Chapitre 14
Write by Myss StaDou
Chapitre 14
Gosh ! Quand est-ce que cet homme est devenu aussi beau ? Olivier est trop hot. On dirait que l’argent rend beau, parce qu’il semblait en avoir beaucoup plus qu’à l’époque où on était ensemble. Je le regarde de loin la bouche ouverte avant de me ressaisir.
« Ngono... hum ! Tu as déjà un mec et tu fantasmes en plein jour sur un autre homme, qui est de plus ton ex. Reste calme ! »
Toujours en l’observant de loin, j’entre dans le supermarché pour qu’il ne me voie pas en levant la tête. Je tiens à mon entrée théâtrale. Mon téléphone sonne soudain. C’est lui qui m’appelle.
− Oui, Allô.
− C’est moi. Olivier. Tu es à quel niveau?
− Je ne suis plus loin. J’arrive dans quelques minutes. Tu es déjà à JC ?
− Oui. Je suis juste à l’entrée.
− Ok. Installe-toi alors. J’arrive tout de suite.
− Ok. À tout de suite.
Je le vois de loin remettre son téléphone portable dans la poche de son pantalon et pousser une grande expiration. Il semble un peu nerveux. C’est rassurant de savoir qu’il panique un peu. Ça fait du bien à mon ego. J’attends qu’il entre dans le restaurant pour chercher une table et s’installer pour sortir du magasin et traverser la route dans un déhanchement terrible digne des mannequins de New York... Arrivée à l’entrée du resto, je fais mine de le chercher pour attirer son attention. Il se lève de sa chaise ébahi par ce qu’il voit. Effet réussi !
Il est encore plus craquant de près. Je m’approche de sa table et je reste plantée devant lui, un peu intimidée et ne sachant pas quoi faire dans cette situation. Les effluves de son parfum parviennent jusqu’à mes narines. Ça sent bon. On reste un petit moment à se regarder. Que voit-il ? À quoi pense-t-il ? Au bout d’un moment, il se décide à venir plus près de moi et à me faire une bise sur la joue gauche. Ses lèvres sont si douces.
− Bonjour Nicole.
− Bonjour.
− Tu es encore plus belle qu’avant, je dois avouer.
Je suis si émue que j’en ai la voix tremblante :
− Ravie que ma tenue te plaise.
− C’est sincère.
− Tu n’es pas mal non plus.
Il affiche un air surpris.
− Merci, c’est gentil de ta part.
Silence de nouveau. Nous nous tenons toujours debout. J’attends qu’il m’invite à sa table. Mais il est trop occupé à me dévisager. Soudain, il semble se rendre compte de la situation et se ressaisir, et il m’invite à m’asseoir. La serveuse apparaît tout d’un coup pour prendre nos commandes. J’ai pris un petit Fanta et lui une Malta guinness. Il commande aussi un poulet et demi pour nous deux. Je vais me régaler ! Le silence s’installe. Je ne sais quoi lui dire. Les questions se bousculent dans ma tête. J’aimerais aussi savoir pourquoi j’ai dû traverser un calvaire pareil, avoir le cœur brisé. Mais je ne veux pas être la première à demander pour faire croire que de toutes les manières, ça n’a absolument plus d’importance pour moi.
Soudain il se lance:
− Comment vas-tu ?
− Je vais bien merci et toi?
− Qu’est-ce que tu deviens ? Tu fais quoi dans la vie ?
− Je suis étudiante. Je suis en licence.
− Ok. C’est bien.
La curiosité me démange et je ne peux m’empêcher de demander.
− Et toi ?
− Moi ? J’ai fini avec les études. Je travaille depuis bientôt un an dans le cabinet d’un ami de mon père à Douala. C’est un grand cabinet. Il y a beaucoup à faire et ça me plaît.
− C’est bien ça. Félicitations.
− Il n’y a rien de fameux à cela. À part un très bon salaire comparé à d’autres boites, c’est un boulot comme un autre.
− Je vois ça.
Le mec veut me blaser en solo. Il croit que je ne m’en rends pas compte ? Il vient à un simple rendez-vous chaud comme s’il avait rencard avec le président, et il veut simplifier ça ? Ah mof midé... J’ai lu ses plans de loin.
Je regarde les gens autour de nous. J’attends qu’il parle. Mais silence. La serveuse nous apporte nos boissons et les ouvre. On commence à boire tout en s’observant silencieusement.
− Comment va ta famille ?
− Assez bien, merci. Et la tienne ?
− Bien aussi.
− C’est bien.
La serveuse nous apporte le plateau de poulet braisé. Rien que l’odeur qui sort de ce poulet peut vous rassasier. Je regarde bien le contenu : poulet, frites de plantains et de pommes et mayo seulement :
− Excusez-moi, dis-je en accostant la serveuse. Madame, vous n’avez pas de moutarde ici ?
− Si. Je vous l’apporte.
Olivier éclate de rire.
− On sent une habituée et une connaisseuse.
− Quand je mange, j’aime bien manger, dis-je en riant.
− C’est normal non.
− Tu as des mouchoirs sur toi ? On en aura besoin après ?
