CHAPITRE 14: DÉPRESSION : SAUT DANS LE PASSÉ 1
Write by L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 14: DÉPRESSION : SAUT DANS LE PASSÉ 1
**CHARLY NANDA**
Je suis sortie de la clinique il y a un mois et je suis à mon 8e mois de grossesse. Je ne suis pas encore totalement guérie mais je vais beaucoup mieux, j'ai fait d'énormes progrès et ce depuis le jour où mon champion, oui, c'est un garçon, m'a donné un coup de pied pour signaler sa présence et me dire que jamais il ne m'abandonnera.
Je lui parlais comme ça comme me l'avait conseillé le médecin et je lui disais que je ne voulais pas trop m'attacher à lui parce qu'il pourrait lui aussi m'abandonner comme les autres et à l'intérieur de moi j'ai entendu comme une voix me répondre que ça n'arrivera pas.
Moi: (Touchant mon ventre) Tu promets?
En guise de réponse, il m'a mis un coup à l'intérieur du ventre, à l'endroit où j'avais posé ma main.
Moi: (Émue) C’est vrai ça ?
J'ai déplacé ma main sur mon ventre et j'ai attendu, le bon monsieur m'a mis un autre coup à l'endroit exact où je venais de poser ma main. Une promesse avait été faite ce jour entre mon fils et moi et depuis je suis sur un petit nuage, je lui parle tout le temps, je ris avec lui, je demande son avis sur ci et ça, et il me répond c'est trop drôle.
Depuis que je suis revenue à la maison, tonton Étienne et sa femme me traitent comme une princesse, je ne fais rien. Il ne faut pas que je me fatigue dit-on. Je mange et je me repose. Tonton Étienne et Henri se sont occupés de la chambre du bébé, ils ont installé le lit et les meubles. Toute la décoration est déjà faite.
Henri a dû partir à Londres pour retrouver sa fiancée Zoé, mais il m'a promis qu'ils seront là tous les deux pour l'accouchement. Zoé est une chouette fille avec qui j'ai pu échanger par téléphone, appels vocaux et vidéos. Elle m'a fait une bonne impression, nous nous écrivons et parlons presque tous les jours.
Elle envoie beaucoup de choses à son filleul comme elle l'appelle. Elle dispute cette place avec tantine Henriette. Cette femme vraiment, elle abuse. Dès qu'elle sort, elle revient avec deux sacs plein de vêtements. Peu importe où elle va, elle ramène toujours quelque chose et elle parle des fois avec le bébé dans le ventre. tu l'entends souvent dire.
TH: mon mari, tu veux la culotte rouge que j'ai vu là non ?
Et là tu entends ‘’koum’’ dans le ventre, c'est lui qui répond, quand il tape comme ça c'est qu'il est d'accord, quand il ne le fait pas et bien il ne l'est pas. Il parle beaucoup cet enfant alors qu'il n'est pas encore né.
Quant à moi, je m'ouvre chaque jour un peu plus et surtout avec Clara. D'ailleurs j'ai même ma séance tout à l'heure avec elle, donc je me dépêche et Xavier va aller me déposer, il viendra me récupérer 3h plus tard.
Clara: (Se levant en souriant) Bonjour ! Comment va ma patiente préférée ?
Moi: (Répondant à son sourire) Je vais bien Dr, bonjour.
Clara: Arrête moi avec tes Dr la stp et appelle moi Clara.
Moi: (Souriante) Tu n'es pas Dr toi?
Clara: Ça me vieillit pardon, je suis Dr mais je préfère que tu m'appelles Clara, c'est mieux. Je suis encore jeune, je te rappelle qu'on a presque le même âge.
Moi: Hum.
Clara: Hum bien. Assois toi pardon, il ne faut pas fatiguer mon bébé. D'ailleurs comment va mon champion ?
Moi: (M’asseyant en souriant) Il va très bien le champion.
Clara: (Posant sa main sur mon ventre en souriant) Mon champion, tu dis bonjour à Tata Clara aujourd'hui? "koum" c'est très bien. Donc tu vas bien à l'intérieur ? "koum ! " bravo, c'est bien ça. Tu es un bon garçon, maintenant on va un peu travailler avec maman, tu restes tranquille d'accord ? "koum !" Très bien. Bon on se capte tout à l'heure mon champion . (À moi) J'aime trop ce petit, j'attends qu'il sorte seulement de ton ventre pour le récupérer.
Moi : (Souriante) J’espère que tu as les côtes solides parce que tantine Henriette et Zoé se livrent déjà une lutte acharnée, n'en parlons même pas de Tonton Étienne, Henri et Xavier. Thomas même a déjà choisi un prénom pour lui donc la compétition est rude.
