Chapitre 18: La valse des peurs
Write by Lalie308
Cody était enchaîné à la même table que son fils l'avait été pour la quatrième étape de son rituel avec Galista. En sueur et tremblant, il respirait bruyamment, ayant abandonné sa lutte pour se détacher des chaînes. Lysga se tenait debout, non loin de là, son regard vide posé sur Galista sans réellement la regarder.
— Bravo Lysga, on vient de passer la cinquième étape, commenta Galista, toujours la même expression morbide au visage.
— Je n'ai rien fait, avança Lysga d'une voix à peine audible.
Il n'osa pas tourner la tête vers son père, par peur de regretter une fois de plus d'avoir jamais mis pieds dans ce monde.
— J'ai toujours été gentille avec toi Lysga, je t'ai donné ce que tu voulais. J'ai fait de toi un prince, un prince des ténèbres, de mon royaume, de ton royaume, déclara Galista d'une voix monotone avant de continuer plus froidement. Tu t'es comporté comme un sale chien. À présent, tu mérites d'être traité comme tel.
Il ne rétorqua rien, ne se sentant d'ailleurs plus maître de son corps comme les quelques jours précédents. Il se sentait à nouveau envahit, plus puissamment.
— La cinquième étape consistait juste à trahir la confiance après l'avoir gagné. Je t'ai laissé partir, retourner là-bas et penser que tu pouvais changer. Tu as gagné toute leur confiance, et même la tienne. Tu aurais pu leur dire pourquoi je t'ai envoyé, mais tu ne l'as jamais dit à personne. Parce que tu en avais envie, et que tu avais peur de te l'avouer.
Elle se rapprocha de lui, corps noyé dans son accoutrement.
— Ta mère peut bien dire qu'elle te croit, et ton père aussi ; mais ils ont tous peur de toi Lysga. On peut facilement gagner la confiance des autres, mais une fois qu'elle est morcelée, il devient impossible de parfaitement la retrouver. Tu as franchi la cinquième barrière simplement, et tu franchiras les deux dernières sans t'en rendre compte.
— Fous-lui la paix, aboya Cody.
Galista posa son regard sur lui en se rapprochant.
— Je suis sa paix Jones, souffla-t-elle. Il est maintenant l'heure de nous rencontrer toi et moi Cody. Je t'ai conduit ici pour t'offrir un présent...
Cody la regarda de la façon la plus froide possible.
— Je ne veux rien de toi. Laisse mon fils s'en aller, libère-le !
— Du calme Cody, je sais que mon présent te plaira.
Elle leva sa main qu'elle passa plusieurs fois en dessus du visage de Cody. Un voile noir recouvrit son visage, il se mit à voir flou avant de se retrouver dans un endroit qu'il ne reconnut pas facilement. Lorsque les premiers cris fendirent le silence, il comprit ce qui se passait. Un bébé, lui, était allongé dans un sofa, en larmes. Peter Jones s'acharnait déjà sur Kourtney, la mère de Cody, ignorant les supplications de la jeune femme.
Cody sentait une énorme pression dans tout son corps, incapable de bouger. Il était debout, observant toute la scène. Lorsque le premier coup de pied partit, il put le sentir dans son ventre à lui, entendre sa mère hurler. Il avait envie de crier, de se jeter sur Peter et de le défigurer, mais il n'arrivait pas à bouger, à parler. Il observa toute la scène, toute la scène de massacre sur la femme qui lui avait donné la vie.
Elle resta allongée, le visage bouffi, pleurant silencieusement. Les pleurs du bébé s'intensifiant, Peter se jeta sur lui avec un poignard ; il fut arrêté par Kourtney qui le retenait fermement par les jambes. Quelques secondes plus tard, il revit la même scène que dans ces rêves qui l'ont persécuté pendant des années : une ribambelle de coups de poignards trouant sa mère : si fragile, si faible, si seule.
