Chapitre 20
Write by Lilly Rose AGNOURET
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Les péripéties de Jalil...
Lorsque
Clyde et moi arrivons sur les lieux de l'accident, je remarque que d'énormes
moyens logistiques ont été déployés pour sortir la voiture de Victoire de
l'eau. En effet, l'armée a été appelée en renfort. Papa 1 et papa 2 sont sur
les lieux. Je fais une prière avant de descendre de voiture. Mon ami me dit
alors :
« Je
me demande s'il ne vaudrait pas mieux que tu restes à l’intérieur. J'ai peur
que papa 1 et papa 2 ne jettent ton corps dans la flotte. Mec, regarde leurs
visages. Ils feront de ton corps de la chair à pâté. »
« Il
faut bien que je descende et les affronte. Ils croiront sinon que je me moque
d'eux. », dis-je.
« Ok.
Dans ce cas, reste à distance. Je vais leur parler. Il vaudrait mieux que l'un
de nous fasse preuve d'un peu de compassion. Regarde toi, man, ton visage est
tellement impassible qu'on dirait que c'est juste ton chien qui a failli se
noyer. »
« Je
ne comprends rien à ce qui arrive, vieux. Je n'y comprends rien. »
Nous
descendons de voiture sous cette lune opaque qui semble m'accabler par sa seule
présence au-dessus de nos têtes. Les badauds se sont attroupés là au bord de la
mer. Des voitures se sont arrêtées pour suivre le spectacle. C'est dire qu'il
ne se passe jamais rien d'intense et d’intéressant à Libreville. Là, chacun est
à la recherche d'infos croustillantes pour alimenter le kongossa au quartier.
Clyde
et moi arrivons au niveau où se tiennent mes deux beaux-papas qui discutent
avec le chef des pompiers et un autre que j'identifie comme le commandant
Pascal Malékou, le parrain de Victoire, une véritable brute.
« Bonsoir,
très chers anciens ! », fait respectueusement Clyde. « Nous
sommes arrivés dès que nous avons appris la nouvelle. Jalil et moi sortions de
la salle de sport lorsque j'ai été prévenu par l'un de mes cousins. »
Là,
l'un des papas, le cher professeur de médecin, nous regarde tous les deux avec
un profond mépris et ne prend pas la peine de répondre. Le papa 2, lui, en
grand homme de la République, répond à mon ami :
« Bonsoir
jeune homme. Victoire m'a appelé avant de partir de la maison. Elle m'a dit que
ton ami ici présent la trompe depuis quelques temps et qu'il ne rentre plus à
la maison ; je suppose donc qu'il dort désormais dans cette salle de gym ? »
Là,
je suis tellement mouillé par ces paroles que je préfère baisser la tête. Je
n'ai pas l'intention d'ouvrir la bouche. Cela ne servira à rien si ce n'est à
me faire rabaisser et traiter comme un vers de terre. Je prendrai les insultes
comme elles viendront car j'ai pour objectif de me casser de Libreville dans
deux jours avec ou sans Victoire... Loin de toute cette folie.
« Cet
imbécile a perdu sa langue !? », lance le capitaine Malékou en
s'adressant à moi. « Ma filleule est là dans l'eau. On ne sait pas dans
quel état elle sera retrouvée et ce type est incapable de montrer le moindre
signe de panique ? C'est à sa mort que tu t’attends ? »
Disant
cela, il m'envoie un coup de poing qui me fait atterrir sur le sable. Il n'en
reste pas là, me prend par le cou, me relève et me dit :
« Tu
peux nous dire la raison pour laquelle ton épouse est sortie comme une folle de
la maison alors qu'il est 22h passées ? »
Je
sais qu'il va m'achever de coups car ce type jamais ne m'a supporté. Je sais
que s'il me met un autre coup, personne ne l'empêchera même de jeter mon corps
à la mer. Alors, je lui crie en pleine figure :
« Vous
auriez dû apprendre à votre fille comment gérer les infidélités de son époux,
vous autres les grands infidèles devant le peuple. »
« Mais
ce petit est un impoli ! », lance le capitaine en me filant un second
coup de poing.
J'ai
atterri par terre et mes fesses sont endolories. Clyde me relève et
lance :
« Gardons
notre calme, s'il vous plaît. Je vous en conjure. Cela ne sert à rien de se
déchaîner ainsi sur Jalil. Nous savons tous que Victoire s'emporte pour un
rien. Je suis peiné de la savoir là dans cette situation mais de grâce,
arrêtons avec la violence. »
Il
semble que les trois timbrés aient compris le message. Mon ami me soutient du
mieux qu'il peut et nous attendons que la voiture soit remorquée vers le
rivage. Là, un des soldats nous lance :
« Les
vitres étaient ouvertes ! Elle a bu la tasse ! Elle n'a pas e u le
temps de détaché sa ceinture ni même de réagir. »
L'ambulance
de la clinique de papa 1 est déjà là avec le matériel de réanimation.
