CHAPITRE 14
Write by Flore LETISSIA
CHAPITRE 14
L'infidélité d'Ibra et de Dorlande était insidieusement en train de corrompre leur relation et de disloquer progressivement leur couple. Tout ce qui les unissait semblait désormais relâché, sans consistance ni dynamisme. Ils vivaient certes sous le même toit, partageaient le même lit, mais chacun semblait avoir sa propre existence.
Ils avaient souvent des disputes et de nombreuses divergences de point de vue. Ibra sentait qu'elle lui échappait a cause de ses occupations professionnelles, et il lui exigeait désormais ouvertement d'arrêter de travailler. Naturellement, Dorlande ne l'entendait pas de cette oreille.
Ibra, pour avoir raison, arrivait désormais tôt a la maison. Il rentrait directement quand il quittait le bureau, et il était dans tout ses états quand il ne trouvait pas Dorlande à la maison, ou quand elle tardait à rentrer. Il l'appelait immédiatement pour la sommer de rentrer sur le champ. Et en général, Dorlande arrivait dans les trente minutes qui suivaient. Ce soir-là, le même scénario se produisit. Ibra arriva le premier et constata que la jeune femme n'était pas encore là. Furieux, il lança le numéro de Dorlande.
- où es-tu ? Pourquoi n'es-tu pas encore à la maison ? S'enquit il d'un ton sourd.
Mais cette dernière saisit l'occasion pour lui rappeler le propre comportement qu'il avait il y'a quelque temps
- tu connais mieux que quiconque les aléas professionnels qui font que bien souvent, les moments de descente n'obéissent pas aux horaires conventionnels, lui rétorqua t'elle ironiquement.
Cette réponse eut pour effet d'intensifier la colère d'Ibra.
- ton travail consiste à faire quoi au juste ?
Demanda-t-il d'un ton de mépris.
- a m'occuper de beaucoup de choses !
- tu veux dire besogner comme un forçat pour 150.000 FCFA ? C'est pour une somme aussi ridicule que tu fous la pagaille dans ton ménage, alors que tu as plus du double comme argent de poche. Que veux-tu ? S'emporta t'il ?
- travailler ! Répliqua t'elle encore.
- rien que ça ? Eh bien, tu vas devoir faire un choix ! Où c'est moi, ou c'est ton travail !
- enfin, on y est ! Je te voyais venir avec tes gros sabots ! C'est tout toi ça, avec l'égocentrisme a fleur de peau ! Tout est à présent clair ! Tu préfères me voir triste, et me morfondre dans un coin pendant que toi, tu prends du bon temps dehors !
- où tu arrêtes, où on se dit adieu ! Insista Ibra.
- sache que pour rien au monde je n'arreterai mon travail ! J'y gagné effectivement peu, mais je le gagne à la sueur de mon front ! Et figure toi que la satisfaction que procure le travail ne réside pas uniquement dans ce qu'il rapporte pécuniairement, mais aussi dans ce que l'on en retire satisfaction morale et émotionnelle ! Car contentement passe richesse, comme le dit si bien le proverbe !
- je te t'aurais prévenue ! Où c'est moi, ou c'est ton travail.
- je te laisse le loisir de choisir ! Et crois-moi je me conformerai a ta décision ! Lança Dorlande avant de couper la communication.
Ibra était sidéré. Il regardait le téléphone devenu muet comme un objet étrange qui lui jouait un mauvais tour. Toutes sortes d'interrogations se bousculèrent en lui. Que s'était il passé ? Était ce vraiment Dorlande qui lui parlait sur ce ton de défi ? En avait elle trop sur le cœur ? En avait elle eu assez d'encaisser ? Lui avait il fait subir trop plein à la figure, sans état d'âme ?
