Chapitre 14
Write by Lady_miinash21
Ismaïla Junior Sy
-Je ne sais pas ce qui me retient de te coller mon poing à la figure. Isma, ki ioe leu ? C'est vraiment toi qui a osé faire subir tout cela à ta propre femme qui ne te demandais rien d'autre que de la protéger et de l'aimer ?
-....
-Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle t'as fait, dis-moi ? À part rester à tes côtés, s'occuper de toi sans même t'aimer, abandonner ses études et ses parents pour toi malgré tout ce que tu lui faisais subir, qu'est-ce qu'elle t'a fait de mal ?
-.....
-RÉPOND CONNARD, cria-t-il
-Fait pas chier Moussa...elle l'a cherché, je n'ai fait que me défendre.
-T'es qu'un gros salaud, dit-il en avançant
Bim !
Je me retrouve à terre, la lèvre inférieure complètement pété. Il est sérieux lui ?
-Non mais t'es sérieux là ?
Il veut enchaîné avec un autre coup de poing mais je l'esquive et lui assène un dans le ventre ce qui n'a pas l'air de le toucher. Il esquive un autre coup et me fait une clé de bras, putain.
-Lâche moi, putain !
Le connard, il ressert encore un peu puis me lâche pour se relever et faire les cents pas. On dirait un fou furieux c'est quoi son problème le mec.
-Et là tu me dis que tu l'as probablement tué, mec tu te rends compte de ce que tu as fais ?
-Je sais boy et c'est pour cela que je te demande de m'aider mais t'es là à faire le con.
-C'est toi qui as fait le con, tu ne pouvais pas épargné Kayni de tes mauvais démons ? Je t'avais prévenu de ne pas faire le fou.
-Qu'est-ce que j'y peux hein ?
Je deviens soudain mélancolique.
-Si tu savais comment elle me manque, c'est à elle que je pensais quand je voyais Kayni, je n'y pouvais rien, elle se ressemble tellement.
Moussa me regarde bizarrement avant de souffler signe qu'il voyait de qui je parlais.
-Leïla hein? Encore elle...quand est-ce que tu vas te mettre dans la tête que cette fille est morte, morte, elle ne reviendra jamais, me cria-t-il
-Arrête
-Elle est morte et enterré, tu ne la reverra jamais, jamais je te dis. Elle est six pieds sous terre et c'est là-bas sa place, continua-t-il
-Je t'ai dit d'arrêter putain, criais je à mon tour en me levant d'un bond
-Tu ne peux pas le nier, cette fille était le diable en personne, elle t'a fait dévié du droit chemin, elle t'a manipulé et bouffé ton argent, elle a tué ton enfant, elle...
-Tais-toi, arrête...arrête, dis-je en m'effondrant près du canapé
Ces souvenirs sombres me font beaucoup trop mal, trop. Leïla a tué notre enfant mais elle a été contraite de le faire, elle me l'a dit et je l'ai cru, je la crois toujours.
-Elle ne voulais pas, elle ne...voul...voulais pas, repris-je en versant une larme.
Il me regarde d'un air désespéré et sort du salon pour revenir quelques minutes plus tard me trouvant toujours dans la même position entrain de revaser de Leïla.
Il attire une chaise près de moi et s'assoit avant de me tendre un verre. Je l'attrape et le boit d'une traite.
-Il faut maintenant que tu penses à ce que tu vas faire. Il faut que tu te rendes à la police.
-Tu ne peux pas me demander ça, boy
-Tu n'as pas le choix mon gars, c'est la seule chose que tu puisses faire
-C'est pas la seule chose, je vais sortir du pays
-Je te rappelles qu'on a fait faillite, l'entreprise a coulé, on a plus rien.
-J'ai encore ma voiture et la villa, en plus de l'héritage que m'a légué mon père avant de mourir.
-Tu sais bien qu'il n'en reste plus rien, Leïla t'as tout pris.
Je garde le silence un moment, ne voulant pas me jeter sur lui.
-...J'ai eu à transférer une partie de l'argent dans un autre compte, et ce sera suffisant pour que je puisse m'en aller.
-Tu ne m'en avais pas parlé
-Je l'avais mis de côté pour le bébé mais...
-Ha...
Il me regarde longuement avant de se lever.
-S'il te plaît mec, tu dois m'aider, dis-je en me relevant à mon tour
Je m'avance vers lui et lui fait face.
