Chapitre 17 : La vie suit son cours
Write by Sandy BOMAS
**Dans les pensées de Stella**
Francine et William ont couché ensemble ! Mon ex-fiancé et celle que je considérais comme ma sœur, se sont envoyés en l’air et ont conçu un enfant !
« Oh mon Dieu ! Je suis effondrée… »
Quand je repense à toutes ces années, où je me suis sans cesse posée des questions qui sont d’ailleurs restées sans réponses, j’ai des palpitations.
William et Francine m’ont poignardé dans le dos.
« La double trahison ! »
Je ne suis plus avec Will depuis cinq ans c’est vrai, mais la douleur que je ressens actuellement est pire que tout.
Je revois dans les moindres détails, ce matin de mariage, j’étais toute euphorique dans ma robe blanche, heureuse de sceller ma vie à celle de William…Mon homme…(Enfin, c’est ce que je croyais)
Je me rappelle encore comment il était arrivé jusque dans ma chambre, tandis que j’avais hâte de le présenter à Francine, il m’a larguée. Il m’a plantée le jour J. William a annulé notre mariage le jour où on devait s’unir pour la vie et il en était à peine désolé…
Il m’a plaquée et il est parti au Canada sans le moindre remord. Et Francine cette sorcière doublée d’hypocrite, faisait mine de me consoler alors qu’elle était responsable de ce qui m’arrivait. Elle savait que si Will avait pris la décision d’annuler le mariage et rompre définitivement avec moi par la même occasion, c’était à cause d’elle ! Elle le savait et elle ne m’a rien dit. Elle achoisi la fuite. Vivre au Gabon était ainsi beaucoup plus simple.
« Francine a couché avec mon homme et mon mariage a été annulé par sa faute ! Je ne le lui pardonnerai jamais ! »
Ça avait été plus facile pour moi de haïr une femme dont j’ignorai l’identité. Mais là il s’agit de ma meilleure amie. Je comprends maintenant mieux pourquoi elle mettait de la distance entre nous.
J’aurais aimé qu’elle me dise la vérité plutôt que l’apprendre comme ça par hasard en pleine rue.
À bord de ma voiture, je roule sans but précis.
« Fuir ! Partir loin d’ici, c’est tout ce qui m’importe en ce moment… »
J’ai mal ! Très mal… Les larmes que j’avais réussi à contenir jusque là se mirent à couler à flot et je ne fis rien pour les retenir. Ma meilleure amie, ma sœur de cœur Francine est la femme qui a brisée mon conte de fée ... Will et elle…Ensemble !
Le simple fait de les imaginer en plein ébats me donne envie de vomir.
« C’est trop !... »
Je repense à ma fausse couche…J’avais perdu mon homme et quelques semaines plus tard je perdais notre enfant. Le passé a refait surface et les plaies que je croyais guéries depuis longtemps se sont réouvertes avec une telle violence, que j’en étais toute bouleversée..
Je revivais chaque scène avec la même douleur qu’au moment où les choses se sont passées.
« Je me rends compte que je n’ai jamais réellement fait le deuil de ma rupture avec William, ni même celui de notre bébé mort in utéro…Je l’ai juste mis dans un coin de mon cerveau. Et j’ai vécu avec ces événements douloureux, en essayant de me convaincre que tout allait bien »
Survivre à mon mariage annulé et à ma fausse couche. Jusque là j’avais réussi à le faire. C’était possible. Du moins, c’est ce que je croyais.
J’avais essayé de me consoler en me disant que Je n’étais pas la seule femme au monde à vivre des épreuves de ce genre. Beaucoup de femmes avant moi, sont passées par là et malheureusement d’autres y passeront encore après moi.
Je m’étais dit qu’il fallait que je sois forte et que j’avance. William m’avait trompée c’était un fait. Mais ma vie devait continuer malgré tout. Au fil du temps, la colère et la tristesse que je ressentais avaient fini par s’estomper.
