Chapitre 17 : Pensive
Write by Néfi
Jonathan sentit bien ce soir-là
que quelque chose ne tournait pas rond. Au bout du troisième « Tu es sûre
que tout va bien chérie », j’explosai et je lui répondis ardemment :
-
Non Jon, ça ne va pas. Tu le vois bien. J’ai
besoin de réfléchir. Est-ce qu’on peut rentrer à la maison stp ?
Nous quittâmes donc précipitamment le
restaurant où nous étions. Une fois dans mon lit, je repensai à cette folle
soirée. Je n’arrêtais pas de me poser des questions : Pourquoi Alex
était-il revenu soudainement ? Pourquoi m’avait il dit qu’il était parti à
cause de nous ? Pourquoi m’avait-il paru aussi amoureux qu’au premier
jour ? S’il m’aimait vraiment, et qu’il disait vrai, que s’était-il passé
au point où il avait dû ne plus me parler et s’éloigner de moi. J’imaginais les
scénarios les plus fous : Il était un agent secret ? Il avait une
autre copine qu’on l’avait forcé à épouser ? Il avait été prédestiné à une
autre femme ? Je savais qu’il y avait certaines familles du bénin qui
pratiquaient encore ce genre d’acte. Je n’en pouvais plus de tourner en rond.
Je me levai à 3h du matin, insomniaque et allai à la cuisine me versai un bon
verre d’eau glacée. Je ne retrouvai le sommeil que 2 heures plus tard.
Heureusement qu’on était samedi. Je n’avais pas de cours à suivre, hormis ceux
d’anglais que je prenais au Centre Culturel Américain deux fois par semaine.
Mes parents y tenaient. J’entendais mon père d’ici : « Dona,
l’anglais c’est important. Même si tu ne sais parler que cette langue, tu peux
accomplir plein de choses ».
De retour de mon cours d’anglais vers 21h,
Alex m’attendait patiemment devant le portail.
« Oh non, encore lui ! »
pensa ma J.A. en émettant un « tchip » bien sonore.
Il se leva et vient me tenir la main
pendant que je descendais de mon zemidjan (taxi-moto).
-
Qu’est-ce que tu fais là Alex, lui lançai-je immédiatement
-
Salut Dona, me répondit-il avec un sourire. Moi
aussi je suis content de te revoir.
-
Tu ne réponds pas à ma question Alex.
-
Je voudrais qu’on aille prendre un verre, toi et
moi.
-
En quel honneur ? Tu débarques de nulle
part, la bouche en cœur, et je dois exécuter tes désirs. Non mais Alex, tu me
prends pour qui ? La dernière des connes ou quoi ?
-
Mais pas du tout Dona, dit-il confus. Ecoute,
cela fait à peine 2 jours que je suis rentré. Je n’ai même pas encore revu
toute ma famille. La seule chose qui m’importe, c’est de m’entretenir avec toi.
-
Et de quoi veux-tu que nous nous entretenions
Alex hein ? Tu me veux quoi au juste ? Tu m’as brisé le cœur et tu es
parti, sans un mot pour moi. Tout est pourtant clair.
-
Écoute-moi Dona,
écoute-moi très bien. De gré ou de force, tu viendras avec moi. Et même
si je dois te porter, je le ferai. Je l’ai déjà fait, rappelle-toi, mais dans
bien d’autres conditions.
Son ton avait vraiment changé pour le coup. Il était
vraiment sérieux. Au fond de moi, je mourrais d’envie de passer du temps avec
lui, et surtout d’en apprendre un peu plus sur cette histoire qui nous avait détruits.
-
Ok, Ok, ne t’énerve pas Alex. Et pas besoin de me
porter, je sais marcher, lui lançai-je avec un air digne et fier.
Je m’installai alors dans sa voiture,
pendant qu’il faisait le tour pour s’asseoir du côté chauffeur. Sa voiture
était très agréable. C’était une Mercedes ML. Elle sentait bon le cuir et une
fine odeur de citron. Je m’adossai confortablement dans le siège. Aretha
Franklin chantait en fond sonore. Toutes les conditions étaient vraiment
remplies pour que je me sente à l’aise. Alex conduisait posément, sans s’énerver,
malgré toutes les infractions au code de la route commises ça et là par les
zemidjans et les chauffeurs de taxi.
-
Ça va bb ? me il, comme ça, de nulle part
-
Ça va Alex. Elle est confortable ta voiture.
-
Merci, je dirai ça à mon père, répondit-il en
souriant.
Rha, ce sourire ne me laissa pas
insensible. Mon cœur se mit à battre chaudement. Je me remémorai les souvenirs
que lui et moi avions partagés.
Quinze minutes plus tard, nous nous
garions devant un restaurant, bar en bordure de mer. En sortant de la voiture,
l’air frais me fit frissonner. En effet, je n’avais mis qu’une robe bleue nuit sans
manche moulante. Je n’avais pas de veste, n’ayant pas prévu de sortir aussi
tard, et près de la mer en plus. (Merci Alex quoi ).
Nous nous installâmes donc sur la
terrasse du restaurant, à l’étage. L’ambiance était tamisée. Les tons neutres,
beige et marrons de l’ensemble du restaurant, tombaient vraiment à pic pour ce
genre de retrouvailles. Le serveur nous apporta les cartes.
-
Tu dois avoir très faim non Dona ? me
demanda Alex.
-
Oui très, je sors des cours et je n’ai pas
encore mangé.
-
Des cours ?
-
Oui des cours d’anglais au Centre culturel
américain.
-
Ah , mais c’est super ça.
-
Oui, contrainte par mon père d’y aller. Mais
finalement j’aime bien.
-
Tant mieux alors. Du coup, voyons voir ce qu’ils
proposent ici.
10 minutes plus tard, nous avions
passé commande. Martini blanc + pâtes carbonara pour Alex et punch + alloco
poulet pour moi.
Alex et moi savourions pensivement
nos apéritifs. Pour m’occuper, je grignotais sans cesse les cacahuètes. Alex se
leva un instant pour aller prendre un appel, accoudé au balcon de la terrasse.
J’en profitai pour l’observer attentivement. Il n’avait pas changé. Il était
toujours aussi beau, aussi vigoureux. Son tee-shirt noir laissait clairement
deviner ses pectoraux bien solides. Dieu, qu’il était sexy. Il revint s’asseoir,
toussota et me dit :
-
Dona, je suis décidé à te dire ce qui m’a fait m’éloigner
de toi, car tu mérites de savoir.
-
Je t’écoute Alex.
Il fit une pause, me fixa droit dans les yeux et me
dit :
-
Dona, je viens d’une des plus anciennes familles
du Bénin. Le vodoun, c’est ma religion et c’est cela qui explique les décisions
que j’ai eu à prendre.