de moi. Que veux-tu savoir ?
Moi : Que fais-tu en vrai ? A part faire visiter des maisons à des clients ?
Elle (en riant) : En fait je ne fais jamais de visite. Pour toi, c’était une exception. Celle qui devait s’en charger a eu un souci de dernière minute et personne ne pouvait la remplacer. Le RDV était déjà pris, on ne pouvait pas l’annuler à quelques minutes. C’est pour cela que je suis venue ce jour-là.
Moi (perplexe) : Si tu ne fais pas de visites que fais-tu ? Je me souviens que le lendemain de la visite, je suis allé à l’agence pour te voir mais celle qui m’a reçu m’a dit que tu ne reçois que sur RDV.
Elle : L’agence est à moi. Je suis architecte comme papa. Nous travaillons ensemble. Nous concevons des immeubles et supervisons les chantiers de constructions. Des fois, nous les faisons sur commande, parfois, nous les faisons de nous-même. Dans ce cas, nous les revendons ou les louons.
J’ai conçu la plupart des maisons que l’agence vend. C’est pourquoi je n’aime pas faire les visites. Je ne supporte pas d’entendre quand les clients critiquent mes réalisations. Surtout quand ce ne sont pas des critiques constructives. La plupart du temps c’est pourquoi ceci est ici et pas là pourquoi tel carreau ici et pas d’autres etc.
L’agence n’est en fait qu’un démembrement de la société de papa. C’est la société mère.
Ok. Pour être surpris, ça je le suis. Je m’attendais à tout sauf à ça.
Moi : je suis bouche bée. Je ne sais plus quoi dire. Tu m’épates de plus en plus. Laisse-moi deviner. Cette maison, c’est toi qui l’as conçu.
Elle : Tu as vu juste. C’est la première maison que j’ai dessiné. J’avais neuf ans. Je m’étais dit qu’elle serait la mienne plus tard. Je ne l’a mets généralement pas dans le lot des maisons à vendre. Le jour des visites, j’étais surprise de voir qu’elle y figurait.
Moi : elle est tout à toi. Tout ce qui est à moi est à toi.
Elle : Edmund…
Moi : Je sais. Nous ne devons pas parler de ça maintenant. Alors qu’est-ce que tu me caches d’autres ?
Elle : Je suis une passionnée d’architecture. Mon prochain voyage à Paris, c’est d’ailleurs pour un séminaire regroupant des architectes. Je suis impatiente d’y être.
Moi : on voit que tu aimes vraiment ça. Tu as une lumière dans les yeux quand tu parles de ça.
Elle : je te l’ai dit. C’est ma passion. Disons une de mes passions.
Moi : Quelles sont les autres ?
Elle : La natation.
Moi : Je m’en doutais. Vu les deux heures de nage que tu fais chaque matin quand tu crois toute la maison endormie.
Elle (surprise) : Comment sais-tu cela ?
Moi : Je l’ai plusieurs fois vu le faire.
Elle : J’aime nager. A un moment je voulais même faire des compétions mais bon.
Moi : Pourquoi ne l’as-tu pas fait ?
Elle : Le stress des entrainements me tuait. Je voulais me sentir libre de nager quand et comme je veux. Les entrainements me donnaient plutôt l’impression d’être obligée de faire telle ou telle performance.
Elle me raconte ensuite son enfance et quelques-unes de ses frasques d’ados.
A l’époque, c’était un véritable garçon manqué.
Quand elle m’a dit ça, j’ai affiché une mine vraiment perplexe. J’ai vraiment du mal à l’imaginer ainsi. Elle a l’air tellement féminine.
Comme quoi, chacun a des cadavres dans son placard.
Elle : Ne fait pas cette tête. Tu sais aussi bien que moi que chacun vit différemment son adolescence.
Moi : Oui je le sais mais, tu es trop parfaite pour ça.
Elle : Arrête. Personne n’est parfait. Moi encore moins. C’est que jusqu’à présent tu n’as pas encore vu mes mauvais côtés. Mais crois-moi, j’en ai.
Moi : Je ne demande qu’à mieux te connaitre.
Elle : Moi aussi. Nous avons tout le temps devant nous.
Moi : Oui.
Elle : Tu sais, cette transformation, je la dois à Ruth. Elle m’a coaché pendant un bon moment.
Moi : Tu as traversé une mauvaise passe ?
Elle : Oui.
Moi : Ne te sens pas obligé de m’en parler. Quand tu seras prête pour parler, je serai là.
Elle : Merci. Dis, tes valises sont prêtes ?
Moi : A moitié. Il me reste quelques derniers trucs à ranger.
Elle : Si tu veux je t’aide et on les boucle en même temps. Ça nous fait gagner en temps.
Moi : Bonne idée.
Elle m’aide à ranger mes affaires et nous passons le reste de la journée à papoter avant de prendre le chemin de l’aéroport le soir venu.
La séparation fut douloureuse. Autant pour moi que pour elle. Elle ne pleurait pas mais, son visage devient tout triste quand ce fut le moment pour moi d’embarquer. J’étais aussi triste mais, je prenais sur moi pour afficher un air joyeux et lui remonter le moral. Voir ma tristesse n’aurait qu’accru la sienne. Elle retrouva un semblant de sourire avant que je ne la quitte.