Oui, beaucoup de choses étaient arrivées. Dorlande avait subi une transformation insidieuse dont il mesurait à présent l'étendue. Car, jamais auparavant, elle n'aurait pu lui parler de la sorte. Il avait voulu l'intimider en lui demandant de choisir entre son travail et lui, mais cela n'avait pas marché. Elle avait même réussi à le mettre dans l'embarras en lui offrant l'opportunité d'opérer le choix a sa place.
Naturellement, il n'y avait pas de choix a faire, c'était elle Dorlande, malgré son malheureux travail... Cinq ans de vie commune, ce n'était pas rien. Elle avait été la seule femme a avoir pu le stabiliser, lui faire mener une vie de fidélité pendant de longues mois, jusqu'à ce qu'il retombe a son insu, dans son inconstance. Ibra était cependant sûr d'une chose : Dorlande était la femme de sa vie. les autres n'avaient ni âme ni repère dans son existence. Elles n'étaient là que pour agrémenter ses moments d'errance mentale et contenter ses incoercibles élans charnels. Toutes ces femelles n'étaient que des étoiles filantes qui illuminaient d'une lueur passagère ses sentiers de mâle viril.
Que devrait il faire après la réaction inattendue de la jeune femme ? Il lui fallait impérativement prendre conseil auprès d'Innocent. Il se rendrait chez lui le sujet était trop sérieux, trop délicat pour être abordé dans un bistrot, devant des bouteilles de bière, comme il le faisait quand il évoquait ses coucheries avec son ami
Ibra se doucha, se changea et se rendit à Yopougon où habitait Innocent.
Yopougon n'était pas seulement la plus vaste commune d'Abidjan. C'était aussi la plus chaude, celle qui comptait le plus de maquis, de bars climatisés et de maison de passe. Elle avait également de nombreux édifices administratifs, comme son centre hospitalier universitaire, la maison d'arrêt et de correction d'Abidjan et la célèbre Académie des sciences et techniques maritimes, qui avait formé de nombreux marins de Côte d'Ivoire et d'autre pays.
Un autre endroit bien connu de la commune était le marché de Kouté, où fleurissait un vaste commerce de friperie qui permettait à des hommes et femmes, de tout âge et de toute catégorie socioprofessionnelle, de s'habiller a moindre coût. La place Ficgayo, quand a elle était un lieu de rassemblement patriotique après avoir abrité durant des années, la foire industrielle, commerciale et gastronomique de Yopougon, et de son méga giga centre commercial COSMOS là où plusieurs personnes y vont pour faire des courses, s'amuser et passé du bon temps.
La commune abritait également la vaste forêt du Banco, dont la flore et la faune étaient d'une incontestable richesse mais qui, malheureusement, était devenue un repaire de brigands. Cependant, la rivière du même nom qui y prenait sa source et se deversait dans la lagune ébrié, conférait un aspect pittoresque a l'endroit. Mais Yopougon, qu'on appelait encore Yop City, c'était aussi des lieux de triste renommée, tels que Yaosséi, un quartier mal famé où la prostitution régnait en maîtresse absolue. Aux dires des adeptes, des fillettes de douze ans, à la mine d'une candeur angélique, s'offraient aux mâles sans scrupule, pour moins de 300 FCFA, dans ce secteur de misère.
Mais ce qui faisait la fierté de Yop City, et qui était unanimement reconnu de tous, c'était incontestablement la Rue Princesse, dont la renommée avait largement dépassé la frontière de la Côte d'Ivoire. A telle enseigne que le président y avait emmené des personnalités politiques françaises de premier plan, à la découverte des maquis, nightclubs où une foule d'individus de toutes classes sociales se côtoyaient dans une ambiance absolument folichonne.
Yopougon était une ville dans la ville. Certains habitants affirmaient même ne pas en être sortis depuis des années.
Ibra emprunta le premier pont et mit le cap sur le groupement foncier où était domicilié Innocent. Ce dernier logeait dans une superbe villa de quatre pièces que son père, propriétaire de plusieurs constructions, lui avait offerte.
