Chapitre 17

Write by Chrime Kouemo

Seba fut le premier à arriver à la base de loisirs. Cela ne l’étonna pas. De sa bande de potes, il était le seul à être à cheval sur la ponctualité. Etant donné le nombre de fois qu’il était resté à les attendre, il avait essayé de se mettre à leur diapason, mais n’y était pas arrivé. C’était plus fort que lui, il avait horreur d’être en retard.

Il sortit les deux glacières de viande et de boissons qui étaient dans son coffre et se dirigea vers les zones autorisées réservées pour le barbecue. Arriver tôt lui permettrait au moins de réserver une place de choix avant que d’autres groupes ne viennent s’installer. Il en profita pour récupérer quelques tables et chaises qu’il disposa à l’emplacement qu’il avait choisi.

Le soleil était déjà haut dans le ciel malgré le fait qu’il n’était que 10h. Ce serait une belle journée, et il se réjouissait de l’excellent moment qu’il passerait avec ses potes. D’après ce qu’Ousmane avait laissé entendre, Rachel serait aussi là. Il n’avait fait aucun commentaire, jouant le détaché mais au fond de lui, il appréhendait de la revoir. Il n’était pas sûr de parvenir à jouer la comédie du mec qui était passé à autre chose devant elle une nouvelle fois, et surtout après leur entrevue de la dernière fois lui avait permis de se rendre compte de l’ampleur des sentiments qu’il lui portait. Il l’avait dans la peau et il n’y comprenait rien. Il savait pourtant que le spectre de son ex serait toujours entre eux et ça, il n’était pas assez mboutoukou pour le supporter.

Soupirant, il jeta un regard au loin et vit des familles et des groupes qui arrivaient maintenant en masse : tout le monde voulait profiter au maximum de cette belle journée d’été. Il ouvrit la carte de la base de loisirs qu’il s’était procuré à l’entrée. Le lieu offrait de nombreuses distractions : accrobranche, ski nautique, balade en poney, un mini-golf... Bref, il y avait vraiment pour tous les goûts pour les petits et les grands. Le nombre d’activités proposé avait encore augmenté depuis la dernière fois qu’il y était venu. A chaque fois qu’il était dans ce type d’endroits, il ne pouvait s’empêcher de faire le parallèle avec le pays où, en dehors de sortir pour boire et manger comme disait son porte Hervé, il n’y avait pas grand-chose à faire, notamment pour les enfants. Il se demandait parfois si c’était seulement le manque de moyens qui incitait les gens à ne proposer aucune activité ludique. Il fallait qu'il ajoute ça dans sa liste de projets pour le Cameroun. Aussitôt, il sortit son téléphone de la poche arrière de son bermuda jean, et mit une note dans son mémo. Il en profita pour communiquer aux autres l’emplacement où il se trouvait.

Environ vingt minutes plus tard, il vit Ariane et Ousmane et une troisième personne qu’il ne reconnut pas tout de suite s’avancer vers lui. Il se leva pour aider la jeune femme à porter le sac de courses qu’elle tenait en main. Arrivé à leur hauteur, il vit que l’autre personne qui accompagnait le jeune couple n’était autre que Bineta, une cousine à Ousmane avec qui il avait eu une brève aventure il y avait trois ans de cela, lors de ses vacances au Sénégal. Ils avaient passé d’excellents moments et s’étaient séparés en bons termes, lui comme elle n’attendant rien de l’autre.

  • -  Bineta! Ça fait plaisir de te voir, comment va? Fit-il en lui passant un bras autour de ses épaules après lui avoir fait la bise.

  • -  Ça va et toi? Lui répondit-elle de cette voix rocailleuse teintée de son accent sénégalais. Je suis aussi contente de te voir.

  • -  Tu es en vacances?

  • -  Oui, pour deux semaines. Et toi? Tu n’es pas encore retourné au Cameroun?

  • -  Non malheureusement, répondit Seba qui ne put s’empêcher de ressentir un pincement au coeur. Mais j’y travaille !

  • -  Tu as bien raison, reprit Bineta. Depuis mon retour au Sénégal, même si ça peut être parfois difficile, je ne voudrais pas revenir vivre ici.

  • -  Prépare le terrain pour nous alors, intervint Ousmane. On viendra nous aussi.

  • -  Mais bien sûr, cousin!

Pendant qu’ils devisaient gaiement, ils sortirent les apéritifs et la vaisselle qu’ils disposèrent sur la table. Ousmane et Seba déballèrent le barbecue qu’ils se mirent à monter. Quelques instants plus tard, ils disposaient les charbons au fond du barbecue. Ousmane commença à faire du feu.

