Chapitre 14: Elvire ou Edwige?
Write by MTB
Je
n’en pouvais plus d’écouter leur conversation. Je raccrochai immédiatement.
Comment Cynthia pouvait-elle me faire cela ? Je culpabilisais de l’avoir
trompé mais elle était pire que moi. Cela m’étonnait et me mettait surtout en
rage pour le fait d’imaginer ce qu’ils étaient entrain de faire actuellement.
Ma colère décupla quand j’imaginai la scène qui se passerait le soir après leur
sortie au fameux Blue Rock. Ma Cynthia, entrain de se donner, non pas à un seul
homme, mais à deux hommes. Il n’y avait même pas de certitude qu’ils mettraient
des préservatifs. Jamais je n’aurais fait un truc pareil. En plus, quels
étaient les trucs cochons qu’elle lui faisait ? Elle qui a toujours été
pudique avec moi, refusant certaines positions parce qu’elle les trouvait trop
proches de la pornographie.
Bref,
ma soirée risquait de ne pas être agréable. Je ne pointai même pas le bout de
mon nez dehors. J’avais juste eu le temps de descendre acheter du poulet braisé
avec des bananes plantains. Je n’avais même pas pu finir le quart de poulet
acheté. Je m’étais allongé sur mon lit à l’hôtel mais le sommeil refusait de
s’emparer de mon corps. Je pris donc la décision de sortir m’amuser. Ce soir,
tout était permis. Il me fallait oublier les émotions négatives de la journée.
Je demandai au concierge de m’indiquer un endroit avec de la bonne ambiance et
il me recommanda un endroit dans la Zone 4 où on faisait du Live. J’avais
apprécié les musiciens. Ils avaient du talent car je pensais qu’ils étaient en
mode playback.
Il
était presque minuit quand je décidai de retourner à l’hôtel après avoir bu
presque la moitié d’une bouteille de whisky. Je venais de payer l’addition au
comptoir et en me retournant, je faillis perdre connaissance. Décidemment
c’était la journée des surprises. On aurait dit que tout ce qui me concernait à
Lomé s’était transposé avec moi à Abidjan. En face de moi, il y avait Elvire,
la voisine avec laquelle j’avais passé un moment de folie sur la dalle. La
fille de la dalle était là. Mais peut-être que c’était l’effet de l’alcool car
à ce stade, je pouvais facilement confondre toutes les filles que je
rencontrais. Après tout, elle n’avait pas semblé me reconnaître mais me
regardait néanmoins de manière étrange. Pour en avoir le cœur net, je me
rapprochai, enlevai mes lunettes une fois encore pour bien les nettoyer,
frotter cette fois-ci mes yeux avant de les remettre. La ressemblance était
trop grande. Je la dévisageai de haut en bas, admirai cette forme qui s’était
offerte à moi il y avait quelques jours.
-
Eugénie ?
-
Non, je crois que
vous vous trompez de personne.
-
Non, je suis sûr
que je ne me trompe pas. C’est Charles. Ton voisin à Lomé.
-
Charles ? Oh
zut ! Comment vas-tu ?
-
Je vais bien. Tu
fais quoi à Abidjan ?
-
Mais je vis à
Abidjan. J’étudie ici.
-
Et Lomé
alors ?
-
J’étais juste venu
passer deux semaines de détente avec ma tante.
-
Comme tu es encore
très belle ce soir !
-
Merci. Et toi tu
fais quoi à Abidjan ?
-
Je suis là pour
une séance de travail et je retourne le vendredi.
-
Donc tu es à
l’hôtel ?
-
Oui, à Marcory
Résidentiel. Là, j’y retourne comme cela pour me reposer.
-
Enchantée de
t’avoir revu.
Sans
demander sa permission, alors qu’elle me faisait une bise sur la joue, je
l’attirai contre moi et l’embrassai. Elle essayait de se débattre au début mais
finit par se laisser aller. Elle avait une petite robe moulante avec une légère
fente au-dessus de son genou. Je ne saurais dire lequel des genoux car j’étais
sûr que je n’avais plus tous mes repères après les événements de la journée et
l’alcool qui coulait dans mon corps. Je n’hésitai pas à lui proposer de finir
la soirée avec moi à l’hôtel si elle était seule. Elle s’excusa un instant, se
rapprocha d’un groupe de filles qui sortaient déjà puis revint me dire que
c’était réglé et qu’elle acceptait.
