Chapitre 19: Monde d’illusion

Write by Lalie308

A faire vieillir, à faire blanchir la nuit,


A faire brûler la lumière jusqu'au jour, je vais t'aimer.


-Louane-


Michelle 


    Si je me sens bien ? Ce que je ressens à ce moment est bien au-delà de cela. Les bras d'Harry encerclent fermement ma taille, son corps est si près du mien que je sens toute sa masculinité contre moi. Je... Mais je ne ressens tout d'un coup plus rien. Harry ? Mais où est-il ? Je me réveille brusquement, je suis dans une chambre d'hôpital, je vois maman allongée dans ce lit, le teint livide, les médecins débranchent toutes les machines. 


Soudain je vois Harry la remplacer. Il est allongé, sans vie. Il m'abandonne lui aussi. « Non Harry, ne me laisse pas tomber, ne m'abandonne pas, le supplié-je en courant vers lui sans jamais parvenir près de lui ». Sa voix me parvient pourtant mêlée à celle de maman « Tu es tellement fragile Michelle, c'est pour ça que personne ne t'aime réellement. Tu es une plaie, un boulet. Tout le monde t'abandonnera ». Je crie, je supplie, mais rien ne change, je... 


—Michelle, réveille-toi. 

J'entends une voix m'appeler puis mon corps se faire secouer. 


—Ginger...


Je me réveille en sursaut, jetant un regard circulaire dans la pièce dans laquelle je me trouve. Dès que mon regard se pose sur celui inquiet d'Harry, un soulagement sourd se saisit de moi. Je l'enlace sans ménagement en tremblant. Ce n'était qu'un rêve. 


—Oh Harry tu ne m'as pas laissée seule, merci, hoqueté-je désespérée en me jetant dans ses bras. 


D'une certaine façon, j'attends que tout le monde quitte ma vie, m'abandonne. Je ne sais pas pourquoi cette peur est si puissante. Harry m'enlace également, couché sur le dos, une de ses mains se promène dans mes cheveux tandis que l'autre me caresse le dos. 


—Oui, je suis là, je serai toujours là, me promet-il. 


Je me redresse en souriant. Il pose un tendre baiser sur mes lèvres puis me rend mon sourire. Mon cœur s'emballe, il est si beau, si parfait, pour moi. Je laisse ma tête retomber sur son torse tandis qu'il caresse toujours mon dos, j'entends les battements de son cœur, ils sont si rapides. A cause... de moi ? 


—Sinon, on parle de tes ronflements qui ont gâché ma nuit ? me taquine-t-il. 


Je glousse. 


—Je ne sais pas de quoi tu parles, objecté-je à travers un sourire. 


—Mais moi oui, on aurait dit de vieux moteurs, continue-t-il. Des moteurs diablement sexy, ajoute-t-il en me serrant contre lui. 


Je ne réponds pas, me contentant d'enregistrer le son de sa voix dans ma mémoire. Il apprécie mes défauts. 


—Quelle heure est-il ? demandé-je à travers un souffle. 


—C'est fou, il n'est que 6 heures, répond-il. 


—Wow, on n'a pas beaucoup dormi du coup. Pourtant je suis parfaitement en forme.  


—Bon bah, il faut s'apprêter pour la journée, je viens à Homel aujourd'hui, entamé-je en me redressant. 


Harry me tire de nouveau vers lui par les bras. Ma tête s'échoue dans son cou. 


—Non, restons comme ça toute la journée, soupire-t-il. 


—Qu'avez-vous fait d'Harry ? me moqué-je en prenant un air choqué. 


Il me sourit, son sourire est si beau. Il me pousse sur le côté pour que nos visages se fassent face puis passe son pouce sur ma lèvre inférieure. 


—Vous le faites revivre, me répond-il tandis que mon cœur rate un battement. 


Il est si adorable. J'ai peur de ne pouvoir jamais me sevrer de lui. Il y a encore quelques jours, il ne tolérait même pas mon baiser. Pourtant aujourd'hui, il m'implore de rester au lit avec lui toute la journée.