Le décor de la maison changea soudainement, tout était enflammé. Il n'y restait que Kourtney, chaque parcelle de son corps se faisant consumer par les flammes. Elle hurlait de douleur — ce qui était impossible car elle était morte. Elle tendit sa main vers Cody en pleurant, son épiderme et son derme partant progressivement en cendre. La main de Cody se mit à trembler lorsqu'il entendit cette voix dont il n'avait aucun souvenir.
— Sauve moi Cody, le supplia-t-elle.
— Sauve là, insista la voix de Galista. Sauve là !
Lorsqu'il réussit enfin à lever la main, celle de sa mère n'atteignit jamais la sienne. Il se retrouva dans l'antre de Galista. Lysga n'avait pas bougé d'un poil, le regard toujours fixé sur un point en face de lui.
Cody non plus ne bougeait plus, fixant le plafond blanc sans parler. Il n'avait suffi que de quelques secondes pour que la plaie la plus profonde de son âme ne s'ouvre à nouveau grandement. Il pouvait entendre les supplications de sa mère tonner en écho dans sa tête, voir son visage de femme martyrisée incessamment.
— Aimerais-tu la revoir ? Lui redonner la chance de vivre ?
Cody tourna lentement sa tête vers Galista, l'expression neutre.
*
Fiona était assise au sol de la chambre que lui avaient offerte Cody et Luz depuis leur mariage. Elle n'y avait jamais été, puisqu'elle n'avait pas le privilège de dormir. Se balançant très doucement d'avant en arrière, elle ne prononça aucun mot.
Nerdy, inquiet, s'assit en face d'elle. Il ne dit rien pendant plusieurs minutes, se contentant de l'observer et de se demander ce qu'elle pensait. Il osa sa main sur celle de Fiona. Elle tourna sa tête vers lui, plongeant son regard dans le sien. Ses yeux étaient embués de larmes, tristes. Elle les ferma, puis les rouvrit en respirant lentement.
— Chaque pas, commença-t-elle avant de déglutir. Chaque pas que je fais, est un pas dans le désert. Chaque inspiration que je prends est un malheur que j'aspire, chaque geste que je fais, est une nouvelle phlyctène qui apparaît sur ma peau en attendant son éclatement.
Elle s'accorda quelques secondes de silence avant de parler :
— Je veux que ça s'arrête. Ma seule armure — mon indifférence — s'est effondré. Je suis faible.
Elle regarda sa main entremêlée à celle de Nerdy tandis qu'une larme dévala son visage.
— J'ai toujours cru que j'avais un point d'avance sur eux. Ils me mangeaient vivante, se nourrissaient de moi, comme ils le font avec Lysga. Pourquoi ?
Un sanglot brisa sa voix.
— Pourquoi ai-je fait ça ? Pourquoi ai-je accepté qu'elle me fasse ça ? se lamenta-t-elle.
Nerdy se contenta de glisser sa main sur la nuque de Fiona pour la rapprocher de lui et poser un léger baiser sur son front.
— Repose toi, on parlera tout à l'heure.
Il se leva ensuite pour se rendre dans le salon de la résidence. Tout le reste du groupe s'y trouvait. Luz qui était assise à côté de Célesta posa son regard sur le nouvel arrivant.
— Comment va Fiona ? s'enquit-elle.
Elle avait cessé de pleurer bien assez tôt, consciente que cela n'aurait rien changé à la situation.
— Galista doit forcément avoir un point faible. Nous devons le trouver assez vite, sinon il n'y aura plus de Fiona, ni personne, répondit-il amèrement.
— Pourquoi a-t-elle fait tout ça pour prendre Cody à la fin ? Le fils et ensuite le père ? s'interrogea Brad à voix haute.
— Elle ne l'aurait pas fait si elle n'était pas sûre de ce qu'elle recherchait. Je ne pense pas que Cody se prêterait à son jeu pour devenir aussi son pantin, déclara Célesta.
Luz se leva, dégageant une forte aura d'inquiétude.
