CHAPITRE 184: RENCONTRER SON PÈRE

Write by L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 184 : RENCONTRER SON PÈRE.

**ARSÈNE MFOULA**

« Moi : (Décrochant) Allô ? »

« Voix : Allô Monsieur Mfoula ? »

« Moi : Oui. »

« Voix : C’est Clotaire MEZUI à l’appareil. »

 «Moi : (Surpris) Clotaire ? » 

«Clotaire : Oui. »

 « Moi : Mais comment ? Quand ? Je pensais que vous étiez dans le coma ? »

 «Clotaire : Je l’étais en effet et je me suis réveillé cet après midi. »

 « Moi : (Content) Si vous saviez comme je suis heureux de l’apprendre . J’ai tellement prié pour vous lorsque j’ai appris ce qui vous est arrivé en prison. »

«Clotaire : Il faut croire que votre Dieu a écouté vos prières puisque je suis toujours là. »

 « Moi : Et je lui rends grâce pour ça. Sinon, comment allez vous ? »

«Clotaire : Je vais comme quelqu’un qui était à deux doigts de se faire tuer. J’ai mal partout et j’ai encore du mal à respirer mais je suis vivant. »

 « Moi : C’est l'essentiel »

«Clotaire : Au cas où vous vous demandez comment j’ai fait pour avoir votre numéro, je l’ai eu dans la Bible que vous m’aviez donné et j’ai emprunté le téléphone de l’infirmier qui s’occupe de moi pour vous appeler. »

 «Moi : Je vois et oui, j’avais effectivement inscrit des informations me concernant sur la dernière page de la Bible, je constate donc que vous l’avez feuilletée »

 «Clotaire : En effet. (Après un moment) Je vous appelle parce que j’ai appris par mes agresseurs l’autre jour que vous avez mis la main sur mon fils. »

 «Moi : C’est exact, j’ai retrouvé Marwane comme je vous l’avais promis et je l’ai mis en sécurité. »

 «Clotaire : (Silence) »

 « Moi : Allô ? Clotaire vous êtes là ? »

«Clotaire : (Ému) Oui, je, je suis là. Vous dites que vous l’avez mis en sécurité ? »

 «Moi : Oui »


Je l’ai entendu éclater en sanglots à l’autre bout du fil. J’imagine que les émotions le dépassent. Je l’entendais parler tout seul en étant reconnaissant à Dieu. Je ne peux même pas imaginer ce que peut être sa joie en ce moment après ce qu’il a vécu et surtout les nuits blanches qu’il a dû faire en pensant à son enfant. 


 «Clotaire : (Voix enrouée) Allô ? »

 « Moi : Je suis là. »

« Clotaire : Je suis désolé pour ça, c’est juste que l’émotion m’a submergé. »

«Moi : Ne le soyez pas, je vous comprends tout à fait. »

 « Clotaire : Je ne vous remercierai jamais assez pour votre acte monsieur Mfoula. »

« Moi : Ne vous préoccupez pas de cela. Marwane fait parti de la famille et la famille est sacrée. »

 « Clotaire : Une fois de plus, je vous remercie. »

«Moi : De rien. »

 « Clotaire : Sinon, comment est il ? Il va bien au moins ? »

« Moi : Comme vous pouvez l’imaginer , la vie n’a pas été tendre avec lui et il a dû subir plusieurs atrocités de la part de qui vous savez. »

«Clotaire : (Silence) »

 «Moi : Sur le plan physique il est en forme même si je ne vous cache pas qu’il aura besoin d’un suivi psychologique pour aller de l’avant. Mais rassurez vous, votre fils est comme vous, je peux vous dire que c’est un dur à cuire qui malgré tout ne s’est pas laissé briser. Avec de l’aide il ira mieux. Il vous ressemble d’ailleurs énormément mais avec un teint plus clair que le vôtre. »

 «Clotaire : Je vois »

 «Moi : Dites moi, combien de temps pensez vous faire à la clinique avant d’être transféré en prison. »

 «Clotaire : Je ne sais pas, cela dépendra de l’évolution de mon état de santé. Peut-être deux semaines voire une seule. »

 «Moi : Je comprends »

 «Clotaire : Pourquoi voulez vous savoir ? »

 «Moi : Je chercherai à obtenir une autorisation de visite et je vous l’amènerai pour que vous puissiez vous voir tous les deux. »