—A quoi penses-tu ? m'interroge-t-il en me scrutant intensément.


—A nous, soufflé-je. A comment tout a si vite changé. Je n'arrive pas à y croire. Que toi, que tu ressentes quoi que ce soit pour moi, lui expliqué-je d'une petite voix. 


—Je suis le premier étonné. Pas à cause de toi, parce que bon dieu, Ginger tu es parfaite. 


Nous sourions puis je me lève. J'enfile une culotte et un T-shirt sous le regard attentif d'Harry. Je tente de me concentrer pour ne pas paraître extrêmement prude. Nous descendons à la cuisine puis nous concoctons ensemble un bon petit déjeuner. A table, je me laisse aller à mes singeries sous les éclats de rires d'Harry. Je place des tranches de bacon entre mes dents puis mime des grimaces. 


—Je me demande si ta vocation n'est pas plutôt le cirque, remarque-t-il entre deux éclats de rire. 


—Si c'est pour te faire rire toi, il n'y a pas de souci. 


*


    Nous entrons dans l'enceinte d'Homel ensemble, plus souriants que jamais, sans penser aux soupçons. Au diable les règles qui empêchent de vivre. Nous croisons Cyril près de la réception de la rubrique science-fiction et fantasy. Il nous regarde d'un air étrange, je ne l'avais pas remarqué, mais ma main est dans celle d'Harry. Je la retire brusquement. 


—Bonjour Michelle, commence-t-il en me serrant la main, Harry, en lui faisant une accolade. 


—Bonjour Cyril, j'espère que vous allez bien, réponds-je à travers un sourire nerveux. 


    —Harry qui n'a pas du tout l'air gêné lui sourit à pleine dents. 


—Oui, on ne peut plus mieux, vous êtes venus ensemble ? demande-t-il. 


—Oui, je suis passé la chercher, ment Harry. Mais Abdou nous a suivis. 


—Bien d'attentions, remarque-t-il suspicieux. Bon je vous laisse. 


    Dès qu'il s'en va, je relâche un lourd soupire que je ne savais même pas que je retenais.  Nous nous rendons dans le bureau d'Harry.


—Tu crois qu'il nous a cramés ? demandé-je en me triturant nerveusement les doigts. 


—Cyril est très malin. Je ne sais pas, on n'aura qu'à être discrets. 


    Mon anxiété va croissante tandis qu'Harry retire quelques documents de ses placards. Il les dépose sur le bureau puis se rapproche de moi. 


—Calme toi Ginger, tout ira bien, souffle-t-il en prenant mon visage en coupe. 


    Puis il se saisit de mes lèvres. Je me laisse aller à ce baiser qui fait instantanément évacuer toute la pression accumulée dans mon corps. Mes sens en alerte le réclament déjà. Je laisse mes mains se noyer dans sa chevelure sur laquelle je tire. Un grognement s'échappe de sa gorge pour ma plus grande satisfaction. 


Il me fait asseoir sur son bureau, ses mains se glissent sous ma jupe, parcourent mes cuisses alors que mon corps frissonne à son toucher. Ses baisers se promènent dans mon cou, je soutiens nos corps grâce à mes mains posées sur la table. 


—Oh putain, j'entends glapir puis pousse violemment Harry vers l'arrière pour me retrouver sur mes pieds. 


Ce dernier a les lèvres complètement rouges et enflées, je les aimerais infiniment sur les miennes. 


—Vous êtes fous ? Quelqu'un pourrait vous surprendre, vous n'avez même pas verrouillé, nous réprimande Abdou. 


Je remarque dans son regard de la gêne mêlée à de la faiblesse. Je n'aurais jamais souhaité qu'il nous voit ainsi. Je descends maladroitement ma jupe puis dévie mon regard sur les épreuves posées sur la table. 


—Tu as raison, on fera plus attention, s'excuse Harry. 


