Chapitre 18

Write by Mayei

Partie 18

...Sophie...

Nous sommes dimanche aujourd’hui. Je reviens de chez la coiffeuse et esthéticienne. Il fallait que je sois belle pour mon mari qui rentrait d’un voyage d’affaires. Il avait pris le vol pour la Guinée. Je n’avais pas pu l’accompagner car il détestait ça, pour ne pas dire qu’il était bien trop sensible. Il raconte toujours que c’est moi qui pleurerais pourtant c’était lui le plus sensible d’entre nous deux. Il fallait qu’il soit ébloui en me voyant. En attendant qu’il arrive je fis la cuisine et pris un bain. Je me maquillais légèrement et restais assise devant la télévision. Ça faisait un bon moment que ma vie se résumait à cette routine. J’étais une femme mariée maintenant, je ne pouvais plus me permettre quoi que ce soit. 
Il m’arrivait de faire la causette avec les voisines mais seulement celles qui étaient mariées. C’est ce que mon mari m’autorisait. Je pense d’ailleurs qu’il a bien raison. Il faut s’entourer de personnes qui ont le même centre d’intérêt. Je croise les doigts afin que Windi se marie rapidement et que je puisse renouer avec elle. Il faut avouer qu’elle me manque tout de même. Seulement Anthony ne sera pas d’accord que nous nous voyons. Mon mariage passe avant tout. Ce n’est pas pour une amitié que je vais causer du tort à mon mari.

Il était seize heures lorsque le klaxon de la voiture de mon mari se fit entendre. Je me levais précipitamment et arrangeais ma tenue. Je devais être parfaite. Le gardien se chargea d’ouvrir le portail tandis que je restais près de la porte en prenant une position aguicheuse. Il marchait vers moi en tirant sa valise et avec le sourire. C’était comme si nous nous voyions pour la première fois. J’aimais ces moments. Il s’approcha de moi et me pris dans ses bras. Sa main descendit aussitôt sur mon postérieur rebondit. 

Anthony : c’est fou comme tu m’as manqué !

Moi : et toi alors ? J’avais tellement hâte que tu reviennes. Cette maison est bien trop grande pour moi toute seule. 

Anthony : je sais et c’est à contre cœur que je te laisse toute seule. Si ça ne tenait qu’à moi, je n’aurais pris aucune mission 

Moi (prenant sa valise) : montons

Il ne manqua pas de me donner une claque sur les fesses alors que je montais les marches devant lui. Je ne savais pas d’où lui venait cette obsession pour les fesses. Même en public il faille qu’il se retienne vraiment pour ne pas me les toucher. Je me mis à faire le tri de ses affaires entre ce qui était propre et sale. Il se débarrassait de ceux qu’il avait sur le dos et se préparais pour prendre une douche. 

Anthony : au fait j’adore ta coiffure !

Moi (me sentant spéciale) : merci mon cœur ! Je pensais que tu n’avais pas remarqué. 

Anthony : comment ne pas remarquer alors que tu es tellement ravissante. (Regard coquin) Laisse-moi juste prendre une douche et je te ferrai crier dans cette maison.

L’entendre me dire ça m’envoya une décharge dans le bas ventre. J’aimais lorsqu’il me parlait ainsi. Comme quoi, l’attirance ne disparaît pas une fois qu’on est marié. Avec mon mari c’était comme au premier jour. J’avais eu de la chance de tomber sur un homme comme lui. Je ne m’inquiétais pas d’une potentielle rivale...ça ne risquerait pas d’arriver tant toute son attention était portée sur moi. Je m’assis sur le lit en attendant qu’il sorte de la douche, ce qui ne tarda pas à se produire. Il s’essuyait le corps pendant que je le détaillais avec envie. Il était un sacré homme mon mari.

Anthony : au fait j’allais complètement oublier de te parler de quelque chose. Tu ne me croiras sûrement pas. D’ailleurs si je n’y étais pas je n’aurais pas cru.

Moi (surprise) : qu’est-ce que c’est ?

Anthony : nous étions sortis au restaurant avec les autres. On mangeait tranquillement quand une femme est rentrée et a commencé à crier dans le coin. Apparemment son mari y était avec sa maîtresse. 

Moi : oh ! 

