Chapitre 16 : Un passé toujours présent

Write by Fleurie


°°° Ronan °°°



Mon coeur se fend à chaque fois que  je vois mon épouse    dans cet état. Je l’aime et je l’accepte telle qu’elle est. Qu’elle se sente complète ou pas. Mais selon elle, ce n’est pas assez suffisant. En la voyant pleurer tout à l’heure, la culpabilité m’avait submergée au plus haut point. Je me suis retrouvé quelques années en arrière. Je ne pourrai jamais oublier ce moment. Tous les faits sont gravés dans ma mémoire. Ils sont ancrés, telle l’écriture dans la pierre. La jalousie peut être parfois un mauvais défaut. Mais la colère n’est pas toujours contrôlable. 



[ … ]



La pluie tombait à verse cet après midi. Après avoir attendu près d’une demie heure dans ma voiture, je m’étais enfin décidé à démarrer. Dehors, la température était supportable. Sur le chemin, il y a eu Serge qui m’avait appelé un peu plutôt dans la matinée.  Sans plus réfléchir, j’ai pris la direction de chez lui. Il fait partie de nos clients VIP. Chez nous on se déplace pour ces genres de clients, c’est la règle. Au delà de cette relation professionnelle, nous avons sympathisés et nous sommes devenus de bons amis.



J’avais appuyé sur la sonnette et j’avais attendu qu’on vienne m’ouvrir. Une fille de la vingtaine environ s’était pointée avec le sourire aux lèvres.  Elle m’avait conduit dans la salle de séjour, me notifiant que son patron n’allait plus tarder à descendre. Elle avait ensuite disparue. Pour m’occuper, je m’étais mis à pianoter sur mon portable. 



Lui ( venant à moi ) : Alors mon cher frère, comment vas tu ? 


Moi ( lui serrant la main ) : Bofffff tu connais man, la routine rien de particulier.



Il avait fait appel à la servante d’apporter des rafraîchissements. Quelques minutes plus tard, elle les avait apportés sans oublier de remplir nos verres avant de s’éclipser dans le couloir.



Lui : Si je t’ai fait appel, c’est pour un projet qui me tient vraiment à coeur. J’ai l’intention de commercialiser les gaz domestiques.


Moi ( émerveillé ) : C’est une très brilliante idée Serge, waouh. Mais n’oublie pas que nous avons trop de concurrents sur le marché concernant ce type de produit.


Lui : J’ai tenu compte de ce détail Ronan. ( Me montrant des papiers ) tiens jette un coup d’oeil. Ce sont les rapports de deux staticiens à qui j’avais confié l’étude du marché.


Moi : Tu as fait fort man, congrats. Si je comprends bien il ne me reste  qu’à jouer ma partition, te faire connaître. 


Lui ( pouffant de rire ) : Tu as tout compris. Il n’y a pas meilleur que toi à Cotonou Ronan, je te connais. Tu feras plus que je ne l’espère. Mais je ne compte pas le faire à Cotonou, mais plutôt à Porto-Novo.


Moi : Tu n’as rien à craindre. Donne moi juste les détails et le tour est joué. Considère que c’est déjà fait.


Lui ( me serrant la main ) : Je compte sur toi.


Moi ( regardant aux alentours ) : Et notre femme, je ne l’ai pas vue depuis que je suis arrivé. 


Lui : Elle est en mission. Tu les connais les gendarmes.


Moi : Tu lui passeras mes salutations.


Lui : Je n’y manquerai pas. Merci d’être venu aussitôt. 


Moi : Je t’en prie.



Il a souri et s’est adossé au canapé. Je me suis levé pour me rapprocher de lui. 



Moi ( lui tapant l’épaule ) : Serge ça a toujours été un plaisir de te voir. ( Regardant ma montre ) je dois y aller. Je suis désolé.


Lui : Ne sois pas gêné time is money krkrkrkrkr.


Moi ( me levant ) : Euh oui. 


Lui : Je te raccompagne Ro.


Moi : Ça ira.



J’étais sorti de leur maison. J’étais sur le point de monter dans ma voiture, lorsqu’une belle silhouette avait captée toute mon attention. Elle était sortie de la maison en face suivi d’un bel homme. Je la reconnaîtrais parmi des milliers. Enora était censée être au bureau et non ici. Je m’étais  rabaissé pour qu’elle ne m’aperçoive pas. Ils s’étaient  mis à papoter pendant quelques minutes. Il l’avait par la suite enlacée et lui avait également fait un baiser ordinaire qui ne me disait rien d’amical. Je me faisais sûrement des films me disais je. Le comble a été lorsqu’elle s’était engouffrée dans la voiture avec un autre qui était au volant. Une fois le second à l’intérieur, il avait démarré. Il m’avait fallu dix bonnes minutes pour retrouver tous mes esprits. Qu’est ce qu’elle venait de faire comme ça ?  



J’avais roulé comme un psychopathe pour arriver à la maison avant elle.