—J'étais venu vous dire qu'Audrey est dans le bâtiment, et j'ai bien fait à ce que je vois. 


Je me sens légèrement honteuse de me conduire ainsi dans un bureau.  


—Il y a des investisseurs dans nos locaux aujourd'hui. Tu viens Michelle? Je te présenterai, commence Harry en  réunissant ses documents. 


—Me... présenter ? demandé-je le souffle coupé. 


—Oui, en tant que nouvelle auteure de Homel, précise-t-il. 


—Oh, ok, réponds-je en relâchant mon souffle. 


Nous sortons du bureau puis nous rendons dans la salle de conférence. Là se trouvent Sophia, Cyril, Audrey et deux femmes habillées très élégamment. Elles transpirent le fric et la notoriété. Dès qu'elle nous voit, le visage de Audrey s'éclaire tandis qu'elle se rapproche de nous. 


—Mon amour, s'extasie-t-elle en embrassant Harry. 


Un haut le cœur me prend, mais je tente de garder mon calme en laissant le sourire feint se dessiner sur mon visage. 


—Michelle, continue-t-elle en me prenant dans ses bras. 


Je ne sais pas pourquoi, mais des larmes me brûlent les yeux. Je serre les dents sous mon sourire pour ne pas les laisser rouler sur mes joues. 


—Bonjour mesdames, commence Harry à l'attention des deux femmes. 


—Je reste en retrait, mal à l'aise. 


—M. Daniels, toujours un plaisir de vous voir, fait l'une d'elles pendant qu'ils se saluent. 


—De même, je vous présente Michelle Lawson, l'une de nos nouveaux auteurs, continue-t-il tandis que tous les regards se posent sur nous.


—Et la meilleure, ajoute Audrey. 


Tuez-moi ! Je marche vers eux, me rappelant la première où j'ai pénétré cette pièce. 


—Impatientes de lire votre livre. 


Je souris maladroitement. 


—Michelle, voici les sœurs Balbir, elles viennent de l'Inde et sont des lectrices comme il se doit.


—Bon commençons la réunion, annonce Cyril. 


Audrey tire la main d'Harry et ils vont s'asseoir. 


—Michelle, si vous voulez bien nous laisser, poursuit Cyril. 


J'acquiesce en m'efforçant de ne pas rencontrer les regards d'Harry et Audrey. C'est eux le couple ici. Je ne suis pas la fille de la présidente de Homel, je ne suis que l'auteure qui n'a pas le droit de s'immiscer là où elle ne doit pas. Je sors de la pièce, je rencontre Abdou à la sortie. 


—Ça va ? m'interroge-t-il en fronçant les sourcils. 


—Oui, soufflé-je. 


Je fais un tour dans les différentes rubriques pour voir si je peux aider. Je tente d'oublier la situation gênante de quelques heures plus tôt. Mais ça me blesse. Je croise Harry et Audrey qui rencontrent différentes personnes le long de la journée, main dans la main, le couple parfait, souriant, comme si je n'existais pas. Je rentre plus tôt sans prévenir puis m'engouffre dans mon appartement. Je me change puis range les dégâts de la veille tandis que des larmes mouillent mes joues au rappel de chaque étape de cette merveilleuse soirée.


 Je me vautre dans le sofa en sortant la glace qu'Abdou m'a donné quelques jours plus tôt. Harry n'a pas fait signe de vie. J'ai l'impression que ce qui s'est passé entre nous n'a été qu'une illusion et qu'on est de retour à la réalité. Des larmes inondent mes joues, j'ai peur de le perdre. Peur de ne pas être à la hauteur parce que je l'ai dans la peau. On toque à la porte alors je me lève pour aller ouvrir, espérant que ce soit Harry.


Dès que j'ouvre, mon regard croise celui de Liam. J'aimerais lui fermer la porte au nez, mais je n'y arrive pas. Pourquoi fermer la porte au nez d'une personne qui m'a toujours soutenu puis me plaindre que tout le monde me laisse tomber ? Et puis j'ai besoin de lui, de lui parler, de savoir ce qui se passe dans sa vie aussi. 