Anthony ; attends de n’est pas le plus surprenant. Alors je lève ma tête vers l’homme et la maitresse en question et qui je vois ? Windi 

Moi (choquée) : non ! Ce n’est pas possible 

Anthony : j’ai eu la même réaction sur toi. J’étais choqué. Quitter la Côte d’Ivoire et rejoindre un homme marié en Guinée ! Je me suis approché d’elle mais elle avait tellement honte qu’elle se soit presqu’enfui. 

Moi ; je n’arrive pas à le croire. 

Anthony : et pourtant ! Tu vois maintenant que j’avais raison de te demander de rester loin d’elle. Elle allait te traîner avec elle dans ce genre de comportement. En tout cas elle en a eu pour son compte...la femme du monsieur l’a vraiment lavée. 

Windi ! Avec le mari d’une autre ? Je n’aurais jamais pu imaginer cela. Elle était pourtant la première à condamner les hommes qui avaient des maîtresses et aujourd’hui elle occupait ce rôle ? Était-elle aussi désespérée ? Voilà maintenant elle s’était prise la grosse honte de sa vie devant tout le monde. Prendre l’avion pour aller rejoindre un homme qui n’est pas le sien ? J’avais eu beaucoup de mal à m’y faire lorsque Anthony m’avait demandé de mettre un terme à cette amitié mais voilà que cette situation lui avait donné raison, toujours à faire les grands discours sur la fidélité pourtant elle cachait ses propres vices. Peut-être même que c’est Anthony qu’elle allait venir chercher. J’ai même envie de lui passer un coup de fil et lui demander comment elle peut être aussi hypocrite mais non je n’allais pas me rabaisser à ce point. J’étais de la team des épouses. IL ne faut pas se mettre au même niveau que les maitresses.

...Windi....

Dénis (garant devant mon portail) : nous y sommes ! J’espère que tu as apprécié notre semaine. 

Moi : j’ai adoré mon amour ! 

Dénis (les yeux triste) : je suis content alors 

Moi : pourtant tes yeux disent le contraire. 

Dénis (me prenant la main) : je suis simplement fatigué (me baisant la main) je t’aime comme un fou Windi. Je ne savais pas que c’était possible d’aimer quelqu’un aussi fort en peu de temps. 

Moi : je t’aime aussi mon amour...

Dénis : je t’en prie ne n’oublie pas. N’oublie pas que je t’aime sincèrement

Moi : lol comment oublier ? 

On descendit de la voiture et dénis fit descendre mes affaires. Le gardien qui était sorti, se chargea de les porter à l’intérieur. Je restais un moment dehors avec Dénis qui m’embrassa à pleine bouche sans se soucier de ces personnes qui passaient et nous dévisageaient. Je lui proposais de rentrer mais il déclina. Il devait se rendre à un rendez-vous et il commençait à être en retard. Il me réitéra son amour puis s’en alla. Je ne sus pourquoi mais mes sens se mirent en éveil. J’avais l’impression que des problèmes arrivaient. Bon j’avais toujours été pessimiste alors je rangeais ça bien loin et rentrais chez moi. J’avais passé une semaine fantastique, le sourire ne quitta pas mon visage jusqu’à ce que j’arrive dans mon salon et que je tombe sur Alida...mon amie portée disparue ! 

Moi : Alida ?

Alida (se levant) : Windi ?

Moi : qu’est-ce que tu fais la ? Tu te souviens encore de ma maison ?

Alida : ne parle pas ainsi ! Laisse-moi t’expliquer ?

Moi : m’expliquer quoi ? Il y a quoi à expliquer ? Ça fait combien de temps que j’écris ou appelle ? Aucune nouvelle, aucune réponse et tu te pointes comme ça chez moi pour...

Alida (me coupant) : je suis enceinte !

Moi : quoi ?

Alida (souriant) : je suis enceinte Windi...le traitement a marché cette fois ci ! 

Moi (remplie de joie) : oh ma chérie ! Je ne savais pas que tu avais repris le traitement. 

Alida : c’est pour ça que je souhaite que tu me laisses expliquer. 

Lorsque Alida avait décidé de faire des enfants avec son mari, le verdict était tombé après des analyse. Il serait quasiment impossible pour elle de tomber enceinte naturellement car ses trompes étaient défectueuses. Ce jour-là nous avions pleuré comme des madeleines. Je ne remercierai jamais assez le ciel de lui avoir donné un mari aussi compréhensif que le sien. C’était lui-même qui avait fait les recherches sur les alternatives possibles et avaient pris rendez-vous hors du pays pour une première tentative puis une deuxième qui s’étaient soldées par un échec. C’était vraiment difficile d’autant plus que ça coûtait cher. Alors apprendre qu’elle est enceinte est juste fantastique. Je l’invitais à prendre place pendant que j’allais chercher de quoi grignoter.