D’une folle rage, j’avais envoyé valser tout ce qui se trouvait dans la pièce.  Non elle ne peut pas me tromper, non elles toutes mais sauf elle. Elle allait m’entendre ne cessais je de me répéter. Je fulminais de colère. Je m’étais allé vers le bar pour me servir un cognac fort. Je l’avais bu d’un trait. J’enchaîna is l’un après l’autre. La bouteille étant presque vide, j’avais voulu me servir un autre, mais le bruit de la porte m’avait interrompu. Je m’étais retourné, et elle se tenait debout sur le seuil de cette dernière. Elle n’avait rien de cette femme de tout à l’heure. Son habillement tout blanc reflétait son innocence et sa simplicité, mais les images de cette scène étaient venues m’embrouiller l’esprit. J’ai secoué la tête pour les chasser, mais en vain.



Moi ( très calme ) : D’où sors tu Enora ? 


Elle ( naturelle ) : Du bureau Ro


Moi ( fronçant les sourcils ) : T’en es sûre ? Approche pour que je vérifie.



Je l’avais brusquement attirée à moi. Je m’étais mis à la renifler.



Elle ( surprise ) : Mais qu’est ce qui te prends bon sang ?


Lui : Shuut, c’est  juste une simple inspection chérie.


Elle ( d’un regard interrogateur ) : Mais depuis quand me renifles tu ? 


Moi : Laisse toi faire. 


Elle ( me poussant de toutes ses forces ) : Lâche moi Ronan, tu n’es plus dans tous tes états.


Moi : Qui est cet homme qui vient de te déposer ?  Je veux savoir et j’exige une réponse sur le champ.


Elle : Je ne sais pas de quoi tu parles, l’alcool t’est monté dans la cervelle apparemment.


Moi : Tu te fouts de moi Enora, je t’ai vu, je vous ai vu. Comment il a posé ce baiser sur ta joue et tu as cautionné cela, sachant que tu es une femme mariée ? 


Elle ( titubant ) : Mais je ne te trompe pas Ronan, il doit y avoir une erreur d’incompréhension. Laisse moi t’expliquer.


Moi : Sors de cette maison.


Elle ( me suppliant ) : Je peux tout expliquer bébé.


Moi ( rouge de colère ) : J’aimerais juste que tu t’en ailles maintenant. Je ne n’aimerais pas poser des actes que je regretterai plus tard.


Elle : Personne ne juge de cette manière Ro. Tu dois au moins me donner une chance.  Je n’irai nulle part sans qu’on ne clarifie les choses.  Tu m’accuses d’une  chose que je n’ai pas faite.



Je ne voulais plus rien entendre. Ce que j’avais vu était largement suffisant. Elle insistait au point où sous l’effet de la colère je lui avais asséné une belle  gifle. Elle était légère comme une feuille. Elle s’était retrouvée sur la table basse. 



Ayant pris conscience de mon acte, j’avais accouru vers elle. Elle pleurait à chaudes larmes. Je l’ai prise dans mes bras pour la calmer. À ma grande surprise, elle m’avait repoussé et se geignait de douleurs abdominales. Un liquide chaud et visqueux coulait sur le tapis blanc. Ce n’était qu’à cet instant que j’avais réalisé la gravité de mon erreur. 



Je l’avais conduite aux urgences. Il était malheureusement trop tard, le mal était déjà fait. Elle avait fait une fausse couche. Et par ma faute, elle ne pourra plus jamais concevoir. Je ne savais pas qu’elle portait un être en elle. Je m’en voudrais à en mourir. Quelques jours après cet incident, elle m’avait expliqué leur présence en ce lieu. C’était une délégation de leur entreprise. Ils étaient partis rendre visite à un employé qui était gravement malade. Celui ci était un doyen de l’entreprise. Et qu’elle voulait me faire la surprise en m’annonçant qu’elle était enceinte. Mais j’ai tout foiré.



Si je m’étais contrôlé et que j’avais pris le temps de l’écouter, j’aurais pu éviter beaucoup de choses.



[ … ]



Plus de dix minutes que je cogne à cette porte. Enora refuse de m’ouvrir. 



Moi : Chérie s’il t plaît, ouvre cette porte, tu as besoin de moi.


Elle : …


Moi : Laisse moi t’aider.



Ce n’est qu’à cette phrase que je l’ai entendu tirer la chasse d’eau. Après quelques reniflements, elle a enfin ouvert.



Elle  ( toute pâle ) : Ronan



Je l’ai prise dans mes bras pour l’amener au balcon.  Je suis descendu lui faire un thé à la menthe. Il paraît que ça calme les nerfs, recette de mamie. Elle l’a bu dans le silence en contemplant la nature. Le vent qui souffle soulève par moment ses mèches. Ce qui reflète la beauté naturelle et les traits fins de son beau et doux visage. 



Moi : Enora tu sais je n’ai jamais pu trouver les mots adéquats pour t’exprimer tout mon regret. Je me sens coupable de ton état. Tout est de ma faute si tu es stérile  aujourd’hui.


Elle : Tu sais Ronan, cela a été un coup très dur pour moi je l’avoue. Mais tu as été lá pour m’épauler et me soutenir. J’ai besoin d’un enfant, je désire un enfant. Cette maison manque des cris d’un enfant. Notre famille est incomplète chéri. Que penserons les gens de nous ?


