Chapitre 2
Write by Nasty girl
Deux
ans et demi plus tard…
Allongé
sur son lit dans l’obscurité, Elayane fixait le plafond au-dessus de lui sans
vraiment le voir. Il s’était réveillé une heure plus tôt et n’arrivait pas se
rendormir malgré que le jour était encore loin de se lever. Il avait encore
fait ce cauchemar qui le hantait depuis qu’il avait commis l’irréparable. Il
soupira profondément, se retourna sur le côté et saisit son téléphone qu’il
déverrouilla. Il sonnait tout juste 3h57 du matin. Las de se retourner dans son
lit sans parvenir à retrouver le sommeil, il alluma sa lampe de chevet et se
redressa. Pour passer le temps, il décida de faire un tour sur les réseaux
sociaux et de répondre aux nombreux messages qui s’accumulaient un peu plus
chaque jour dans ses différentes messageries. Il prit quelques moments pour
regarder sa photo de profil vielle de trois ans. Tous ses proches le savaient
paresseux. Elayane n’était pas accrocs aux réseaux sociaux et ne s’en servait
que très rarement. Il les utilisait tout juste pour rester en contact avec ceux
qui lui sont chers et qui sont éparpillés un peu partout dans le monde. Il n’a
même pas pris la peine de mettre des photos de profil sur certains de ses
comptes. Il ne s’est fait violence que pour son compte Facebook. Ses amis lui ont toujours reproché ce
désintéressement mais lui il ne s’en préoccupait absolument pas. Il avait déjà
assez de mal à gérer son quotidien pour
ne pas vouloir en rajouter. Cela lui convenait parfaitement ainsi donc ses amis
devraient faire avec mais malgré son indifférence, quelques-uns essayaient de
temps en temps de l’inciter à en faire
plus. Ses amis trouvaient qu’il ne profitait pas assez de la vie et qu’il
passait à côté des plaisirs qu’elle pourrait lui offrir si seulement il
consentait à s’intéresser un tout petit peu plus au monde autour de lui.
Il faut
savoir que ce que les amis d’Elayane désignaient par « le monde autour de lui »
c’était les nombreuses femmes que son physique ne laissait pas de marbre. D’ailleurs, cela
a toujours été son problème, les femmes… Aussi loin qu’il s’en
souvienne, elles ont toujours tourné autour de lui comme un essaim d’abeilles.
Peu de personnes le savaient mais quelques fois, Elayane se désolait d’être
sujet à autant d’attention. Lui, il n’avait rien demandé mais pourtant il
faisait partie de ces personnes qui étaient éblouissantes sans avoir à forcer.
Il n’était pas d’une beauté époustouflante mais sa large carrure, sa taille
élancée, l’intensité de son regard et ses yeux étrangement gris, les fossettes
qui se dessinaient sur ses joues quand il souriait, la sensualité qui se
dégageait de son corps qui se devinait souple et musclé ne le faisaient pas
passer inaperçu. Qu’importe la tenue qu’il portait, il attirait toujours le
regard plein de désir de ces dames et celui plein d’envie et peu chaleureux des
hommes. D’ailleurs, il se faisait souvent draguer peu importe le lieu. Ce qui
l’agaçait le plus, c’était ces femmes qui faisant fi des convenances lui
adressait des paroles obscènes même en public. Une femme lui avait même
confessé un jour avec un regard appuyé dans un Coffee shop: « Quand tu souris, tu ressembles à un ange, on
a envie de s’envoler avec toi au paradis. Quand tu serres la mine tu ressembles
à un farouche gangster par qui on se laisserait volontiers brutaliser ». Elle
s’était passé la langue sur les lèvres après cette tirade pour s’assurer que son
message était bien passé mais Elayane lui avait trouvé la jeune femme
totalement ridicule. Il s’était contenté de lui adresser un bref sourire et de
détaler de la boutique avec son café. Il avait eu de la chance que ce jour, la
femme n’ait pas insisté et qu’elle ne l’ait pas suivi. Bien souvent, ses
frasques le mettaient en colère ; des fois il en riait. Il lui a fallu
faire un immense travail sur sa personne avant de réussir à dompter ses sauts
d’humeur face à ses prédatrices. Quoi qu’il en soit, il n’appréciait toujours
pas cette frénésie autour de lui. Ses amis lui avaient toujours dit qu’il
fallait qu’il en profite mais pour lui, coucher avec toutes les femmes qui
succombaient à son charme n’avait rien d’exaltant. Encore une fois, peu de
personnes savaient qu’en dessous de son assurance apparente, il était d’une
grande sensibilité et très romantique. Certes, il n’était pas une femmelette
mais Elayane avait une définition propre à lui de ce que c’était de vivre une
histoire d’amour et pour rien au monde il ne changerait son point de vue. Enfin,
de cette conviction il n’en était plus sûr depuis la fameuse nuit.