Je
suis l'action des secouristes sans être le moins du monde affecté. Je ne
comprends pas moi-même, comment j'en suis arrivé à un tel détachement. Le corps
est délicatement sorti de la voiture et installé à même le sable sur une
civière. Papa 1 se met au travail entouré de deux médecins venus en ambulance.
On procède aux gestes de réanimation pour sauver la vie de la pierre précieuse
qu'est mon épouse.
J'aimerais
être secoué...Mais rien ne se produit.
J'entends
alors ma belle-mère qui arrive en pleurant :
« Qu'est
ce qui s'est passé, grand Dieu ! Victoiiiiiiiiiirrrrrreeeee ! »
Là
voilà qui, oubliant qu'elle est perchée sur de hauts talons, arrive avec classe
vers le sable. Ce n'est qu'au moment où ses pieds s'enfoncent dans le sable,
qu'elle se rend compte que ses chaussures sont inaptes à la marche sur la
plage. Un peu plus et l'on se croirait sur le tournage d'amour Gloire &
beauté, tellement la belle-mère est sapée, coiffée parfumée, alors qu'il est
22h passées. Elle s’accroupit près du corps de sa fille et lui caresse le
visage. Je reste à distance pour suivre la scène. J'ai l'impression que la mère
joue la comédie. À la façon qu'elle a de mettre en évidence ses ongles
manucurés en caressant le visage de Victoire, on aurait juste envie de lui
donner l'oscar de la meilleure actrice. Là, elle se lève à l'invitation de son
époux. La civière est installée dans l’ambulance une fois que Victoire reprend
connaissance. Ils s'en vont sans que personne ne me demande si j'ai envie de
l'accompagner à l’hôpital. Tant mieux. Je ne me sens pas d'humeur à supporter
cette famille ce soir. Je reste donc là à regarder partir l'ambulance. Autour
de moi, les gens rigolent en chuchotant
à mon encontre. Je ne m'en préoccupe
pas. Je regarde Clyde qui s'est rapproché de ma belle-mère. Je ne sais pas ce
qu'il lui dit, mais ils discutent tous les deux alors que les beaux-papas ainsi
que le capitaine Malékou sont déjà assis au volant de leur voiture respective.
Ils démarrent et s'en vont. Je me rapproche de mon ami et prends du courage
pour saluer ma belle-mère. Avec des gestes très affectés, elle s'écrit :
« A
Jalil ! Qu'est ce qui ne va pas, on enfant ? Comment se fait-il que
tu traite si mal ton épouse au point qu'elle se retrouve dans cet état !!?
Ah, Jalil, Victoire t'a sorti de la boue, elle t'a lavé à l'eau de javel, elle
t'a habillé, t'a appris à te tenir, t'a fait connaître le vrai monde, mon
fils ! C'est comme ça que tu la remercies ? »
Je
regarde cette jolie femme métisse que les années ne vieillissent ni
n'enlaidissent pas. Je détourne mon visage du sien et m'adressant à mon ami,
lui dis :
« Tu
sais Clyde, on a eu beau me sortir de la boue, me laver et me donner des vêtements
précieux, je n'ai jamais oublié que la politesse élémentaire veut que je
respecte mes beaux-parents et, les aînés en général. Vu comment Victoire a
saccagé la maison de ma mère il y a 3 jours au point de la rendre malade, je me
demande dans quel monde civilisé j'ai
atterri en l'épousant. »
Je
ne prends pas la peine d'écouter ma belle-mère qui me traître de pauvre type.
J'avance et vais m'installer dans la voiture de Clyde. J'attends que ce dernier
poliment raccompagne ma belle-mère à sa voiture, après avoir ramassé ses
chaussures à talons qui traînaient dans le sable.