  • -  Il faut que le feu prenne bien. On ne va pas attendre que les autres arrivent sinon à 12h, on n’aura pas mangé.

  • -  Et comme tu n’as rien mangé ce matin... Ironisa Ariane avec un sourire moqueur à l’encontre de son mari.

    Ousmane était réputé pour être de mauvais poil quand il était affamé. Avec leur bande d’amis, ils en rigolaient quand ils étaient en résidence étudiante. Seba retourna à sa voiture récupérer le décapsuleur qu’il avait laissé dans la boîte à gants. Tant qu’à faire, il allait se prendre une petite bière bien fraîche en attendant les retardataires. Il refermait sa portière quand il attendit le bruit d’un moteur derrière lui. Il se retourna et vit Rachel et Gabrielle qui sortaient d’une Clio blanche. Les deux jeunes femmes virent à sa rencontre, mais Rachel resta légèrement en retrait. Il se congratula d’avoir gardé ses lunettes de soleil, ainsi elle ne pouvait voir l’expression de ses yeux; mais lui avait tout le loisir de la détailler de pied en cap.

    Elle portait un short en jean qui lui arrivait à mi-cuisses et un tee-shirt jaune qui lui rappela que le jaune était sa couleur préférée. Elle avait coiffé ses cheveux crépus à l’aide d’un bandeau qui lui faisait une belle touffe à l’arrière de son crâne. Elle lui plaisait toujours autant. Ça faisait un mois qu’ils étaient séparés, mais il en était toujours au même point. Il aurait vraiment du mal à l’oublier pensa t’il découragé.

    ♣♣♣

    Rachel observait Seba du coin de l’œil. Il surveillait la cuisson des merguez en s’éventant comme il pouvait avec un bout de papier journal. Il était maintenant presque midi, et le soleil au plus haut dans le ciel brillait plus que jamais. Un léger souffle de vent venant du lac rendait l’air un peu respirable. La bande d’amis était enfin au complet; il avait fallu attendre jusque 11h30 pour que tout le monde arrive. Elle connaissait la plupart d’entre eux par le biais d’Ousmane et Ariane. La seule qu’elle ne connaissait pas était Bineta, la cousine à Ousmane. Elle avait vaguement entendu parler d’elle, mais ne l’avait jamais rencontrée. Et compte tenu de la familiarité qu’elle affichait avec Seba, elle n’avait aucune envie de faire plus ample connaissance avec elle.

    Elle n’arrêtait pas de tourner autour de lui, de lui faire des sourires, d’éclater de rire à la moindre phrase qui sortait de sa bouche, à croire qu’il était un humoriste. De temps à autre, elle lui faisait de l’air à l’aide de son éventail, et effleurait le bas de son dos avec une possessivité qui lui était insupportable. Etaient-ils ensemble? Si c’était le cas, pensa t’elle pour se rassurer, Ariane le lui aurait dit. Malgré ça, elle n’était pas tranquille. Seba ne semblait pas gêné par les avances à peine voilées de la jeune femme. Au contraire, il participait activement à la conversation même si ses mains restaient occupées par le pique broche du barbecue.

    La jalousie que ressentait Rachel lui laissait un goût amer dans la bouche. Elle se demandait si elle avait vraiment bien fait de venir à ce pique-nique. Elle avait eu le vague espoir qu’il serait un peu plus disposé envers elle étant donné qu’ils ne seraient pas seuls, mais elle s’était fourvoyé. A peine l’avait-il salué qu’il s’était totalement désintéressé de sa personne. Elle se sentit plus découragée que jamais. Il ne reviendrait jamais sur ses positions.

  • -  Alors, vas-tu mettre à exécution notre plan ou bien tu vas passer le reste de la journée à le lorgner d’un air de chien battu ? Interrogea Gabrielle qui lui tendait une canette fraîche d’Orangina.

  • -  De quel plan parles-tu lui ? Retourna t’elle en s’emparant de la canette.

  • -  Ne fais pas ton innocente. Tu sais très bien de quoi je parle, poursuivit son amie. Il faut entrer en piste maintenant. J’en ai déjà repéré un qui n’arrête pas de te regarder depuis qu’il est arrivé.

Rachel haussa négligemment les épaules. Des fois, il était inutile de discuter avec Gabrielle; elle n’en faisait toujours qu’à sa tête.
Elle rétorqua néanmoins :

  • -  Je ne suis pas intéressée; je ne sais pas en quelle langue te le dire. Et puis, ça me servirait à quoi? Il est très accaparé par la cousine d’Ousmane et je ne suis même pas sûre qu’il remarquerait quoique ce soit me concernant.