— Vous auriez dû voir comment elle a pris le contrôle sur Lysga et Fiona, commença-t-elle en frissonnant. Cette femme peut faire de ton esprit ce qu'elle veut, elle sait comment déplacer les pièces pour te faire craquer.
Elle se retourna vers eux.
— Et Cody ferait n'importe quoi pour sauver Lysga. Mais j'ai le pressentiment que Galista ne se servira pas que de ça.
Elle avait du mal à parler nettement. Elle voulait paraître forte, sereine ; confiante en ce qu'elle retrouverait bientôt Cody et Lysga. Elle ne savait pas comment leur dire qu'elle ressentait en ce moment la souffrance de Cody, sa douleur et son tourment. Elle pouvait sentir son esprit malmené, effrayé, isolé. Son regard s'attarda sur celui de Célesta. Célesta savait. Elle savait que Luz et Cody étaient liés.
Elle savait que si Galista parvenait à mettre Cody à merci, Luz ne tarderait pas à tomber ; puisqu'une partie de son âme aurait déjà succombé. Solenna qui était restée silencieuse jusqu'à lors se leva sans un mot pour sortir de la pièce, sous les regards intenses posés sur elle. Luz soupira lourdement en posant la main sur son cœur.
*
— Je t'offre ta mère et tu te joins à moi, proposa calmement Galista. Si tu refuses, ta chère Luz en périra, et chaque membre de ton cher peuple.
— Même si j'acceptais, tu les tuerais, cracha Cody en respirant lentement.
Il ne voulait pas céder à ses émotions. Il avait toujours rêvé d'une chance de se racheter, de redonner le bonheur à sa mère, de la revoir, de l'aimer et de la chérir. Il savait que ce n'était plus possible, qu'elle était morte.
— Mon but n'est pas l'extermination Cody, rétorqua Galista avec un sourire incohérent.
Elle marcha puis se posta derrière Lysga qui n'avait toujours pas changé de position.
— Si tel était mon but, plus aucun de vous ne serait, souffla-t-elle en posant sa tête sur l'épaule de Lysga.
Elle se plaça aux pieds de Cody.
— Mon but est de remodeler ce monde. De faire de mon enfer, votre paradis, et de mon paradis, votre enfer.
Les chaînes autour de Cody se rompirent. Il se redressa lentement, se sentant atrocement faible. Lorsqu'il fut enfin assis, il remarqua Kourtney, toujours aussi jeune sans pleurs, ni larmes. Elle lui adressa un grand sourire en posant sa main sur celle de Cody. Il n'y avait plus Galista, ni Lysga.
— Je sais que tu n'es pas réelle, tenta de se convaincre Cody.
— Je le suis mon amour, répondit Kourtney en posant sa main sur la joue de Cody.
Il serra les dents pour ne pas craquer.
— Comment se fait-il que ta main soit aussi chaude, aussi vivante ? s'étonna-t-il tandis qu'une larme mouillât sa joue.
— Parce que je le suis pour toi Cody, je veux l'être pour toi.
Elle tendit sa main, fixant Cody. Hésitant, il glissa sa main dans celle de la femme. Une vague d'émotion se déversa en lui. Il ne savait pas ce qu'était que sentir sa mère près de soi, pourtant le parfum de Kourtney était gravé en lui.
— J'aimerais te montrer quelque chose.
À peine finit-elle sa phrase que le décor se substitua à nouveau à la maison dans laquelle était allongée Kourtney, baignant dans une mare de sang.
— Il t'a arraché à moi, sans scrupule, pleura-t-elle. Tu sais ce qui m'a réellement brisé en ce moment Cody ?
Il hocha sa tête de gauche à droite.
— Que tu n'aies pas pu me sauver.
Cody se tourna vers elle, sourcils froncés. Il s'en était voulu toute sa vie.
— J... Je n'étais qu'un bébé.
— Je sais, mon amour, je sais, pleura la femme — qui était bien plus petite que lui — en lui caressant les joues.