Moi : oh mais cette fille parle ! 

Alida : crache le morceau 

Elle ne me demanda pas longtemps. Je fis le tour...sur comment nous nous étions rencontrés et comment je l’aime et lui aussi. C’est fou comme elle m’avait manquée non amie.

Alida : j’espère qu’il est près parce que je vais l’interroger et je suis pire que Sophie.

Moi : oh si tu savais ! Sophie ne peut plus se promener avec moi parce que je suis célibataire. 

Alida (rient) : arrête tes bêtises là 

Tout comme moi, Alida fut très surprise quand je lui racontais mon altercation avec Sophie. Je lui racontais aussi ce que j’avais vu à jacqueville. Nous nous accordions pour ne rien dire à Sophie. C’était son couple et elle le gérait comme elle l’entendait. Notre petite soirée prit fin lorsque Didier vint chercher sa femme. Il était au petit soin et se chargeait de l’accompagner partout. C’était vraiment beau à voir. Le soir avant de dormir, j’essayais de joindre Denis mais son téléphone était fermé ce qui était plutôt étrange. Je n’insistais pas. Demain j’allais sûrement avoir de ses nouvelles. 

...Morelle...

Maman : quand tu regardes chez moi est-ce que tu peux y rester ? Ou bien tu penses que c’est de gaité de cœur que je t’ai laissé chez ton père ?

Moi : ... ... 

Maman : morelle c’est la nouvelle femme de ton papa. Ça ne fait rien, il faut vous plier. Quand vous serez indépendantes chacune pourra prendre sa maison et faire de qu’elle veut. Ne vous mêlez plus de ces histoires. Tu as compris ?

Moi : oui maman ! 

Maman : Leslie, tu vois ta maman quelque part ici ?

Leslie : non ! 

Maman : hier ton beau-père lui a encore donné des coups. Je ne sais pas ce qu’elle attend pour le quitter mais bon. C’est dans cette atmosphère que tu veux aller vivre ? 

Leslie : non maman.

Maman : en tout cas je vous ai parlé ! Faites-vous toutes petites dans cette maison. Votre grand-père et votre tante s’en iront vous m’aurez plus d’alliés ici.

Nous avions échappé à l’expulsion annoncée par monsieur mon père. Heureusement que les gens avaient intervenu pour demander pardon sinon nous étions chacune chez nos mères à l’heure qu’il est. Aujourd’hui maman est passé nous faire la morale. Je trouve que ce qu’elle a dit est tout de même plausible. Nous sommes en position de faiblesse. Elizabeth tenait les règnes de cette maison alors nous avions intérêt à faire profil bas. Maman nous prodigua encore quelques conseils puis je le raccompagnais prendre son taxi. Je lui fis un long câlin. Elle me manquait terriblement. J’étais grande maintenant alors je fis tout pour ne pas couler des larmes. 
A mon retour, je vis de loin Leslie et Orlane, la nièce toutes deux en pleine discussion. Elles riaient comme d’anciennes amies. Je sentis une pointe de jalousie monter en moi. Je m’approchais donc avec le sourire et m’assit près d’-elle. Chose bizarre, la causerie cessa subitement. Elles ne riaient plus et semblaient embêtées que je sois près d’elles. Je n’étais pas idiote, je pouvais sentir je n’étais pas la bienvenue. Je n’allais donc pas m’imposer plus longtemps. Je me levais dans mots dire et regagnais ma chambre. 
Il ne s’agissait pas de la première fois que ces deux-là se comportaient ainsi lorsque j’étais dans les parages. Je me sentais mise à l’écart et que Leslie y participe, rendait la chose encore plus difficile à supporter. Nous avions eu pour habitude de faire tout à deux et là je me retrouvais seule de mon côté. J’appelais Karl et lui expliquais la situation. Au moins il était la lorsque je ressentais le besoin de parler.

Karl : tu veux que je passe te chercher, histoire de changer d’air ?

Moi : non ça ira ! Il ne faut pas que je me crée encore plus de problème. 

