CHAPITRE 2
Write by Emyam
CYNTHIA
Yoann a encore repris ses caprices !
Je vous assure ce petit garçon essaie de me rendre dingue !
Il a su que j’allais rencontrer sa nouvelle nounou et veut obligatoirement
assister aux entretiens. Mais je n’ai pas envie qu’il vienne perturber cette
discussion en faisant plus tard des caprices à Marc-Ariel.
Mon bébé a tellement voulu un fils qu’il a du mal à lui
refuser des choses.
De manière générale, Marc-Ariel est une personne qui est qualifiée
de dure et réservée. Intransigeant sur ses principes de vie, il est tellement exigeant
et rigoureux sur certains plans que certains le traitent parfois de personne
froide.
Après tout il faut le comprendre. C’est un homme d’affaires
prospère. L’un des plus riches de ce pays et il a dû batailler dur pour
atteindre le niveau auquel il est aujourd’hui. Il ne peut donc pas se permettre
de passer pour une personne faible aux yeux du monde même si devant son fils de
4 ans, il a tendance à fondre comme une guimauve.
La réalité est qu’il faut faire partie d’un cercle très
fermé de proche pour avoir accès à une autre version de sa personnalité. Et
comme toujours, c’est avec fierté que je peux dire que j’appartiens à ce
cercle.
J’ai dû batailler dur pour qu’il fasse de moi son épouse
mais je ne regrette aucun des sacrifices faits. Car ils en valaient tous la
peine.
M’efforçant de faire disparaître les souvenirs amers qui
essaient de remonter à la surface, je me reconcentre sur mon fils qui me tire
la robe en me faisant la moue.
Pour la troisième fois je lui fais comprendre qu’il ne peut
assister à l’entretien et le congédie dans sa chambre.
Après quelques supplications vaines, il finit par s’en
aller, le dos vautré.
Qu’est-ce que je vous avais dit ? Une nounou, je ne
suis pas la seule à en avoir besoin.
Décidant finalement de rencontrer la nounou sur la terrasse,
je prends ma coupe de champagne et pars l’y attendre.
***
LYDIA
Mon père aimait dire que pour reconnaître un grand homme, il
ne faut pas observer sa richesse mais apprécier ce que ces personnes font de
leur richesse pour rendre le monde dans lequel ils vivent meilleur.
Arrêtée dans le luxueux séjour de mes potentiels futurs
employeurs, je ne peux m’empêcher d’être impressionnée par le luxe que je
constate.
Tous les meubles sont choisis avec goût et coûtent
probablement bien plus que le salaire de leurs employés.
Je n’ai jamais compris ce genre d’agissements...
Je me demande toujours comment l’on peut préférer investir
dans des biens matériels ostentatoires plutôt que de faire bénéficier cet
argent à des hommes ? Combien de familles démunies pourraient-ils aider
avec cet argent ? Des centaines j’en suis sûre. Mais bien entendu, ils ne
le font pas.
Sans le vouloir, une grimace de dégoût m’échappe.
Je suis encore entrain d’observer tout cet étalage de
richesse lorsque je vois s’approcher de moi la dame qui m’a ouvert la porte.
C’est une dame assez âgée au sourire avenant.
-
Madame vous recevra finalement sur la terrasse.
Me dit-elle avec une petite grimace contrite qui ne m’annonce rien d bon.
Soufflant pour me requinquer de volonté, je lisse
machinalement mon pantalon de tailleur et ma chemise difforme puis suit la
vieille dame qui m’a demandé de l’appeler tantie Edwige.
Ce que je vois du reste de la maison est fidèle à l’image du
salon. Du luxe, du luxe et encore du luxe.
Cependant, j’ai besoin de cet emploi. Alors je fais fi de
mes états d’âme et impression pour me recentrer sur mon objectif.
La dite terrasse occupe un grand espace de la cour arrière
de la villa et est occupée par une grande table en verre et des sortes de petits
fauteuils confortables et luxueux.
Au mur qui est mitoyen au séjour, est accrochée une grande
télévision à écran plat.
En observant un peu plus, on sent que dans cette maison se
trouve un enfant car il y a un énorme jardin dont une partie entière a été
transformée en espace de jeu avec balançoire, toboggan et autres...Le rêve de
tout enfant !
Au centre du jardin se trouve une énorme piscine entourée de
transats et encadrée par une sorte de grille de sécurité (sûrement à cause de l’enfant).
L’autre partie du jardin, taillée et emménagée avec goût et
assez grande pour occuper une bonne petite cinquantaine de personnes me semble
l’endroit idéal pour des petites réceptions.
Mettant fin à ma contemplation, je vois sur un côté de la terrasse,
une jeune femme de grande taille qui se tient, dos à moi. Elle a revêtue par-dessus
ce qui me semble être un maillot, une longue robe légère.