Innocent était cadre financier chargé du contrôle budgétaire et de l'audit interne dans une société spécialisée dans la fabrication de ciment. Il gagnait bien sa vie et roulait en RAV4 dernière version. Sa maison où trônaient des meubles et bibelots de valeur était aménagée avec classe.
Ibra stationna devant la clôture. Le gardien qui connaissait bien son véhicule, accourut pour lui ouvrir la portière.
- bonsoir, patron ! Fit-il avec un large sourire
Il savait Ibra généreux. A chacune de ses visites celui-ci lui laissait un billet de banque avant de s'en aller.
- ça va Moussa ? Patron est là ! Répondit il en fermant la portière.
Puis, il ouvrit le portail de la villa à Ibra. Dick le berger allemand qui était couché sur la terrasse, accueillit le visiteur, par des aboiements de joie.
Innocent comprit par la réaction de son chien qu'il s'agit d'une visite amicale. Quand il sorti et vit Ibra, un sourire heureux éclaira son visage.
- tiens, Ib, qu'elle agréable surprise ! S'exclama t'il d'un ton gai.
- on dit quoi Innoce ? Tu ne t'attendais pas à me voir, on dirait ! Fit Ibra en s'avançant vers son ami.
Ils se donnèrent une chaleureuse poignée de main, puis ils se firent l'accolade. Près l'un de l'autre, on remarquait tout de suite le grand contraste entre les deux amis, dû à leur dissemblance physique. Ibra était grand et fort, quand Innocent était petit et malingre. D'ailleurs son air fragile avait été a l'origine de leur amitié depuis le collège. Ibra s'était fait un devoir de le protéger. Même a l'âge adulte se sentiment n'avait pas quitté Ibra. La complexion d'Innocent n'avait pas changé. Il n'avait pas de muscle et était encore imberbe, avec un duvet roux pour moustache. On aurait dit qu'un sournois déficit hormonal le maintenait dans une enfance morphologique. Sans compter qu'il était d'une douceur presque féminine. Mais c'était quelqu'un de très intelligent, à un point qu'il tel qu'il était arrivé à Ibra de se sentir l'esprit engourdi face à la réactivité de son ami, quand ils étaient confrontés à certains problèmes mathématiques, du temps où ils étaient encore étudiants.
Les deux amis entrèrent au salon. La télévision, un écran plasma extra large, diffusait un documentaire sur la chaîne planète. C'était le genre d'émission qu'affectionnait Innocent. On pouvait supprimer toutes les chaînes qu'ils ne s'en rendrait même pas compte.
- donne-moi cinq minutes, le temps de m'habiller et on part ! Dit Innocent après installé son ami.v
- non, on ne sort pas, pour une fois ! Je préfère que nous restions ici. Et Jeannette, elle ne vient pas m'embrasser ?
- Jeannette n'est pas là... Tu ne me croirais pas si je te le disais...
- dis toujours...
- j'ignore où elle est partie... Il y'a deux semaines qu'elle a quitté la maison. Elle m'a simplement appelé deux jours après pour me dire de ne pas m'inquiéter ni chercher à la retrouver. Parce qu'elle avait besoin de se retrouver elle même pour faire le point.
- de quoi me parles tu ? Fit Ibra sidéré et incrédule.
Je te parle de ce qui est, mon frère !
- mais c'est impensable ! On ne quitte pas ainsi le domicile conjugal chez nous en Afrique, sous prétexte qu'on veut faire le point ! Ce sont là des comportements de blancs ! Non, mais je vais la convoquer, Jeannette pour abandon de foyer et non assistance à un conjoint en danger ! Innoce, toi qui incapable de dire bonjour à une autre femme !
- oh, ce n'est pas ça le plus douloureux ! C'est dans la tête que ça se passe... Tu sais je ne lui jette pas la pierre, elle a certainement des raisons d'avoir agi ainsi. Mais tant que nous n'aurons pas une véritable discussion, je me garderai de la blâmer.
