Chapitre 15
Write by Victoria04
Le Lendemain matin...
DOMINIQUE
Aujourd’hui est le grand jour je quitte enfin ma
demeure, la maison de toute ma vie, celle que j’ai construit avec mon mari hum
ex-mari en espérant y vieillir et recevoir mes petits-enfants.
Je balaie une dernière fois du regard la suite
parentale dans laquelle je passais mes nuits et matinées avec mon ex époux.
Oh quelle est belle cette suite !
La décoration juste parfaite, à l’image de notre
ancien couple, élégante et sobre.
On se croirait dans une chambre d’un hôtel à Manhattan.
-Madame
puis-je emporter votre dernière valise ?
J’hoche simplement la tête en guise de réponse.
-D’accord Madame, le chauffeur sera bientôt prêt pour vous
conduire à l’aéroport. Vous nous manquerez beaucoup dans cette grande maison
déjà vide. J’espère que vous réussirez à guérir et apaiser vos maux, vous
méritez le bonheur et la paix intérieure, vous êtes une bonne femme.
Elle réussit quand même à m’arracher un sourire malgré
la tristesse de cette journée.
Mamata, cette dame, plus de quinze années de services,
elle a en quelques sortes élevé mes enfants, je l’apprécie énormément. Je n’ai
jamais eu une employée aussi dévouée et qualifiée.
Elle aussi était en larmes lorsque je lui avais
annoncé ma décision de quitter cette demeure. Elle avait tout fait pour me
retenir ici, elle pensait exactement comme ma sœur Martine, je ne devais pas
quitter cette immense maison, c’est comme un signe de défaitisme face à ma
rivale.
Mais j’avais fait mon choix, celui de me prioriser.
Je pense que beaucoup de femmes préfèrent rester à
souffrir dans leur foyer histoire de montrer bonne face alors que parfois la
distance est la meilleure solution.
Rester ici me pourrirait la vie, j’aurai tellement
d’ondes négatives. Je ne ressens que des vibrations négatives ici.
J’ai passé tous ces derniers jours à pleurer en
rangeant mes effets, j’en avais accumulé tellement à vrai dire dans toutes les
pièces même !
Mais je devais juste prendre le nécessaire, ce qui
m’était important, le reste je le donnerai à des amis experts en vente aux
enchères pour qu’ils reversent la moitié des bénéfices à des associations de
charité intervenant dans le soutien aux femmes vulnérables ou célibataires.
J’ai jugé bon de ne plus garder tout ce qui me
rappelait mon mariage comme les objets d’art, les tableaux et bijoux qu’Arthur
m’offrait.
J’ai eu énormément de chances d’avoir tous ces acquis
et ce patrimoine pour refaire ma vie sans penser à l’aspect matériel, ce n’est
pas le cas de la majorité des femmes du pays.
Forcément une certaine indépendance financière
garantie à la femme sa liberté et dignité en cas de divorces.
J’imagine si j’étais entièrement dépendante de lui,
déjà que ça fait près de trois mois qu’il n’a pas mis pieds ici, il a carrément
disparu de ma vie.
Même pour signer les papiers de divorce c’était juste
en présence de son avocat.
J’ai l’impression que c’est lui mon mari maintenant
tellement que je l’ai au téléphone, lui-même se montre plus sincère et
compréhensif que celui qui était censé être mon mari.
Il est tellement devenu lâche incapable de me regarder
dans les yeux et de me dire clairement en quoi j’ai fauté, qu’est ce que j’ai
raté, qu’est ce qui n’a pas marché concrètement ?
Je n’oublierai jamais le jour où j’avais reçu les
papiers de demande de divorce, c’était tellement sec, irrespectueux et indigne.
**
Nous étions dans son bureau pour la traditionnelle
réunion semestrielle entre associés et investisseurs de l’ensemble de nos
sociétés communes.
Je n’avais pas du tout envie d’y assister, mon corps,
mon esprit et mon âme n’y étaient absolument pas. A vrai dire à la maison ce
n’était pas la joie, ça faisait pratiquement plus de deux semaines qu’Arthur m’évitait,
la nuit il rentrait toujours aux environs de deux ou trois heures du matin et
le matin il repartait toujours le premier c’est-à-dire six heures. Je savais
qu’il préparait quelque chose mais je ne savais pas quoi exactement, c’est
comme s’il m’évitait pour ne pas à avoir une discussion très importante.
Mais tout fut plus claire pour moi quand je reçu cette
lettre par pur hasard.
