CHAPITRE 166: VIE VOLÉE 1

Write by L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 166 : VIE VOLÉE 1 

**LESLIE OYAME**

Maman Sara m’a ramené de l’eau et maman Myrna est sortie pour se rendre dans une pièce avant de revenir avec deux pagnes. Elle a fait un autre tour et est revenue avec le matériel de nettoyage et entretien du sol. Arsène est sorti avec Marwane inconscient qu’il tenait dans ses bras et l’a conduit dans l’une des douches derrière la salle pour le laver.

Maman Sara : Je te laisse une minute, je vais aller aider Maman Myrna à nettoyer la salle.

Moi : (Essayant de me lever) Je viens vous aider.

Maman Sara : (Posant sa main sur mon épaule) Non, ce n’est pas la peine. Reste ici et repose toi.

Moi : D’accord . 


Elle est rentrée et Loyd est sorti. Comme il avait touché Marwane avec ses mains, il sentait mauvais.


Moi : Pardon, va laver les mains parce que l’odeur là est insoutenable.


Il est parti le faire. À son retour il ne s’est pas arrêté devant moi mais est plutôt rentré dans la salle pour ressortir avec un trousseau de clés. Il a disparu et est revenu avec un pagne à la main qu’il est allé donner à Arsène. Il est repassé avec Marwane dans ses bras et est allé dans une salle pour le déposer.


Moi : (À son retour) Arsène est où ?

Loyd : Il est en train de prendre une douche, je fais rapidement un tour à son appartement là pour voir si Princy n’a pas laisser des vêtements là-bas après leur déménagement, sinon j’irai jusqu’à la maison pour aller leur prendre des trucs à mettre.


Moi : C’est mieux que tu ailles directement à la maison car ça m’étonnerait que Princy ait laissé des choses tu sais que c’est un appartement qui va en location.

Loyd : D’accord . 

Moi : Je vais appeler Lucrèce pour lui dire de préparer un petit sac pour toi.

Loyd : Ok.

Moi : Tu as la clé du véhicule ?

Loyd : (Me la montrant) Oui, Arsène m’a donné le trousseau de clés. (Me donnant un autre trousseau) Pardon remets ça à maman Myrna.

Moi : Ok. 


Il est parti et je suis restée assise là jusqu’à ce que les femmes là sortent de la salle avec les choses qu’elles avaient utilisées. Le pasteur et l’ancien sont sortis à leur suite.


L’ancien Gaël : Cette salle va rester ouverte un moment histoire d’être aérée.

Pasteur Lilian : Oui. (À moi) Où sont les autres ?

Moi : Arsène est en train de prendre une douche et Loyd a fait un tour rapide à la maison pour lui prendre des vêtements ainsi qu’à Marwane.

Pasteur Lilian : Marwane est déjà dans la salle ?

Moi : Oui. 

Pasteur Lilian : Ok. Quand vous aurez fini, rejoignez nous dans mon bureau.

Moi : D’accord.


Ils sont tous les deux allez se laver les mains avant d’aller dans son bureau. J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé Lucrèce pour lui dire que son oncle était en route pour là-bas et qu’elle devait lui remettre un sac avec deux tenues de son père. J’ai raccroché par la suite. Loyd était de retour une demie heure plus tard et Arsène a pu se changer, ils ont également habillé Marwane qui était toujours endormi. Après nous sommes allés dans le bureau du pasteur Lilian. Il a prié et a pris la parole.


Pasteur Lilian : Comme vous avez pu le voir, ce jeune homme était retenu captif par plusieurs esprits mauvais qui lui ont été transmis par différents canaux et notamment son anus par lequel ils retiraient son énergie tout en faisant de lui un esclave sexuel. Certains de ces esprits étaient déjà en surface et c’est la raison pour laquelle il a réagi en nous voyant. Gloire soit rendue à Dieu qui a permis que nous le délivrions mais le combat n'est pas fini pour autant car ces gens chercheront à remettre la main sur lui. Étant relié depuis la source avec eux et conscient des choses qu’ils ont mis en lui, ils sauront que la connexion s’est coupée et feront tout pour le retrouver. De plus, le travail avec lui n’est pas terminé car il a encore des choses à faire sortir de son corps. C’est pourquoi avec votre permission, je vais l’emmener à la maison pour pouvoir le suivre de près pendant une semaine.