Plus aucune rationalité n'arrivait à raisonner Cody qui se laissait de plus en plus aller à ses émotions.
— J'aurais tout donner pour que tu n'aies pas vécu ça : ma vie, mon sang, tout.
— Je sais, répondit Kourtney en lui adressant un petit sourire.
Il prit les mains de la femme qu'il retira de son visage.
— Je t'aime maman. Je t'aime tant que parfois je t'en veux d'être morte.
— Je suis là maintenant, lui assura Kourtney en tentant de poser à nouveau ses mains sur ses joues.
— Non, tu ne l'es pas. Je veux que tu reposes en paix, ce monde est trop dangereux pour toi. Il est trop tard.
Elle retint fortement ses poignets.
— Non, non, Cody, supplia-t-elle en pleurant. Ne me fais pas ça. Regarde, regarde-moi souffrir, ajouta-t-elle en pointant son corps allongé sur le sol.
Cody ferma si fort les yeux qu'il sentit ses globes oculaires se compresser.
— Va-t'en, lui ordonna-t-il.
— Cody...
— Va-t'en, tu n'es pas ma mère, hurla-t-il.
Il perdit connaissance de tout autour de lui pendant quelques secondes avant de se retrouver dans l'antre de Galista, de nouveau enchaîné.
— Devrais-je prendre cela comme un non ? demanda-t-elle calmement.
— Tu as dit ma mère et cette femme n'était pas ma mère, mais une belle illusion, répondit-il tristement en fixant le plafond. Au moins, on sait que tu n'es pas capable de ramener les morts à la vie, ajouta-t-il en posant son regard sur elle.
Elle haussa les sourcils.
— Puisque tu ne veux pas coopérer, je suis contrainte d'accélérer les choses. Infernu ( enfer), Cody. Cœur dur, tu es un fils indigne, comme le tien. Ton châtiment sera de revivre la souffrance de la femme qui t'a donné la vie, au moins jusqu'à ce que tu ne retrouves la raison.
Cody se retrouva de nouveau dans la maison, assistant incessamment à l'assassinat de sa mère, ressentant chacun de ses coups dans sa chair. Dans l'antre de Galista, il était allongé, yeux clos, en sueur et en douleur.
Galista se tourna vers Lysga. Il pouvait entendre les cris de son père. Il ne pouvait hélas rien y faire. Il ne savait même plus s'il pouvait respirer de lui-même. Il se sentait habité, comme s'il partageait tout de sa personne avec d'autres êtres : son corps, ses pensées.
— Lysga, nous allons nous préparer pour le grand jour, annonça Galista en s'installant sur son siège et fermant les yeux. Le jour de la paix, de la délivrance.
Les cris de Cody étaient les seuls sons qui perçaient le silence qui s'en suivit.
Une semaine plus tard, Lysga se trouvait seul dans l'antre avec son père et quelques malatus (disciples de Galista), assis au sol, dos contre le mur et genoux ramenés à sa poitrine. Il leva sa tête, le regard vide puis le posa sur Cody qui ne bougeait plus beaucoup.
Au fil des jours, son état s'était détérioré : il avait comme vieillit de plusieurs années, son teint était pâle et son corps constamment tremblant. Lysga n'avait pas meilleure mine : il venait de passer une nuit de plus en éveil, tourmenté. L'entrée de Galista attira son attention et le poussa à se lever. Galista lui adressa un grand sourire.
— Grande nouvelle Lysga, notre royaume est prêt, déclara-t-elle.
*
Luz était debout dans le parc du village avec Nerdy. Ils observaient les va-et-vient des villageois qui s'acharnaient à maintenir leur vie comme elle avait été. D'énormes cernes creusaient les yeux de Luz qui présentait toute aussi mauvaise mine que son fils. Elle s'était affaiblie de jour en jour, sans pouvoir rien y faire.
