Chapitre 15

Write by Spice light





Chapitre 15




– Joan MUAMBA FOKE –



Le lendemain de l’enterrement, après la réunion familiale, je suis assis avec mes cousins, les enfants des frères de ma mère. Mais je suis particulièrement proche du fils de tante Jael.


— Tata était toujours triste. Elle parlait beaucoup de toi, me dit-il.

— Vraiment ? (je réponds, nostalgique)

— Oui. On lui demandait toujours pourquoi elle ne te cherchait pas.

— Et que répondait-elle ?

— Sûrement qu’elle pensait que tu te plaisais chez ton père, et elle ne voulait pas te brusquer. Mais elle espérait qu’un jour tu reviendrais, et que vous vous retrouveriez.

— M’emmener chez mon père a été un bouleversement fatal dans ma vie. Tout comme elle, j’espérais qu’un jour nous serions réunis.


Si je me suis donné à fond dans les études, c’était pour elle. Je préparais déjà un transfert pour revenir ici dès la rentrée prochaine.


— Ce que j’ai compris dans cette histoire, c’est que la vie n’attend pas. Alors, n’attendons pas non plus. Fonçons avec ceux qu’on aime, me dit Audrey, l’une de mes cousines.


— Vous avez raison, dis-je en me levant pour faire quelques pas dehors, histoire de vider mon esprit.


Demain, je rentre pour les études. Je n’en ai même plus envie, d’ailleurs. Peut-être que j’arrêterai dans deux ou trois ans. Avec l’argent sur mon compte épargne, je compte entamer les démarches pour partir au Canada. C’est là-bas que maman voulait qu’on aille vivre.


Je me souviens de papa Steve. Il semblait si amoureux de maman. Où est-il maintenant ? Pourquoi n’a-t-il pas réussi à combler le vide dans sa vie ?


Tout cela me donne mal à la tête, et je rebrousse chemin.


— Yoan ? m’appelle mon oncle. Je me retourne instinctivement.

— Oui ?

— Ah, tu n’as donc pas oublié ton prénom. J’ai remarqué que ton père et sa famille t’appellent Joan.

— Oui, c’est mon autre prénom.

— Joan, Yoan… il n’y a pas vraiment de différence, mais bon. Tu rentres demain. Sache que nous sommes ta famille aussi, même si ta mère n’est plus. Nous ne pourrons jamais la remplacer, mais nous ferons de notre mieux pour t’être utiles.

— Merci, tonton. Puis-je avoir votre numéro ?

— Bien sûr ! Je vais demander à Junior de t’envoyer le numéro de tout le monde sur WhatsApp.

— D’accord, merci.





Trois mois plus tard



Trois mois sont passés depuis la tragédie. Pour être honnête, je n’ai même plus envie d’étudier.


J’ai vu une tenue qui m’a vraiment plu, mais où est l’argent pour l’acheter ? Je décide donc d’aller en cours. Pendant que le professeur explique, mes sens sont en alerte : quelqu’un, ici, a de l’argent.


Après quelques observations, je repère une fille. Son père est député — donc c’est elle. Elle est assise deux rangées devant moi. À la pause, je surveille tout le monde. Dès qu’elle quitte sa place, j’y vais discrètement, prends sa pochette et la cache dans mon vêtement. Je sors comme si de rien n’était et vais m’enfermer aux toilettes. J’ouvre le sac.


— Waouh… 300 000 FC et 250 $. Elle voulait sûrement payer sa pension.

Je soupire.

— Tu vas m’excuser, chère Violetta. Papa te donnera une pension pour rembourser.


Je prends l’argent et hésite entre jeter la pochette à la poubelle ou la remettre à sa place. Finalement, j’opte pour la première option.




Aujourd’hui, je décide de faire un tour en ville. Rester cloîtré ne m’aide en rien. Les études ? J’y vais quand ça me chante. Une seule idée en tête : quitter ce pays. Là-bas, je recommencerai tout à zéro. Je veux me spécialiser en pédiatrie, mais plus ici. La seule personne qui me retenait… n’est plus.