Moi : Il n’y a pas de problème.

Pasteur Lilian : Après le programme, il faudra penser à le faire interner pour une cure de désintoxication car les effets vont finir par se manifester dans son corps à cause du manque.

Arsène : Nous allons entreprendre des démarches dès maintenant pour qu’il puisse le faire aussitôt.

Pasteur Lilian : Ok. 

Arsène : Nous devons le réveiller pour lui dire qu’il partira avec vous ?

Pasteur Lilian : Même si on le voulait, on ne pourrait pas le réveiller. Son être entier a trop subi des violences et des pressions répétées pour le faire maintenant. Il va se réveiller de lui-même quand il aura suffisamment récupéré. Il est actuellement dans une sorte de coma. 

Arsène : D’accord.

Pasteur Lilian : C’est fini pour aujourd’hui, nous allons prier et remettre la suite des choses entre les mains de Dieu.

Nous : D’accord.


On a prié et nous sommes rentrés à la maison avec les affaires de Marwane. J’étais encore sous le choc que j’ai juste salué la mère d’Arsène et j’ai directement tracé dans la chambre pour aller me reposer. J’ai fait escale à la douche pour me laver rapidement et je suis venue m’arrêter devant le miroir pour inspecter les marques que j’avais aux deux extrémités des épaules. L’enfant là m’a réellement blessé avec ses ongles quand il s’est agrippé à moi. J’ai désinfecté puis je me suis vêtue et je suis allée me coucher. Je me suis perdue dans mes pensées un long moment jusqu’à ce qu’Arsène me prenne dans ses bras après s’être allongé derrière moi, me ramenant par la même occasion sur terre.


Arsène : Ça va ?

Moi : Pas vraiment, je suis en fait dépassé par la méchanceté des hommes et je me dis que certainement ce sont des choses comme ça qu’ils ont également fait manger et boire à mes parents et mes frères. Si même pour Marwane qui est leur propre sang, ils n’ont pas eu pitié de lui (coulant des larmes) je me demande ce qu’ils ont bien pu faire à mes parents.

Arsène : (Me serrant d’avantage dans ses bras) Quelque soit ce qu’ils ont bien pu faire, cela prendra fin car Dieu en a décidé ainsi alors ne t’inquiètes pas.

Moi : (Me retournant pour le regarder) Je ne sais pas ce que j’aurais fait si le Seigneur ne t’avais pas mis sur mon chemin, ma famille et moi serions toujours très certainement liées par toute cette histoire sans même le savoir. Merci.

Arsène : (Essuyant mes larmes) De rien, on est lié pour la vie. Ta famille est la mienne et inversement. (Me faisant un bisou sur le front) Viens là.


Il m’a mise sur sa poitrine et s’est mis à me bercer, je n’ai pas tardé à m’endormir dans ses bras. C’est Lucrèce qui m’a réveillée une heure plus tard en me disant que la kiné était là. Je me suis changée et j’y suis allée pour ma séance…


TROIS JOURS PLUS TARD.

Nous sommes en route pour l’église , le pasteur Lilian nous a appelé ce matin pour dire que Marwane s’était réveillé. Il a dormi non stop pendant trois jours et à son réveil il s’est mis à pleurer. Le pasteur Lilian a su trouver les mots pour le calmer et lui a dit qu’il devait nous voir ce soir à l’église pour avoir une discussion, donc nous sommes en route Arsène et moi qui est passé me prendre au boulot à sa sortie. Nous sommes arrivés quelques minutes plus tard et avons trouvé Lauria et Loyd déjà sur place avec lui. Il avait l’air différent, aussi bien sur le plan physique car il n’avait plus aucun percing, plus de crayon noir sous les yeux et plus aucun bracelet sur les bras ; que sur ce qu’il dégageait. Par contre il a le regard fuyant, comme s’il avait honte. 


Nous : Bonsoir.

Eux : (En chœur) Bonsoir.