Elle n'avait pas la force de se battre ainsi, sans savoir ce qui arrivait à sa famille, sans savoir si elle les reverrait, ou pire, ce qu'ils seraient devenus quand elle les reverrait. Célesta après ses centaines de tâches se dirigea vers Luz en essayant de masquer l'inquiétude qui pouvait se dessiner sur son visage.
— Quand va-t-on agir ? demanda-t-elle.
Elle était surprise de voir Luz se laisser ainsi aller, sans plus se battre, sans voir sa famille.
— Et que peut-on exactement faire pour réagir ? rétorqua Luz.
Leurs regards dévièrent sur Fiona qui venait d'émerger pour la première fois depuis une semaine de la résidence des Jones. Cheveux attachés en queue de cheval, visage fermé et combinaison noire : la Fiona. Elle marchait décisivement, regardant droit devant elle. Elle s'arrêta au centre du parc.
— Écoutez-moi bien, et répandez la nouvelle autour de vous, commença-t-elle en criant. Un nouveau royaume a été créé, un royaume où vous serez saints et sauves. Un royaume où Galista fera de vous ses protégés. Suivez-moi si vous voulez vivre, restez et vous périrez.
Nerdy se dirigea rapidement vers elle pour se saisir violemment de son poignet.
— Mais qu'est-ce qui te prend ? Il y a une semaine, tu regrettais, s'indigna-t-il en la poussant à le regarder.
— C'était un moment de faiblesse, répondit-elle faiblement en le regardant dans les yeux.
Nerdy recula légèrement. Le regard de Fiona lui faisait froid dans le dos. Elle était définitivement partie, il ne la voyait plus à travers son regard. Il se concentra pour l'hypnotiser, pensant attraper les forces qui la contrôlaient à leur propre jeu.
— Tu ne veux pas faire ça Fiona, tu veux rester et te battre contre Galista.
Elle lui adressa un sourire mauvais avant de se détourner.
— Qui peut me suivre maintenant, me suive. Sinon, vous pourrez encore y penser jusqu'au lever du jour. Les conséquences seront terribles pour tous ceux qui s'opposeront à la délivrance.
Elle se mit à marcher en avant, esquissant un sourire à l'endroit de Luz et Célesta qui la regardaient, stupéfaites. Quelques habitants se regardèrent entre eux. Certains se mirent à marcher derrière elle, d'autres restaient immobiles.
— Que faites-vous ? N'y aller pas ! cria Célesta.
Nerdy ferma ses yeux en soupirant. Célesta regarda Luz qui ne bougea pas d'un poil avant de s'attaquer à Fiona. À peine fut-elle à proximité d'elle qu'elle fut violemment projetée vers l'arrière.
— Luz ! s'indigna Célesta après s'être difficilement levée.
Des centaines de diabolos, et de malatus étaient avec la foule.
— Qu'ils s'en aillent s'ils le veulent, déclara Luz à mi-voix.
— Quoi ? s'étonna Nerdy.
— Ils ne sont pas en sécurité ici, qu'ils s'en aillent s'ils le veulent.
Elle se détourna de son chemin pour marcher jusqu'à sa résidence. Le regard de Nerdy croisa celui de Zalina qui elle, était restée immobile. Il savait ce qu'elle pouvait penser, et il n'avait pas envie de se sentir encore pire.
*
À l'Est de la planète Nelca, dans le précédent désert où vivait auparavant Paul Jones, se dressait un immense terrain. D'imposantes barrières d'épines rouges entourant le lieu, un géant portail représenté par deux cornes entremêlées. Les centaines de personnes qui avaient suivis Fiona marchaient silencieusement derrière elle, tel un troupeau.
À leur arrivée, les cornes se démêlèrent doucement pour laisser un espace à travers lequel Fiona passa en premier. À l'intérieur, se dressaient des milliers de résidences toutes semblables : forme triangulaire, de couleur rouge, noir et blanche. Au centre, se trouvait un bâtiment plus imposant, représenté par une pyramide. Dès l'entrée de Fiona, elle découvrit des centaines de malatus, Galista et Lysga étaient au milieu.