Papa m’a ouvert un compte épargne. Je le sais. Je vais utiliser cet argent pour entamer les démarches.


— Moto ! 500 jusqu’en ville.

— Masta, donne 1000 !

— Toi aussi, la ville n’est pas loin d’ici !

— Vas-y donc à pied.

— Bon, d’accord, allons-y.


Je monte, et il démarre. Une fois arrivé, je le paie. Je repère un fast-food et entre.


— Bonjour monsieur, que puis-je pour vous ? me demande le serveur.

— Un soda, s’il vous plaît. Et laissez-moi le menu.

— D’accord.


Il se retire. Je parcours le menu. Disons que je suis “en haut” avec l’argent pris à Violetta. Après le fast-food, je pars en excursion, sur un coup de tête.


Je m’amuse. La vie semble si simple comme ça. 20 ans, et je porte déjà tellement de poids. Mes nuits ne sont plus les mêmes. Avant, je ne pensais qu’à ma mère. Aujourd’hui, je planifie sans cesse comment quitter ce pays. Comme elle le voulait.





– Sun FOKE –



Ce matin, je me réveille de très bonne humeur. Une idée me vient : maman doit célébrer ses 55 ans comme il se doit. Elle le mérite. Être l’épouse de papa, c’est plus qu’un simple mariage. Nous avoir élevés, aussi.


J’étais aux funérailles de la mère de Joan. J’ai eu mal pour elle. J’espère que cet orgueilleux va s’en sortir. C’est un vrai coup de poignard pour lui. Pour moi, papa est le fautif. Pourquoi séparer une mère de son enfant ? Lui seul connaît ses raisons.


Moi, je remercie Dieu d’avoir grandi dans les bras de maman.


Je décide d’appeler Light et La Mienne en visio.


— Allô FOKE, tu ne connais pas le décalage horaire ? me crie Light, encore ensommeillée.

— Hum, quel décalage, madame MVEMBA ? Une heure seulement !

— C’est beaucoup, monsieur. J’ai des horaires de dingue, et au lieu de profiter de mon week-end, tu viens me réveiller !

— Hum, à 7h du matin, tu dors encore ? lui demande La Mienne.

— Parlez vite, je dois retourner dormir.

— L’anniversaire de maman est dans deux semaines. Je voudrais lui faire une surprise.

— Ah oui, c’est une bonne idée, répond Light.

— Je propose que ce soit une surprise digne d’elle. Maman a beaucoup fait pour nous. C’est la moindre des choses, ajoute La Mienne.

— Je ne sais pas comment m’y prendre, je leur avoue.

— QUOI ?! crient-elles en chœur.

— Eh oui…

— C’est insensé ce que tu dis ! Ivy adore les fêtes, et Muamba aussi, dit Light.

— Hum… ce petit impoli, reprend La Mienne.

— Mine FOKE ! Muamba FOKE Joan n’est pas un petit impoli, c’est ton frère. Tu comprends ? la recadre l’aînée.

— Je n’ai pas dit le contraire. Mais ça n’enlève rien au fait qu’il est impoli, et tu le sais bien, répond La Mienne.

— Hum. Pour moi, ces deux petits sont impolis, et je n’aime pas être proche d’eux. Surtout Ivy. Je finirai par la frapper un jour !

— Finalement, vous gâchez mon week-end… clic Light raccroche.


— Alors, on fait comment ? je demande à La Mienne.

— J’appellerai moi-même Ivy pour lui donner des instructions. Toi, reste à l’écoute.

— D’accord. Embrasse ton mari et mes enfants.

— Je n’y manquerai pas. Salue Léonie !

— Bye.


Je raccroche et me prépare. Je pars en week-end avec Léonie. Cela nous rapproche beaucoup, et j’apprends à la découvrir. Je suis un peu dur avec elle, mais c’est pour notre bien.


POUR QUELLES RAISONS...