- il n'y a que toi pour trouver des excuses aux actes les plus étranges ! C'est comme tu voudras ! Mais je viens te voir parce que j'ai un problème similaire, et je veux avoir un avis objectif, des recommandations pertinentes et non des justifications conciliantes.
- ok ! Pas de problème ! Quelle est donc la situation ?... Mais avant, que prends tu ?
- du fort, du cognac de préférence, pour me mettre en train !
Innocent appela Maria, la domestique qui était à leur service depuis quelques années déjà. Cette dernière accourut.
- sors nous une bouteille de cognac ! Avec des glaçons. Moi, je veux un grand verre de menthe au lait... Sers nous des chips aussi ! Tu as fait des nems ?
- oui tonton ?
- il faut nous en servir ! Bien chaud, s'il te plaît ! Dit-il.
Puis, s'adressant à Ibra, il reprit :
- elle les fait à merveille !
- je veux bien en prendre !
- alors que se passe-t-il donc avec Dorlande ?
- je l'ignore... Où je n'ose pas l'imaginer... Elle a complètement changé de comportement en un rien de temps, j'ai l'impression d'avoir affaire à une autre femme.
- sois plus précis, tu veux bien ?
- elle a un boulot depuis peu et elle y passe le plus clair de son temps. Inutile de te dire qu'elle me néglige. Quand je lui ai dit d'arrêter de travailler, elle m'a opposé un refus catégorique. Elle n'a d'ailleurs pas hésité quand je lui ai dit de choisir entre son travail et moi. Elle m'a dit de faire le choix a sa place, et qu'elle se conformerait à ma décision. Tu te rends compte ?
- oui, c'est assez fort comme propos, j'en conviens. Mais je ne crois pas que la situation soit pour autant alarmante. Tu sais, l'une des caractéristiques essentielles des femmes, c'est d'exagérer les choses pour attirer l'attention. Et quand on ne les connait pas, on pense immédiatement à un drame. Moi, je pense en toute honnêteté qu'en agissant ainsi, elle veut te mettre une pression, pour obtenir quelques choses de toi... Analyse, cherche bien et tu trouveras...
- tu ne sembles pas mesurer la portée de ses propos. Jamais, elle ne m'aurait parlé de la sorte il y'a quelques mois. Qu'est ce qui lui donne tant d'audace, tant d'assurance ? Ce n'est certainement pas son malheureux emploi de quatre sous ! Et s'il y avait un homme derrière tout ça ? Un quidam qui lui proposait monts et merveilles, hein ? Ça pourrait expliquer tout, non ?
- je n'avais pas envisagé cette éventualité ! Mais reconnais que ce n'est pas le genre de Dorlande !
- tu crois encore que les femmes ont un genre clairement défini, net ? Pouvais tu imaginer Jeannette desertant le foyer conjugal sans crier gare ?
- tu as peut-être raison car il arrive que les femmes soient vraiment imprévisibles...
- oui, c'est le mot. Mais, si jamais il y avait un homme en dessous du comportement de Dorlande, si d'aventure elle s'amusait à me faire porter des cornes, je t'assure que je la tuerais de mes mains ! Parole d'Ibra !
- je t'en prie, Ib, ne prononce pas un mot aussi tragique a la légère ! Si tu étais cocufié, ce serait effectivement déplorable, mais de là à la tuer... Et puis, si l'un des partenaires devait liquider l'autre pour infidélité, des arbres auraient poussé sur ta tombe, tellement ta mort remonterait à longtemps !
- que racontes tu ? Tu n'es pas sérieux, j'espère ? Comparaison n'est pas raison et tu le sais parfaitement ! Un homme ne fait pas porter des cornes a sa campagne, parce que les femelles ne portent pas de cornes, ni chez les êtres humains ni chez les animaux ! Les grammairiens auraient dû faire en sorte que le mot cocu n'ait pas de féminin ! D'ailleurs, informe-toi, fais un sondage d'opinion, tu verras qu'une femme qui trompe son homme a très mauvaise presse par rapport à un homme qui le fait ! Même auprès des autres femmes !