  « Clotaire : Vous pensez que c’est prudent de le faire ? Ce qui en veulent à ma vie sont toujours en liberté. De plus Marwane ne sait rien de moi. »

 «Moi : Ne vous inquiétez pas pour vos détracteurs. Je pense qu’actuellement ils ont gros à penser et à faire que sur une échelle de 1 à 10, vous êtes à moins l’infini dans la liste de leurs préoccupations. »

 « Clotaire : Que voulez-vous dire par là ? »

« Moi : C’est une très longue histoire mais je peux vous assurer que vous n’avez rien à craindre d’eux. Et en ce qui concerne Marwane, je lui ai parlé de vous et lui ai montré votre photo, il sait qui vous êtes et il a hâte de vous rencontrer. »

 « Clotaire : (Silence) »

« Moi : Laissez-moi trouver comment mettre cela en œuvre mais je vous fais la promesse que d’ici à dans quelques jours, vous tiendrez votre fils dans vos bras. »

«Clotaire : Vous parlez sérieusement ? »

 « Moi : Je vous donne ma parole et je pense que vous savez maintenant ce que ça vaut ? »

« Clotaire : En effet. »


Nous avons parlé quelques minutes de plus avant de raccrocher. Je suis vraiment heureux de savoir qu’il va bien. Leslie qui était revenue entre temps de la douche me regarde.


Leslie : C’était Clotaire ?

Moi : Oui. Il est sorti du coma cet après midi et par la grâce de Dieu, son état est stable.

Leslie : Dieu merci. 

Moi : Je lui ai promis, comme tu as pu l’entendre, d’organiser une rencontre entre Marwane et lui avant qu’il ne retourne en prison. Mais pour cela il me faut d’abord parler avec monsieur Ogoulinguende sauf que je n’ai pas son numéro. 

Leslie : En matière d’Ogoulinguende, ta fille est la mieux placée pour cela, je t’avais dit que c’était elle qui m’avait obtenu le laisser passer non.

Moi : Oui. Tu penses qu’elle peut avoir le numéro privé de ce monsieur ?

Leslie : Si elle ne l’a pas, elle pourra facilement te l’obtenir. 

Moi : Ok. Je vais en parler avec elle tout à l’heure.

Leslie : D’accord.

Moi : Sinon, que dis-tu ?

Leslie : Par rapport à quoi ?

Moi : Ma proposition de mariage.

Leslie : (Se dirigeant vers la porte de la chambre) Si dans ton village c’est comme ça que l’on t’a appris à faire ta demande, c’est bien.

Moi : Est-ce qu’il y a une façon particulière de faire sa demande ? Normalement nous sommes africain et ici dès l’instant où on se met ensemble pendant longtemps avec les enfants et les projets comme nous, ça coule de source. On doit seulement arrêter une date pour que j’aille le faire officiellement devant tes parents.

Leslie : (Ouvrant la porte pour sortir) Dans ce cas, ma réponse est non.

Moi : Hein ?

Leslie : Tu m’as bien entendu.

Moi : Viens me dire ça en face.

Leslie : Tchuip.


Elle est sortie de la chambre. Je me suis levé à mon tour du lit et je suis allé me brosser avant de la suivre. Les enfants étaient déjà tous debout et étaient au salon avec Lucrèce. 


Moi : Bonsoir.

Eux : Bonsoir papa.

Moi : Vous allez bien ?

Eux : Oui.

Moi : D’accord. Ma puce dis moi, tu as le numéro de monsieur Ogoulinguende ?

Lucrèce : Non, mais je peux demander à son fils. C’est urgent ?

Moi : Assez. Si tu peux me l’avoir ce soir ou demain ça m’arrangera. 

Lucrèce : Je vais donc appeler Jéjé. Amour stp, passe moi mon téléphone là-bas. 

Moi : Quelle est la nature de ta relation avec ce garçon ?

Lucrèce : Nous sommes amis (j’ai arqué un sourcil) Sans sous entendu papa, je te le promets. Maman a déjà même parlé avec lui, tonton Paul aussi. 

Moi : Il s’agit bien du jeune homme qui était à la clinique le jour de l’accident ?

Lucrèce : Oui. 

Moi : Ok, tu lui diras que ton père veut le rencontrer, je vais personnellement discuter avec lui mais pour l’heure , obtient moi le numéro de son père. 

