Chapitre 14

Write by Kaylee

LA SECONDE ÉPOUSE


Épisode 14 : La dot de la gloire glorieuse


**** Liam Hakim Elisha ****


C'est aujourd'hui le jour de la dot. Nous nous rendons chez les parents de Kamila en cortège. Nos véhicules sont alignés qu'on croirait que c'est le passage de la famille présidentielle. À l’intérieur du premier véhicule, il y a mes parents, ma petite sœur Mercy et la mère de Drake. Dans le second se trouve moi, Gareth, Drake et deux de mes cousins Ike et Peter. Dans le troisième il y a Safou ( la compagne de Gareth), Mélanie (la femme de Drake) et leur fille aînée Jasmine ainsi que la mère de Gareth. Dans le quatrième et cinquième mes oncles et mes tantes. Et enfin dans le sixième qui est un pickup se trouve la dot. 


 Gareth : (remarquant mon stress) : prends de l'eau glacée et respire mon frère. On ne se rend pas au cimetière ! 


 Moi (le regardant) : Idiot.


Je prends mon kleenex et m'essuie le visage en me disant que tout cela prendra fin dans quelques heures. 


La marche vers le domicile des BIAOU commence. Comme nous sommes déjà proche, nous voyons le portail ouvert en grand. La maison est chaudement animée avec les chants et cris de femmes que j'entends. Cela a le pouvoir de faire encore plus monter mon stress. Je ne sais pas pour ceux qui sont déjà passés par là mais depuis quelques jours, je ne fais que douter de plus en plus de ma décision de me marier juste parce que c'est ce que l'on attend de moi et non pas parce que c'est de ma propre volonté. Le soleil est haut dans le ciel et est tellement ardent mais cela n'a pas l'air de déranger les gens car ils sont dans la joie. Ils nous ont réservé une place spéciale pour garer nos véhicules.


 Ike : Allez, sortez les billets, sortez les billets de banque ! Nous allons leur montrer la force des ELISHA.


Moi-même le premier je sors l’argent pour mettre dans les paniers des dames et je prends même le temps de saluer avec une joie feinte chaque personne présente. Quand on nous autorise à avancer, nous entrons dans la concession en faisant moins de bruit. Il y a une forte musique, des cris de joie et des acclamations. La décoration de la maison est très belle mais avec des couleurs un peu trop exagérée à mon goût. Les chaises style napoléon blanches sont ornés de tissus en pagne qui rappellent le nôtre et on s’y installent calmement sous la gigantesque tente.

Les dames se sont mises à chanter des chants en langue et je les écoute. Les chants sont agréables à entendre mais malheureusement je n'y comprends un traître mot. Je ne maîtrise pas trop le fon et le adja.


( applaudissements )


( music )


Des jeunes filles viennent avec des paniers remplis de petites bouteilles d’eau minérale fraîches qu’elles nous proposent. C’est avec plaisir que nous acceptons pour se désaltérer sous cette chaleur accablante. Je suis tout beau, tout frais et je déteste transpirer. Il y a un battement de quelques minutes avant que tout le monde prennent place et qu’on se retrouve face à la belle-famille. 


La cérémonie débute et mon oncle Georges qui est le représentant de la famille se lève en se raclant la gorge.


 — Afin de ne vexer personne et d'entamer les choses dans les normes, je dépose ceci devant vous. Une bouteille de St James ainsi qu’un billet de 10.000 f pour demander l’autorisation de parler devant la belle-famille.


Le Saint James. Compte tenu de son prix dans l’ancien temps, cette liqueur est considérée comme l’apanage des fortunés. Ainsi, sa présence dans la dot est le signe de la noblesse et de la notoriété de la famille d’accueil de l’épouse. Le mari démontre par cette liqueur, sa capacité de prendre soin de la future épouse si sa main lui est accordée au terme de la dot.


Il pose le tout devant le père de Kamila et sa famille. C’est le monsieur à côté de mon futur beau-père (son frère sans doute) qui se lève et récupère le premier présent. Les deux se mettent face à face chacun devant sa famille et les pourparlers peuvent enfin débuter.


 — Au nom de toute la famille BIAOU ici présente et dont je suis le porte-parole en ce jour, je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue. Vous avez fait le déplacement en très grand nombre et nous avons accepté de vous accueillir. Nous avons accepté parce qu’on nous a dit que vous venez en paix et avec de bonnes intentions à notre égard. C’est précisément pourquoi de notre côté, nous nous sommes réunis afin d’écouter ce que vous avez à nous dire. A vous la parole !


 Oncle Georges : Merci de nous recevoir aussi chaleureusement chez vous. Nous avions entendu parler de la bonne réputation des gens du mono. Cela ne fait même pas une heure que nous sommes là mais nous confirmons. Nous confirmons que nous sommes très bien accueillis par les gens de adja.