— Bienvenu, lui dit Galista en souriant.
Fiona se tourna vers le peuple.
— Suivez les instructions et faites attention, sinon vous serez puni à chaque erreur.
Ils se dispersèrent lentement sous les ordres des malatus qui les guidaient. Fiona marcha jusqu'à Galista.
— Je savais que tu retrouverais le chemin, Fiona.
Fiona se contenta de s'arrêter près d'elle. Ensuite, Lysga et elle suivirent Galista jusqu'au bâtiment principal. L'intérieur était vaste et étonnamment vide, très similaire à l'antre de Galista. Cody était toujours enchaîné dans un coin, luttant contre ses démons intérieurs.
— Nous avons notre royaume, que pensez-vous de recevoir le roi ? fit Galista en s'installant sur son trône.
— Quel roi ? demanda Fiona, qui n'était pas aussi inconsciente que Lysga.
Elle était juste redevenue la Fiona meurtrière, sanguinaire, contrôlée par Galista.
— Lysga, finissons ces deux étapes, se contenta de poursuivre Galista.
Il réussit à serrer le poing mais perdit de nouveau rapidement le contrôle sur sa personne, comme un malade du cerveau qui avait perdu toutes ses fonctions cognitives.
*
Luz était assise dans son salon, le regard plongé dans le vide. Célesta fit son entrée. Elle se rendit, frustrée vers sa nièce.
— Qu'est-ce qui te prend de rester aussi sereine ? s'emporta-t-elle.
Elle ajouta plus calmement :
— D'autres sont partis, il ne reste presque plus personne. La citée aussi se vide.
— Qu'il soit ainsi, rétorqua faiblement Luz.
— Luz... Cody est avec elle, Lysga est avec elle, Fiona est avec elle, ton peuple va avec elle. Vas-tu offrir ainsi ta vie ? Ceux qui sont sous ta responsabilité ?
Luz soupira doucement.
— Nous savons toi et moi comment tout ça se serait finit depuis le premier jour, nous savions depuis notre première rencontre que le malheur est une tumeur maligne qui se développe aussi vite que la lumière sur répand sur Nelca, nous savions qu'il n'y a jamais réellement eu de peuple, de sécurité.
Luz se leva ensuite pour se tourner vers Célesta.
— Mais tu savais qu'il y avait quelque part une nelcalienne en fureur qui voulait faire les choses à sa manière, qui voulait détruire. Tu le savais Célesta, et pas moi. Tu n'as jamais pensé à vérifier ce qu'elle devenait, à t'en inquiéter. Parce que quoi ? Luz allait se charger de tous les ennuis qui nous tomberont dessus ?
Célesta resta silencieuse pendant un long moment. Luz se dirigea lentement vers elle.
— Tu savais que tout ceci se passerait, Célesta. Tu as lu les prophéties.
Célesta fit les gros yeux en reculant.
— C... Comment peux-tu dire ça Luz ?
— Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu ne l'as pas fait. Ose me mentir encore Célesta, articula Luz en la fixant intensément.
Elle baissa son regard. Luz se tourna vers la fenêtre.
— Tu en as toujours trop su, j'aurais dû m'en rendre compte depuis le départ. Tu as été la première à lire ces prophéties, parce que tu étais persuadée que Galista prendrait le dessus.
Célesta ne parla pas.
— Et maintenant, plus rien de ce qui se passera ne se passera comme prévu. Tu as décidé de jouer avec le destin, pourquoi ? Pourquoi, Célesta ? cria-t-elle.
— Je voulais nous protéger, protéger le peuple, bafouilla-t-elle. Je connais Galista, je la connais si bien. Je pensais qu'elle devait gagner tout ceci, je voulais qu'on réécrive l'histoire.
Luz rit jaune en se tournant vers elle.
