CHAPITRE 19: CONFESSIONS

Write by L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 19: CONFESSION.

« (La regardant) Je peux rentrer ? »

 

Elle se mit sur le côté et le laissa entrer avant de refermer derrière lui. 

 

« Je ne t'attendais pas. En plus à pareille heure. (Elle regarda et vit qu'il n'était pas comme d'habitude) Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Je voulais te voir. »

 

Elle le regarda et elle ne sut quoi exactement, mais elle savait que quelque chose n'allait pas. Il avait l'air triste, profondément triste. 

 

« Je peux avoir quelque chose à boire ? »

« D'accord. »

 

Elle alla à la cuisine et voulut lui prendre une bouteille d'eau mais en regardant dans sa direction et le voyant assis sur le canapé avec la tête baissée, elle changea d'avis et lui servit plutôt un verre de whisky. Elle le lui donna. Il leva les yeux vers elle avant de le prendre et le vider de moitié. Il posa le verre sur la table. Elle s'assit sur le même canapé que lui mais à une distance assez raisonnable et ne dit rien. 

 

« (Après un moment) tu as passé une bonne soirée ? » S’enquit William.

« Oui. J'ai discuté une bonne partie avec les filles avant de manger et prendre les médicaments. »

« D'accord. »

« Et la tienne ? »

« C'était tranquille. »

« Ok. »

 

Le silence s'imposa. Après un moment, il se tourna vers elle. 

 

« Tu permets que je me m'allonge un moment sur tes cuisses ? »

« Euh ! Bien sûr. »

« Merci. »

 

Il posa sa tête sur ses cuisses. Il regarda d'abord vers le plafond avant de se mettre sur le côté et regarder vers son ventre qu'il caressa. Son ventre s'était énormément arrondi depuis la dernière fois. Aurore ne savait pas quoi faire. Elle était statique et le regardait faire en silence. Après quelques secondes, elle se rendit compte que quelque chose était en train de mouiller son habit. En  regardant bien, elle vit que c'était lui qui pleurait. Bientôt elle entendit des gémissements et il se mit à la serrer comme si sa vie en dépendait. Elle le prit dans ses bras et bien que ne sachant pas ce qui se passait, elle se mit aussi à pleurer en le voyant le faire. C'était la première fois qu'elle le voyait ainsi, à découvert, tel un enfant qui avait besoin d'affection. Elle l'avait déjà vu triste par le passé, mais jamais ainsi. Il pleurait ? C'est que la chose était grave. Ils pleurèrent ensemble un moment avant de se calmer. Elle était maintenant en train de lui caresser la tête affectueusement lorsqu'elle l'entendit parler. 

 

« Elle avait 2 mois de grossesse lorsque nous avions appris pour sa maladie. »

 

Elle s'arrêta un moment avant de continuer. Elle comprit qu'il était en train de lui parler de Sabrina. Alors elle l'écouta en silence. 

 

« Elle dût l'interrompre à cause du traitement qui était super agressif. Elle ne voulait pas le faire mais nous n'avions pas le choix. De toutes les façons, c'était quasiment impossible qu'elle porte cette grossesse jusqu'à terme vu qu'elle avait un double cancer du sein et du col de l'utérus. On vivait nos vies de façon insouciante. On pensait avoir la vie devant nous, on était à quelques semaines de notre mariage et étions tellement heureux d'apprendre qu'on allait être parents quand elle s'évanouit en plein restaurant. Nous avons reçu cette information comme un coup de massue sur notre tête et en un claquement de doigts, tout avait sombré. Après l'interruption de grossesse, elle était rentrée dans une sorte de dépression qui avait accéléré son état. Et au bout d'un an, malgré tout ce qu'on avait fait, elle succomba. »

 

 Il fit couler des larmes en fermant les yeux, il était évident que c'était douloureux pour lui de lui raconter ça. Elle pleura aussi en s'imaginant la souffrance que ça avait dû être de voir, l'être aimé, s'éteindre à petit feu sous nos yeux sans qu'on ne puisse rien faire. Pourtant il continua son récit. 

 

« (Ouvrant les yeux) Je lui avais promis sur son lit de mort que jamais une autre femme ne prendrait sa place dans mon cœur et que plus jamais je n'aimerai quelqu'un d'autre. »

 

Aurore s'immobilisa en écoutant cette information et tout s'éclaira dans son esprit. Le pourquoi du comment venait d'être élucidé. 