− Tu penses vraiment à tout ! Oui, j’ai un paquet avec moi.
− C’est parfait alors.
La serveuse nous apporte la moutarde. Nous commençons à manger. Chacun dépèce le poulet de son côté. La famine devait accompagnée aussi Olivier. À un moment, il pose la main sur la mienne que j’ai lascivement posée sur la table. Je sursaute. Je le regarde sans comprendre :
− Ça va ? demande-t-il. Tu vas bien ?
− Oui Oui. C’est trop bon.
− Tu en veux encore ? Je peux commander plus de poulet si tu veux.
− C’est bon. Tu veux que j’éclate ? demandé-je en riant.
− Non. Tu es très bien comme ça.
− Merci.
Je le regarde un moment, pensive. Il pose sa main sur la mienne. Du temps où nous étions ensemble, il le faisait très souvent pour me rassurer et me faire sentir sa présence. Il n’avait pas oublié que ce geste me touchait… J’étais émue de ce geste. L’atmosphère qui était jusque-là assez lourde devient tout d’un coup relax. Nous finissons de manger et de boire nos consommations en bavardant. On parle de sujets divers : politique, santé, social.
− C’est bon ? demande Olivier. On peut partir ? J’ai un rendez-vous tout à l’heure avec des amis.
− Rendez-vous ?
Nous n’avons pas encore parlé des choses qui nous préoccupaient et il voulait déjà partir ? Il joue à quoi ?
− Oui, je dois les rejoindre.
− Ok. Tu es donc à Yaoundé jusqu’à quand ?
− Plus qu’un week-end, en fait, avoue-t-il avec gêne. J’en ai pour un peu plus de deux semaines. J’ai une affaire qui m’emmène ici.
− Ok. Je vois.
− Mais j’aimerais te revoir, passer du temps avec toi. On a encore des choses à se dire. Mais je ne veux pas que ça se fasse à la hâte.
− Je comprends. Je ne sais pas… Ça dépendra de quand tu voudras qu’on se voie.
Je suis un peu confuse par ce qui arrive. Ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais. Au fait à quoi je m’attendais ? Qu’il m’accule de questions ? Qu’il me supplie de lui pardonner ? Qu’il me saute dessus ? Je ne sais plus rien. Suis perdue…
− Tu as du temps demain en fin d’après-midi ? demande Olivier. J’aurais une journée chargée. Mais je veux passer du temps avec toi.
− Ok… Oui… ça dépend. C’est pour aller où ?
− Ce sera à toi de décider.
− D’accord. On peut aller prendre une glace quelque part ?
− Bien sûr. Ce sera parfait pour moi. Viens je te raccompagne.
− Ok. Allons-y.
Nous montons dans sa jolie voiture et je vois le regard envieux d’un groupe de filles qui passait près de nous. Je me sens trop bien, comme transportée dans une autre sphère. Olivier démarre et nous quittons Bastos. Arrivés dans mon quartier, sur mes indications il gare pas loin de l’entrée qui mène vers notre maison. Il se tourne et me regarde souriant, l’air heureux.
− Je suis content d’avoir pu te voir et parler avec toi.
− C’est bien. Moi aussi.
Il fouille dans la poche de son pantalon, en sort son portemonnaie. Il y prend un billet de 10.000Francs Cfa et me le tend. Je tend la main, surprise. Il me paie pour être sortie avec lui ? C’est quelle histoire ça ?! Vu mon regard étonné, il éclate de rire :
− À quoi tu penses ? J’aimerais que tu recharges ton téléphone. Appelle-moi quand tu veux. J’ai bien envie de t’entendre.
− Ok, je le ferai.
− Bon il faut vraiment que j’y aille. On se dit à demain ?
− Ok. Fais-moi signe quand tu es libre.
− D’accord.
Il se penche de mon côté et pose un doux baiser sur ma joue. C’est étrange. Mon ex, à qui j’en voulais, venait de me faire une bise et ça ne m’énerve pas.
− À demain alors, dit Olivier.
− À demain.
Je descends de la voiture, pensive. Rien de ce que j’avais comme scénario de cette rencontre dans ma tête ne s’est passé. Aucune explication, aucun moment de colère, juste encore plus de confusion et de non-dits. Il ne m’a posé aucune question personnelle. Il n’a même pas évoqué notre histoire. Je me dirige vers la callboxeuse (cabine téléphonique ambulante) près de chez moi pour qu’elle me recharge des unités dans le téléphone. Au regard de la fille sous son parapluie, je sens qu’elle a assisté à ma descente de voiture et que ça l’a épaté. Il en faut de peu pour impressionner les gens. Je lui fais un grand sourire.
− Bonjour. S’il vous plaît, je veux un transfert de 5000Francs.
Je ne vais quand même pas dépenser 10.000Francs en unités. Elle fait mon transfert, en me regardant en coin. Une fois le transfert de crédit fait, je me dirige vers notre maison. La bienséance veut quand même que j’appelle Olivier pour le remercier. Mais vu qu’il conduit sûrement, je le ferai plus tard en soirée. Que voulait-il à la fin ? Être mon ami ? Me reconquérir ?