Clara: (Souriante) Même pas peur. Je saurai tous les manager.
Moi: Bonne chance.
Clara: Merci ! (changeant de sujet) Bon, allons dans l'autre salle pour que nous puissions commencer.
Je me suis levée et l'ai suivie dans la salle en question, je me suis allongée sur le canapé pendant qu'elle était assise sur une chaise.
Clara: ( Professionnelle) Tout d'abord je tiens à te féliciter parce que durant ces 4 mois tu as fait d'énormes progrès et je suis plutôt contente que le programme ait fonctionné comme il le fallait.
Moi: Merci.
Clara: De rien. Maintenant il faut qu'on aborde un aspect important de ta vie. Comme tu as pu le constater nous n'avons pas parlé de ton enfance et ce qui s'est passé par la suite. C'est à dessein que je l'ai fait parce que tu n'étais pas encore émotionnellement forte pour faire face à ça. Aujourd'hui tu l'es. Vois-tu, il est important que tu puisses mettre des mots dessus. C'est pas facile j'en ai conscience, mais il en va de ton bien-être et celui de ton bébé. En parler t'aidera à te sentir mieux.
Je suis restée silencieuse, j'étais terrifiée à l'idée de me souvenir de ce par quoi je suis passée au point où j'ai commencé à trembler, Clara a posé sa main sur la mienne pour me calmer
Clara: (Caressant ma main) Calme toi chérie, tout va bien se passer.
Moi: (La regardant) Je ne peux pas Clara, c'est trop dur.
Clara: (Rassurante) Si tu peux le faire, tu es forte, tu vas y arriver.
Moi: Je n'ai pas envie de le faire.
Clara: Je sais, mais c'est nécessaire. Crois moi si ce n'était pas important pour ta guérison, je ne te demanderai jamais de le faire.
Moi: J’ai peur.
Clara: Je suis là. Je te tiens la main. Respire un bon coup et vas-y.
J'ai fait comme elle m'a dit et je me suis bien calée sur le canapé pour en parler.
Moi: (Yeux fermés) Mes souvenirs remontent à…
FLASHBACK: 26 ANS PLUS TÔT
Maman : (M'appelant depuis le salon) Mon amour ?
Moi: Maman.
Maman : Viens chérie, ton père est arrivé.
J'avais couru dans le salon pour me jeter dans ses bras. Il m'avait réceptionné et soulevé pour me faire tournoyer dans les airs avant de me ramener au niveau de sa poitrine et me faire plein de bisous.
Moi: (Riant) Papa.
Papa: (Souriant) Mon plus grand bien, regarde qui est venu nous voir.
J'avais regardé derrière lui et j'y avais vu tonton Étienne son ami.
Moi: (Heureuse de le voir) Tonton Étienne ! Tu es venu de Libreville ?
TE: Oui ma puce. Tu sais que c'est bientôt ton anniversaire non ?
Moi: (Tapant dans mes mains) Oui, oui. J'aurais (montrant ma main) 5 ans samedi, on va faire une grande fête, n'est-ce pas papa ?
Papa: Oui ma précieuse, on fera la plus grande fête qui soit, comme ça tu vas briller comme l'étoile que tu es.
Moi: Une grosse étoile comme ça.
TE: Une grosse grosse étoile.
Moi: Et j'aurai plein de cadeaux.
Papa: Tu auras plein de gros cadeaux.
Moi: Même tonton Étienne va m'acheter un gros cadeau ?
TE: Un gros cadeau comme ça.
Moi: Youpi ! Maman tu as vu, j'aurais les gros cadeaux.
Maman : (Souriante) Les plus gros cadeaux du monde pour la plus belle, la plus forte et la plus intelligente des petites filles.
Moi: C’est moi ?
Maman : C’est toi ma lumière. Viens on va laisser papa et ton oncle discuter un peu et nous on part en cuisine pour faire les bonnes choses comme hier.
Moi: (Excitée) Tu vas m'apprendre ?
Maman : (Souriante) Oui.
Mon père m'avait fait une bise et j'étais partie en cuisine avec ma mère où nous avions préparé. Elle aimait la cuisine et me montrait comment la faire alors que j'étais encore petite, elle me disait que c'était bien pour une femme de savoir cuisiner et de le faire avec amour pour les personnes qu'on aime. Du coup ce qu'elle nous préparait était toujours bon parce que c'était fait avec amour.