Pour la fausse couche je m’étais consolée en me disant que c’était la volonté de Dieu. Je me répétais que j’aurai d’autre enfants.
Petit à petit, mon chagrin s’était envolé et au fil du temps, même si je pensais très souvent à ce bébé qui n’a jamais vu le jour.
L’annulation du mariage n’avait pas emporté avec elle, mes sentiments pour William, bien au contraire. Au début je m’accrochais à l’espoir qu’il revienne sur sa décision. Mais mes espérances sont restées vaines. J’ai déprimé pendant longtemps. Et finalement le jour s’est levé dans mon cœur.
Je n’avais plus ni chagrin, ni colère en moi.
J’avais fini par prendre de la hauteur et reconnaitre que dans le fond Will n’avait pas été si salaud que ça. Avec du recul j’avais même fini par trouver que sa démarche avait fait preuve d’honnêteté .Oui, Will avait été franc avec moi d’une certaine manière en annulant le mariage. Il aurait très bien pu ne rien me dire et jouer sur deux tableaux. Il aurait pu me cacher sa coucherie mais il ne l’a pas fait. Lui au moins il a joué franc jeu, ce qui n’est pas le cas de l’autre sorcière je préfère ne même plus citer…
(…)
J’avais réussi à sortir la tête hors de l’eau, mais là Francine tente de me noyer à nouveau. Et la bonne dame au lieu de se faire toute petite, elle prend des airs suffisants. Elle a dit qu’elle ne savait pas que William était mon fiancé car il s’était présenté à elle par son deuxième prénom. Mais quand elle l’a su, elle a préféré me le cacher parce qu’elle s’en voulait.
« N’importe quoi ! Que des prétextes avancés pour justifier sa mauvaise foi ».
(…)
Le lendemain matin
-Bonjour Stella …
Je sursautai.
-Excuse-moi je ne voulais pas te déranger…
-Non, Tony tu ne me déranges pas du tout, entre donc.
Je me redressai sur mon fauteuil pivotant et poussai le clavier de mon ordinateur. J’affichais un air que je voulais le plus détendu possible.
Anthony DOREGO, est mon collègue. Cela fait maintenant deux ans que je travaille avec ce beau métis au teint caramel. Journaliste reporter en image, c’est lui qui couvre pour notre chaine de télévision Africa Infos+, la majeure partie des événements qui ont lieu à Cotonou et à l’intérieur du pays. Malgré ses multiples tentatives de drague je reste imperturbable. Ce n’est pas tant parce qu’il n’est pas beau, bien au contraire.
Anthony est le genre d’homme sur qui toutes les femmes se retournent dans la rue à son passage.
Il est grand, pas trop musclé, les yeux en amandes, il ressemble à ces hommes qui font la une des magazines de mode. Mais pourtant je ne vois en lui rien de plus que le collègue de travail très sympathique.
-Tu es ravissante dans ta jolie robe en super wax.
-Tony…Ne commence pas ! Lançai-je
-Quoi ? Dit-il en souriant prenant un faux air innocent. Ce n’est pas de ma faute si tu es si belle…
Il s’avança vers moi.
-Tu n’as rien de mieux à faire ce matin ?
-Si…Mais tu sais très bien que ma journée ne peut pas bien commencer tant que je ne t’ai pas vue.
Il se penche et me fais deux bises. Et tente au passage de m’embrasser sur la bouche. Je détourne la tête de justesse.
-Toi vraiment !...
Je le repoussai gentiment.
-Quoi ? Je n’ai rien fait ! Dit-il sur un semblant de défensive.
-Ah ouais ? Ton corps te trahit Tony !
-Tu vois que le courant passe très bien entre toi et moi… Sens-tu cette attraction qu’il y a entre nous ? Je suis sûr qu’on formerait un beau couple tous les deux.
-Je ne sors pas avec mes collègues de travail, fis-je d’un ton ferme.
