Chapitre 14

Write by Meyroma

Depuis quelques temps, j'ai l'impression d'être espionnée dans chacun de mes déplacements, par une ombre mystérieuse et maléfique. Je sens ce regard pesant, à l'affût de mes moindres gestes, d'un danger qui me guette constamment.

Quand je marche seule dans la rue, un sentiment d'angoisse me pousse à me hâter, souvent à courir comme si j'étais pourchassée. On aurait dit un de ces scénario de film d'épouvante. Je n'ose même plus rendre visite à ma copine Mariam, sans me faire accompagner par mes sœurs. J'en devient paranoïaque.

Quel est ce mauvais pressentiment qui me hante?

Pour ne pas paraître débile, je ne laisse rien paraître à qui que ce soit, de la peur qui m'habite. C'est peut être lié a ces cauchemars que je fais, presque chaque nuit depuis mon retour du Nigeria. J'en parlerai à mon oncle Mallam Habou, aussi tôt que possible. Il faut que j'aille lui rendre visite ce week-end.

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Par ailleurs, maitre Djibril ma confié que son père adoptif n'a pas encore annoncé à Fati l'annulation de ses fiançailles. Il prétendrait attendre le moment opportun et que ça ne saurait tarder.

Maitre Djibril semble avoir une confiance aveugle en cet homme et lui voue un respect et un amour démesuré. Pour ne pas le heurter, je dissimule ma déception et mon impatience. La dernière chose dont j'ai besoin, c'est de me disputer avec lui d'autant plus que s'il s'agit de son oncle chéri, il faut s'y prendre avec des pincettes.

En ce moment, entre nous deux, c'est le parfait amour.

Chaque soir, après une longue et dure journée de labeur, il me dépose chez moi dans son véhicule personnel. Je vous épargne les sous entendu enfouis dans chacun de nos geste quotidiens, rendant le travail aussi complexe qu'il soit, un moment de pur bonheur.

Aujourd'hui, Vendredi soir, on se fait un pique nique nocturne en amoureux à la pilule, Une plage située au bord du fleuve Niger, pour commencer le week-end en beauté. Pour l'occasion, je porte une robe d'été longue et évasée, que la moindre petite brise pourrait facilement soulever.

Maitre Djibril n'aurait qu'à souffler dessus! pensé-je, habitée par un esprit tordu, le même qui s'est emparé de moi lors de notre fameuse nuit au Nigeria.

-Tu es si belle, me complimente t-il, en m'observant étaler la natte en paille que j'ai emporté, alors qu'il se tient debout, les paniers de provision en mains.

Dès qu'il se décharge, il s'assied et m'invite à faire pareillement.

- Je suis entrain de vivre la deuxième plus belle soirée de ma vie Yasmine. Pince moi, pour que je m'assure de vivre la realité. Si c'est un rêve, s'il te plaît ne me réveille pas, laisse moi profiter pleinement du plus beau rêve de ma vie

-Et c'était quand la première plus belle soirée de ta vie? Lui demandé-je, d'un ton provocateur.

- viens la, que je te rafraîchisse la mémoire, petite coquine.

Aussitôt dit, aussitôt fait, il se rapproche à un centimètre de moi, respirant l'air que j'expire et vise versa, noyant son regard dans la profondeur de mes yeux et s'empare délicieusement de mes lèvres à l'aide des siennes.

N'eut été notre exposition à la nature, aux éventuels voyeurs nocturnes, nous nous serions abandonné sans réserve à la découverte des recoins les plus cachés des plaisir charnels.

Néanmoins, notre emplacement semble désert, dissimulé sous un grand manguier isolé, dont les branches arqués vers le bas forment une sorte de case recouverte de feuilles vertes.

Finalement allongés amoureusement l'un contre l'autre, nous écoutons la douce mélodie du zéphyr qui nous berce, en observant la nature captivante, les scintillement du reflets de la pleine lune sur la surface de l'eau et en respirant un air pur qui évoque la campagne.

Cette soirée pourrait durer une éternité, je ne m'en lasserai jamais.