Quand
il revient dans la voiture, il s'installe, passe sa ceinture de sécurité et me
dit :
« Je
ne t'envie pas, vieux ! Tu vas être sérieusement sanctionné. La belle-mère
n'a pas apprécié ta remarque tout à l'heure. »
« Je
crois que je m'en fous, Clyde. Advienne que pourra. »
« Je
suis sérieux, man ! Ces gens vont te lyncher. »
« Je
m'en fous ! J'ai besoin de dormir. Ma journée demain sera longue. Et
après-demain, je serai dans l'avion pour Durban. J'ai besoin de
respirer. »
« Je
ne t'envie pas ! »
« Tu
l'as déjà dit, Clyde. Tu te répètes. Je sais que jamais personne n'échangerait
sa place contre la mienne. Je vis dans un panier plein d'épine, merci de me le
rappeler. »
Il
met le contact et nous rentrons tranquillement chez lui. Arrivé là, je lui dis
mon intention de rentrer dormir chez moi. Il me répond alors :
« Il
est hors de question que je te laisse partir. Allez, viens ! La chambre
d'ami t'attend. »
Deux jours plus tard.
Je
suis tranquillement assis à mon bureau. La journée commence tranquillement. Je
suis passé à la clinique avant d'arriver sur mon lieu de travail. Je me suis
fait dire à l'accueil que des consignes claires ont été données pour
m'interdire l'entrée des lieux. Le monde devient sûrement fou. Du moins, le
monde dans lequel Victoire et sa famille vivent. Dans le mien, les époux se
doivent assistance et soutien dans les moments difficiles. Me faire ainsi
éjecté m'a fortement mis mal à l'aise...Mais je n'allais pas supplier pour voir
mon épouse.
Si
l'on me dit que Victoire va bien, TANT MIEUX... Je compte les heures qu'il me
reste à supporter avant d'être dans l'avion cette nuit. 5 jours loin de la
folie de Libreville. A mon retour, les deux imbéciles qui me servent de
beaux-papas pourront me faire asseoir au tribunal de leur famille, j'aurais appris
à prendre mes distances et à recevoir les balles sans mal. Ma mère et ma sœur
sont bien arrivée en Afrique du Sud alors c'est le cœur léger que je reviendrai
subir la foudre et le feu qui sortiront de la bouche de papa 1 et papa 2. Ils
ne m'appellent pas depuis l'accident, ils ne me font pas demander... Je dis
merci au ciel.
Je
préfère m'abrutir de travail, aller éreintée au sport et rentrer chez moi
complètement épuisé. La maison est vide et agréablement accueillante sans
Victoire.
La
réunion qui m’occupe ce matin, prends 45 minutes. À 13h, je sors déjeuner avec
Angèle DoRego. Quand nous revenons une demi-heure plus tard, je demande à mon
assistante de préparer tous les documents dont j'aurais besoin lors de mon
séjour à Durban. Je prends une heure pour faire le point avec mon équipe, puis
avec Salima Bâ qui a commencé son cycle de formation de nos équipes. Il est 15h
quand je prends mon attaché-case, ma veste et dis au revoir à tout le monde.
Je
roule tranquillement vers l'aéroport. J'y gare mon véhicule dans un coin du
parking. Je bloque les portières après être descendu, puis prendre un taxi en
direction de chez Aïcha. Je ne pourrai partir sans lui dire au revoir. J'arrive là et me glisse
tranquillement chez elle après avoir quelque peu pataugé dans cette eau
boueuse, pleine de détritus. Ce quartier ne changera pas... Derrière la Prison
jamais ne sera en carte postale pour les touristes. Quand j'arrive là, elle
m'attend avec un sourire lumineux.
« Wèè !
J'ai gardé les doigts croisés toute la matinée. Et te voilà. Je t'offre à
boire ? »
« Ne
t'inquiète pas pour mon ventre. »
« Dans
ce cas, ça veut dire que je peux m'inquiéter pour ça ? », fait-elle
en caressant mon sexe à travers mon pantalon. »
« Hum !
Tu ne perds jamais de temps, toi ! »
« Pourquoi
perdre du temps quand on peut se faire plaisir ? »
« J'ai
un cadeau pour toi ! », lui dis-je en l'embrassant. »
« Oh !
Qu'est ce que s'est ? »
Là,
son fils de 6 ans arrive dans le salon. Quand il remarque ma présence, il
retourne tranquillement dans sa chambre. Je fouille alors l'une des poches de ma veste et en sort un paquet
cadeau.
Là,
le visage d'Aïcha s'illumine. Elle m'embrasse avec fougue et me dit :
« Oh,
Jalil, merci. Oh, bébé ! Merci c'est gentil. »
« Ouvre
avant de me remercier. »
Elle
le fait. Et lorsqu'elle tombe sur un parfum de chez Channel, en conditionnement
de 50 ml, son cœur semble défaillir et elle se met alors à pleurer.
« Hey !
Les cadeaux c'est pour faire plaisir ! », lui dis-je.