  • -  Ce que tu crois ma belle! J’ai bien vu le regard plein d’envie qu’il t’a lancé quand on s’est salué tout à l’heure au parking.

  • -  Hum hum! Et tu as vu ça à travers ses lunettes de soleil? S’enquit Rachel. Et puis... Tu n’as pas faim? Demanda t’elle en changeant de sujet. Je vois que des grillades sont prêtes, je vais me servir.

Et elle planta là son amie. Des fois, elle n’avait vraiment pas d’autre choix pour couper court aux élucubrations de Gaby. Elle rejoignit Ariane près de la table où ils avaient disposé les couverts et gâteaux apéritifs, et lui donna un coup de main pour faire le service. Quelques instants plus tard, elle mordait sans conviction dans une côte de porc. Elle n’avait pas vraiment faim à cause de cet estomac noué qu’elle avait depuis le matin à cause de Seba. Il était maintenant assis sur la nappe de pique-nique à côté de la sienne et continuait à faire la causette avec la fameuse cousine. Les autres garçons avaient pris le relais pour le barbecue. Le cœur serré, la jeune femme détourna le regard; ça faisait trop mal.

Un jeune homme du nom de Ralph qui lui avait été présenté par Ousmane, s’approcha de sa nappe:
Je peux? Demanda t’il.

Du coin de l’œil, elle aperçut Gabrielle et Ariane observant la scène près de la table, en lui faisant signe d’accepter avec la discrétion qu’elle leur connaissait. De toutes les façons, cela aurait été vraiment impoli de refuser.
Bien sûr, pas de problème, s’entendit elle répondre.

Elle se retint de justesse de tirer la langue comme une gamine à ses amies. Ralph s’assit près d’elle. Il était grand de taille, un peu clair de peau, mince, habillé d’un polo et d’un bermuda qui laissait apparaître ses jambes poilues et musclées. Il lui sourit et elle trouva qu’il était vraiment mignon; mais cela n’éveilla rien d’autre en elle. Elle lui sourit en retour et son regard tomba ensuite sur son assiette qui était chargée à ras bord. Il devait avoir un énorme appétit.

  • -  Je vois que tu wanda sur mon assiette, commenta t’il en s’asseyant.

  • -  Ah? Tu es Camerounais? Demanda-t-elle.

  • -  Oui, ça ne se voit pas? Fit-il d’un ton moqueur en baissant les yeux sur lui.

  • -  Euh non... pas trop, lui répondit elle en lui souriant de nouveau.

  • -  Ah... Faut croire que les années passées à chorotter ont fini par émousser mon accent, lui répondit-il d’un clin d’œil.

    Il commença à manger en lui racontant qu’en fait il était né au Cameroun, mais en était parti à l’âge de 15 ans. Il était facile de discuter avec lui, mais elle n’arrivait pas à se concentrer totalement sur sa personne. De temps en temps, elle jetait un coup d’œil vers la nappe voisine pour voir ce que faisait Seba et sa grande perche sénégalaise, une jalousie viscérale enflant en elle. Ralph finit d’ailleurs par le remarquer et se retourna lui aussi pour regarder dans la direction de son ex.

  • -  Il se passe quoi entre Seba et toi ? Lui demanda-t-il aussitôt.

  • -  Rien... Pourquoi? Questionna t’elle en son tour en maîtrisant du mieux que possible son hésitation.

  • -  Parce que le regard qu’il me lance là peut me tuer, alors que ça fait plusieurs semaines que l’on ne s’est pas vu, répondit-il tranquillement. J’en déduis qu’il y a ou qu’il y a eu quelque chose entre vous.

Rachel se ferma aussitôt comme une huitre :

  • -  Je n’ai pas envie d’en parler

  • -  Très bien, je comprends.

    Et comme si de rien n’était, il se mit à lui poser des questions sur son travail, sur sa vie en France.... Pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas être aussi simples? Se demandait Rachel. Pourquoi ne pas profiter de l’agréable compagnie de Ralph pendant cette journée? Mais non, elle avait une boule au ventre de voir l’homme qu’elle aimait à deux pas d’elle, agir comme si de rien n’était.

    Après le repas, Gaby, Ariane et quelques autres choisirent de partir à la découverte du parc. La jeune femme refusa. Elle n’avait pas envie de s’éloigner de Seba, surtout si Bineta elle restait. Certains d’entre eux étaient restés profiter de l’ombre sous les grands arbres. Un des amis d’Ousmane se désigna comme DJ et lança une playlist de rap. Seba, flanquée de Bineta et deux autres potes se mirent à faire quelques passes de foot. Rachel soupira. Peut-être était-elle maso ? Sinon, quel intérêt y avait-il à le regarder flirter avec une autre fille sous son nez?