-Pourtant ça a son côté pratique…
-Et après quand ça fini et qu’on ne peut plus se blairer, qu’est-ce qu’on fait ? On démissionne ?
-Si un jour, tu as besoin de passer un petit moment sympa…Je suis là…dit-il en se mordillant la lèvre inférieure et me fixant de ses jolis yeux couleur noisette.
-ça ne risque pas se produire !
-Ne jamais dire jamais !
-Si ! Je le dis et bien même !
-C’est bon j’ai compris…Je ne suis pas ton genre…dit-il en prenant un faux air triste.
On rit tous les deux.
-Au fait, pour parler de quelque chose de plus sérieux, c’est quand que vous partez pour couvrir le marathon du Gabon ?
-Justement, je venais te voir pour ça. On a un petit souci.
-Ne me dis pas que c’est annulé ?
-Non pas du tout, on doit être présent pour couvrir la course. C’est juste que…
Il se gratta la barbe. J’attendais qu’il termine sa phrase.
- Miradi ne peut plus effectuer le déplacement…Ça pose un problème semble t-il pour l’organisation de sa famille.
-Comment ça ?
-En gros son mari n’est pas prêt à la laisser partir à Libreville pendant des semaines entières.
-Elle est journaliste ! Il l’a oublié ou quoi ?
-Apparemment...
-Je ne comprendrai jamais pourquoi les femmes sont souvent contraintes de choisir entre leur carrière et leur famille ! Miradi ne devrait pas se laisser faire. Je vais aller la voir !
-Je crains que cela ne serve à rien.
-Comment ça ?
-Elle a renoncé à la mission ainsi qu’à la superbe promotion qui allait avec…
-Une promotion ? Demandai-je curieuse. Laquelle ?
-Travailler pour notre chaine de télévision vision à Libreville…Du coup j’ai entendu dire que c’est toi qui serais choisie, comme tu n’as…
-…N’as pas de vie de famille ? Terminai-je pour lui.
-Non ce n'est pas ce que je voulais dire ! Dit-il confus
-Tu l’as pensé tellement fort que je l’ai entendu…
-Je suis navré
-J’ai l’habitude tu sais…Bref…
En fait je m’en fiche royalement de passer pour la célibataire endurcie et sans enfant de la boite. Et en plus ça tombe à pic, car J’ai vraiment besoin changer d’air. Partir loin de Cotonou, même si ce n’est que pour quelques semaines, me ferait le plus grand bien.
-Quand faut-il donner une réponse ?
-Je pense que tu as toute la semaine pour réfléchir. Regarde ton mail…Le boss t’a envoyé une proposition.
Je m’empressai de consulter mon courrier électronique.
-Je pars à Libreville !
Tony me regardais interloqué.
-Tu sais que tu peux y réfléchir et prendre une décision au calme Stella.
-C’est tout réfléchi ! Je pars !
-Bien…Ta présence à Libreville sera bénéfique pour toute l’équipe.
-Bon tu me laisses préparer le direct, je passe à l’antenne dans peu de temps.
-Ok ! Pas de problème. Je te laisse préparer ton émission.
(…)
UN MOIS PLUS TARD
***Alexiane AISSO***
-Comment oses-tu me demander de lui pardonner son mensonge Alexiane ? J’ai pardonné beaucoup de choses mais cette fois-ci, ça ne passera pas cria Papa. Je t’ai laissée l’épouser alors qu’on ne le connaissait même pas. Tu es revenue ici et vous avez joué avec nous. Mais cette fois-ci, je suis désolé mais tu rentres à la maison !
-Papa criai-je dépassée. Je suis mariée avec lui. Je ne peux pas rentrer à la maison.
-Tu t’es mariée avec lui. Tu connais cet homme ? Un fils de meurtrier ! Voila le genre d’homme que ma fille a choisi comme époux. Que se passera-t-il si on te tue ? Tu as pensé à nous ?
-Personne ne va me tuer papa. Arrête de dramatiser. J’aime mon mari et j’ai envie qu’on finisse nos vies ensemble.