« C'est
tellement gentil de ta part ! Tu sais que jamais je n'aurais pu me
l'offrir. Merci bébé. », me fait-elle en me serrant bien fort dans ses
bras.
Nous
restons là à nous embrasser comme si le monde tournait autour de nous. Alors,
la porte d'entrée s'ouvre et laisse apparaître la tête de ses deux fils jumeaux
de 9 ans qui rentrent de l'école. Ils me saluent poliment et disent à leur
mère :
« Maman,
on voulait acheter les gâteaux et le kounou ! »
Je
leur tends alors un billet de 2 mille francs avant d’entraîner leur mère vers
la chambre pour être en paix. Les enfants s'extasient comme s'il venait de
découvrir une mine d'or. Bien leur en fasse si un simple billet de 2 mille
francs peut changer leur ordinaire.
Dans
la chambre, Aïcha me dit :
« Vraiment
merci pour le cadeau. Il faut que je le cache loi, sinon ma copine Reine va
vouloir me le piquer ; »
Je
la regarde faire alors qu'elle va effectivement cacher son cadeau sous les
draps rangé dans le meuble branlant qui lui sert d'armoire à linge. Elle
revient vers moi et me dit :
« Laisse-moi
t'enlever ta veste pour ne pas la froisser. »
« Je
la laisse faire. Elle décide ensuite de changer les raps sur le lit avant de
m'y inviter en souriant.
Je
reste là couché, à la regarder se déshabiller. J'aime le spectacle qu'elle
procure à ma vue et mon esprit me dit que je vais m'ennuyer sans elle en
Afrique du Sud.
« Je
pars pour une semaine. Je vais à l'étranger. Que veux-tu que je te
ramène ? »
« Oh !
Est-ce que tu peux même choisir des robes de soirée ? Non, prends ce que
tu veux. Un cadeau ça fait toujours plaisir. »
« Pourquoi
as-tu besoin d'une robe de soirée ? »
« Mon
frère se marie dans deux moi. Je veux une robe que personne n'a jamais vue. Je
n'ai que des vieilleries dans mon placard. »
Je
me redresse alors sur mon séant et lui dis :
« Tu
auras ta robe de soirée, si c'est vraiment ce que tu veux ! »
C'est
si je lui disais que c'est demain Noël. C'est fou de constater comment des
choses aussi simples peuvent mettre quelqu'un en joie quand du côté de mon
épouse, il faut toujours de l'or et du diamant pour faire plaisir !!!
Elle
ferme alors la porte de la chambre à double tour et met de la musique. Elle se
déhanche lascivement, arrive sur le lit toujours en dansant. Bientôt, elle se
baisse sur moi et fait habilement danser ses seins au-dessus de mon visage. Ma
réaction est immédiate. Je la renverse sur le lit et avec fougue, vais à
l'assaut de son corps qui est un véritable délice.
Nous
passons 2 longues heures à faire l'amour avec passion. Comme à son habitude
elle est fort sonore, au point que je suis obligée de la faire taire d'un
baiser pour ne pas donner aux voisins, de vivre par procuration, nos parties de
jambes en l'air. Quand elle en vient à jouir en me criant dans l'oreille :
« Tu
es le meilleur, Jalil. Tu es mon champion. Oh, tu m’as tuée. », je me dis
qu'au moins je ne serais pas venu pour rien.
Nous
restons longtemps allongés enlacés comme aimantés. Au moment où je me lève pour
m'en aller, elle me dit :
« Wèèèè !
Bébé, je te jure que je comprends pourquoi ta femme devient folle. Mon chéri,
si ton Ban----... m’appartenait, je te jure que j'allais mettre un cadenas
dessus avait une pancarte écrite : faut
pas touchez, oooh ! C'est la propriété d'Aïcha Bialanga. »
Je
souris et lui dis alors :
« Ce
qui es sûr c'est qu'avec toi, la flatterie passe comme une lettre à la
poste ! »
Elle
sourit et me répond :
« Là,
c'est la vérité, bébé ! »
Elle
se lève alors du lit et va vers le coin à l’extrémité de la chambre, juste
barré par une immense planche. C'est ce coin là qui lui sert de d ouche. Elle
en revient avec une serviette qu'elle a trempée au préalable dans un seau d'eau
et se met à me nettoyer le bas du corps.
« Voilà !
Monsieur est tout propre ! », le fait-elle en riant.
Je
lance un coup d'œil à cette fameuse douche qui en fait sans robinet et plein de
seaux d'eau. Je me dis alors que l'homme que je suis, vient de loin. Car, c'est
dans un réduis pareil que je faisais ma toilette quand j'étais enfant et
adolescent, avant que... Avant que Marlène Azizet n'entre dans ma vie et
m'installe dans le confort moderne d'un appartement, meublé et climatisé...