- écoute, Ib, mon propos était tout autre ; je n'approuve pas le comportement d'une femme de petite vertu. Je dis simplement qu'aller au meurtre pour une infidélité, c'est un peu fort ! Le crime passionnel n'honore personne et n'est plus de mise de nos jours... Pour des choses aussi courantes. Ceci dit, certainement que nous allons trop vite en besogne ! Nous ne faisons qu'émettre des hypothèses. Tu ne détiens pas encore la preuve tangible que Dorlande a un amant. Il faudrait donc que vous parliez sérieusement, que chacun exprimé clairement ses griefs pour qu'ensemble, vous trouviez des solutions à cette situation.
- je ne demande que ça ! Mais comment dois-je procéder ? Elle m'a défié ! Elle m'a dit en bon français que si je décide la quitter, elle est prête à assumer notre séparation ! Dois-je oublier ses propos, faire comme si de rien n'était, passer l'éponge ? N'interpréterait elle pas cela comme un aveu d'impuissance, un signe de faiblesse de ma part ? Ne serait-ce pas là, une manière de lui prouver que je tiens trop à elle ? Qu'adviendrait il par la suite de mon autorité dans notre couple ? Ne serait-ce pas la porte ouverte à d'autres bravades plus graves ? As-tu une idée de ce que c'est que la dignité d'un homme ?
- bien sûr, mais je sais aussi que parfois, sa frontière avec l'orgueil de mâle est très ténue... Tu sais, Ib, quand on aime, on ne regardé plus les détails qui fâchent, l'essentiel étant la préservation de la relation, la sauvegarde des acquis communs. Et pour cela il ne faut pas hésiter à consentir des sacrifices parfois douloureux, mettre beaucoup d'eau dans son vin... Réfléchis à tout ce que tu perds si vous vous quittez. Tu imagines les contraintes d'un nouveau recrutement ? N'oublie surtout pas que tu as désormais une position sociale intéressante ; tu ne sauras jamais si une fille vient à toi pour ta situation où pour toi même.
- je dois reconnaître que tu n'as pas tort... Ça demande réflexion... Et toi, que comptes-tu faire avec Jeannette ?
- je patiente... J'attends qu'elle fasse le point, qu'elle se retrouve pour que nous nous retrouvions tous les deux, selon sa volonté. Toi aussi, promets-moi de discuter calmement avec Dorlande, de te forger une opinion plus objective avant de décider quoi que ce soit.
- bien sûr ! J'ai dis certaines choses sois le coup de la colère, mais je suis loin d'être aussi impulsif que tu le crois.
Après ce qui paraissait être là meilleure solution pour les problèmes qui se posait à eux, les deux amis discutèrent d'autres sujets. Comme c'était souvent le cas, ils évoquèrent leurs années collège et lycée. Ils se souvinrent avec nostalgie de certains amis perdus de vue et de ceux qu'il leur arrivait de rencontrer au hasard de la vie. Ils convinrent qu'ils avaient tous deux su tirer leur épingle du jeu en occupant dans la société, des positions enviables. Ce qui n'était pas gagné d'avance sur un continent où le chômage faisait rage, même chez des diplômés.
Ibra, qui avait toujours eu un gros appétit, avait vidé l'assiette de nems et en redemanda.
- tu ne vas donc plus dîner en rentrant chez toi ? Le taquina Innocent.
- si, mais une double ration alimentaire ne m'a jamais fait de mal.
- là, tu ne m'apprends rien, mon cher ! Je me souviens parfaitement qu'à l'internat tu renversais mon assiette dans la tienne pour te goinfrer.
- bien sûr ! J'avoue que ton appétit d'oiseau m'a toujours profité ! S'exclama Ibra dans un rire.
Puis, profitant d'un moment d'inattention de son ami, il versa du cognac dans son verre de lait et poursuivit tranquillement la discussion. Mais à peine ce dernier but une gorgée, qu'il la recracha.
