Chapitre 2
Write by R.D
« Rien n’est plus difficile à surmonter que la peur de l’inconnue »
Fatima
Nous avons été obligées de faire le déplacement jusqu’au village pour
pouvoir faire le mariage coutumier. Il m’arrive souvent de me demander
pourquoi l’être humain confond les devoirs religieux aux traditions. Il
ya tellement de chose qui ce passent depuis la nuit des temps, que si tu
n’as pas un bagage intellectuel au niveau de la religion tu te perdras.
Je prends le cas de l’excision. Plus d’une a souffert et continue de
souffrir suite à ses pratiques inappropriées. Nos grand-mères disent que
si on garde notre clitoris, aucun homme ne voudra de nous et on sera
toujours pointé du doigt partout où on ira.
Je ne sais pas
quelle raison on vous à donner, mais chez nous les peuls c’est celle là.
J’arrive toute fois à me demander quelle en est l’importance ? Dieu
nous a créé avec le clitoris, lui qui est détenteur de tout pouvoir
suprême, mais nous en tant que simple créature qui sommes nous pour
enlever cela ?
En quoi cela peut il nous souiller vu que ça
fait partie de notre anatomie ? J’ai aussi entendu dire que lorsqu’on
garde cela, on se met à coucher de gauche à droite mais moi j’ai tout
simplement envie de rigoler. Combien de femme commettent l’adultère
malgré le fait qu’elles ont été incisées ? Pour moi c’est une stupide
chose tout comme cette idée de nous l’enlever.
Que somme nous,
nous les femmes sans notre clitoris ? De simple être humain qui n’ont
pas le droit d’éprouver du désir comme toutes les autres personnes ?
Même dans la religion on nous parle de l’importance de l’entente au lit,
mais que peuvent faire nos hommes de nous ?
Je sais que c’est
une question qui soulève beaucoup de suspicion mais si je dois donner
mon opinion là dessus, je trouve vraiment que c’est une grossière
erreur. En quoi ce bout de chose empêchera une femme frivole d’assouvir
ses envies ? Que ses traditions arrêtent de nous bouffer nos vies.
****
Je suis assise dans la case dans laquelle j’ai passée la nuit. Après
avoir fait ma prière matinale, je n’ai pas pu me rendormir. Aujourd’hui
c’est le jour J eh oui, aujourd’hui je serai désormais à lui pour la
vie. Rien qu’à l’idée, j’ai vraiment l’impression d’étouffer.
Maman doit normalement être ici d’une minute à l’autre. Hier on n’a pas
pu parler correctement et elle m’a dis qu’elle tient à aborder un sujet
important avec moi. Je suppose que ce sont des conseils qu’elle me
donnera vis-à-vis de tous les devoirs que je devrais accomplir une fois
dans mon ménage.
Papa m’avais prise en aparté avant qu’on ne
voyage. Lui et moi nos conversations se limitaient au strict minimum
jusqu’à ce qu’il voit sa petite fille prendre son envol. Ses paroles
sont toujours aussi fraiches dans ma mémoire. Il m’a parlée ouvertement.
M’a dit à sa manière qu’il m’aime et qu’il sait que malgré tout, je
saurais tout surmonter ».
Il m’avait fait appeler après sa prière. Nous étions seuls dans la chambre lorsqu’il m’a dit :
« Fatima, chaque être humain à un destin bien déterminée. Le mariage
est un droit pour tout musulman car celui qui se marie a certes
accomplit la moitié de sa religion alors il doit craindre Dieu quand à
l’autre moitié. Notre prophète (Psl) avait dit qu’il aimerait que sa
communauté soit la plus nombreuse le jour de la résurrection. Je te dis
tout ceci pour t’ouvrir les yeux quand à l’importance de cette union.