Moi je m’en fiche de ce qu’ils pensent. C’est toi que j’ai choisi et personne d’autre. Tu es ma partenaire à vie. Tu ne devrais jamais oublier cela.  



°°° Enora °°°



Je le regarde dire tous ces mots. Quel homme resterait toute sa vie avec une femme stérile. Une femme qui est incapable de le rendre fier et heureux, de combler ce vide de père.  Une femme qui lui donnerait cette joie de vivre. Une femme qui est sans vie, un ventre vide tour simplement.



Moi ( soupirant ) : J’y ai plusieurs fois réfléchi  Ronan. Anita n’accepterait jamais que tu lui prennes la garde de Yan. 


Lui : Où veux tu en venir ?  


Moi : Je vous ai entendu la fois dernière.  Elle me voit déjà du mauvais oeil. Elle pense que je suis là pour lui arracher son enfant, ce qui n’est pas le cas. J’aimerais que tu lui parles afin d’avoir des jours à passer avec le petit. Tu dois plus te familiariser avec lui.


Lui : Tu as raison Nora, j’y avais pensé mais il va falloir qu’on se mette d’accord  sur ce point, avant toute chose.



Je sais qu’il n’aimera pas du tout ce que je m’apprête à lui dire. Mais je ne risque rien en essayant pas.



Moi : Chéri, j’ai une solution. J’aimerais qu’on adopte un enfant.


Lui ( fronçant les sourcils ) : Mais nous en avons déjà parlé. Je ne veux pas les enfants d’un autre. Tu comprends je veux celui de mon sang. Et pour celà je suis prêt à attendre le temps qu’il faudra. Je t’aime avec ou sans enfant. Nous avons déjà tout essayé. Les docteurs n’ont peu être plus d’espoir mais moi si.


Moi : Je suis stérile et je ne concevrai  plus jamais de ma vie. Mets toi ça dans la cervelle je ne peux pas snifffffff



Deux mois plus tard 



°°° Bastath °°°



Ce soir, ce sera un dîner aux chandelles. Un dîner en amoureux, il n’y aura que lui et moi. J’ai fait de la dinde rôtie au riz blanc accompagné du jus d’oignon. Le champagne est au frais, je me suis faite toute belle rien que pour lui. Ne dit on pas que celle de dehors a toutes les astuces pour faire sortir la maîtresse de maison ? Bah j’ai tous les atouts de mon côté. Les hommes ce sont le ventre et le bas ventre. Et j’assure bien ces deux fonctions.



Le bruit de la sonnerie m’a tiré de mes songes. Je sais qu’il est déjà là. Je suis allée lui ouvrir.



Lui ( manquant son souffle ) : Waouh bébé tu es à baver. 


Moi : Merci chéri, toi aussi. 



Il a enroulé sa main autour de ma taille. C’est dans cette position que nous sommes montés, pendant qu’il me racontait sa journée. 



Moi ( le débarrassant de son costume ) : J’ai déjà préparé. Il ne te restes plus qu’à te rafraîchir le corps et nous pouvons passer à table.


Lui : C’est pour cela que je t’adore. T’es la meilleure.


Moi : Et tu attends quoi depuis pour divorcer Ro. Tu m’as fait des promesses. Tu as promis la quitter pour moi.


Lui : Nous n’allons pas nous disputer sur ce sujet Basta. Je te l’avais déjà expliqué. Nous ne sommes qu’au début toi et moi. Donne moi du temps.


Moi ( énervée  ) : Et pourtant ce ne sont pas ces propos que tu tiens lorsque tu prends ton pieds, tsuiiip.


Lui : Mieux je pars prendre ma douche pour ne pas gâcher cette soirée. 


Moi : …



C’est toujours la même histoire. Tu viens, on passe du bon temps ensemble. Une fois parti il oublie tout ce qui m’avait dit. Mais je vais y remédier. Je ne vais pas me chauffer la foufoune pour nada. Soit il fait comme il a dit, ou je serre mes cuisses,  les conneries comme ça. 



[ … ] 



Nous avons dîné dans un silence d’aplomb. Mais la soirée s’est terminée en beauté. Nous avons faire l’amour. Ronan m’a  prise dans toutes les positions.Pendant qu’il s’apprêtait, je me suis levée et par maladresse ma jambe a heurté sa malette. Des documents sont tombés. Je me suis rapidement abaissée pour les arranger. Une enveloppe blanche a attirée mon attention. Il est écrit en grand caractère le nom d’une clinique.  Je me suis retournée pour le regarder.  Il est près  de la fenêtre et reçoit un appel. Je l’ai rapidement déchirée.



J’ai mis ma main sur ma bouche pour étouffer mon cri. Il s’agit d’un test sanguin de grossesse et d’une échographie. Il s’avère qu’il est positif et de huit semaines. Poussée par la curiosité, j’ai lu le nom du titulaire. Je suis restée figée la lettre en main. Le salaud il s’est bien foutu de moi…




Mariée au diable