Lucrèce : D’accord. 

Moi : Où est votre mère ?

Les jumeaux : (En chœur) À la cuisine. 


J’ai récupéré les petites qui étaient avec leur sœur et je suis parti à la cuisine où j’ai trouvé Leslie en train de préparer la purée de tarots. Apparemment, aujourd’hui on ne va rien manger de solide, ce n’est pas plus mal. 


Moi : (M’asseyant dans un coin avec mes filles) Pouvez vous imaginer que cette femme a refusé ma demande en mariage ? Est-ce qu’elle est normale ? 

Leslie : (Me regardant) Laisses mes enfants en dehors de tes bêtises Mfoula.

Moi : (Poursuivant) Elle préfère le concubinage et la fornication au lieu du mariage. Vous voyez comment les gens aiment les ténèbres ?

Leslie : Ne t’inquiètes pas , tu n’es pas prêt pour ce que je te réserve, c’est moi qui te le dis. Tu n’auras que tes yeux pour pleurer.

Moi : Voilà, des propos belliqueux et promesses de violences. Vous entendez ça ? J’espère que vous n’avez pas pris cet esprit bagarreur là.

Leslie : (Ouvrant le frigo) Dis celui qui a envoyé ses deux frères à l’hôpital après leur avoir cassé des membres.

Moi : (Silence)

Leslie : (Sortant une bouteille d’eau ) Tu as perdu ta langue ?

Moi : (Me levant pour sortir avec mes enfants) Je ne réponds pas aux provocations. 

Leslie : (Amusée) Non mais il faut venir on va continuer pour voir qui de nous deux à cet esprit. 

Moi : Parle à mon dos. 


Je suis parti et l’ai laissée à ses casseroles. J’ai croisé Lucrèce qui m’a dit qu’elle vient de me transférer le numéro que je voulais par messagerie. Vraiment pour être rapide et efficace, elle l’est . Ce sont de traits de caractère qui vont l’emmener très loin. 


Moi : Merci ma puce. Reprends tes sœurs, le temps pour moi de passer cet appel. 


Elle s’est exécutée et je suis allé m’enfermer dans mon bureau où j’ai appelé. Après quelques civilités, j’en suis venu au fait et il m’a dit qu’il allait me revenir demain avec une réponse. Je l’ai remercié avant de raccrocher. J’ai rejoint ma famille, nous avons mangé et Lucrèce nous a dit que le weekend prochain il y avait la remise des bulletins en nous assurant qu’elle avait bien travaillé. Cette semaine sera également la dernière semaine de cours avant les vacances de Pâques. J’ai hâte que les têtes de ces gens là tombent afin que nous puissions vivre une vie normale comme autrefois…


Moi : (À Marwane) Après le culte, tu viendras à la maison avec nous. J’ai à te parler. Je vais prévenir le pasteur Lilian.

Marwane : Il y a un problème ?

Moi : Non, mais c’est important.

Marwane : D’accord. Olivia pourra venir ? Parce que j’avais prévu de passer la journée avec elle avant de rentrer.

Moi : Il n’y a pas de problème.


Nous sommes rentrés dans la salle et quelques temps après, les moments ont commencé. Je me suis concentré dessus jusqu’à la fin. Je suis allé parler avec le pasteur Lilian pour le prévenir avant de venir saluer les parents de Leslie qui étaient des nôtres aujourd’hui avec ses frères. Loyd qui les a emmené. Nous leur avons promis de passer au 9 le weekend prochain avec les enfants afin de les leur présenter de façon officielle. Après cela nous sommes partis à la maison. Je n’ai pas perdu de temps et j’ai pris Marwane à part pour lui parler dans mon bureau.


Moi : Assieds-toi. (Ce qu’il fait) Alors si j’ai tenu à te voir c’est pour te parler de ton père. Il y a quelques jours, j’ai reçu l’appel d’une connaissance pour me signaler que Clotaire avait été agressé et poignardé en prison. 


J’ai vu son visage blêmir avant de se décomposer à la minute. Je n’ose pas imaginer si c’était vraiment une mauvaise nouvelle que je lui donnais à la fin.


Moi : Ne t’inquiètes pas, il n’est pas mort. Il a été conduit rapidement dans une structure adaptée pour des soins médicaux.