Bien qu’elle soit de dos, on peut voir que c’est une dame d’une
grande prestance et d’une grande beauté. Contrairement à moi qui suis de teint
bronzé, elle est très claire. Elle n’a surement rien à envier aux autres car
possédant tous les atouts qu’il faut, là où il les faut.
Je sens à son mouvement de corps qu’elle sait que je suis
juste derrière elle mais elle attend quand même que tantie Edwige m’annonce de
façon formelle avant de se retourner d’un mouvement gracieux.
C’est vraiment une très belle femme. Même si ses traits étirés
laissent penser qu’elle a eu recours à quelques interventions chirurgicales
pour affiner certains traits de son visage.
Je m’approche précipitamment d’elle pour lui tendre la main
et me présenter à elle mais mon potentiel employeur n’est apparemment pas du
même avis car elle me toise de haut en bas d’un regard hautain avant de jeter
un regard dédaigneux à ma main tendue.
Je peux vous assurer que j’ai essuyé énormément d’humiliations
dans ma courte vie mais aucun regard n’a jamais contenu à mon endroit une telle
expression ! Un mélange de surprise, mépris, agacement, colère et autre
chose que j’ai du mal à identifier...
-
Je...Euh...Enchantée madame EHUI ! Je suis
Lydia, Lydia Koffi...Bredouillai-je maladroitement et un brin déconcertée, ne
sachant comment interpréter sa réaction.
Comme elle ne cesse de me toiser, je continue en bégayant
que je suis là pour le poste de nounou et que j’ai été envoyée par l’agence
mais avant que je n’ai le temps de placer un mot, elle me stoppe net en répondant,
agacée et un brin énervée :
-
Il s’agit à coup sûr d’une erreur ! L’agence
sait très bien quels critères je recherche chez mes employés et je peux vous
assurer que vous ne répondez à aucun d’entre eux !
J’appellerai l’agence pour avoir une autre personne. Murmure-t-elle
comme si elle se parlait à elle-même plutôt qu’à moi.
-
Merci d’avoir effectué le déplacement mais je
crains ne pas avoir besoin de vos services. Termine-t-elle me laissant bouche-bée.
-
Madame ...S’il vous plaît... Prenez ne serait-ce
que deux minutes pour m’écouter ! Je vous assure que je suis qualifiée
pour ce travail ! J’ai déjà été nounou auparavant et mes anciens
employeurs étaient très satisfaits !
Vous ne pouvez pas me faire cela je vous en
prie...
Je suis tellement paniquée que je n’arrive pas à m’arrêter
de parler.
Mais apparemment pour elle, le sujet est clos car elle pose
sur la table de verre présente la coupe qu’elle a en main et me montre la
sortie toujours avec cet air condescendant :
-
Je n’ai pas besoin de vous raccompagner. Vous
vous retrouverez sûrement.
Sans même prêter attention à mes doléances elle prend la
direction de la maison, me laissant plantée là, sans plus d’explications.
Sa réaction m’a tellement prise de court que je ne trouve
rien de plus à ajouter.
Voilà une autre raison pour laquelle je déteste les riches !
Ne puis-je m’empêcher de penser amèrement. Leurs moindres décisions peuvent
changer des vies positivement ou les détruire carrément. Mais cela ne les
empêche pas d’agir et de réagir comme des enfants capricieux, jouant ainsi avec
la vie des uns et des autres.
Le sort des autres ne compte pas pour eux ! Juste la satisfaction
de leurs envies...
Je suis encore entrain de me remettre de cet entretien pour
le moins expéditif lorsque je sens une main se poser sur mon épaule.
Je me retrouve et découvre tantie Edwige qui me regarde avec
pitié. Un son étouffé entre un soupir et un sanglot m’échappe sans que je ne
puisse l’empêcher.
-
Désolée ma fille ! Mais il fallait s’y
attendre...Ne le prend pas pour toi. Madame a ses règles en matière de
recrutement. Je suis persuadée que tu es une bonne nounou et que le petit Yoann
se serait entendu avec toi mais dit toi aussi que ne pas avoir ce travail n’est
pas si mal que cela. Tu auras sûrement d’autres opportunités... Viens donc que
je te raccompagne à la sortie. Termine-t-elle avant de prendre la direction de
l’entrée.
Il fallait s’y attendre ? Ne pas le prendre pour moi ?
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai la ferme impression que son propos renferme
un double sens que j’ai du mal à saisir. J’ai envie de lui demander
explicitement ce à quoi elle fait allusion mais le regard de la vieille dame me
fait comprendre que cette information est la seule que je pourrais avoir.
C’est donc encore sonnée que j’essaie de me ressaisir et m’apprête
à quitter la maison lorsque qu’un bruit au niveau de la piscine attire mon
attention.
Me retournant précipitamment pour voir de quoi il s’agit, j’assiste
le cœur battant la chamade à une scène qui m’horrifie et me glace le sang.