Chapitre 2

Write by Meyroma

Aujourd'hui, je me réveille dès le premier chant du coq afin de ne pas arriver au bureau en retard. Après ma prière de Sobh, je fais une brève lecture coranique accompagnée de mes dou'a quotidiennes.

7h30 me trouve confortablement installée au bureau. Apparemment, je suis la première arrivée ce matin.

Je fais un rapide ménage superficiel pour donner un peu d'aspect à notre cafouillis  . je n'aime pas porter des jugements gratuits, mais je me demande comment on peut vivre dans un tel merdier et aspirer à une bonne santé, surtout quand on es une femme.  Selon mon entendement, la femme devrait être synonyme de propreté, de coquetterie et tout ce qui s'en suit.
Comme pour me donner une raison, j'attribue la négligence de Hannatou à son état de grossesse. D'ailleurs, c'est déjà louable qu'elle aie assez de force pour travailler.

Bureau désormais propre et aéré, je me plonge dans un dossier qu'on avait laissé en instance hier. Il s'agit d'un contentieux de succession.

Une femme étant décédée a légué tous ses biens à son mari. Mais les enfant de cette dernière contestent le testament car ils ne peuvent concevoir que leur mère les laisse bredouille au détriment de leur beau père. J'examine le dossier de fond en comble, cherchant une explication logique à cette situation. J'avoue que n'étant pas encore mère, je n'ai certes pas la fibre maternelle, mais il me semble qu'il est humainement impossible qu'une mère délaisse ses propres enfants, la chair de sa chair pour un mari infidèle et violent . Alors qu'elle est l'anguille sous roche dans cette affaire ?

Soudain, quelqu'un tape à ma porte et je sursaute. Avant que j'aie le temps de répondre, Maitre Djibril fait son apparition. Il s'arrête au seuil de la porte et me lance: 

-bonjour Mlle Yasmine, vous êtes bien matinale aujourd'hui.

Je me garde de répondre et me contente simplement de répondre à sa salutation.

-Hannatou n'est pas arrivée ? Demande-t-il.

-Non,pas encore Maître.

Il tourne les talons et s'en va.

J'essaie de retourner  à mon dossier, mais impossible de retrouver ma concentration. Soudain, le téléphone sonne et je décroche.

C'est lui!

-Tu peux venir dans mon bureau avec le dossier "famille Tanimoune"?

Tiens, justement le dossier sur lequel je suis!

Je me précipite dans son bureau avec le dossier en question. Il m'invite a m'asseoir et je ne me fais pas prier.

Après avoir pris place et maintenant que je le regarde de près, tandis qu'il est submergé par la lecture du dossier, je découvre quel bel homme il est. Le dosage équilibré et homogène entre le café et le lait donne à son teint un éclat parfait. Ses yeux sont d'un noir tellement profond qu'il est impossible de s'y hasarder sans s'y noyer. Son nez aquilin , ses lèvres fines et rosées...oh mon Dieu! je le dévisage trait par trait, centimètre carré par centimètre carré et il m'est impossible de détecter la moindre faille, encore moins de détacher mes yeux de sa personne. 

Un bruit à la porte me libère de cet état d'hypnose dans lequel m'immerge sa contemplation. Une belle jeune femme rentre dans le bureau comme un tourbillon, me dépasse et atterrit sur les lèvres de Maître Dibril pour y déposer un baiser langoureux.

-bonjour mon amour, s'exclame t-elle en même temps.

Suis-je devenue invisible ?

He-yo ! Y'a quelqu'un ! un peu de retenue ! ais-je envie de lui crier.

Comme si elle a deviné mes pensées, elle se retourne vers moi, d'un air hautain.

-Bonjour Melle, me dit elle froidement, comme si quelqu'un l'obligeait a me saluer.

Une antipathie naturelle s'installe instantanément et inexplicablement entre nous. J'avoue que sur son mètre quatre vingt, sa silhouette fine et son style glamour ne laisserait aucun homme indifférent, encore moins maître Djibril à ce que je vois. 

Sans me laisser l'occasion d'aller plus loin dans mes critiques intérieures, maître Djibril m'interrompt.

- Peux-tu nous laisser seuls s'il te plait? me demande t il en regardant amoureusement "intruse".

Bizarrement, sa requête me fais l'effet d'un coup de marteau sur la tête et j'obtempère sans hésiter.

A mon retour au bureau, je trouve mon téléphone portable entrain de sonner et je décroche. c'est ma meilleure amie Mariam. Nous ne nous sommes  pas vues depuis que j'ai commencé le stage.

-Alô Mina comment vas tu? et le stage?

-ça va Mariam, on ne se plaint pas Dieu merci.

-Alors?

Son " alors " est plein de sous entendu et je comprend parfaitement la vraie question qui s'y cache.

Mariam est nouvellement mariée avec Abdourahamane son premier amour après plus de dix huit ans de relation. Depuis qu'elle s'est marié, elle s'est mis en tête de me trouver quelqu'un. Pourtant, elle sait pertinemment que c'est le cadet de mes soucis et que ma priorité est de trouver un boulot et tirer ma famille de la galère. Mais Mariam est d'un caractère et d'un tempérament tellement borné que quand elle se met une idée en tête, elle devient sourde-aveugle, impossible de la raisonner. Alors quand elle a appris mon stage, autant j'étais excitée de décrocher un boulot, autant elle était excitée que j'y déniche un mari.

Sans me laisser le  temps de répondre, elle me harcèle de questions.

- Alors, comment est-il? c'est le chef? c'est un collaborateur? un client? raconte moi toute dans les moindres détails.

N'en pouvant plus, je met court terme à la discussion en lui promettant de tout lui raconter plus tard, pour qu'elle me colle la paix.

Impatiente, elle m'invite a dîner  chez elle le soir, et j'accepte. De toutes façon, elle me manques terriblement et je n'aurais pas pu passer une journée de plus sans la voir.

En raccrochant, j'entend des éclats de rire dans le couloir. il s'agit de maitre Djibril et son 'amour".

-tchuuuusssssss, me dis-je tout bas. Je me surprend immédiatement de ma réaction et de mon ressentiment.

Dis donc, quel est ce noeud qui se forme dans ma poitrine?
Qu'est-ce qui m'arrive ?

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