Marwane : (Gorge nouée) Et, et alors ?

Moi : Il a été dans le coma pendant deux jours mais Dieu merci il s’est réveillé hier en après midi. J’ai personnellement discuter avec lui au téléphone hier dans la nuit.

Marwane : Et il est hors de danger ?

Moi : Son état est stable.

Marwane : D’accord . 

Moi : Ce n’est pas tout. 

Marwane : (Me regardant) 

Moi : J’ai parlé avec lui comme je te l’ai dit et j’ai contacté quelques connaissances afin qu’une rencontre ait lieu entre vous deux. Tu vas rencontrer ton père mardi.


J’ai eu le retour d’Ogoulinguende ce matin et il m’a dit que c’était possible ce mardi. Je regarde Marwane et il ne réagit pas. Je suppose que l’information est en train de s’imprimer dans son cerveau petit à petit puis il se met à pleurer. Je contourne mon bureau et je vais le prendre dans mes bras où je le laisse pleurer le temps qu’il faut afin de reprendre ses esprits. Quand il finit, il me demande encore bien si c’est réel ou non et je lui confirme la chose. Il est choqué. Je lui passe un mouchoir pour se nettoyer le visage et nous attendons un moment avant de rejoindre les autres…


DEUX JOURS PLUS TARD.

Je suis en chemin pour la clinique où se trouve Clotaire avec Marwane qui a l’air stressé comme pas possible. C’est à peine s’il respire et le pauvre est en train de transpirer malgré la climatisation. 


Moi : Tout va bien se passer, ne t’inquiètes pas.

Marwane : Tu crois qu’il va m’aimer malgré mon passé.

Moi : Il ne va pas t’aimer, il t’aime et ce peu importe ce que tu as pu faire ou que l’on t’ait obligé à faire. De toutes les façons, il est au courant de tout et cela ne l’a pas empêché de tout faire pour te sortir de là et de chercher à te rencontrer. Alors je te le répète, ne t’inquiètes pas.

Marwane : D’accord. 


J’ai continué à rouler en silence avant qu’il ne reprenne la parole.


Marwane : Que suis-je censé lui dire quand je le verrai ? Comment je dois me comporter ?

Moi : Ça je ne saurai te le dire. Je pense que tu sauras quoi dire où faire quand tu l’auras en face de toi et ça se fera dans quelques minutes car nous venons d’arriver.


Il a paru plus stressé qu’au départ quand j’ai coupé le moteur du véhicule au parking de la clinique. Je suis descendu avec les papiers qu’il faut mais il ne l’a pas fait. Je lui ai laissé quelques minutes pour se reprendre et il est descendu. Nous sommes rentrés dans la structure et avons pris des informations à l’accueil, ils nous ont orienté vers les agents à qui j’ai présenté les papiers et ils nous ont conduit devant la chambre de Clotaire. J’ai cogné et je suis rentré en premier en disant à Marwane de m’attendre dehors.


Moi : Bonjour monsieur MEZUI.

Clotaire : (S’arrangeant sur son lit) Bonjour monsieur Mfoula, je ne vous attendais pas tôt comme ça. Je pensais que vous viendrez dans l’après midi.

Moi : Donc on dérange ?

Clotaire : Non, du tout, au contraire, vous m’enlevez une grande partie de stress. 

Moi : J’en suis ravie.

Clotaire : Il n’a pas pu venir ?

Moi : (Souriant) Si, il est là derrière cette porte. Vous voulez que je le fasse entrer ?

Clotaire : (S’arrangeant d’avantage ) Oui svp. 


Je me suis retourné et j’ai ouvert la porte pour tomber sur le regard de Marwane anxieux. J’ai ouvert grand et je lui ai fait signe d’entrer. Il a hésité un court instant avant de le faire. Il est rentré dans la pièce avant de rester immobile comme un arbre planté pour regarder son père et ce dernier dans le même état, le fixait en retour. Leurs larmes n’ont pas tardé à se pointer et Clotaire fût le premier à prendre la parole.


Clotaire : (Voix vibrante, les larmes aux yeux) Marwane.


Comme s’il n’attendait que cela, il s’est précipité sur le lit de son père afin d’aller le serrer dans ses bras. Les deux ont ensuite éclaté en sanglots m’arrachant par la même occasion une petite larme…


SECONDE CHANCE