    A un moment, la cousine d’Ousmane glissa en faisant une passe et s’étala de tout son long sur l’herbe. Rachel ne put s’empêcher de se délecter de sa déconvenue; mais sa joie fut de courte durée. Seba en gentleman qu’il était lui tendit la main pour l’aider à se relever, et quand la jeune femme la saisit, elle le fit basculer vers elle. Ils se retrouvèrent quasiment l’un sur l’autre, et Bineta se mit à rire comme une gamine. Ce fut plus fort que Rachel. Les larmes lui montèrent brusquement aux yeux, et sentant qu’elle allait craquer, elle se leva précipitamment et se dirigea à grands pas vers le lac. Elle ne savait pas précisément où elle allait, mais elle ne pouvait plus supporter de voir Seba avec cette fille. C’en était trop pour elle.

    Arrivée près du lac, elle s’assit en ramenant ses genoux devant sa poitrine, observant tristement un couple qui ramait dans une barque. Des larmes brûlantes qu’elle n’essaya même plus de retenir se mirent à rouler sur ses joues. Elle cacha son visage au creux de ses bras posés sur ses genoux et se mit à sangloter en silence. Seba qu’elle croyait lui être acquis était rapidement passé à autre chose contrairement à elle, qui se rendait maintenant compte à quel point elle était amoureuse de lui. La vie était parfois cruelle...

    Combien de temps resta-t-elle à pleurer, assise toute seule au bord du lac? Elle n’aurait su le dire. Des bruits de pas se rapprochèrent, mais elle n’y prit garde. Ce devait être des promeneurs. De toutes les façons, son visage était bien caché.
    Rachel ! S’exclama Seba d’une voix un peu essoufflée au-dessus d’elle.

    Que faisait-il là? Elle ne voulut pas lui répondre pour ne pas lui montrer son désarroi. Elle garda la tête baissée et se contenta de marmonner.
    Ce n’est pas ce que tu crois, dit-il

    Sachant pertinemment ce à quoi il faisait allusion, elle répliqua, le visage toujours caché entre ses bras :

  • -  Ah bon? Et pourquoi te soucierais-tu de ce que jecroisounon?

  • -  Peut-être parce que je suis fou de toi, que je n’arrive pas à te sortir de ma tête et que je ne suis pas bien depuis que nous nous sommes séparés, l’entendit elle avouer d’une voix profonde.

    Elle leva brusquement la tête et le regarda, n’étant pas sûre d’avoir bien compris. Un sourire hésitant flottait sur son visage et ses yeux exprimaient une tendresse comme elle n’en avait encore jamais vue dans les yeux d’un homme. Seba lui tendit une main pour l’aider à se relever. La chaleur de sa paume de main se communiqua directement en elle quand elle la saisit.

    L’instant d’après, elle était dans ses bras et il l’embrassait à en perdre haleine. Rachel se hissa sur la pointe des pieds pour savourer encore plus le baiser de Seba. Elle avait l’impression qu’elle ne pourrait jamais arrêter de l’embrasser. C’était si bon de se retrouver serrée contre lui, entourée de ses bras puissants, de sentir ses lèvres sur les siennes, sa langue s’enrouler autour de la sienne. Il lui avait tellement manqué.

Elle ne voulait plus qu’il y ait de non-dits ou de malentendus entre eux. Elle posa une main sur sa poitrine et s’efforça de détacher sa bouche de la sienne :

Je t’aime Seba, et j’ai été très mal moi aussi depuis notre séparation, lui avoua-t-elle enfin d’une voix tremblante d’émotion.

Il ferma les yeux un instant et quand il les rouvrit, ils brillaient de larmes contenues.

  • -  Tu ne peux pas savoir combien j’ai rêvé t’entendre me dire cela, lui confessa-t-il à son tour. Je t’aime moi aussi, et depuis très longtemps tu dois le savoir.

  • -  Je suis désolée d’avoir gâché tout ce temps par mes peurs et... renchérit Rachel.

  • -  Chuut... l’interrompit-il. Le plus important est que nous nous soyons retrouvés.

    Il s’empara de sa main posée sur sa poitrine, et se mit à embrasser le bout de chacun de ses doigts. Rachel frissonna. Elle avait du mal à croire à ce qui lui arrivait. La journée avait si mal commencé. Elle avait bien cru qu’il avait tourné la page quand elle l’avait vu flirter avec Bineta. Elle avait eu si mal. Repoussant ses mauvais souvenirs de son esprit, elle tendit sa bouche vers lui. Le jeune homme ne se fit pas prier et s’empara de ses lèvres goulument.