- qu'as tu mis dans ma boisson ? Demanda-t-il a Ibra.
- qui ça ? Moi ? Mais rien du tout, ma parole !
- si ! Je parie que tu as versé ton cognac dans mon verre !
- comment peux-tu reconnaître le goût du cognac alors que tu n'en as jamais bu ?
- je reconnais au moins celui de ma menthe au lait, et il n'est plus le même que tout a l'heure !
- tu en es sûr ? Laisse moi voir, fit Ibra en prenant le verre de son ami.
Il le vida en clin d'œil et hocha longuement la tête.
- c'est très bon ! Mais tu as raison, cela a un goût arrière de cognac et je me demande comment c'est possible ! A moins qu'il y ait eu un genre d'osmose par l'air ambiant, du fait que nos deux verres soient côte à côte !
- c'est bien trouvé, ça ! Tu as voulu me faire boire de l'alcool alors que tu sais bien que c'est mon totem !
- tu en as fait ton totem parce que quelques gouttes viennent à bout de toi ! Si depuis le temps, tu avais franchement affronté ce malaise, aujourd'hui tu apprécierais ce divin nectar ! L'alcool, c'est comme la femme, il faut la dompter pour mieux l'apprécier !
- a moins de se faire dompter !
- tu as toujours réponse à tout, je le sais ! Je vais a présent devoir rentrer. J'espère trouver Dorlande à la maison pour que nous puissions parler. Merci, Innoce pour tes sages conseils !
- je t'en prie, c'est à cela que sert un ami, que dis-je, un frère ! Rentre directement, je te connais, ne fais aucun détour ! Et étant donné que nous sommes vendredi soir, tu peux profiter de l'occasion pour inviter Dorlande quelque part, pour passer le week-end, par exemple. Cela vous fera certainement le plus grand bien !
- oui, c'est une excellente idée ! Cela fait effectivement déjà un bout de temps que nous ne sommes pas sortis ensemble pour le weekend ! Encore une fois, merci pour tout !
- je te dois bien ça après tous les coups que m'as évités au collège.
Ibra se leva et son ami le raccompagna à sa voiture. Mais avant d'y monter, il remit discrètement un billet de 10.000 FCFA au gardien qui s'en pressa de lui ouvrir la portière.
- à bientôt, fit Ibra en donnant une dernière poignée de main chaleureuse à son ami.
~le mal dominant dompte la femelle pour lui signifier son autorité~
Quand Ibra rentra chez lui, il était 20h30. Il trouva la domestique seule qui s'affairait dans la cuisine. Il comprit Dorlande n'était pas encore rentrée. Il monta cependant dans leur chambre pour avoir le coeur net. Effectivement, elle n'y était pas. Il l'appela aussitôt. Mais le téléphone sonna longuement dans le vide. Il eut beau réessayer, personne ne décrochait.
Ce ne fut qu'après 22h que Dorlande rentra. Ibra travaillait dans le bureau attenant à leur chambre. Il avait dîner seul, avec ses doutes qui avaient resurgir.
Quand Dorlande l'aperçut, elle l'y rejoignit.
- bonsoir, chéri ! Fit-elle en l'embrassant sur la joue.
Ibra ne répondit pas à la salutations, la foudroyant du regard.
- où étais-tu ? L'interrogea t'il d'un ton martial.
- j'étais au travail, je te l'ai dit !
- foutaises ! Cria Ibra en se levant brusquement. Dis moi d'où tu viens, sinon je ne répondrai plus de moi !
- qu'y a t'il ? Pourquoi te mets-tu dans un tel état, chéri ? Fit Dorlande d'une voix douce qui contrastait avec la fureur de son interlocuteur.
- ne détourne pas la conversation ! Dis-moi où tu étais, avec qui tu étais et ce que tu faisais !
- je t'en prie, Ibra, tu ne te sens pas ridicule ene posant cette série de questions que tu qualifiais de triades enquiquineuses, quand c'était moi qui te les posais ?