 Nous autres : Vraiment oooh.


 Oncle Georges (debout avec le micro en main) : Notre venue chez vous aujourd'hui sous ce chaud soleil n’est pas en vain.  C’est parce que nous sommes venus demander la main d'une fleur de votre magnifique jardin. 


 — Ah nous sommes heureux de l’apprendre. C’est une très bonne nouvelle pour nous. Seulement, dans notre jardin, il y a beaucoup de fleurs. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur la fleur que vous êtes venus chercher ? Demande l'oncle de Kamila.


 Oncle Georges : Nous ne doutons absolument pas qu’il y ait des fleurs d'une beauté et d'une fraîcheur sans comparaison dans votre jardin juste en regardant autour de nous. Mais celle pour qui nous avons fait le déplacement, celle pour qui nous sommes venus aujourd’hui, celle pour qui nous sommes prêts à tout aujourd’hui  est très particulière.


 L'assemblée : Mama !!! The goût of ça ! La bouche mielleux oooh !!!!


 Oncle Georges : Cette fleur si particulière pour qui nous sommes là s’appelle BIAOU Miracle Kamila. De ce fait, nous ne sommes pas venus les mains vides.


[ Bruit de tambour ]


[ Acclamations de la foule ]


Au même moment, des jeunes filles arrivent avec les présents et les déposent au centre sur la grande natte en plastique. Des cartons de liqueurs et whisky de tout genre, un panier de cola, des pagnes de qualités, des cartons et barriques de boissons, etc...

 Une fois que c’est fait, mon oncle Georges ouvre la grande enveloppe que mon père lui donne et en sort plusieurs liasses de billets de banque de 10.000 et 5000 FCFA flambants neufs et s’avance avec en main tout en reprenant le micro.


 Oncle Georges : Voici quelques présents que nous avons apportés pour vous. A cela, j’ajoute la somme de deux millions de FCFA. Ceci pour vous remercier de votre accueil.


Les pourparlers continuent et j’ai l’impression qu'il veulent nous plumer sauvagement. J'avais entendu dire que les gens de l'ethnie Adja du mono ne prenaient pas beaucoup d'argent ou présent pour la dot mais là je suis sacrément surpris. Pas que je suis chiche. Non non. L'argent n'est pas un problème pour nous les ELISHA. Donc ce ne sont sûrement pas quelques millions de FCFA qui vont nous ruiner. Nous avons déjà déposé près de 3 millions de FCFA hors montant de la dot. 


 Oncle Georges : Sans prétention aucune, je pense que jusque-là nous avons fait le nécessaire et montré notre bonne volonté et nos intentions. Nous voulons encore aller plus loin.


 Oncle de Kamila : Nous reconnaissons et sommes satisfaits. Maintenant, je vais vous demander ce que vous voulez ?


 Oncle Georges : Ce que nous voulons, c’est qu’on aille chercher la fleur que nous attendons tous et que nous sommes venus épouser. Nous voulons qu’une personne aille chercher Kamila.


 Oncle de Kamila : Avant d’aller chercher Kamila, nous voulons que votre fils vienne se présenter ici devant nous. Nous voulons voir celui qui vous a mis au travail aujourd’hui sous ce soleil de four.


Je me lève avec tout mon charisme et les bruits de tambour se font entendre. Le fils de l'homme est beau. Moi-même quand je me regarde dans le miroir chaque jour, je confirme que mes parents ont fait du bon boulot. Je me place à côté de mon oncle.


 Oncle Georges : Voici celui qui nous a mis au travail sous ce soleil comme vous pouvez le constater. 


 [ Cris des mamans de la foule]


 [ Le gars est beau ooh]


 [ L'élégance de ça ]


 [ Avec le sourire comme un nouveau-né]


 [ Le charisme même même]


 Oncle de Kamila : Nous l'avons vu et apparemment il a déjà conquis plusieurs cœurs ici. Sans plus tarder, nous allons chercher Kamila. Elle viendra nous confirmer elle même si c'est son homme.


Il fait un signe de main derrière lui et une dame le rejoint.


 Oncle de Kamila : Tassi ( tante), tu sais ce qui est en train de se passer actuellement n'est-ce pas ?


 Tassi : Oui ooh mon frère. Ces gens sont venus chez nous pour épouser notre fille Kamila.


 Oncle de Kamila : Exactement. Maintenant nous voulons que tu nous rendes un service. Il faut que tu ailles chercher ta fille pour ces gens qui sont venus pour elle.


 Tassi : Ooooh! Là où elle est c'est loin ooh. Je n'ai pas l'argent pour prendre le taxi et aller la chercher.


 Oncle Georges : C’est un petit problème. Si c'est seulement un problème de transport, nous allons gérer.