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Samedi matin après une interminable grâce matinée, me prélassant encore dans mon lit, je me rumine avec nostalgie ma merveilleuse soirée d'hier.

Je me demande encore si ce n'était pas tout juste un rêve Disney. Mais le parfum de Maitre Djibril encore imprégné sur ma peau me confirme bel et bien que chaque périmètre de ce corps a été tendrement caressé par ses mains délicates.

Qu'est ce que je n'aurais pas donner pour  perpétuer ces moments magiques !

-Mina, ton petit déjeuner t'attends depuis belle lurette, tu attends la police pour venir manger?

C'est ma mère qui m'annonce depuis l'autre côté de la porte les représailles qui m'attendent pour être rentrée si tardivement. En temps normal, dépendant de son humeur, elle peux même aller jusqu'à me servir au lit, mieux me nourrir comme si j'étais encore un bébé, son bébé.

Mais aujourd'hui, je n'ose même pas imaginer, la colère que je devrait affronter. Je me hâte de m'apprêter et la rejoindre en improvisant une échappatoire.

- Bonjour la meilleure maman du monde entier, la first lady, la numéro ouna...

- Épargne moi tes astuces bidon Mina. Alors pourquoi es tu rentrée si tard hier?

Devant mon air de chien battu, elle ajoute:

- Mais tu as raison, c'est pas ta faute yein, c'est la mienne pour t'avoir fait confiance.

Voyant, qu'elle n'est vraiment pas d'humeur à l'humour, je change de tactique en prenant un air plus serein.

- Maman écoute moi, je t'en prie. Calme toi, je t'en conjure. J'aurais aimé te mentir pour te rassurer, mais crois moi c'est tout dingue, j'étais avec Maitre Djibril et nous étions tranquillement assis à discuter, quand j'ai perdu la notion du temps. Prochainement je ferais plus attention je te promet.

Je sais que c'est un mensonge aussi, mais il vaux mieux un petit mensonge qu'un grand.

De toute façon, son regard incrédule me prouve qu'elle n'a rien gobé de ce que je viens de lui raconter.

- Il n'y aura plus de prochaine fois, crois moi, en pointant son doigts à un millimètre près de mon œil. Pendant un instant, j'ai même cru qu'elle allait m'arracher les yeux.

Avant de tourner les talons et s'en aller elle m'annonce.

- Au fait, ton oncle Mallam Habou a appelé pendant que tu te lezardais. Il veux coûte que coûte te voir le plus tôt possible.

Sans attendre ma réponse elle s'en va.

Pour récupérer mon rôle d'enfant prodige après la petite déception que je viens d'infliger à ma pauvre mère, vraiment très conservatrice, je m'attèle aux tâches ménagères, non pas sans que ma conscience me gronde.

Après le grand ménage de la maison, aidée de mes soeurs jumelles Lina et Rania, je me met aux fourneaux.

Mes soeurs sont de vraies petites fées, qui peuvent se transformer en deux petites diablesses, âgées d'une douzaine d'années et qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Tandis que j'ai tout hérité de ma mère, elles sont le portrait craché de mon père. Autant la couleur foncée de ma peau et mes traits typiquement haoussa reflètent mes origines maternelles, autant leur teint légèrement métissé reste fidèle au mélange ethnique de mon père entre le kanuri et toubou.

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Maison propre et rangée, table garnie de plusieurs variétés de mets cuisinés par mes soins, je souris de satisfaction en imaginant la tête que fera ma mère en rentrant du marché.

Ça lui fera une belle surprise, c'est sûr !

Le coeur allégé par un sentiment de "mission accompli", espérant que mes efforts pour me racheter auprès de ma mère ne soient pas vains, je sort de la maison et me dirige chez mon oncle Mallam Habou, qui habite à 15 minutes de chez nous.

Ce que j'ignore encore, c'est qu'en mettant pied dehors, je me jette dans la gueule du loup. Ce qui m'attend, là sur ce chemin, bouleversera à jamais ma vie.

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La suite dans le prochain chapitre... J'attends vos avis en commentaire chers lecteurs.

Stage pré-embauche