Tout comme la vie, le mariage n’est pas facile. Tu devras apprendre à
vivre au quotidien avec ton homme et fermé les yeux sur ses défauts et
vice versa. Je ne te garantie pas que tu seras heureuse, mais je connais
assez sa famille pour savoir qu’ils font partis d’une famille très
religieuse d’où mon choix de te donner à eux. Je sais que tu ne me
décevras jamais et que tu as su garder ce qui fera ton honneur dans ton
mariage. Alors lorsque tu penseras que tout sera entrain de te tomber
sur la tête, prend ton tapis de prière et demande à Dieu de t’aider. Il
ne t’abandonnera jamais tant que tu lui feras confiance. Pour être
heureuse, il faut connaitre le malheur sinon tu ne connaitras jamais
l’importance du bonheur qui te sera accordé. Tu es la maitresse de ton
foyer et tu seras questionner là dessus. Ton mari doit être ton guide
car c’est à ses pieds que se trouve ton paradis. S’il te parle mal, tait
toi. S’il te rabaisse, tait toi. S’il te pousse à bout, tait toi. Tu
penseras peut être que tu te feras marché sur les pieds mais ce sera
loin d’être le cas. La honte lui reviendra. Qu’aura-t-il à dire de toi
s’il arrivait qu’un problème se pose devant une assemblée ? Ma femme a
toujours été correcte ? Ce sera un point pour toi et auprès de Dieu tu
seras élevée. Rien n’est plus plaisant pour le diable que de voir des
musulmans qui se disputent. Tu veux la paix dans ta vie ? Soit une femme
vertueuse et crois moi que Dieu te récompensera. N’oublie surtout pas
que Dieu ne donne à aucune âme une charge supérieur à ses capacités et
si Dieu te fait vivre certaines choses, c’est parce qu’il sait que tu
pourras les surmonter. Maintenant je te souhaite tout le bonheur du
monde. Soit heureuse et que le bon Dieu t’assiste. Tu es ma fille et
tout ce que je te souhaite c’est le bonheur. Je prierai toujours pour
toi. »
Je me souviens avoir énormément pleurée. C’était la
première fois qu’il me parlait si ouvertement et quoi qu’on puisse dire,
ça m’a fait du bien. Je me suis rendu compte à ce moment que toute ma
vie devait complètement changée et que c’est maintenant que mon combat
allait commencer.
Maman (rentrant dans la case) : tu es déjà réveillée ?
Moi : oui maman. Bonjour.
Maman : comment tu vas ? Tu as bien dormie ?
Moi : pas vraiment mais ça va et toi ?
Maman : ça va.
Je remarque que ses yeux sont énormément rouges et je présume qu’elle a surement dû pleurer.
Moi (inquiète): pourquoi pleures tu ?
Maman (voix cassé) : c’est toujours difficile de se rendre compte que
notre bébé est devenu une femme et qu’elle aussi, elle est appelé à
fonder un foyer. Rien n’est plus formidable pour une maman que de voir
son enfant prendre son envol. Je suis contente mais à la fois triste de
devoir te voir partir. En tant que maman, c’est de mon devoir de te
conseiller. Tu es une brave fille et je sais que nous t’avons très bien
élevée. Je sais aussi que tu ne me décevras jamais dans ton foyer et que
quoi qu’il arrive, tu surmonteras les obstacles. Je tiens à te dire
tout simplement que rien n’est facile dans la vie. Devoir changer de
maison, de vie, de famille, ce n’est pas chose évidente mais c’est le
destin de toute femme aussi triste soit il. On n’appartient pas à notre
famille mais à notre mari. Soit douce pour lui. Soit une branche qui lui
permettra de tenir en cas de problème. Ne le brusque jamais et n’élève
jamais le ton devant lui. C’est ton homme, ton supérieur, et Dieu t’a
enjoins de le respecter. Je sais que la vie à deux n’est pas facile.
Crois moi que y aura des jours auxquelles tu voudras lui jeter un vase
en pleine face mais il te faudra te contenir pour ton bien être à toi et
celui de ta progéniture. Tes problèmes avec ton mari, n’en parle jamais
à quelqu’un. Fait intervenir les parents que lorsque la situation te
dépassera sinon régler les comme vous pouvez. Mes invocations te
suivront partout où tu iras. Tu es la seule fille que Dieu m’a donnée et
tout ce que je veux c’es que tu sois heureuse dans ton ménage.
Malgré que je me fusse promis de ne plus pleurer, j’ai repris de plus
belle. On est longtemps restées l’une dans les bras de l’autre avant
qu’une de mes cousines ne nous interromps.
Aicha : tout ça c’est bien beau mais il faut qu’on aille célébrer son mariage.
Maman : est ce que c’est la course ? Tu ne vois pas qu’on se dit au revoir ?
Moi (séchant mes larmes) : en tout cas je ne risquerais pas de fuir.