Apparemment elle trainait sur le bureau d’Arthur
depuis près de quatre jours et sa secrétaire l’ayant remarqué en faisant le
rangement crû bien faire en me le remettant en mains propres en pleine réunion.
Au début je n’avais pas fait attention au courrier
déposé mais en remarquant le logo du cabinet d’avocats je décidai d’y jeter un
rapide coup d’œil.
Malheureusement ce que je vu me glaça sur place.
J’avais l’impression d’être englouti dans un sac de
sable tellement que je me sentais lourde et à la fois vide. Je ne me
préoccupais plus de la réunion, je voulais comprendre ce qui se passait là en
ce moment là alors j’interrompu la réunion pour m’exprimer.
-Arthur on doit parler.
Tous les regards étaient sur moi mais je m’enfichais
éperdument.
Je le dis si sèchement qu’il su immédiatement que
quelque chose de grave c’était passé mais il essaya de me calmer pour
poursuivre la réunion.
-On en reparlera plus-tard si tu veux bien.
J’en avais marre de ses foutaises. Comment pouvait-il
me cacher ce divorce ? A ce que je sache c’est une décision qui se prend à
deux, comment pouvait-il se lever puis aller faire la demande tout seul ? Surement
pour avoir une longueur d’avance sur moi, mieux évaluer notre patrimoine et
bien constituer ses dossiers.
Comment pouvait-on bâcler plus de vingt années de
mariage ainsi ?
Je voulais immédiatement comprendre.
-Non j’ai dit maintenant ! Pas dans deux heures
ou trente minutes ! Ajoutais-je en tapant du poing sur la table.
C’était la première fois qu’ils me voyaient tous dans
cette colère, moi d’habitude calme et soucieuse de ma réputation.
Arthur était paniqué, il réajustait nerveusement sa
cravate.
-Domm..in..ique Dominique que fais-tu ?
-Ce que j’aurai dû faire depuis bien longtemps.
J’avais juste envie de lui donner une bonne claque
pour lui rembourser toutes ces conneries. Donc il était plus soucieux de sa
réputation que de mes émotions.
-Calmes toi enfin nous sommes en réunion.
La représentante des associés tenta d’apaiser la
situation.
-Madame calmez-vous s’il vous plait. Peu importe la
situation il y’a toujours une solution.
Ses mots redoublèrent ma colère.
-Veuillez fermer votre clapet ! Puis-je avoir une
discussion avec mon tendre et cher époux ? Il doit m’expliquer ceci !
Disais-je en brandissant à la vue de tous la lettre.
Arthur comprit tout maintenant. Il se releva de son
fauteuil pour retirer de mes mains la lettre afin de la cacher de tous mais
c’était trop tard j’entendais déjà les chuchotements.
Ils se régalaient tous une scène de ménage en pleine
réunion professionnelle. Je savais que ça ferait le tour des ragots et potins
de la ville.
-C’est encore nécessaire que je vous dise que la
réunion est annulée ? Demanda Arthur.
Ils se relevèrent tous rapidement nous laissant seuls.
Arthur s’apprêtait à prendre la parole mais je la lui
coupai.
-Arthur peux-tu m’expliquer ceci ? est-ce une
blague ? Je sais que notre couple traverse des périodes difficiles mais
nous n’avons jamais parlé tu évitais juste le sujet et tout ça pour me faire
sortir ça. En plus tu es un minable froussard, tu n’as pas été capable de me le
remettre tu le gardais ici depuis quoi quatre jours ? Hein ? C’est
cette Niyah qui te fait ça ? Tu voulais te cacher mais je savais tout, je
ne suis pas débile tu sais contrairement à toi moi j’ai fait de grandes études.
Aujourd’hui j’ai vu qui tu étais, je n’aurai jamais dû au grand jamais te faire
confiance, j’aurai dû te considérer comme le va-nu-pieds que tu étais. C’est
l’argent de notre souffrance que tu dilapides avec tes petites putes de bas
quartiers. Mon père avait bien raison, « enlever un rat de sa
déchetterie et le traiter comme une souris, il finira toujours par recommencer
ses sales habitudes ».
Il croisa ses bras sur son torse.
-Très bien. Que veux-tu que je te dise
maintenant ?
Il semblait tellement désintéressé et pressé de passer
à autre chose.
-C’est tout ce que t’as à dire ? Même pas de
justifications ou d’explications ? Dis-moi qu’est-ce que je fais pour
mériter ça ? Hein parles !