-Un homme qui a trois enfants dehors n’est plus avec toi Alexiane. Je suis un homme et je ne peux que te dire la vérité. Si on met de côté le fait qu’il soit le fils de SACRAMENTO, tu ne dois pas oublier que tu n’es plus sa priorité aujourd’hui. Il aura beau t’aimer et le chanter sur tous les toits, cette femme passera avant toi. Ses besoins passeront avant les tiens. Tu es prête pour cette lutte ?
-…
-Tu es encore jeune Alex. Tu es belle et tu n’as pas d’enfants avec lui. Quitte ce foyer avant qu’il ne soit trop tard. Les hommes ne manquent pas dehors et tu trouveras celui qui te respectera comme il faut. Ce ne sera pas William mais il te donnera ce que ton mari ne peut plus te donner aujourd’hui. Je suis ton père et j’ai vécu plus de choses que toi. Je vois plus loin que toi. C’est bien beau de parler d’amour mais au final, tu te rendras compte trop tard que tu aurais dû t’en aller.
-Je pensais que le mariage était une institution à respecter Papa. Je pensais qu’on se mariait pour la vie...
-Quitte cet homme ma fille. Si tu écoutes les conseils de ta mère, tu n’auras que tes yeux pour pleurer après. En tout cas, j’ai parlé. De mon vivant, je n’accepterai pas de dot venant de William. Il n’est pas pour toi.
La discussion était finie. Papa s’est levé et s’est dirigé vers sa chambre. J’ai secoué la tête dépitée. Quitter William ? Pour aller où ? Revenir m’installer dans cette maison ? Recommencer depuis le début ?
« Hors de question ! »
Je suis mariée et je le resterai. Les choses se sont tassées entre nous. William fait vraiment des efforts pour que notre relation s’améliore. Il passe beaucoup de temps avec sa fille mais je ne peux rien contre ça. Je n’ai juste pas la conscience tranquille. J’ai tout le temps peur qu’il se retrouve dans le lit de Francine. Il est redevenu tendre, charmeur avec moi. On a recommencé à avoir des rapports sexuels et avant-hier, on était chez le gynécologue. On a décidé de tout faire pour avoir notre bébé. Alors comment est-ce que je vais pouvoir dire à Will que papa refuse ce mariage ?
Il est vrai que la vie n’est pas belle…J’ai l’impression de partager mon homme, d’être dans une relation polygamique. On s’est fixé des bases pour que ça fonctionne. William ne va plus chez Francine. S’ils doivent se voir, c’est chez nous et pas ailleurs.
-N’écoute pas ton père Alex dit maman en surgissant derrière moi. Il n’a aucune notion des sacrifices qu’une femme doit faire dans un mariage.
-En même temps, il n’a pas tort. Je suis jeune et je m’évertue à demeurer dans cette maison juste parce que j’ai peur d’aller de l’avant. William a beau tout faire pour me faire plaisir, cela ne me rassure pas. Je n’ai pas la paix du cœur maman.
-Tu as dit que la femme partira en France bientôt n’est-ce pas ?
-Oui Maman
-Alors supporte !
-Mais William fera des allers retours évidemmment. Je ne pense pas avoir assez de forces pour supporter cette tension. Mais bon, je réfléchis toujours… Je te laisse. Je dois y aller.
-Tu as un rendez-vous ?
-Oui. Avec mon gynécologue. Pour un examen de routine. Je t’appelle dès que je rentre.
-Occupe toi bien de lui et tombe vite enceinte. Ensuite, il faudra penser à l’héritage de l’enfant. Ton mari a déjà des attaches dehors. Tu dois te mêler de ses affaires et découvrir le montant de sa fortune. Pense à ton avenir Alex.
-Tout ne tourne pas qu’autour de l’argent maman. William et moi n’avons pas choisi un mariage basé sur la communauté des biens.