Je me suis levée du lit pour aller prendre ma douche en deux temps
trois mouvements comme on me l’a ordonnée. On m’a demandée d’enfiler
une tenue avant de suivre ma cousine qui était censée m’accompagner là
où on est censé faire le mariage coutumier.
Nous sommes sorties
ensembles de la cour familiale en laissant maman derrière nous. Nous
avons marchées assez longtemps avant d’arriver dans une sorte de case
remplies de femmes. On m’a mise au milieu et ont m’a passé un pagne au
dessus de la tête.
Ma cousine m’a demandée de pleurer parce que
si je ne le faisais pas, j’allais pleurer dans mon ménage. Encore une
de leurs traditions que je trouve aberrantes. J’avais prévu économiser
mes larmes jusqu’à ce que les femmes présentes commencent à me pincer
parce que c’était obligé que je pleure.
J’ai vraiment eu pitié
de mon pauvre corps tout rougie. J’ai été obligée de verser des larmes
pour qu’elles arrêtent leurs supplices. On m’a changée la tenue que je
portais pour me mettre une autre tenue que ma belle famille a apporter.
Ma belle mère est décédée donc c’est la petite sœur de mon beau père
qui s’occupe de tout. Après m’avoir mise la tenue on m’a demandée de
serrer les poings et de ne pas les desserrer sinon mon mariage allait se
briser.
On m’a reconduit cette fois ci dans la maison de ma
belle famille. Avant ça, il ya d’abord eu une de mes belles sœurs qui
étaient censée me porter sur son dos et faire trois fois le tour d’un
manguier. Pour quelle raison ? Je n’en sais rien.
Ensuite on
m’a fait boire du lait caillé, puis on m’a fait tenir un objet en bois
en me demandant de rester allonger et de ne pas bouger du lit. C’est au
bout d’une éternité pour moi qu’on m’a enfin enlevé tous les pagnes sous
lesquelles je me sentais étouffer.
Moi : c’est déjà finie ?
Une des femmes sur place s’est moquée de moi avant de me dire que je
suis désormais une femme mariée. Je ne saurais expliquer ce que j’ai
ressenti à ce moment. S’il me fallait coûte que coûte donner un nom à
cela, je dirais que c’est de la peur. Oui, la peur de ce qui m’attend.
J’ai passée la journée entourée de mes cousines qui n’arrêtaient pas de
me faire flipper concernant ma nuit de noce. Mounas se contentait tout
simplement de se moquer de moi quand je devenais rouge de honte.
Je n’ai jamais abordée ce sujet avec quelqu’un donc s’il faut que je me
mette à poser des questions là-dessus quand à la douleur qu’on ressent
lors de la pénétration, je pense qu’on y passera des décennies.
Une de mes cousines m’a néanmoins dit qu’il me fallait énormément du
courage et que si j’ai la chance d’avoir un mari doux, je ne souffrirai
pas trop au cas contraire, elle plaint d’avance mes fesses chose qui ne
me faisaient pas rire du tout.
Ce n’est qu’au petit matin,
après plusieurs autres conseils de maman que j’ai qu’on a prit la
route de Conakry pour rejoindre le domicile conjugal. Je pense que c’est
maintenant que les choses sérieuses vont commencer, car c’est une chose
d’écouter des conseils mais s’en est une autre de savoir les appliquer.
Ibrahim
J’ai ouvert les yeux très difficilement lorsque j’ai entendu la
sonnerie du téléphone retentir. J’ai voulu continuer à dormir mais
c’était sans connaitre la détermination de la personne.
J’ai pris le téléphone et j’ai sauté du lit comme un fou lorsque j’ai vu le numéro de papa s’afficher.
Moi (me raclant la gorge) : Allo ?
Papa : depuis là qu’est ce que tu faisais ?
Moi : j’étais loin du téléphone.
S’il apprend que je dors jusqu’à 12h, il va me tuer.
Papa : je t’attends ici demain et peu importe le vol que tu prendras si
je ne te vois pas dans la maison, je te jure que tu auras affaire à
moi.
Moi (étonné) : mais papa, j’étais censé venir dans une semaine.
Papa : tu te fou de moi ? Tu penses que je ne sais pas que tu as déjà
conclu l’accord ? Ta femme à regagner le domicile conjugal hier et si je
ne te vois pas dans les heures qui suivront, j’oublierai que tu es mon
fils.