 

« ... Après son décès et ce malgré le soutien de mes proches, j'avais sombré. Je m’étais renfermé sur moi puis j'avais commencé à boire, coucher à droite à gauche, et j'avais même pris des drogues fortes pour essayer d'oublier  mais en vain. Maman, pour m'aider à faire son deuil, avait décidé d'organiser un repas en sa mémoire deux ans après son décès et depuis c'est resté une tradition.(Après une longue pause) J'étais dans mes ténèbres quand un jour papa était passé à la maison pour me dire qu'il m'avait trouvé une femme et que je devais la rencontrer 2 jours après en étant sobre. J'étais contrarié mais j'avais fait comme il avait dit. La rencontre avait été faite. Je t'avais vu et tu m'avais l'air d'une petite chose fragile et apeurée. Après t'avoir vu, je m’étais dit que vivre avec toi ne me poserait pas de problème alors j'avais accompli toutes les formalités qu'on m'avait imposé pour que tu rentres à la maison. Je t'avoue que je ne sais pas ce qui s'était passé après t'avoir rencontré la toute première fois, mais je n'avais eu envie de vivre dans le désordre. Je m’étais rendu compte que je devais devenir responsable de quelqu'un alors j'avais arrêté tout ce que je faisais avant le mariage. Lorsque tu m'avais dit ton âge, j'avais été vraiment surpris. Je te pensais plus grande mais je réalisais que tu n'étais qu'une enfant. Le fait que tu sois facile à vivre et que tu ne me demandes rien, m'aidait beaucoup. J'étais persuadé de tenir ma promesse, mais les choses ont évolué. Tu as grandi, pris des initiatives et tu es venue vers moi. En un rien de temps tu as pris une place considérable dans ma vie et la vérité c'est que j'ai pris peur quand je me suis mis à le réaliser alors j'ai voulu te rejeter. Et c'est ce que j'ai fait le lendemain de cette nuit que nous avions passé ensemble. Lorsque j'ai appris ta volonté de vouloir mettre fin à ce mariage, j'ai eu l'impression que le sol s'était dérobé de dessous mes pieds. Cependant je n'ai rien dit et je t'ai regardé faire. Quand tu es partie de la maison, j'ai à nouveau sombré. Je n'arrivais plus à rien faire. Je t'ai vu au restaurant avec ce type qui te tenait la main et je n'ai pas pu le supporter. Je ne pouvais pas l'accepter. Et je me suis battu. (Rictus) La dernière fois que je l'avais fait, je devais avoir 22 ans par là. Et là je me battais à nouveau pour une femme. J'étais le premier surpris par ma réaction mais je savais que jamais je ne me serais battu si la personne ne comptait pas pour moi plus que je ne voulais l'admettre(souriant). Et puis je t'ai vu t'évanouir dans ce restaurant. J'ai eu la peur de ma vie ce jour. Je me disais que ce n'était pas possible, pas une deuxième fois car je n'aurais pas pu supporter. Le temps que j'ai fait sans avoir des informations m'a semblé durer une éternité et c'était vraiment horrible pour moi. Je me suis même mis à prier le Seigneur pour qu'il épargne ta vie, moi qui ne suis pas croyant. J'ai été soulagé d'apprendre que tu allais bien et que ta vie n'était pas menacée. En plus j'apprenais par la même occasion que tu étais enceinte. Si j'ai été excessif avec toi par rapport à la grossesse, c'était parce que j'avais peur qu'il vous arrive quelque chose. En écoutant leurs petits cœurs battre l'autre jour, j'ai été tellement ému car je réalisais qu'ils étaient bien réels et vivants et que dans quelques mois je les tiendrai, alors je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer. Ce matin, j'ai rencontré la mère et la sœur de Sabrina avec qui j'ai échangé. En les voyant j'ai été pris de remords parce qu' il y avait bien longtemps que j'avais cessé de penser à elle, il y avait longtemps que son souvenir était devenu flou dans ma mémoire. Sa mère m'a dit qu'elle était contente de savoir que j'avais refait ma vie et que j'étais heureux avec toi.

En me séparant de toi aujourd'hui, je me suis mis à réfléchir à ma vie. Je me suis demandé si Sabrina était la vraie raison pour laquelle je vivais de la sorte ? Pourquoi je refusais d'être heureux ? (La regardant) Je me suis rendu compte que cela n'avait rien à voir avec elle. »

 

Il colla son visage contre son ventre et resserra son étreinte. Il resta comme ça un moment avant de se remettre à parler. 