-Ah bon ?! Tu es vraiment une idiote Alexiane ! Je vivre chez les blancs ne t’a pas rendue maligne ! Cette femme va te prendre ton homme mais en plus, elle va prendre tout son argent.
J’ai soupiré. Maman a toujours de ces idées. William n’est pas un homme mauvais au fond. Il ne me laissera jamais sans rien s’il arrivait qu’on se sépare. Mais on travaille tous pour que cela ne se passe pas comme cela.
Je pense que William ne peut pas me reprocher le fait que j’ai des réserves par rapport à la suite de notre histoire. Malgré nos efforts, j’ai toujours cette appréhension qui ne me quitte pas.
En parlant de faire des efforts, Francine et moi ne sommes pas copines, mais on a essayé de discuter quelques jours après que William ait découvert l’existence de sa fille. Au final, je lui ai dit ce que je pensais d’elle en face de William. Je lui ai dit qu’elle n’était qu’une femme malhonnête qui n’avait aucune honte à piquer le mari des autres. Qu’elle était fourbe, menteuse et malhonnête. Ce qui m’a sidérée c’est son attitude envers moi. Elle n’a pas tenté de se défendre. Elle s’est excusée et m’a clairement dit qu’elle ne ferait rien pour empêcher mon mariage de suivre son cours. Malgré moi, j’ai senti un certain respect pour elle naître en moi.
Malgré tout ce qui s’est passé, elle a conservé sa dignité. Elle n’a jamais eu un mot de travers devant moi et ces derniers jours, elle a pris l’habitude de m’emmener la petite elle-même. C’est difficile souvent de la voir avec son ventre mais je gère à chaque fois. Elle ne parle pas beaucoup. J’ai accepté qu’elle reste quand Yasmine est chez nous…du moins au début. Le temps que la petite s’habitue à moi. Donc pendant que Will joue avec sa fille, je surveille Francine du coin de l’œil. Elle semble malade. Will aussi est inquiet mais il ne laisse rien transparaître. Parfois, je surprends son regard sur la jeune femme et je sens qu’il partage mon inquiétude.
Je ne sais pas si je fais bien de m’inquiéter pour elle. Mais plus je passe du temps en sa compagnie, plus je me rends compte qu’elle n’est pas foncièrement mauvaise. Elle a fait des mauvais choix dans sa vie et elle en paye les pots cassés aujourd’hui.
Elle est toujours calme, souriante et pensive. Les seuls moment ou elle sort de sa léthargie sont ceux ou sa fille discute avec elle. Elle a perdu du poids en un mois au lieu de grossir. Je sais qu’elle est amoureuse de mon mari et que je devrais continuer à la détester de toutes mes forces. Mais j’ai pris de nouvelles résolutions dans ma vie. Je veux que mon homme soit heureux et pour cela, Francine et ses enfants aussi doivent aller bien.
***Stella GAGNON***
Partir loin. C’est tout ce que je voulais depuis le jour où au restaurant j’ai découvert que la raison de l’annulation de mon mariage avait un nom : Francine.
Ça fait un mois que je rumine. Un mois que j’ai du mal à positiver, surtout lorsque je repense au coup de pute dont j’ai fait les frais. Savoir que cette traitresse est à Cotonou ne fait que me maintenir dans mon humeur maussade.
Alors quand on m’a fait la proposition d’aller couvrir le marathon du Gabon, j’ai tout de suite accepté. Je suis désolée pour Miradi. Savoir qu’elle ne peut pas aller en mission à cause de sa vie de famille me chiffonne, mais je ne vais pas mentir, je suis bien contente que la direction ait pensé à moi, pour la remplacer. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Et être le plan B ne me dérange aucunement. Au contraire ça mettra un peu plus de peps à ma carrière.
La vie est tout de même bizarre. Quand je pense que j’ai voulu me rendre à Libreville à plusieurs reprises, mais que le projet a avorté à chaque fois à cause du manque d’enthousiasme de Francine…
« Bref, si je continue à ressasser je sens que je vais devenir folle ».