C'est
fou de penser à elle à cet instant alors que je devrais me préoccuper de l'état
de santé de mon épouse et que je viens de m'envoyer en l'air de façon
magistralement avec l'une des filles les plus sexys de Libreville !
Je
m'en vais en laissant une enveloppe de Deux cent mille francs cfa à Aïcha pour
qu'elle puisse payer deux mois de loyer.
En
chemin, je me rends compte que mon téléphone sonne. Il est déjà 20h 35. J’ai intérêt
à me grouiller si je ne veux pas rater l'enregistrement de mon vol.
Heureusement que je n'ai qu'un bagage en main. Je décide d'ignorer mon
téléphone. Vite ! Je saute dans un taxi. Quand j'arrive à l'aéroport, je
me dépêche de prendre mes affaires dans la voiture et file à l'enregistrement
de ce vol South African Airways. Une fois ma carte d'embarquement en main, je
me dirige vers le kiosque à journaux. J'y achète le magazine Challenges, puis
le Jeune Afrique. Je monte les marches qui me mènent à un café. Là, je m'assois
et commande un moka. Je me mets à lire un des magazines achetés. Mon téléphone
de nouveau sonne un quinzaine de minutes plus tard. Je le sort de la poche de
ma veste. C'est ma collaboratrice Josiane Orézano au bout du fil ; sans
même me saluer, elle me demande :
« Où
es-tu Jalil ? »
« Je
suis à l'aéroport, pourquoi ? »
« Ok.
Ne traine pas trop. Passe le contrôle de police et va t'assoir tranquillement
en salle de départ. Je te souhaite un très bon voyage. »
« Que
se passe t-il Josiane ? Ta voix est craintive. »
« Jalil !
Tes beaux-parents ont mis la machine de guerre en route. La police est passée
dans nos locaux à 17h. Heureusement
qu'il n'y avait plus qu'une poignée de personnes. Ils étaient à ta recherche.
Nous leur avons simplement dit que tu étais rentré chez toi sans leur préciser
que tu as un vol pour l'étranger cette nuit. Donc, de grâce, passe ce contrôle
et monte dans cet avion. »
« Dis-moi
que c'est une blague Josiane ? »
« Je
ne suis pas d'humeur à blaguer, Jalil. Les accusations proférées contre toi
sont lourdes ! Ils ont même réussi à y inclure Merlie Anderson. »
« Qu'est
ce que Merlie Anderson vient faire dans tout ça ? »
« Bonne
question. J'y répondrais si j'avais des réponses. Bon voyage, Jalil. »
Elle
raccroche.
Je
reste perplexe un long moment avant de décide de bouger. Je règle ma note puis
vais passer effectivement le contrôle de police pour me rendre au salon
d'embarquement.
Assis
là, je décide d'appeler Clyde pour savoir ce qui se trame. Il me répond au bout
de deux sonneries :
« Man,
je t'ai appelé une centaine de fois ! Tu as un Iphone qui fonctionne comme
un téléphone moutouki (pacotille), mon cher ! Tu ne vois pas les
appels en absence ou quoi ? »
« Frangin,
que se passe t-il ? »
« Il
se passe que le pays est géré ! Je te dis que c'est deep (profond), c'est
thick (dense), c'est violent ! »
« Arrêt
avec ton pidgin et dis-moi ce qui se passe. Qu'est ce que Merlie Anderson vient
faire au milieu de ce foufou indigeste que préparent mes beaux-papas. »
« Rectificatif,
c'est belle-maman qui a mis la cavalerie en marche. Je te dis que ces gens là
sont forts. Ils ont réussi à te monter une histoire dans laquelle tu aurais été
avec Merlie Anderson dans une voiture, un bolide, qui coursait Victoire au
point de l'obligée à sortir de la route. En somme, vous êtes, Merlie Anderson
et toi, à l'origine de l'accident qui a failli coûter la vie à Victoire !
Ils ont deux témoins qui affirment que ta voiture a pris la fuite quand celle
de Victoire a fait ces deux tonneaux qui l'ont conduite dans l'eau. »
C'est
de la démence ! Ces gens sont fous ! »
« Mais,
tiens-toi bien, une enquête a été diligentée et la pauvre Merlie Anderson alias
ta maîtresse, a été inquiétée cet après-midi par la police. Ils sont passés la
cueillir à son hôtel ! »
« C'est
une blague !!! »
« Non! »