Je n’arrive pas à le croire.
Moi : il me reste certains dossiers à conclure.
Papa (ton dur) : je me suis fait entendre oui ou non ?
Avant même que je ne réponde, il avait raccroché. D’un geste rageur
j’ai envoyé le téléphone s’écraser contre le mur en face de moi.
Pourquoi Dieu m’a-t-il donné un homme aussi mauvais que lui comme père.
Pourquoi me fait-il vivre ce genre de supplice ? Si elle est arrivée
hier dans la maison en quoi cela me regarde t il ?
J’ai sentie la présence de Manon que lorsqu’elle m’a fait une étreinte.
Manon : qu’est ce qui ne va pas mon cœur ?
Son cœur ? Mais celle là elle est malade ou quoi ?
Moi (me détachant d’elle) : je dois rentrer d’urgence en Guinée.
Manon : pourquoi ? Y a-t-il un problème ?
Moi : rien qui ne te regarde.
Ça m’exaspère lorsqu’une femme s’accroche à moi comme ça au réveil. Je
suis retournée dans la chambre pour rassembler ses affaires qui
trainaient sur le sol.
Manon (étonnée) : mais tu fais quoi ?
Moi : je te redonne tes affaires pour que tu rentres chez toi.
Manon : pardon ?
Moi : tu m’as bien compris. Ce n’est pas parce qu’on a couché ensemble
qu’on est un couple. J’ai un avion à prendre aujourd’hui et tu serais
gentille de libérer le plancher.
Elle semblait choquée par mes paroles mais elle a finie par m’arracher ses vêtements avant d’aller s’enfermer sous la douche.
J’ai profité pour téléphoner une agence et fort heureusement pour moi
il y avait un vol disponible pour le lendemain à 6h. J’ai donc passé la
journée à ranger mes affaires éparpillé dans toute la maison.
Karim m’a appelé parce qu’il devait me parler mais je l’ai mis sur boite
vocal. Lui, c’est bien la dernière personne que j’ai envie d’entendre
aujourd’hui. Je n’ai pas envie qu’on me rabatte les oreilles sinon il y
aura mort d’homme. Je ne comprendrais jamais papa quand à son autorité
mal placée mais il me fou vraiment dans un sacré merdier.
*****
Mon voyage a été très éprouvant d’autant plus que je ne voulais
vraiment pas revenir à la maison. J’ai néanmoins atterrit vers 14h sous
le soleil ardent de la guinée. J’ai le ventre qui gargouille énormément
et comme je m’y attendais, papa n’a même pas demander au chauffeur de
venir me chercher, pourtant je l’avais prévenu de l’heure de mon
arrivée.
J’ai été obligé de prendre un taxi et je ne vous dit
pas à quel point je suis arrivé exténuer à la maison. Lorsque j’ai
sonnée, une jeune fille que je suppose être la domestique m’a ouvert.
J’ai fait rentrer mes bagages avant de m’asseoir au salon.
Moi : qu’avez-vous préparé aujourd’hui ?
Inconnue (bégayant) : Heu.. Je crois.. C’est du riz au poulet
Moi : sers-moi !
Je me demande bien où papa a encore trouver celle là. Même pour s’exprimer c’est un problème ?
Je m’apprêtais à me lever pour me rendre dans ma chambre prendre une
douche et rattraper mes prières lorsque j’ai vu papa descendre les
escaliers.
Moi (allant à sa rencontre) : Bonsoir papa
Papa : ah Ibrahima ! Comment tu vas ? Tu es bien arrivé ?
Comment veut il que j’aille vu qu’il m’a contraint à revenir ?
Moi : je vais bien Dieu merci.
Papa : as-tu vu ta femme ?
Moi (exaspéré) : heu non !
Lorsque la bonne, ou du moins celle que je croyais être la bonne est
revenue chargée d’un plateau, j’ai vu le visage de papa s’illuminer.
Papa : Fatima, viens saluer ton mari.
Qu’est ce qu’il vient de dire ? De venir quoi ? Saluer qui ? Son mari ?
Mon Dieu ne me dit pas que cette maigrichonne est ma femme, elle sort
d’où celle là ? Ne mangeait elle pas convenablement ? Pourquoi papa me
fait il ça ? Pourquoi ?.........................