Nous avions fini de préparer et peu de temps après nous étions passés à table tous les quatre dans la bonne humeur. Vers le soir, tonton Étienne était parti et m'avait promis de revenir le lendemain me voir. J'étais restée avec mes parents où tous les trois nous avions joué jusqu'à l'heure du coucher pour moi. Après mon bain c'était hop au dodo.
Quand mes parents étaient à la maison tous les deux, ils me mettaient au lit ensemble et me parlaient à tour de rôle. C'était notre rituel.
Papa: Mon bébé, tu sais que tu es mon bien le plus précieux n'est-ce pas ?
Moi: ( Souriante) Oui papa je suis ton étoile qui brille dans le ciel.
Papa: ( Souriant) Oui. Tu es ma petite guerrière, forte comme son papa et sa maman.
Maman: La lumière. Tu as bon cœur et tu aimes les gens même ceux qui sont méchants avec toi parce que ton cœur est pur et vrai.
Papa: Tu réussis dans tout ce que tu fais et tu te démarques toujours de la foule. Tu es une championne et une gagnante. Le bonheur te suivra partout, tu seras tellement heureuse et tu rendras ton entourage heureux.
Maman: Tu es la première en tout et pour tout. La faveur t'accompagne. N'oublie jamais que nous t'aimons de tout notre cœur.
Moi : (Souriante) Je t'aime papa, je t'aime maman.
Eux: On t'aime étoile. Bonne nuit et fais de beaux rêves.
Ils m'avaient fait chacun un bisou avant de s'en aller en éteignant la lumière.
Mes parents, Claire et Charles Nanda étaient les meilleurs parents que l'on puisse avoir. Ils m'aimaient beaucoup et me le démontraient chaque jour. On était très fusionnels ensemble, même lorsque l'un d'eux était en voyage, on avait toujours l'impression qu'ils étaient à la maison tellement on parlait des heures et des heures au téléphone.
Ma mère était métisse, issue d'une relation entre un diplomate anglais qui n'avait rien voulu savoir d'elle et ma grand-mère après que cette dernière lui avait annoncé sa grossesse. Il était marié avec deux enfants et était heureux en ménage. Il avait donc coupé les ponts avec ma grand-mère qui avait dû élever ma mère toute seule. C'est d'ailleurs la seule enfant qu'elle avait eu car elle ne voulait plus rien savoir des hommes.
Ma grand-mère s'était battue pour elle et sa fille vu que ses parents à elle l'avaient aussi rejeté. C’était donc elle et sa fille. Elle était décédée après mon troisième anniversaire, elle était gentille et c'était le seul parent de maman que je connaissais.
Je ne connaissais pas mes grands-parents paternels parce qu'ils étaient morts avant ma naissance. Je savais que mon père avait une petite sœur mais je ne l'avais jamais vu parce qu'elle vivait à Libreville avec son mari et ses enfants. En dehors de tonton Étienne qui venait à la maison quand il était à Port-Gentil, on ne recevait pas beaucoup de visite. C'était juste mon père , ma mère , le personnel de maison et moi. On était heureux…
Moi: (Pleurant) Ce n'est pas vrai.
Billy : (Camarade) Si c'est vrai.
Moi: Non, c'est faux.
Billy : Si, c'est vrai.
La maîtresse : Qu’est-ce qui se passe ici ?
Moi: (En pleurs) C’est Billy, il dit que mes parents sont méchants donc il ne viendra pas à ma fête.
Maîtresse : Pourquoi dis- tu des choses comme ça Billy ?
Billy: Ma mère a dit que je ne dois pas partir à sa fête parce que ses parents sont méchants. C'est eux qui tuent les gens dans la ville.
La maîtresse avait tellement été choquée qu'elle avait dû retenir nos mères le même jour pour en parler. Je ne savais pas ce qu'elles s'étaient dit dans le bureau mais ma mère était très furieuse en sortant. Elle m'avait prise et nous étions parties de là.
Durant tout le trajet elle m'avait encouragée à oublier ça et m'avait rassurée avant de m'endormir, ce jour les deux l'avaient fait.
La veille de mon anniversaire, j'étais restée très tard à l'école. Pour la première fois mes parents avaient oublié de venir me chercher. C'était d'ailleurs tonton Étienne qui était passé ce jour et il avait les yeux rouges.
Moi: (Assise derrière) Tonton Étienne, pourquoi maman n'est pas venue me prendre ? C'est toi qu'elle a envoyé ?
TE: Oui ma puce.
Moi: Mais tu as duré. C'est déjà la nuit, elle va se fâcher oh. Elle est à la maison en train de préparer ma fête ? (Contente) C’est demain, tu te rappelles non ?