J’ai vérifié le contenu de mes deux valises pour la millième fois puis je les ai fermées à clé.
«Libreville je viens à toi ! »
(…)
Quand je suis arrivée à l’aéroport, Papa, Maman ainsi que mes frères et sœurs m’attendaient dans le hall. La famille GAGNON au complet !
« Huuummm Je suis sûre et certaine, que c’est Maman qui a embarqué tout le monde jusqu’ici. Elle me verra toujours comme son gros bébé à plus de trente ans je suis toujours à ses yeux sa petite Stella et c’est valable pour tous ses enfants »
Troisième enfant d’une famille de six et première fille de cette grande fratrie, j’occupais une place particulière même si Maman nous répéte sans cesse à tous qu’elle nous aime tous de la même manière. Je suis la fille qu’elle a tant attendu, ce qui rendait jalouses mes deux sœurs Aurore et Emma.
Quand Maman me vit approcher un sourire illumina son visage. Raphaël, le benjamin de la famille vint à ma rencontre avec un chariot.
-Hé Stella tu sais que tu vas dans un pays civilisé ?
-Pourquoi tu me dis ça ? Pfff
-Ben, regarde tes valises ! On dirait que tu emportes tout le Bénin avec toi !
-Aide-moi seulement au lieu de me chambrer. Je te signale que j’y vais pour travailler, donc je prends tout ce dont j’ai besoin. Je n’aurai pas le temps de courir les rues de Libreville et encore moins les magasins.
-Pfff à t’entendre on dirait que tu vas dans un pensionnat.
-Je prends mon travail très au sérieux rien de plus !
J’allais embrasser toute la famille. Maman me prit dans ses bras comme si on ne s’était pas vu depuis des siècles, alors que l’avant veille au soir, on s’était tous retrouvé chez les parents, autour d’un repas familial donné en mon honneur.
« La famille GAGNON et les repas d’au revoir c’est toute une histoire ! »
Papa cachait toute expression derrière ses lunettes teintées. Il se contenta de me faire une grande accolade, puis me rappelait en bref les choses à éviter lorsque je serai au Gabon. Ne pas consommer d’alcool, ne pas sortir seule surtout le soir, ne pas fréquenter n’importe qui.
«Les conseils de Papa…On aurait dit qu’il s’adresse à sa fille qui quitte le nid pour la première fois. Allô Papa ? Je suis journaliste majeure et vaccinée ! »
-On a entendu tellement de choses ces derniers temps. Des filles retrouvées mortes avec des pieux enfoncés dans le sexe !
-Papa ! Le coupai-je, avant qu’il ne continue à faire dans le macabre. Tu sais c’est comme partout, il y a toujours eu des meurtres. La délinquance et les grandes villes c’est une vieille histoire.
-Ah bon ? On parle même de crimes rituels. Si tu n'y crois pas, vas sur les réseaux sociaux !
-Je suis au courant de ce qui se passe. Mais il ne faut pas tomber dans la psychose non plus Papa.
Il me regarde ahuri. Je lui fais une bise sur la joue.
-Ne t’inquiète pas Papa, je reviendrai entière ! Dis-je en souriant.
-Je l’espère !
-Et puis ce n’est pas comme si j’étais ta seule fille Aurore et Emma sont là, je sais que je peux compter sur elle pour te donner du fil à retordre s’il arrivait que je ne revienne pas.
-Stella ! Dit Papa en pointant vers moi un doigt menaçant. Ne rigole pas avec ce genre de chose !
-Arrête de dire des sottises Stella. Tu veux que Papa nous fasse une hausse de tension ou quoi ?
Aurore, était perchée sur ses hauts talons. Malgré son mètres soixante dix-huit elle éprouvait toujours le besoin de dominer tout le monde. Certains parleront de déformation professionnelle, car ma sœur est mannequin, mais moi je sais que c’est plus profond que ça.