L’amour…
Ce sujet le fit immédiatement penser à Nelly. Comme à chaque fois qu’il pensait
à elle son cœur se contracta douloureusement. Avec Nelly, ils auraient pu vivre
une incroyable histoire d’amour, elle aurait été tout entière à lui, il en
était plus que certain mais il avait tout gâché en une seule nuit. Une nuit,
qui a radicalement fait basculer sa vie jusque-là paisible dans un enfer perpétuel. Sentant
que de sombres commençaient à envahir son esprit, Elayane s’obligea à se reprendre
et ouvrit son compte Facebook. Il mit une bonne trentaine de minutes pour
répondre aux messages et une autre trentaine de minutes pour parcourir les fils
d’actualité de ses amis. Certains posts lui ont même arraché des sourires alors
comme cela lui arrivait rarement, il mit des likes. Alors qu’il s’apprêtait à
sortir de l’application, il vit un appel entrant de son meilleur ami Manuel. Il
décrocha le sourire aux lèvres.
- Hey Manuelito !
- Oui mon Yanuelito !
- Orrh quand est-ce que tu vas
arrêter de me donner ce surnom horrible ? répondit Elayane.
- J’arrêterai de t’appeler
ainsi le jour où tu arrêteras de m’appeler Manuueelitooo,
reprit son ami en imitant la voix d’une femme.
- Tu ne changeras jamais, fit
Elayane en éclatant de rire. Je suis certain que le jour où Christiane
découvrira que tu n’es qu’une pipelette au lieu du macho viril qu’elle croit
fréquenter, elle s’en ira !
- Mais qu’est-ce qui te dit
qu’elle ne le sait pas déjà ? fit Manuel.
- Elle ne le sait pas sinon
elle aurait pris ses jambes à cou depuis belle lurette !
- Elle le sait frère et tiens-toi
bien, elle adoooorrre ça, dit Manuel
en faisant une fois encore monter sa voix dans les aigus. Elle n’hésite même
pas à me répondre dans les plus belles intonations graves que je n’ai jamais
entendu de toute ma vie!
- Deux fous… Vous vous êtes
bien trouvés alors.
- Je ne te le fais pas
dire ! Elle est trop bien cette femme. Elle me fait un de ses effets si tu
savais ! Et figure-toi que lorsque nous faisons l’amour elle…
- Elle rien du tout !
coupa brusquement Elayane sentant qu’il fallait à tout prix arrêter son ami
avant qu’il ne se lance dans un récit sans fin. Manuel avait le chic de s’envoler
dans des récits terriblement enjoués à chaque fois qu’il parlait de sa fiancée,
Christiane.
- Espèce de jaloux va !
répondit Manuel avant de s’emporter dans un rire franc.
- Lol ! fit Elayane. Alors
on dit quoi mon frère ?
- La vie est belle poto…
j’étais là tranquil sur mon fil d’actualité lorsque j’ai reçu une notification
me signalant que le grand Elayane avait liké un de mes posts alors j’ai voulu
m’assurer que tu étais bel et bien vivant et que ce n’était pas ton fantôme qui
serait entrain de me jouer un tour…
- C’est ça oui ! N’en rajoute
pas !
- Sérieux ! C’est le genre
d’évènement qu’il faut célébrer en grande pompe, faire réagir le Grand !
- Lol Manuel arrête ! Tu
me fais me sentir comme un vieux de 70 ans qui réussit pour la première fois à
utiliser un smartphone.
- Tu n’en es pas loin tu sais,
répondit Manuel
- Et toi tu as de la chance
d’être à des milliers de kilomètres de moi actuellement !
- Hahahaha !
S’en
est suivi un échange à bâtons rompus pendant une bonne dizaine de minutes. Cela
faisait quand même presque deux ans qu’ils ne s’étaient pas vu et même s’ils s’envoyaient
régulièrement des messages, ils ont rarement l’occasion d’échanger de vive voix
en raison du décalage horaire. Manuel réside maintenant à New-York. Elayane
jeta un coup d’œil à l’horloge. Il sera bientôt l’heure qu’il s’apprête pour se
rendre au travail. Sentant sûrement que son ami allait mettre fin à leur
conversation, Manuel lui dit :
- Eh mec, dans deux mois je
serai en vacances…
- Ah tu as de la chance
toi ! se plaignit Elayane.
- Oui mais je me disais qu’on
pourrait prendre nos vacances dans la même période ? lui proposa Manuel.
- Pourquoi pas ? c’est une
bonne idée.
- Je compte me rendre au pays…
- ….
- Yane ?
- ….
- Allô ? Es-tu là ?
insista Manuel.
- Oui, oui je suis toujours en
ligne…Pfuuu Manuel, mais pourquoi veux-tu rentrer ? Tu sais bien que moi je
ne peux pas !
- Bien sûr que tu peux ! Continua
Manuel
- Non je ne peux pas !
répondit Elayane d’un ton sec. Il sentit la nervosité le gagner et fit un effort pour la contrôler.
- Tu t’es assez puni Yane.
Toute cette histoire avec Nelly c’est du passé…
- Non... Ce n’est pas du
passé ! hurla presque Elayane.