Il lui remet un billet de 5000 Francs et elle s’en va. Nous reprenons place et le temps d’une chanson de deux à trois minutes, la tassi revient vers nous avec une jeune fille vêtue d'une belle robe de guipure rouge avec des talons hauts et un pagne lui couvrant le visage sur la tête.


 Tassi : Nous sommes là oooh.


[ Cris de joie et roulement de tambours ]


 Oncle de Kamila (s'adressant à nous): Voilà notre fille qui vient d'arriver. Avant que nous ne vous autorisions à lui enlever le pagne du visage, nous vous demandons si vous êtes sûr et certain que c'est elle que vous êtes venus chercher ?


Mon oncle Georges me fait signe de répondre.

Je souris d'amusement. Ces gens veulent se payer un peu notre tête. Cette jeune femme est déjà trop mince pour être Kamila.


 Moi ( après un raclement de gorge): Non, ce n'est pas la fleur que nous sommes venus cueillir.


 La foule : Aiiiiiaaaaa


 Oncle de Kamila ( faussement indigné): Mais oohh ! Vous êtes sûr de vous ?


 Oncle Georges : Si notre fils dit que ce n'est pas elle, c'est que ce n'est pas vraiment elle ooh.


 Oncle : Hum. Si nous dévoilons son visage et c'est celui de notre fille, vous êtes bien conscient que vous allez retourner chez vous les mains vide non ? Et cela est irrévocable.


 Oncle Georges : Nous en sommes bien conscients mon ami.


 Oncle de Kamila : Bien. Tassi, enlève-lui le pagne.


La tante soulève le pagne de la tête de la fille et comme je m'y attendais, ce n'est justement pas Kamila.


 La foule : Il connait sa chose ooh !!!! 


 L'oncle de Kamila : Ah Tassi, mais ce n'est pas notre fille Kamila.


 Tassi : Ah mon frère. Que veux-tu. Les frais du transport qu'on m'avait remis n'avait pas suffi pour que je me rends dans le village où se trouve Kamila alors je me suis arrêtée dans l'une de nos maisons en route pour prendre notre fille-ci.


 L'oncle de Kamila : Mais fallait dire au départ que l'argent ne pouvait pas suffire.


 Oncle Georges : Ce n'est pas grave. Nous allons vous donner un autre frais de transport.


Il lui remets cette fois-ci 15.000 francs et le même manège reprend. La tante ramène une autre fille autre que Kamila et je dis sans hésitation que ce n'est pas elle. Trop élancée cette-fois ci et un peu trop foncée.


 Tassi : L'argent n'avait pas suffi cette fois-ci également oooh. Et il est déjà l'heure de pointe. Je ne pourrai plus trouver un bus à prix abordable à cette heure.


 La foule : Hahaha.


 Oncle Georges : Pas grave. Nous allons déployer les grands moyens cette-fois ci. Nous n'allons pas prendre le risque que vous prenez encore le bus cette fois pour vous retrouver dans les embouteillages et revenir les mains vide. Vous allez prendre un avion pour que ce soit rapide et efficace.


 La foule : Les choses des riches oohhhhh !!!! 


 Une dame : L'argent c'est quoi même ?


 La foule : C'est la poussière ooooh.


Les gars et moi rions discrètement à l'entente des flatteries.


Mon oncle lui remets une enveloppe de 50.000  à présent et elle s'en va en marchant vite.


Nous attendons encore quelques minutes avant qu'elle ne reviennent avec à ses côtés une autre fille vêtue du même tissu et le visage couvert comme les précédentes.

Mon cœur rate un battement et se remet à battre à folle allure.


 Gareth qui a remarqué mon état me tapote légèrement les épaules comme pour me souffler du courage.


 Oncle de Kamila : Revoilà tassi qui est vite revenu cette-fois avec notre fille après avoir pris l'avion. N'est-ce pas elle que vous êtes venus chercher ?


Dans mon cerveau c'est le flou. Je sais dans ma tête que ce n'est pas Kamila mais mon cœur bat frénétiquement et ne veut pas me faire l'admettre. Mais que m'arrive-t-il seigneur ?


 Moi : C'est elle.


Un silence de mort se fait dans la foule et je vois les parents de Kamila s'échanger des regards affolés.


 Oncle de Kamila : Vous êtes sûr de vous, jeune homme ?


 Moi ( la voix enroué) : Oui.


 Oncle de Kamila : Nous vous laissons vous-même dévoiler son visage aux yeux de tous.


Je me lève lourdement et m’avance vers elle, comme hypnotisé. Quand je fus devant elle, elle recule d'un pas et essaye de s'enfuir mais pas assez rapidement car je lui retire le pagne.


 Tout le monde : Oooooooohhhh.


Nos yeux se croisent et je me retrouve déstabilisé. La mère de Kamila pousse un cri strident et les secondes qui suivirent, Kamila déboule dans la cour les yeux rouges. Sans que je ne m'y attends, je la vois me donner une gifle qui résonne.

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