Arsène : (À Marwane) Comment vas-tu ?

Marwane : Je vais bien, merci.

Arsène : J’espère que tu n’as pas été trop secoué en te réveillant ce matin chez des inconnus.

Marwane : J’étais perdu mais le pasteur m’a un peu expliqué où j’étais et ce que je faisais là. Il m’a dit que ma famille m’avait emmené à l’église et nous avons fait un travail à la suite duquel je me suis endormi. Que j’aurai toutes les questions à mes interrogations ce soir quand j’allais rencontrer ma famille. Tout à l’heure j’ai revu Loyd et je me suis souvenu de lui, de vous également.

Arsène : Je vois. Nous allons te dire la vérité et je sais qu’elle te paraîtra invraisemblable et difficile à accepter mais je te prie de nous croire.

Marwane : (Silence)

Moi : Où se trouve le pasteur ?

Lauria : Dans la grande salle, il parle avec certaines maman de l’église .

Moi : Je vois.(À Marwane) Tu as commencé un travail avec le pasteur ?

Marwane : Oui, on a prié le matin parce que j’avais le ventre qui faisait des bruits étranges ensuite il m’a donné une eau à boire.

Moi : Et ?

Marwane : J’ai vomi des choses étranges.

Moi : Tu te souviens avoir avalé ça ? 

Marwane : Non.

Moi :Le pasteur t’a dit quoi ?

Marwane : Que des gens ont fait des pratiques sur moi et que c’est pour cela que je me retrouve avec ces choses dans le ventre. Il m’a dit qu’il m’aidera à tout faire sortir de mon organisme si je suis prêt à faire ce qu’il me dit.

Moi : Et tu comptes le faire ?

Marwane : Oui.

Moi : Je suis contente de l’apprendre.


Le pasteur et son épouse sont sortis de la grande salle et nous ont rejoint. Après les salutations d’usage , nous sommes allés dans son bureau. Nous avons prié avant que le pasteur ne prenne la parole.


Pasteur Lilian : (À Marwane) Comme je te l’ai dit ce matin lorsque tu me questionnais sur le pourquoi de ta présence chez moi, je t’ai dit que c’est ta famille qui t’avait emmené jusqu’à moi afin que nous prions pour toi et que le Seigneur puisse t’aider et que je n’étais pas habilité à te dire plus. Les personnes que tu vois en face de toi et que tu as sans doute reconnu, sont celles qui t’ont emmené ici il y a quelques jours et sont aptes à répondre aux questions que tu te poses, voilà pourquoi je leur ai fait appel ce soir. Arsène, Leslie, vous avez la parole. 


J’ai regardé Arsène et je lui ai fait signe de prendre la parole pour lui expliquer les choses.


Arsène : Essaie de m’écouter attentivement. (Sortant 5 photos qu’il lui a donné) Tu reconnais les hommes sur ces images ?

Marwane : (Montrant trois d’entre elles) Je connais ces trois là, c’était des clients à moi.

Arsène : Et les deux autres ?

Marwane : Non. 

Arsène : Regarde bien ces images, à qui te font ils penser ?

Marwane : (Montrant une photo de papa) Celui-ci ressemble beaucoup à Loyd et Leslie. (Regardant bien l’image et Fronçant les sourcils) Je crois l’avoir vu récemment ? Mais beaucoup plus âgé, il était avec sa femme si je ne me trompes pas.


Nous nous sommes regardés.


Moi : Où les as-tu vu ?

Marwane : Dans la maison secrète d’Axel à Nzong dans Bikele. Il m’y avait emmené pour…..


Il n’a pas terminé sa phrase et a baissé les yeux au sol. Nous avions compris ce qu’il voulait dire et Arsène a pris la parole.


Arsène : Et tu les y as vu ?

Marwane : Oui. Il était dans l’une des pièces en train de boire de l’alcool et fumer.

Arsène : Tu peux te rappeler de l’endroit et du chemin ?

Marwane : Oui, j’y suis déjà allé à plusieurs reprises.

Arsène : Tu pourrais nous y conduire ? Ce couple ce sont les parents de Leslie, Loyd et Lauria, ils ont disparus de leur maison depuis plusieurs mois et nous les recherchons.