- Je sais très bien ce que tu
peux ressentir mais…
- Tu ne sais pas Manuel, tu…tu
ne sais pas… Tu n’as aucune idée de ce que c’est que de vivre avec !
continua Elayane.
- Si je le sais ! Toi tu
dis que tu as perdu l’amour de ta vie cette nuit-là mais moi j’ai perdu mon
meilleur ami ! Mammy Jo a perdu son petit-fils cette nuit-là ! Nous
avons assisté impuissant à ton désespoir ! Sais-tu ce que c’est de voir
son ami, son frère perdre petit à petit le goût de vivre, sombrer dans la
dépression sans pouvoir rien y faire ?
- …
- Ecoutes Yane, arrêtes de te
morfondre et penses un peux à Mammy Jo. Penses un peu à nous ! Il faut que
tu t’en sortes définitivement frère. C’est un drame ce qui s’est passé mais
cela suffit maintenant ! Tu étais jeune Yane…
- …
- - Ça fait combien de temps que
tu n’as pas vu Mammy Jo ? Elle ne peut plus voyager à cause de ses
rhumatismes et crois-moi, aucun appel vidéo ne peut remplacer la chaleur d’une
étreinte, insista Manuel.
- Je serai avec toi, comme toujours reprit-il. Ensemble on pourra surmonter tout ceci… Et penses aussi à la joie que ressentira Mammy Jo ?
- Huuum… Ce fut le premier mot d’Elayane. Je vais y penser Manuel.
- Bien sûr que tu vas y penser et sérieusement même ! insista Manuel.
- Oui Manuel. Je –Vais – y –penser – sérieusement !
- Voilà ! Bon je pense qu’il fait déjà jour chez toi ?
- Si si, répondit Elayane. Je vais devoir y aller…
- D’accord ! N’oublie surtout pas de bien resserrer la ceinture pour que ton beau petit cul rebondi soit bien mis en valeur! lança Manuel pour détendre un peu l’ambiance.
- Tu n’es qu’un sale pervers ! répondit Elayane en riant. D’ailleurs Manuel était le seul qui pouvait lui faire un commentaire de ce genre sans qu’il ne s’en offusque.
- Je sais que tu adores ça ! Bye poulette ! lança encore Manuel.
- Bye !
Après avoir raccroché, Elayane se passa les mains sur le visage. Il se dit qu’il n’aurait jamais dû répondre à l’appel de Manuel. Cependant d’un autre point de vue, il savait que Manuel avait raison, comme souvent d’ailleurs. Sa grand-mère lui manquait, le pays lui manquait… Son regard fut attiré par la lumière que projeta son téléphone. C’était un dernier message de Manuel pour l’encourager à accepter l’idée des vacances. Il ne comprenait pas l'envie de son ami. Reportant son attention sur son téléphone, il hésita entre répondre à son ami pendant quelques secondes et fini par y renoncer. A la place, il se rendit sur le profil Facebook de Nelly.
Comme chaque jour depuis la nuit fatale, il n’y avait aucune trace d’activité sur le compte. La dernière publication de la jeune femme faisait référence à la fameuse soirée ! « En route pour une soirée d’enfer avec ma meilleure potesse ! » ; c’était le texte qui accompagnait le selfie que Nelly avait aussi publié. Le regard d’Elayane glissa sur les yeux pétillants de la jeune femme, sur son cou gracile, ses lèvres charnues. Elle ne portait presque pas de maquillage mais elle était si belle, comme toujours d’ailleurs…Elle était habillée d’une robe d’un rouge éclatant largement décolleté qui épousait ses courbes voluptueuses avant de s’arrêter tout juste au-dessus de ses genoux. Le décolleté qui retombait en un volant soyeux mettait avec classe sa généreuse poitrine en valeur. Cette photo, Elayane l’avait tellement scruté qu’il pouvait la reproduire les yeux bandés.
Elayane lança un juron et envoya son téléphone au loin. Machinalement il se leva de son lit tout en s’encourageant à retrouver un minimum de bonne humeur pour pouvoir affronter sa journée. Pourtant, il savait qu’il se faisait des illusions car il en était certain, sa journée lui paraîtra très longue mais avait-il le choix ? Enchaînant un pas après l’autre, il se dirigea vers la salle de bains, tourna le robinet et laissa l’eau couler sur sa tête dans une vaine tentative que celle-ci calme son esprit surchauffé. Debout au milieu de la vapeur qui inondait petit à petit la salle de bain et pendant que l’eau glissait sur son corps, il se surprit à se dire que le toucher de Nelly était pareil: une douce caresse, légère mais tellement électrisante ! Du moins, c’était la sensation qui lui était resté la seule fois qu’elle s’était accidentellement accroché à son bras pour s’éviter une chute dans les escaliers. Cela s’était passé le premier jour de leur rencontre. Malgré lui, son cœur se contracta douloureusement pour la énième fois depuis son réveil. Il posa ses mains de part et d’autre du pommeau de douche et baissa la tête.
- …Nelly ! ne put-il s’empêcher de murmurer.