-Tu es mon meilleur ami et le seul en qui je peux avoir confiance
-Tu lui a fait du tord Isma, Kayni ne méritait pas ce que tu lui as fait.
-Je sais...mais le mal est déjà fait. Si je reste içi, elle va me dénoncer et ma vie sera foutue, je ne veux pas aller en prison
-Et pourtant tu le mérites.
Je relève la tête et le regarde. Non Moussa me fait pas ça.
-Moussa s'il te plaît, tu ne peux pas me faire ça...
Il baisse la tête.
-Tu as une dette envers moi, ne l'oublie pas, repris-je
-C'est du chantage ?
-Non, ça ne l'est pas. C'est juste que je te considérais comme mon meilleur ami, mon frère et j'étais prêt à tout pour toi...mais visiblement, ce n'est pas réciproque
Je me retourne pour prendre mon téléphone et mes clés avant de tourner les talons. À l'entrée du salon, je l'entends dire,
-Trouve toi un hôtel où dormir, je vais te réserver un billet.
Je souris sans me retourner et sors de la maison.
Pendant ce temps-là à la clinique S**** **********
Il est 21h36mn dans l'enceinte sanitaire, l'odeur de l'éther envahit l'habitacle, l'environnement est morose, les couloirs sont vides exceptés un, à l'aboutissement du corridor, où un couple vient de faire son apparition trouvant une jeune fille assise sur un banc, le regard dans le vide.
L'inquiétude se lit dans les yeux et les corps tremblent de peur. La peur de perdre, la peur de ne plus jamais revoir un être qui nous est cher, la peur du chagrin qui consummerai notre âme à petit feu.
Mais ce sentiment est très vite effacé pour laisser place à la foi. La foi en l'être suprême, le seul et l'unique maître de la terre et de ses hommes: Dieu. Lui seul pourra décider du sort de la jeune fille se trouvant actuellement entre les mains des médecins.
L'attente était longue et pénible, maman Aïcha ne tenait pas en place, son cœur de mère souffrait et ses pleurs ne pouvait s'arrêter.
Elle s'avança près de Betty avant de lui saisir les deux mains.
-Ma fille, comment tu t'appelles ?
-Betty maman, je m'appelle Betty
-S'il te plaît Betty...dis-moi ce qui s'est passé. Comment Kay s'est retrouvé içi? Qu'est-ce qui lui est arrivé?
Betty regardait Ma Aïcha, les larmes aux yeux sans pouvoir lui répondre. Elle, non plus, ne savait ce qui a bien pu se passer pour que cette jeune fille se retrouve dans cet état et peut-être à cause de cette homme...
-J'ai...vu un homme...sortir de la maison où était votre fille.
-Un homme? Dit Pa Abdel en s'approchant, tu peux le décrire.
Betty: Oui, je l'ai à peine vu, mais il était jeune et de forte corpulence, à peu près à votre taille, j'ai...aussi noté sa plaque, dit-elle en sortant son téléphone de sa poche.
-Non, ne me dis pas que...?, souffla Ma Aïcha qui venait de comprendre
Pa Abdel: Ismaïla ? Non, il a pas osé ?...Ce petit, si je ne le tue pas de mes propres mains, c'est que je ne suis digne d'être le fils de mon père.
Ma Aïcha: Oh mon Dieu qu'est-ce qu'on a fait? Ay Abdel, sama dom dji (mon enfant)...
Pa Abdel: Calme toi Aïcha, essaya-t-il de consoler sa femme malgré la fureur qui l'animait.
Ma Aïcha: Abdel sama dom sou déwé mako rey (si ma fille meurt, ce sera moi le coupable), je l'ai jeté dans la gueule du loup.
Betty: Ne dites pas ça, elle va s'en sortir.
Ma Aïcha: tu ne peux pas comprendre ma chérie, je serai fautive si jamais il arrivait malheur à ma fille. Et ce rêve...ce rêve, tout s'explique maintenant.
Pa Abdel: Quel rêve...
À ce moment là, le docteur arriva.
Docteur: Excusez-moi, vous êtes les parents de la patiente qui a été admise içi ?
Pa Abdel: Oui, je suis son père.
Docteur: L'état de votre fille est très grave pour le moment. Elle a eu une fracture au niveau de la boîte crânienne et elle s'est vidé de pas mal de son sang. Nous avons dû la plongée dans un coma.