Ma sœur a toujours eu ce problème de place. C’est la deuxième fille de la famille et la quatrième du clan GAGNON avant elle il y a David, Théo et moi.
Aurore est une très belle femme. Nous avons deux ans d’écart elle et moi et c’est d’ailleurs le cas pour tous les autres à l’exception de Raphaël. Raphaël et Emma ont sept ans d’écart. Maman a su qu’elle était enceinte que lorsqu’elle avait déjà cinq mois de grossesse.
Revenons à Aurore, elle m’a souvent vue comme une rivale, mais depuis qu’elle fait partie du top dix des femmes les plus belles du Bénin, elle a cessé de me considérer comme telle.
-Ça ne risque pas d’arriver le boss a une santé de fer, dis-je en banalisant son inquiétude. Salue-moi plutôt, au lieu de te faire un sang d’encre pour si peu.
Elle se pencha et me gratifia d’une chaleureuse accollade.
-Humm ma sœur, vue la façon tu es pressée de partir au pays de l’or noir, on aurait dit qu’il y a un riche pétrolier qui t’attend déjà là bas ! Dit Emma avec une pointe de moquerie.
-Arrête de dire des bêtises !
-Mais c’est vrai ! Tu n’as pas l’air triste de nous quitter.
-Biensûr que ça me fait quelque chose de partir loin de ma famille mais Libreville n’est pas si loin que ça de Cotonou !
-C’est vrai, mais quelques soient les arguments que tu pourras avancer, tu seras quand même loin de nous…
Elle fit mine de s’essuyer les yeux.
-Tu es une vraie comédienne toi !
Nous nous sommes tous mis à rire.
-Tiens, où sont donc David et Théo ?
-Ils sont entrain de parler affaires autour d’un verre.
-Ils sont au bar, dit Emma.
-Encore eux quand ils s’y mettent on ne peut plus les arrêter !
-N’est-ce pas ? Dis Aurore amusée.
Nous nous sommes mise à l’écart pour parler un peu entre sœurs.
« J’ai encore suffisamment de temps. L’enregistrement des passagers ne commence que dans une demi-heure »
-Et c’est quoi leur projet du moment ? Demandai-je curieuse.
-Ils ne veulent pas trop en parler, pour l’instant, dit Raphaël qui s’était joint à nous.
-Je crois qu’ils essayent de monter un site internet, une genre de centrale qui regroupera des vendeurs, des professionnels et des individuels qui voudraient acheter ou vendre des articles neufs ou d’occasion.
-Huuumm Emma ! Tu es bien renseignée dis donc ! Plus curieuse que toi je meurs ! Mais j’avoue que le projet des frangins est intéressant. Mais dis-moi Emma, comment tu sais ça, puisque c’est sensé être confidentiel ?
-Elle a toujours les oreilles qui trainent ! Fis Aurore en riant.
-En même temps c’est grâce à mes oreilles qui ne ratent rien là que vous avez eu l’info non ? Tchiippp !
-Tu aimes trop le kongossa Emma ! Insistai-je.
-Regardez comment elle est contente de nous sortir une expression gabonaise ! Dit Raphaël.
-Il faut bien que je m’y mette non ?
-Tu as raison…
(…)
Je suis allée retrouver mes deux frères au bar. Nous sommes restés à discuter encore un bon moment. Puis mes collègues sont arrivés. Nous sommes dix à partir pour le Gabon. Tony s’est détaché du groupe de journalistes et est venu saluer toute la famille.
Aurore me chuchote :
-Il est de plus en plus canon ton collègue, c’est quand tu m’arranges un rencard avec lui ?
-Tony c’est un coureur, si tu as le cœur bien accroché….
-Non c’est bon laisse tomber ! Coupa ma sœur. J’ai eu ma dose avec les mecs qui tirent sur tout ce qui bouge.
On a toutes rigolé .
(…)
J’ai procédé à l’enregistrement de mes bagages. J’ai embrassé toute ma famille, puis j’ai embarqué.
*
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