Karl : mais essaie d’en parler avec elle. Dis-lui comment tu te sens. Peut-être même qu’elle ne se rend pas compte de son attitude vis à vis de toi.

Moi : hum si tu le dis.

Karl : je n’aime pas quand tu es triste Desoto. 

Moi : hum...ça va passer 

Je n’allais rien faire de tout cela. J’étais persuadée que Leslie savait ce qu’elle faisait. C’était une grande folle après tout. De plus je ne voulais pas passer pour quelqu’un qui quémande l’attention. J’avais l’attention de Karl alors c’était bien suffisant comme ça. 

...Leslie...

Moi : tu penses qu’elle nous a entendues ?

Orlane : non elle était quand même loin 

Moi : ah ok ! Je ne veux pas qu’elle vienne encore le faire la morale comme à son habitude. 

Orlane : elle est un peu trop coincée !

Moi : sûrement elle se décoincera quand elle sera dans le mouvement 

Nous éclations de rire. Morelle était beaucoup trop coincée et de plus c’était elle-même qui avait dit que je ne devais plus lui parler de mon histoire avec Allan. Alors pourquoi lui dirais-je que j’avais prévu de faire le mur ce soir avec Orlane pour aller à une de ces soirées organisées par Allan et ses amis. Je pensais déjà à ce qu’il fallait que je me mette. Il fallait que je frappe fort pour en mettre plein les yeux. Il fallait qu’Allan n’ait d’yeux que pour moi. Avec Orlane, nous continuons à discuter de notre soirée. 
Lorsque la maison fut entièrement endormie, je changeais ma tenue et marchais sur la pointe des pieds pour rejoindre la chambre d’Orlane. Je frappais en attendant qu’elle sorte mais depuis il n’y avait aucun signe de sa part. Je poussais donc le poignet de la porte. Je trouvais madame couchée lourdement sur son lit. 

Moi (approchant) : rooooh Orlane ! Tu ne vas pas me dire que tu n’es pas prête ... nous allons être en retard 

Orlane : ... 

Je la touchais légèrement. Elle se retourne, passa la main sur son visage et se mit à ronfler fortement. Non ! Madame dormait alors que nous avions tracé un programme depuis le début de cette journée. Elle ne pouvait pas faire ça elle aussi. Surtout qu’Allan avait proposé qu’elle s’accroche à un de ses amis. J’essayais de la réveiller mais rien n’y fit. Elle était déjà très loin. Elle dérangeait vraiment. Qu’allais-je bien pouvoir dire à Allan ? Bref j’allais tout de même m’en aller à cette fête, seule ou accompagnée. 

Je sortis donc de la maison en catimini. Le chauffeur de taxi habituel attendait déjà. Il nous fréquentait tellement qu’il fit même étonné de me voir toute seule. Il demanda des nouvelles de Morelle, je lui en donnais et il me déposa devant la maison. De dehors on entendait déjà la musique à fond. A l’entrée, on me fouilla et l’on me confisqua mon téléphone. A ma demande de savoir pourquoi, on me répondait que c’était la règle et que je pourrais reprendre le téléphone à la sortie. Mais comment allais-je donc avertir Allan de ma présence ? 

Je fus complètement étonnée en mettant les pieds à l’intérieur ! Il y avait pas mal de monde mais le comble était que tout le monde était presque nu. Les filles se baladaient les seins au vent. Pour certaines le string était toujours en place, pour d’autres, elles offraient un spectacle digne du jardin d’Eden. J’étais choquée. Je m’avançais dans l’espoir de trouver Allan mais tombait sur une fille et plusieurs garçons qui la touchaient avec légèreté. Tout à coup je sentis une main se poser sur mon épaule. Je me retournais et tombais sur Allan...le torse nu et une bouteille à la main. 

Allan : enfin tu es la ! 

Moi : oui...

Il l’embrassa aussitôt et me tira par la main. Nous prîmes ensemble les escaliers et finirent notre course dans une chambre de la maison. Allan descendit sa bouteille d’eau pendant que je m’asseyais sur le lit. Il avait l’air défoncé.

Moi : je ne me sens pas à l’aise ici Allan ! 
Allan : rooooh pardon décoince toi. On prend du bon temps-là. 