 

« La vérité c'est que j'ai peur. J'ai peur de me laisser aller au bonheur et de me réveiller un matin en n'ayant plus rien. J'ai peur de livrer mon cœur et de le retrouver à nouveau en morceaux. J'ai peur de constater que tout ça ce n'était qu'une illusion. J'ai peur Aurore. J'ai peur de l'amour… »

 

Elle resserra son étreinte sur sa tête comme pour le rassurer qu'elle était là avec lui, qu'elle n'allait pas l'abandonner. Du moins pas de son propre gré. Ils restèrent longtemps dans cette position sans rien dire avant qu'elle ne se décide à lui parler. 

 

« Je pense qu'on devrait aller nous coucher. »

« (Relevant la tête en souriant faiblement) Tu as raison. »

 

Elle n'avait pas voulu argumenter ses propos en disant quoique ce soit. Elle pensa qu'il avait juste envie de libérer son cœur et n'avait pas spécialement besoin qu'on lui réponde. Il n'y avait d'ailleurs rien à ajouter à son histoire, c'était son histoire à lui et il avait tout simplement voulu la partager avec elle. Néanmoins elle était très heureuse qu'il ait pu enfin lui dire ce qu'il en était. Elle réalisa qu'il avait profondément aimé Sabrina au point de lui promettre des choses qu'il s'était efforcé de tenir même après sa mort. Elle comprit que c'était quelqu'un de vraiment loyal en amour et en était à la fois admirative et jalouse. Elle se demandait si un jour, il arriverait à l'aimer de la sorte, puis elle se fit la réflexion de savoir s'il l'aimait tout court. Certains éléments de son récit lui disaient que oui mais elle n'en n'était pas sûre. Elle finit par se dire que tout cela n'était pas très important, la seule chose à retenir était le fait qu'il avait lui-même décidé de lui confier ces choses et pour elle, au delà de la considération que cela pouvait signifier, elle comprit qu'il venait indirectement de lui dire qu'il était prêt à aller de l'avant et venait de lui ouvrir les portes de son cœur. 

 

Ils se levèrent tous les deux, elle rangea le verre qu'il avait utilisé et partit vers les chambres. Il s'apprêtait à rentrer dans la 2e chambre quand elle le retint et lui dit de dormir avec elle. Il était surpris mais il ne dit rien. Il la suivit simplement. Une fois dans la chambre, elle monta sur le lit. Il resta debout à la regarder. 

 

« Viens te coucher, ne reste pas là débout. Et tu peux retirer tes vêtements, je sais que tu as du mal à t'endormir avec. »

 

Il se débarrassa de son t-shirt et de son pantalon et monta sur le lit uniquement vêtu de son boxer. Il s'allongea sur le dos et regarda le plafond. Il se sentit observé, alors il tourna la tête dans sa direction et croisa son regard. Elle s'était mise sur le côté et le fixait. Il en fit de même. 

 

« Je peux venir dans tes bras ? »

« (S'arrangeant) Vas-y. »

 

Elle s'exécuta et vint s'allonger sur lui. Après un moment de silence, elle leva sa tête vers lui. 

 

« Tu dors ? »

« Non. »

« Je peux t' embrasser pour te souhaiter une bonne nuit ? »

« Oui. »

 

Elle se redressa et l'embrassa un bon moment avant de s'arrêter et le regarder en souriant. 

 

« Bonne nuit William. »

« (Souriant) Bonne nuit Aurore. »

 

Elle se recoucha et ne tarda pas à s'endormir. Lui aussi en fit autant. Le lendemain, elle se  réveilla la première et le regarda dormir un moment avant de se décider à aller faire une petite toilette et apprêter le petit déjeuner. Il se réveilla quelques temps après elle, il se brossa, enfila son pantalon et alla la trouver au salon en train de disposer les plats. 

 

« Tu ne te fatigues donc jamais ? »

« (Le regardant en souriant) Non monsieur. Ça fait 11 ans que je fais ça, c'est une habitude fortement ancrée en moi. En plus tout compte fait, c'est un peu de ta faute, monsieur je prends mon petit déjeuner à 7h00.*

« Ah! »

« Allez viens t'asseoir. C'est déjà prêt. »

« Je vais aller mettre mon haut d'abord. »

« Ça ne me dérange pas de te voir manger ainsi. Je suis bien en tenue de nuit non? »

« OK. »

 

Il s'assit et attendit qu'elle fasse de même pour manger. Elle vint s'asseoir avant de se lever à nouveau. 