A
peine j’avais fermé la porte de la chambre d’hôtel que je me suis jeté sur elle
comme un loup assoiffé de sang. Cette fois-ci, je dominais les débats. Elle se
laissa faire mais exigea que je mette un préservatif. Je m’exécutai sans poser
trop de questions. Je ne sais plus combien de positions nous avions essayé.
Quand nous eûmes fini, elle prit une douche rapide puis commença à se
rhabiller. Tout était silencieux. Je me sentais léger et le sentiment de
culpabilité qui m’avait animé la première fois avait complètement disparu.
J’engageai la conversation en espérant qu’elle reviendrait encore et encore
jusqu’à mon départ d’Abidjan.
-
J’ai apprécié ce
moment que nous avons passé ensemble.
-
Moi aussi. Mais je
peux te poser une question ?
-
Oui vas-y si je
peux répondre.
-
Tu sais garder un
secret ?
-
Normalement oui.
Mais il y a un souci ?
-
Non, juste que je
ne veux pas que cela se sache quelque part pour nous.
-
Sur ce point, tu n’as
pas à t’en faire. Motus bouche cousue.
-
Parfait. Car je
dois t’avouer un truc. J’espère juste que tu ne m’en voudras pas après.
-
Tu es mariée ou tu
as un fiancé ?
-
Ni loin, ni
l’autre.
-
Ok. Je t’écoute
alors.
-
Je ne m’appelle
pas Elvire.
-
Hahaha. Tu es très
drôle tu sais ?
-
Je m’appelle en
réalité Edwige. C’est ma sœur jumelle qui s’appelle Elvire.
-
Quoi ?
Qu’est-ce que tu me raconte là ?
-
Le premier soir
que je t’ai vu, c’était quand j’étais montée appeler Elvire. J’avoue que ta
silhouette m’avait impressionnée. Tu ressemblais à un dieu grec habillé tout
simplement. Puis le dimanche quand elle est ressortie la nuit, j’ai compris
qu’elle venait te voir. Puis au retour, elle m’a raconté ce qui s’est passé.
J’avais presque joui en l’écoutant. Je sais que c’était juste pour prendre son
pied car elle est déjà fiancée et doit se marier dans six mois. Elle voulait
faire l’expérience comme elle me l’avait dit avant de rejoindre son mari.
J’avais eu envie subitement moi aussi mais je devais rentrer pour reprendre les
cours. Quand je t’ai vu dans le bar, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à
tout ce que ma sœur m’a raconté et je me suis laissée emporter par le désir.
J’espère juste que tu comprendras et que tu ne m’en voudras pas.
-
Hum.
C’était
tout ce que j’avais réussi à dire. Puis elle s’en alla. Je n’arrivais pas à
croire ce qui m’arrivait. Bon Dieu, que se passe-t-il dans ma vie ?
Qu’est-ce que j’avais fait de mal ? Pourquoi autant de choses bizarres. En
l’espace d’une semaine, tout était mélangé dans ma tête. D’abord, Elvire, puis
Moraine, puis Cynthia avec son amant et ses mensonges et maintenant Edwige la
sœur jumelle d’Elvire. Je ne savais plus exactement quand le sommeil s’était
occupé de m’apaiser mais ce fut Moraine qui me réveilla le lendemain car je
n’étais toujours pas encore descendu à une demi-heure de la plénière des
présentations. Elle attendait toute souriante dans le hall. Mais à voir ma
mine, elle se douta que j’avais passé une nuit mouvementée.
-
Mais Charles,
qu’est-ce qui te prend ? Regarde ton regard et ton look on dirait que tu
as la gueule de bois. Me reprocha-t-elle d’un ton sec.
-
Moraine, désolé
mais je ne suis pas d’humeur et je n’ai pas envie d’en parler. En tout cas, pas
maintenant. Ma réplique fut sèche.
Elle
esquissa un pas en arrière comme si j’allais l’agresser. La pauvre. Elle se
faisait du souci pour moi et c’était de cette manière que je la remerciais.
Puis pour rétablir son sourire, j’ajoutai :
-
Excuse-moi ma
jolie, je ne voulais pas t’effrayer. Je t’offre une glace après la plénière si
tu veux bien.
-
Merci.
J’avais réussi à faire renaître le sourire sur son visage et cela m’avait contaminé également. J’étais déterminé à ne pas me faire marcher sur les pieds. Remporter ce marché aura le goût d’une victoire très savoureuse.
à suivre...