TE: Oui je me rappelle
Moi: Ma fête sera trop belle, maman a dit qu'elle m'a acheté un gros gâteau et puis elle va faire plein de gâteaux au four.
Je m'étais mise à parler encore et encore jusqu'à ce qu'on arrive non pas à la maison mais chez lui. Il m'avait expliqué que c'était ce que mes parents lui avaient dit de faire et que le lendemain, il irait me déposer. J'étais sceptique mais je m'étais laissée faire. La nuit j'avais eu du mal à m'endormir parce que je n'avais pas parler avec mes parents comme d'habitude. Le lendemain, quand je m'étais réveillée, j'avais trouvé tonton Étienne en train de se disputer au téléphone avec quelqu'un à qui il disait qu'il ne pouvait pas me ramener là-bas et que je n'étais pas encore informée de la situation. Il disait que ce n'était pas bon pour moi d'y aller. Après avoir longtemps élevé la voix, il avait raccroché énervé.
Moi: Bonjour tonton Étienne.
TE: (Se retournant) Bonjour Étoile, tu es réveillée ?
Moi: oui.
Je n'avais pas le temps de dire autre chose que quelqu'un cognait bruyamment au portail. En moins de temps qu'il ne le fallait, deux hommes et une femme qui s'étaient présentés comme étant les parents de mon père étaient venus me récupérer. C'était contre le gré de Tonton Étienne qu'ils m'avaient emmené avec eux. Je pleurais durant tout le trajet jusqu'à la maison. Quand la voiture avait garé dans la cour, j'avais vu plusieurs personnes que je n'avais jamais vu en train de pleurer pour certaines et parler et rire pour d'autres. Quand ils m'avaient vu, ils s'étaient tous calmés et s'étaient mis à me regarder avec curiosité.
Moi: (À la femme qui était venue me chercher) Ma mère est où ?
Un monsieur : Vous ne lui avez pas encore dit que ses parents sont morts hier?
Moi: (Criant) C’est faux, vous mentez. Ils sont en train de préparer mon anniversaire, ils ne sont pas morts.
Une dame : Ils sont morts.
Moi: (Pleurant) Ce n'est pas vrai. Vous mentez.
J'avais couru dans la maison en criant "maman" "papa", personne ne me répondait . J'avais regardé dans toutes les pièces, il n'y avait personne.
Moi: ( De retour au salon) Ils sont où ? Je ne les vois pas, papa ? Maman ?
Un monsieur: On t'a déjà dit qu'ils sont morts laisse le bruit.
Ce jour-là, j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps. Je n'avais ni mangé ni bu. Le lendemain, seule la dame de ménage s'occupait de moi, les autres étaient occupés à parler de choses et d'autres. J'entendais partout que mes parents étaient morts parce qu'ils étaient des sorciers qui tuaient les gens et c'était comme ça qu'ils avaient beaucoup d'argent.
Durant la semaine qui avait suivi, je n'avais vu tonton Étienne qu'une seule fois. Le jour où il était venu à la maison, on l'avait chassé en le traitant de sorcier. Moi-même on me traitait d'esprit, de malchance, d'enfants des eaux, des forêts, des sacrifices et cetera. Et personne ne voulait de moi chez lui. Ce n'était que lorsque tantine Sabine, la petite sœur de papa était arrivée que j'avais eu un peu de répit. Elle se disputait avec les gens à cause de moi, quand quelqu'un osait parler de moi ou de mes parents, elle le menaçait . C'était ainsi que plus personne ne me parlait mal.
Le jour de la sortie du corps de mes parents, tantine Sabine m'avait permis de les voir, j'avais veillé toute la nuit avec les autres au salon et j'étais même partie jusqu'à l'enterrement . J'étais debout tenant le bras de ma tante et regardais comment on mettait en terre mes parents. Je ne pleurais pas parce qu'on nous avait interdit de le faire, en plus c'était la condition à respecter pour qu'elle m'emmène au cimetière.
À la fin nous étions retournés à la maison où s'était déroulée une longue réunion de famille à l'issue de laquelle j'apprenais désormais que je partais vivre avec ma tante à Libreville et que c'était fini pour moi la ville du pétrole.
Une semaine après, je prenais le bateau en route pour Libreville avec tantine Sabine après avoir perdu mes 2 parents dans un accident de circulation la veille de la fête de mon cinquième anniversaire. Mes deux repères avaient disparu tout d'un coup, me laissant à la charge des personnes que je ne connaissais pas mais surtout orpheline .Une nouvelle vie allait commencer pour moi de l'autre côté du fleuve, cependant je ne savais pas à quoi m'attendre et je ne m'y étais pas préparée...