    
 


    ♣♣♣

    Seba était allongé sur l’herbe fraiche sous un arbre, la tête de Rachel posée contre sa poitrine. Ils avaient marché et parlé longuement. Elle avait insisté pour reparler de l’incident avec son ex. Ça n’avait pas été très agréable pour lui car remuant des souvenirs douloureux, mais au final ce fut nécessaire. Il la croyait complètement quand elle lui disait qu’elle avait totalement tourné la page sur cette histoire. Elle lui avait avoué les doutes qu’elle nourrissait au début de leur relation, ne voulant pas s’impliquer pour éviter de souffrir. Il comprenait parfaitement le mécanisme qui l’avait poussée à se protéger ainsi de lui.

    De son côté, il lui avait réitéré qu’il n’y avait plus rien entre Bineta et lui; qu’il avait flirté avec elle pour essayer de la rendre jalouse. Elle lui avait alors confié que son plan avait marché à merveille, et que si elle l’avait pu, elle les aurait étripés tous les deux. Il avait ri, heureux de se faire confirmer à nouveau qu’elle tenait à lui. Son téléphone vibra dans sa poche. C’était un message d’Ousmane qui se demandait où il avait disparu. En regardant sa montre, il s’aperçut qu’il était déjà 16h. Ça faisait donc presque deux heures qu’il était parti à la recherche de Rachel.

- Je crois qu’il va falloir qu’on retourne auprès des autres, dit-il à Rachel.

- Hum... je n’ai pas envie de partir d’ici maintenant; je me sens tellement bien, soupira t’elle.
- Je sais... Il me semble que tu es venue avec la voiture de Gabrielle, que dirais-tu de repartir avec moi? Lui demanda t’il en lui caressant la joue.

Rachel se retourna, posa les mains de part et d’autre de son torse, puis répondit en souriant :

Bien sûr que je veux.

Puis, elle se pencha pour l’embrasser.

Retournés auprès de leurs amis, Seba et Rachel eurent vite fait de prendre congés. Gabrielle et Ariane lancèrent des regards à la jeune femme qui lui disaient qu’elle passerait à la casserole dès que possible. Elle leur fit un clin d’œil en retour et ne put se retenir de leur tirer la langue cette fois. Main dans la main, ils se dirigèrent vers la voiture de Seba. Le trajet jusqu’à l’appartement de Seba lui sembla interminable malgré la circulation fluide de la période des vacances scolaires sur les routes transiliennes.

  • La porte à peine fermée derrière eux, ils se jetèrent l’un sur l’autre comme des assoiffés. Ce qu’ils étaient d’ailleurs, après un mois de séparation.

    Seba s’attarda sur chaque centimètre de peau qu’il découvrait au fur et à mesure qu’il lui ôtait ses vêtements, exacerbant ainsi le désir de son amante. Rachel gémissait à chaque baiser, chaque caresse. Elle avait l’impression que chaque cellule, chaque terminaison nerveuse attendait ce moment où ses lèvres se presseraient sur sa peau et où ses doigts effleureraient, masseraient les parties si sensibles de son corps.

    Elle n’était pas en reste non plus, ne se privant pas d’aller à la découverte du torse du jeune homme, de ses fesses fermes et de ses cuisses musclées qui l’enserraient comme un étau. C’était si bon, si parfait.

    Ils étaient maintenant nus l’un contre l’autre, peau contre peau, le souffle court comme s’ils venaient de courir un marathon. Le jeune homme posa les mains en coupe sous ses seins qui épousaient parfaitement leur creux. Rachel se cambra un peu plus, gémissant de plus belle, tandis qu’il léchait soigneusement ses pointes dressées. Elle glissa une main entre eux et s’empara de sa verge dressée. Il se mit aussitôt à onduler au-dessus d’elle. Elle accéléra les mouvements de va et vient sur son membre. Ne pouvant plus résister, il ouvrit le tiroir de sa table de chevet et y retira une protection qu’elle lui arracha des doigts pour l’ouvrir elle-même. Lentement, elle déroula le petit objet plastique sur son sexe.

    Ils se regardèrent les yeux dans les yeux. Le même désir se lisait dans leurs prunelles enflammées.
    Je t’aime, lui souffla-t-il au creux de l’oreille avant de s’enfouir totalement en elle d’une seule poussée.

    Oh oui... je t’aime aussi mon amour ... Lui répondit-elle avant d’être interrompue par un nouveau gémissement de plaisir.

    Leurs corps imbriqués l’un dans l’autre, ils chevauchèrent ensemble vers les cimes du plaisir.


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