- tu ne m'as pas répondu ! Je ne te permettrai pas de jouer avec mon honneur ! Où étais tu et pourquoi n'as-tu pas décroché ton téléphone ? Hurla t'il cette fois en saisissant les bras de Dorlande de sa puissante poigne.
Il maintenait les deux poignets de la jeune femme dans un terrible étau et, tout en parlant, agitait un doigt menaçant sous ses yeux !
Dorlande était terrorisée. Jamais encore elle ne l'avait vu en proie à une telle rage. A cette minute, elle eut une claire conscience de sa force physique. Elle devait faire attention car cet Hercule pouvait lui briser les os d'un seul coup.
- tu me fais mal, chéri ! Ta colère est sans le moindre fondement... J'étais au bureau, a une réunion importante avec un gros client... Puis nous sommes allés dîner pour fêter la conclusion d'un important marché...
- à qui veux-tu faire gober un canular pareil ? L'interrompit Ibra.
- je te le jure, c'est la stricte vérité ! Tu peux appeler mes collègues si tu veux !
- pourquoi tu n'as pas décroché ton téléphone ?
- il était sous silence, je ne l'ai donc pas entendu sonner...
- mensonge ! Rien que des mensonges ! Écoute Dorlande je ne te laisserai pas foutre en l'air cette relation que nous avons bâtie depuis plus de cinq ans ! Alors dès lundi, tu arrêtes ton travail ! Tu m'entends ?
- oui...
- tu me le promets ?
- oui... Je te le promets !
- bien ! Maintenant, tu vas te déshabiller !
- pardon ?
- déshabille toi !
- mais pourquoi ?
- nous allons faire l'amour ! J'ai envie de toi ! Toi tu n'as pas envie de moi ?
- si...
Ce fut seulement cette minute qu'Ibra dessert la puissante poigne qui emprisonnait la jeune femme. Elle se massa immédiatement les poignées pendant qu'il la précédait dans la chambre. Il passa son débardeur par dessus sa tête et le jeta dans un coin. Dorlande le suivit machinalement, fascinée et terrorisée par la largeur de ses épaules et la force de ses bras.
Il mot le Split en marche, ôta son short et s'étendit sur le lit, en tenue d'Adam et exhibant une formidable érection. Dorlande ne fut pas surprise de le découvrir ainsi. Elle savait que les situations de forte tension avaient cet effet-là sur lui.
- tu... Tu me permets de prendre... Rapidement une douche ? Demanda-t-elle avec hésitation.
- on n'a pas le temps ! Tu ne vois pas dans quel état je suis ? Répondit-il d'un ton comminatoire qui l'a décida.
Elle acheva promptement de se dévêtir et elle grimpa sur le lit. Elle le regarda un moment, ne sachant quelle conduite tenir. Elle hésita puis, finalement, s'allongea auprès de lui.
- occupe toi de moi ! Prends les choses en main ! Fit-il d'une voix toujours aussi sourde.
Dorlande s'exécuta. Elle l'embrassa un moment, puis elle s'empala sur lui. Mais la minute qui suivit, Ibra la renversa et prit lui-même le contrôle des opérations. Il la pénétra sans ménagement, avec toute la force de ses puissants reins et lui arracha des gémissements de douleur. On aurait dit qu'il voulait la dompter, lui apprendre une bonne fois pour toutes, qui était le maître, le mâle dominant.
Il la prit, longuement, m'investissant entièrement, profondément, comme pour l'emprisonner, définitivement. Et, quand vient enfin le plaisir, il lui saisit fermement la tête, avec les deux mains et plongea son regard dans le sien, pendant qu'il s'épanchait. Pour bien lui faire comprendre qu'elle lui appartenait... Comme, dans la préhistoire, le mâle prenait la femelle de son choix et la possédait à sa guise, à satiété, là-bas, dans les cavernes enténébrées.
- et je veux un enfant ! Exigea t'il en la quittant.