-Je n’ai rien à te dire, ça n’y changera rien vu
que tu es informé tu peux désormais joindre mon avocat pour informations
complémentaires.
Tellement choquée je me contentais d’applaudir,
c’était digne d’une scène de Télénovelas. Voici le père spirituel de
l’ingratitude en face de moi.
Finalement je ne pu me contenir, je me mis à déverser
toute ma haine.
-Espèce d’idiot, tu es un salopard ! Tu fais
honte ! Je te déteste ! Va te faire foutre en enfer !
Enfoiré !
**
Je me sens tellement mal en repensant à ça : une
humiliation totale.
Mon Dieu est-ce un rêve ? Ça serait alors le rêve
éveillé le plus long et le plus cauchemardesque.
Je sens à nouveau mes larmes montées, je suis vraiment
à bout, faut que je m’en aille au plus vite de cette horrible maison.
Je me mets alors à courir à travers les couloirs à la
recherche de la porte de sortie. Dans ma précipitation je fais tomber quelques
vases en porcelaine et sculptures en bois.
Mamata accourt précipitamment me freinant ainsi dans
ma folle course.
-Eh madame c’est vous ! J’ai eu peur je pensais aux
oiseaux.
Je lève les yeux au ciel.
-orgh Mamata des oiseaux faisant tout ce bruit !
toi aussi !
Elle se gratte nerveusement la tête.
-Madame je me rappelle bien lorsque le jardinier avait
envoyé les oies, elles cassaient tout ici, ce n’étaient pas vos fils les
coupables.
Je m’apprêtais à retorquer mais je fus coupée par la
voix rauque de mon fils ainé Darion.
-Maman elle a raison ! J’ai toujours voulu te le dire,
merci beaucoup Mamata tu sauves mon innocence.
Il réussit tout de même à m’arracher un sourire, mon
petit bouffon de fils.
-Maman je vois que t’es déjà prête ! J’ai tout
fait pour me dépêcher je ne manquerai pour rien au monde ton départ. Même si tu
vas me manquer j’accepte que tu aies besoin de te reconstruire.
Il m’attire dans ses vigoureux bras pour un moment de
tendresse entre mère et fils.
J’ai l’impression que c’est le seul membre de ma
famille qui soit compréhensif à mon égard, c’est le seul qui ne m’a jamais
obligé à quoi que ce soit, engueulé pour mon pacifisme. Il était juste là pour
m’écouter sans me juger, j’avoue que je pensais que c’était lui qui prendrait
en mal ce divorce mais étonnement ce fut son frère Darius qui était
réticent.
Tout de même je suis fière de mes deux petits bébés
que j’ai pu tirer de ce mariage avec Arthur, Darion vingt-huit ans et Darius
vingt-cinq ans. J’ai tout fait pour leur accorder la meilleure éducation qu’il existe,
faire d’eux des hommes doux, attentionnés et respectueux même si par moment ils
ont un peu déraillé à cause de l’adolescence, je reste assez satisfaite de leur
éducation et de leurs choix de vie.
Pour moi ils honorent nos prénoms respectifs car
Darion et Darius sont justes des prénoms dérivants de nos prénoms à moi,
Dominique et Arthur.
Si je devais les décrire, je dirais que Darion c’est
le bad-boy mais un peu paradoxal, un homme très confiant, drôle, assez têtu,
généreux et passionné. Darius lui il est plus sensible, attentionné,
compatissant et très vrai, honnête.
-Merci Darion je t’aime mon fils adoré. Je serais
encore plus heureuse si ton petit frère était présent.
Récemment Darion a décidé de rentrer au pays pour être
plus proche de moi vu la nouvelle du divorce, il ne voulait pas que je sois
seule face à toute cette tristesse. Il en profitera aussi pour établir sa
société de constructions en BTP après avoir apporté son expertise en Suisse.
-Euh Darius arrive très bientôt malheureusement il
était retenu par ses examens de session, tu sais la fac de médecine en
France !
-Au vu du prix de ses études il ferait mieux d’y
mettre tout son sérieux hein, je ne veux pas entendre parler de musique ou quoi
que ce soit.
Il se contente de sourire.
A nouveau Mamata vient nous interrompre.
-Madame, le chauffeur dit que vous risquez de rater
votre vol. Au vu des embouteillages il n’attend que vous.
Mon fils me prend délicatement la main.
-Ma petite maman je t’accompagne.