Un bruit se fit entendre dans la pièce. C’était la chasse d’eau qu’on venait de tirer. Une fille aussi nue que les autres en ressortie. Elle passa devant Allan qui la tint par Le bras, l’embrassa et lui donna une tape sur les fesses. Elle sourit puis vint se coucher sur le lit sans aucune considération pour ma personne. J’étais tétanisée. Allan osait embrasser et se comporter Ainsi avec une autre sous mes yeux. 

Moi : mais ça ne va pas Allan ? Qu’est-ce que c’est que tout ça ! Je pensais qu’on venait dans une soirée tranquille la

Allan : ce n’est rien ma chérie. C’est juste que je veuille réaliser mon fantasme. Je veux vous faire l’amour à toutes les deux au même moment.

Moi (me levant) : ça jamais ! Je rentre chez moi !

Allan : si tu sors d’ici considère qu’entre toi et moi c’est terminé. 

Cette phrase me stoppa dans mon élan ! J’étais tétanisée...mon cerveau me disait de l’envoyer bouler et mettre fin à toute cette mascarade. S’il m’aimait vraiment il ne m’aurait pas invitée à une soirée pareille ou ne serait pas en train de me faire cette proposition indécente. Cependant mon cœur, lui n’était pas de cet avis. C’est sans fierté que j’avançais vers lui et que tout doucement, il fit descendre ma robe. L’autre fille nous rejoignit et me caressa en même temps qu’Allan le faisait. Je sentais mes larmes couler le long de mes joues. Je supportais toute cette saleté jusqu’à ce qu’Allan soit satisfait.

Pendant qu’ils dormaient, je sortis de cette maudite chambre. J’étais pressée de m’en aller. Au moment de joindre le taxi, je me rendis compte que j’avais laissé mon téléphone à la soirée. Peu importe ! Qu’il le garde. Je pris le premier taxi et demandais l’heure. Il était à peine 4h36. J’allais rejoindre la maison et dormir pour oublier tout ce qui venait de se passer. Comme j’étais sortie, je rentrais. Je marchais a pas de filou et poussais la porte du salon que j’avais laissé ouverte.

Je fis tétanisée lorsque la lumière envahit la pièce et que je pouvais clairement distinguer les visages de papa et Elizabeth. Ils étaient tous les deux assis au salon. Mon cœur se mit à battre tellement fort que je cru mourir sur place. 

Papa : je peux savoir d’où tu viens ? 

Moi (tremblant) : pa...

Je n’ai pas pu finir ma phrase car je venais de recevoir la ceinture de mon père en plein dos. Il se défoulait sur moi comme pas possible et sa soi-disant femme à côté ne disait absolument rien. Je criais à tue-tête pour qu’il arrête mais c’était mal le connaître, il me frappa encore et encore en répétant combien j’étais ingrate. 

Papa : on se tue pour vous payer les cours et s’assurer que vous ayez éducation décente mais c’est la rue que tu préfères n’est-ce pas ? 
Moi : pardon oh...pardon papa ! Je ne fais plus 

Il passa une bonne partie de la nuit à me frapper. Lorsqu’il fut fatigué, il montait avec sa femme tandis que je restais recroquevillée sur moi-même dans un coin du salon. Je n’avais plus de larmes pour pleurer. J’étais vidée de toutes mes forces. Allan avait non seulement abusé de moi mentalement et voilà que mon père se ruait sur moi. Cela devenait de plus en plus insupportable. La lumière se montra de nouveau et je vis Orlane approcher à petit pas. Elle tenait un drap dans la main, drap qu’elle me passa autour. Sans mots dire, elle m’aida à me relever et ensemble nous regagnions ma chambre. Elle me conseilla de prendre une douche et m’attendait jusqu’à ce que je finisse. 

Orlane : je ne veux pas être une mauvaise langue mais...

Moi : mais quoi ?

Orlane : tout à l’heure quand je venais vers toi j’ai surpris ma tante et Morelle en pleine messes basses. Tu aurais dû voir comment elles ont sursauté en me voyant. Morelle est retournée dans sa chambre comme si elle avait le feu aux fesses. 

Moi : attend ! Tu veux dire que Morelle est debout et qu’elle n’est même pas venue voir ce qui se passait avec tous mes cris la ?

Orlane (levant les épaules) : tout compte fait, je pense qu’elle nous a entendues tout à l’heure sous le hangar et elle a rapporté à ma tante. Sinon comment auraient-ils su ? Ils ne se lèvent jamais en plein milieu de la nuit. 