 

« Qu'est-ce qu'il y a ?

« J'ai oublié quelque chose. »

« Quoi ? »

 

Elle se rapprocha de lui et l'embrassa avant de s'arrêter et le regarder en souriant. 

 

« Bonjour. As-tu bien dormi ? »

« (Souriant en la tenant par la taille ) Bonjour oui et toi ? »

« Comme un bébé. (Lui caressant la tête) Tes bras étaient très douillets, les enfants et moi nous y avons pris plaisir à dormir. On devrait le faire plus souvent. »

« Je n'y vois pas d'inconvénients. »

« (L'embrassant à nouveau) OK. Maintenant mangeons sinon ça va refroidir. »

 

Ils mangèrent dans la bonne humeur avant de débarrasser et de faire la vaisselle ensemble. Après quoi, ils allèrent s'asseoir sur le canapé, lui en bas et elle entre ses jambes. Ils se racontèrent des histoires de leurs enfances et riaient de celles qui étaient drôles. Elle finit par lui raconter ce qu'avait été sa vie quand son père était tombé malade, comment elle avait dû cumuler les petits boulots pour pouvoir prendre soin de lui. 

 

« Je me suis retrouvée à 14 ans à travailler comme serveuse dans une boîte de nuit. »

« Comment ont-ils pu t'accepter avec un tel âge ? »

« Quand toi-même tu m'avais vu pour la première fois chez papa, tu m'avais donné quel âge ? »

« 19 - 20 ans. »

« (Souriant) À cette époque j'avais 15 ans. Mais je faisais bien plus que mon âge. C'est ce qui avait joué en ma faveur pour avoir des jobs. »

« Je vois. Tu sais, lorsque tu m'avais dit ton âge le lendemain de notre mariage, je m'étais demandé la raison pour laquelle tes parents et toi aviez accepté ce mariage. »

« Tu veux que je te dise la vérité ? »

« (La regardant) »

« C'était pour de l'argent. »

« Je vois. »

« Mais ce n'est pas comme tu l'entends. Le truc c'était que mon père avait fait une crise qui m'avait obligé à l'emmener à l'hôpital. Toutes mes économies étaient passées et je venais de perdre un de mes boulots quand le médecin m'avait dit qu'il fallait obligatoirement l'évacuer au Maroc. Je n'avais pas un seul rond et ses parents non plus. Une voisine à moi qui m'avait accompagnée à l'hôpital m'avait dit qu'elle connaissait quelqu'un qui pouvait m'aider mais en échange je devrais coucher avec lui chaque fois qu'il le voudrait (sourire amère). Elle me demandait de me prostituer et m'assurait que le monsieur allait être gentil avec moi. J'étais tellement sidérée par sa proposition que j'avais dû la vexer en lui donnant ma réponse. On avait fini par se disputer et elle était partie en me laissant toute seule dans mon désarroi. J'étais sortie de l'hôpital à mon tour et j'étais allée m'asseoir dehors pour me mettre à pleurer . C'est alors que papa s'était approché et m'avait dit qu'il avait écouté ma conversation avec ma voisine et qu'il était prêt à m'aider. La condition était que j'accepte de t'épouser. (Souriant) Je l'avais regardé ce jour comme un extraterrestre. Comment pouvais- je  épouser quelqu'un que je ne connaissais pas ? Je lui avais demandé si c'était une blague, et il m’avait confirmé son sérieux en me donnant sa carte. Je devais l'appeler si j'étais d'accord. J'y avais réfléchi toute la nuit. Et à vrai dire je préférais épouser un inconnu plutôt que d'être la pute d'un homme. Je l'avais appelé le lendemain et nous avions passé un accord. Il s'était occupé de tout, de notre voyage au Maroc puis en France. Mais malheureusement, mon père n'avait pas survécu et avait succombé en France. Papa s'était occupé de tout pour les funérailles et m'avait laissé le temps de faire mon deuil. Dès que je m'étais sentie prête, je l'avais appelé et la suite tu la connais. Mais tu sais quoi ? »

« Dis moi. »

« Je suis contente de t'avoir épousé. Et si c'était à refaire, je le ferai sans hésiter. Parce que la vérité c'est que je… t'aime. »

« Je t'aime aussi. »

« (Se retournant, surprise) C'est vrai ça ? »

« Oui. Je t'aime Aurore. »

 

Elle se mit à l'embrasser et très vite cela prit une autre tournure, ils finirent par faire l'amour sur le canapé… 





L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

MON MARI, CET INCONN...