Marwane : Axel avait dit que c’était des gens de son village qu’il avait hébergé parce qu’ils étaient de passage en ville.

Arsène : Eh bien, il t’a menti parce que premièrement ces gens ne restent pas au village mais en ville, deuxièmement ils sont recherchés par leurs enfants depuis plusieurs mois et troisièmement, Axel et ce monsieur sont cousins de même que les trois autres sur les photos, Célestin, Gérard et Clotaire, ton père.


Il a écarquillé les yeux en regardant Arsène.


Arsène : Tu as bien entendu, le dernier homme sur ces photos s’appelle Clotaire MEZUI, ton père et il est actuellement en Prison.

Marwane : (Troublé) Ce n’est pas possible, mon père est mort je vous l’ai dit. Il s’est donné la mort après avoir tué ma mère.

Arsène : Ça c’est la version que l’on t’a servi pour te cacher la vérité mais ton père est bel et bien en vie. Il est enfermé depuis 25 ans à la prison centrale de Libreville après avoir été accusé d’avoir tué ta mère, meurtre qu’il n’a jamais commis (Lui donnant son véritable acte de naissance et une photo dans laquelle il était avec ses parents à un très jeune âge) Ton nom n’est pas Santos Bouka mais Marwane MEZUI né de Clotaire MEZUI et de Stéphanie MEZUI comme l’atteste ce papier et cette photo que tu tiens entre tes mains.


Il a regardé les images et l’acte de naissance avec des larmes coulant de ses yeux car il est en train de réaliser que toute sa vie a été un gros tissu de mensonges. 


Marwane : (Regardant Arsène, gorge nouée) Alors mon père n’est , n’est pas mort ?

Arsène : Non. Il est en vie et pense à toi chaque seconde qui passe, c’est lui qui m’a demandé de te retrouver et te dire la vérité.

Marwane : (Pleurant) Toutes ces années à croire que j’étais seul au monde parce que mon père qui était gendarme avait tué ma mère par jalousie, donc ce n’était pas la vérité ?

Arsène : Non. Ton père n’est pas mort et il n’a pas non plus tué ta mère.

Marwane : Alors où est elle ?

Arsène : Morte, assassinée par les trois premiers hommes que tu as reconnu sur ces photos qui sont par ailleurs tes oncles.


Il a éclaté en sanglots et tout fait tomber au sol car ses mains étaient en train de trembler. Lauria, maman Myrna, Loyd et moi pleurions en silence face à ses réactions. Nous ne comprenions que trop bien sa douleur. Je me suis déplacée et je suis allée le serrer dans mes bras, il s’est agrippé à moi avec le corps tremblant. Le pasteur a dit que nous devrions faire une pause car ça devait être trop pour lui. Apprendre qu’il n’était pas qui il croyait être toutes ces années, que son père mort, ne l’était pas mais qu’il était enfermé dans une prison pour un crime qu’il n’avait pas commis, crime exécuté par ses propres oncles qui sont par ailleurs des hommes qui ont eu des rapports sexuels à plusieurs reprises avec lui en se faisant passer pour des clients sans aucun scrupule, ce sont des chocs que n’importe qui ne peut pas encaisser alors je pense que oui, il a effectivement besoin d’une pause pour digérer ça car c’est le genre de choses qui peuvent faire totalement disjoncter quelqu’un . 

Nous avons pleuré pendant plusieurs minutes avant qu’il ne se calme. Il s’est allongé à même le sol et s’est recroquevillé sur lui-même avec le regard perdu dans le vide. Il faisait peine à voir.


Marwane : (Après plusieurs minutes de silence) Ils m’ont violé, c’était donc eux, c’était eux, c’était eux qui venaient à l’orphelinat pour m’obliger à avoir des rapports sexuels avec eux, c’était eux, c’était eux. 


Il répétait cette phrase en boucle comme un fou et son regard était absent, signe que son cerveau avait fait un saut quelque part dans ses souvenirs et s’est bloqué sur une ou des scènes qui se sont répétées dans son enfance. Il vient de comprendre que ses oncles ont fait de lui ce qu’il est…


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