— Et as-t-on réécrit l'histoire ? Célesta, l'as-t-on fait ? demanda Luz en laissant couler quelques larmes. Elle réécrit l'histoire. Elle, Galista. Pas nous. Et qu'as-tu finalement vu dans les prophéties ? Devait-elle remporter cette victoire ?
— Non, soupira Célesta en pleurant. Je...
— Depuis tant d'années, depuis autant d'années, fit Luz en élevant la voix. Tu n'as pas cessé de mentir et de cacher des choses pour le soi-disant bien des autres. Tu savais les conséquences qu'auraient pu avoir ce grimoire sur nos vies. C'est pour ça que tu étais aussi en colère après Lena. Elle allait en voir plus, détruire plus que tu n'avais déjà détruit. Dis-moi que tu n'as pas créé une diversion avec cette histoire d'empoisonnement.
— Non, non, je n'aurais jamais fait ça. J'avais caché le grimoire dans un endroit vraiment secret. Galista a dû s'en servir pour créer cette embuscade, se défendit-elle.
— Je ne sais plus quoi croire de toi Célesta. Mon père serait tellement déçu.
— Non. Je ne veux que sauver le peuple, répliqua-t-elle en criant.
Brad et Solenna firent leur apparition dans la pièce, mais furent arrêtés à la vue de la scène.
— Quel peuple ?! cria Luz. Quel peuple ? Il n'y a plus de peuple.
Elle se mit à tousser en se pliant en deux. Célesta tenta de se rapprocher mais elle lui barra l'accès de son bras.
— N'ose pas me toucher.
Luz se redressa.
— Par ta faute, Cody meurt, pleura-t-elle en tremblant, et je meurs avec lui. Par ta faute, l'avenir de mon fils, de ce peuple est hypothéqué. Par ta faute !
— Que se passe-t-il demanda Brad en s'avançant.
Luz nettoya ses larmes avant de parler.
— Célesta a lu les prophéties sur Galista. Elle a peut-être même empoisonné Lena et elle nous a toujours laissé mourir en silence par ses mensonges, répondit amèrement Luz.
— Je n'aurais jamais rien fait à Lena, tenta-t-elle en se tournant vers Brad. Je te le jure.
Ils se contentèrent de fixer les deux déesses, stupéfaits.
— Et les prophéties étaient bonnes ! ajouta Luz en riant jaune.
— Et si elles avaient été mauvaises ? tenta Célesta.
— Ce n'était pas à toi de décider dans tous les cas, tu devais laisser les choses aller comme elles le devaient. Au moins on aurait tous eu une chance. Je ne sais pas comment je n'ai pas pu comprendre tout ceci plus tôt.
Un lourd silence pesa longtemps sur eux. Luz alla s'asseoir, prise par un vertige.
— Une dernière question, ma tante. Pourquoi connais-tu aussi bien Galista ?
Solenna posa son regard sur Célesta en faisant les yeux gros. Célesta tomba à genoux, la tête dans les mains.
— Réponds moi Célesta.
Tremblante, Célesta leva sa jupe jusqu'à la hauteur de sa hanche pour dévoiler une marque : une demi corne noire.
— Je... Lorsque tout ceci avait commencé et que Galista devenait incontrôlable, nous étions très proches. Elle me mettait des idées dans la tête, elle avait cette sorte de rituel qu'elle trouvait vivifiant. Elle m'avait fait faire cette marque en signe de notre amitié, lien. Je n'ai rien d'autre à avoir avec elle, je t'assure. Je l'ai juste trop bien connue.
Brad se passa une main sur le visage en soupirant bruyamment. Luz se leva à nouveau, se tournant vers Célesta.
— Qui es-tu alors Célesta ?
****
HEY! Alors, comment vous allez?
Petites questions ( Ouais j'adore poser des questions ):
- Personnage favori?
- Idées?
Commentaire? ( Toujours très plaisir d'en lire :-)
Merci de lire, voter et commenter
Lalie