—Hey. 


—Hey. 


Il entre sous mon invitation, surpris que je cède puis nous nous installons dans le silence. 


—Pardonne-moi, souffle-t-il. 


Mon regard se noie dans celui de mon ami, parce qu'il le restera pour toujours. Notre lien ne peut pas se briser ainsi. La détresse qui y planait depuis mon arrivée dans ce pays s'est accentuée. Liam cache quelque chose, et ce quelque n'est pas très joli. 


—C'est bon, lui réponds-je. 


—Tu as pleuré ? Pourquoi ? 


Je soupire puis m'adosse au dossier avec ma glace en main. Je lui raconte un peu tout ce qui s'est passé depuis notre dispute : ma nuit chez Harry, son rejet, ma fameuse amitié avec Audrey, mon constat sur Abdou, ma soirée avec Harry et ce qui s'est passé aujourd'hui. 


—Wow ! Wow ! se contente-t-il de dire, surpris par le flux d'informations. Donc vous êtes en couple ? 


—Je ne sais pas, balbutié-je en enfonçant une bouchée de glace dans ma bouche. On n'en a pas le droit, rappelle toi. 


—Oui je sais. C'est compliqué tout ça. Je ne sais pas trop quoi dire. 


—Ne dit rien, Harry ne m'a même pas donner de nouvelle. Il doit bien se plaire avec elle. 


—Ne dis pas ça, si ce mec a été si bien que tu le dis hier, il ne ferait pas ça. Mais fais attention, tu ne connais pas les conséquences de ce que vous faites. Lui, il le sait. Et je doute qu'une simple résiliation de contrat fera l'affaire s'ils l'apprenaient. 


—Je sais, soupiré-je.


—J'aurais dû être là, déplore-t-il en se triturant les doigts. 


Un Liam vulnérable... de mieux en mieux. 


—Je contrôlerai plus ma colère dorénavant. Je vais lancer quelques spectacles pour la collecte. J'avais juste peur de voir tous ces espoirs s'effondrer et je ne peux pas investir toute ma fortune dedans si je n'ai pas encore de garantie, tu vois ? Ce type de projet nécessite beaucoup et je ne peux me permettre de puiser dans mes ressources personnelles.


Liam n'a jamais eu besoin de trop pour vivre. La raison pour laquelle il ne veut pas perdre les pieds financièrement me semble tout de même évidente. 


—C'est pour Ashley et Andrew, n'est-ce pas ? 


—Il me regarde surpris, sourcils haussés. 


—Oui. 


—Je comprends. 


Il lance un regard circulaire puis me regarde éberlué. 


—Qu'est-il arrivé à ton tapis ? 


—Je l'ai cramé en voulant être sexy, soupiré-je. 


Liam ricane puis m'arrache la cuillère des mains. 


—Hey ! m'opposé-je tandis qu'il tire la langue. 


—Je suis bien content de te retrouver. 


—Moi aussi. 


Le reste de la nuit, nous jouons à la console jusqu'à nous assoupir. L'idée d'Harry s'évapore peu à peu. Le lendemain, la sonnerie me réveille. Je me suis assoupie, la tête sur l'épaule de Liam. Lorsque je me lève, mon corps me fait atrocement mal. J'ouvre doucement la porte pour découvrir Harry. Une culpabilité étrange se loge sur son visage. Son regard se perd derrière moi puis se pose de nouveau sur moi. 


—Tu as passé la nuit avec lui ? 


****

Très bonne et heureuse année à vous. Je vous souhaite pleins de bénédictions dans vos vies. 


Je suis heureuse d’avoir gagné des lecteurs aussi merveilleux en 2018 et j’espère toujours vous avoir en 2019. Pleins de bisous.



Comment se passent vos fêtes?









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Lalie

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