Ma Aïcha éclata en sanglots, alors que le docteur n'était qu'au début de ses propos.
Docteur: Plus tard, il faudra lui programmer une chimiothérapie..
Pa Abdel: Une chimiothérapie ? Pourquoi ?
Docteur: Je suis navré de vous le dire, mais votre fille a développé une tumeur cérébrale.
Ma Aïcha: Soub'hannallah, cria-t-elle en tenant sa tête.
Pa Abdel: Il ne manquait plus que ça
Docteur: Calmez vous s'il vous plaît, nous lui avons fait passer une IRM (imagerie par résonance magnétique) et on a pu voir que c'est une tumeur bénigne qui peut être traiter dans un premier temps, puis une intervention chirurgicale sera une seconde option si nous constatons une non-évolution des traitements et pour éliminer le plus de tissus cancéreux.
Pa Abdel était tout simplement dévasté par tout ce que le docteur lui relatait, mais aussi très en rogne contre Ismaïla Junior Sy. Il pensait déjà à la manière qu'il allait employer pour le tuer.
Ma Aïcha: docteur, est...est-ce que c'est à cause de son épilepsie qu...qu'elle a attrapé ce cancer, dit-elle en se relevant accrochée à Betty pour ne pas s'évanouir.
Docteur: J'ignorais qu'elle souffrait d'épilepsie, mais non, cette maladie n'a rien à voir avec la tumeur. Nous pensons plutôt que c'est à cause d'une probable chute qui a provoqué la fracture au niveau du crâne et a accéléré le processus de formation des tissus cancéreux.
Pa Abdel: Mon dieu...
Docteur: Est-elle suivie ?
Pa Abdel: Oui bien sûr, c'est le docteur Khadija Hanne qui s'occupe d'elle.
Docteur: Prévenez la s'il vous plaît, elle sera mieux placée pour lui trouver un bon neurochirurgien.
Ma Aïcha: Docteur je veux voir ma fille, s'il vous plaît
Docteur: Venez avec moi.
Docteur Hanne
Il y a quelques jours, kalidou m'a fait part de son retour sur Dakar. Il souhaitait me voir, ce qui me réjouis parce qu'il y a un moment que je voudrais le voir moi aussi. On s'est donné rendez-vous au Jet café beach qui se trouve sur la corniche des almadies.
Arrivée là-bas, j'ai pris place près de la fenêtre et je savourais le vent frais, qui me faisait beaucoup de bien. Je n'étais pas sorti depuis la mort de mon mari, trop concentré sur mon travail, le faisant passer avant tout, sur Kayni, cette petite qui souffre aujourd'hui comme moi j'ai souffert il y a quelques années, bref on va dire que le temps ne permet pas certaines évasions.
C'est en plein dans les pensées que m'a trouvé Kalidou,
-Tata, souffla t'il en me secouant un peu
-oh Kalidou, comment tu vas, dis-je en me levant pour lui faire un câlin
-Moi tata, je vais bien, c'est plutôt à vous que je dois poser la question
-Tu sais, la vie et ses embûches, souvent sombres et inévitables.
Il hoche de la tête et souffla. Il me comprend, il n'a pas besoin de me répondre et j'aime son côté *à l'écoute*.
Je lui laisse le temps de commander un truc vite fait, puis on discute de la formation qu'il suivait récemment.
-Vous savez, j'ai eu à côtoyer pas mal de chirurgien, et...certains m'ont assurer que vous avez peut-être une chance de vous en sortir...
-Kalidou, on en avait déjà parlé. J'apprécie l'aide que tu veux m'apporter et le dévouement que tu y met, je t'en suis très reconnaissante mais, je n'en ai pas besoin.
-Les miracles existent Khadija
-Sans aucun doute, mais cette fois, elles ne sont pas pour moi...
Mon téléphone posé sur la table sonne et me coupe dans notre discussion.
*-....
*-Wa aleïkoum salam, monsieur Gueye, comment allez vous ?
*-....
*-Comment cela ?
*-.....
*-Oh mon Dieu.
*-....
*-Ne vous inquiétez pas, j'arrive tout de suite.
Je raccroche le téléphone le coeur meurtri, décidément la vie est plus que cruelle dès fois.
-Que se passe-t-il ?
-J'ai une urgence et j'ai besoin de toi
-Ok allons-y