Je restais silencieuse après avoir écouté Orlane. Morelle ne pouvait pas me faire ça ! Nous étions sensées nous mettre ensemble pour chasser cette femme et voilà qu’elle me plantait un couteau dans le dos ! Cela a tout à fait un sens. Elle ne supporte pas ma relation avec Allan alors elle a tout simplement rapporté pour me faire du mal. Je pensais qu’elle était ma sœur. Je pensais pouvoir compter sur elle pour tout et n’importe quoi. C’était vraiment bas de sa part. Je suis profondément déçue de son comportement.

Le lendemain je décidais d’observer ma sœur de loin ! J’étais bien surprise de remarquer qu’elle avait de petits gestes discrets envers Elizabeth. Je n’avais pas remarqué qu’elle lui servait même son café et que les deux échangeaient de petits sourires malicieux. Comme quoi Orlane avait parfaitement raison. Je voyais le vrai visage de ma sœur. Mais qu’est-ce qui pouvait l’habiter ? Voulait-elle passer pour la sainte nitouche auprès de papa et sa femme ? 

...Kévin...

Je n’en pouvais plus de rester enfermé dans ce coin. C’était insupportable et déprimant. Ce qui m’avait encore plus achevé était là lettre que Alice avait remis à Précieux pour moi. J’étais tombé des nues en la lisant. J’étais conscient des dégâts que j’avais orchestrés dans sa vie en m’en allant avec Divine mais jamais je n’aurais imaginé qu’elle m’en voudrait autant, au point de me souhaiter une fin si atroce. Je connaissais Alice et c’était quasiment impossible que ces mots-là aient été écrits par ses doigts. Néanmoins précieux me l’avait faite parvenir. Il faut croire que mes actes l’ont changée et ce n’est qu’à moi qu’il fallait s’en prendre. 

L’agent : comment allez-vous monsieur Kébé ?

Moi : je veux signer 

L’agent : vous êtes conscient que tous les frais Seront à votre charge 

Moi : oui 

L’agent : bien c’est comme vous le voulez 

C’était bien l’américain ça ! Vous souhaitez déguerpir les gens de votre pays mais c’est encore eux qui doivent payer pour tout. Au point où j’en étais, je ne pouvais pas trouver la somme pour me sortir d’ici. Ça revenait donc moins cher de prendre un billet allé simple. C’est ainsi que mon séjour au États Unis se terminait. Qui aurait cru ? A trop vouloir, on se retrouve les mains vides.
Après avoir réglé toutes les formalités je retournais en cellule. Je pensais à ma vie ! Quelle vie ! Je devais encore attendre qu’on me prodigue mon jour de départ ainsi, Précieux pourrait m’y rejoindre avec mes affaires. J’espère qu’il pourra les récupérer puisque depuis il n’avait plus eu de nouvelles de Divine. Je m’assis contre le mur et dépliais la lettre écrite par Alice. Chaque mot me faisait terriblement mal mais je ne savais pas pourquoi j’insistais autant à la lire encore et encore. Était-ce pour me persuader que cette lettre venait vraiment d’elle ? Je ne saurais dire. 

... ... ...

...une semaine plus tard...

C’était fait ! Je rentrais dans mon pays aujourd’hui sans aucune grande réalisions et les économies épuisées. Mes parents ne s’attendaient certainement pas à moi. Comment me présenter à eux avec un échec pareil dans les mains. Précieux avait pu réunir mes affaires même s’il n’avait pas eu de nouvelles de Divine. Heureusement que j’avais le double des clés quelque part. Il s’en était servi. 

Je n’arrivais pas à le croire. Je n’avais même pas posé les yeux sur Alice une dernière fois ! C’était la femme de ma vie et c’était seulement aujourd’hui que je le réalisais. Des larmes menacèrent de couler mais j’étais un homme et un homme ne pleurait pas quel que soit la situation. J’étais un guerrier et j’allais réussir à me faire une situation dans mon pays. C’était mon pays après tout alors pourquoi avoir si peur ? Je n’allais pas croiser les bras de désespérer.

L’avion dans lequel je me trouvais décolla et de loin je voyais les États-Unis devenir insignifiants jusqu’à disparaître sous cette couche de nuages. Ce passage de ma vie était bel et bien terminé. Que me réservait le futur ? J’espérais qu’il soit radieux en tout cas.


C’est compliqué