Chapitre 20

Write by EdnaYamba

 Antoine BOUMI

-         Plus de peur que de mal !  me dit l’infirmier en finissant le bandage sur mn pied.

C’est rien de le dire, il s’en ait fallu de peu pour qu’Isabelle en finisse avec ma vie. Je n’ai même pas eu le temps d’apprécier son beau visage déformé par la colère.

C’est en m’enfuyant alors qu’elle était allée prendre un pilon que je suis tombé, Mireille et son employé ont dû la calmer pur qu’elle ne me tombe pas dessus. C’est sûr qu’elle m’aurait bien tabassé.

Quand l’infirmier sort, Mireille qui m’a suivi jusqu’à l’hôpital le remplace.

La ville les as vraiment bien réussi, la petite Mireille ressemble à une vraie femme des villes à présent. On voit bien à la texture de ses vêtements que financièrement parlant elle doit être à l’abri du besoin. C’est une belle

-         Si tu t’attendais à un grand accueil, tu as été servi ! se moque-t-elle la voix pleine de mépris. S’il n’était pas question de Grace dans toute cette affaire crois-moi, j’aurais laissé Isabelle te tabasser, tu le mérites !

Elle me toise avant de tourner les talons pour se diriger vers la sortie.

-         Depuis quand Isabelle est-elle devenue si agressive ? tout ce que je voulais c’était discuter !

-         Après tout ce qu’elle a subi, tu t’attendais à quoi à des larmes de joie ? Tu as eu l’accueil que tu mérites et crois-moi, ce n’était même pas suffisant !  assure-toi la prochaine fois qu’elle soit disposée à te recevoir avant de te pointer à nouveau !

Était-ce là l’intensité de sa rancœur ?

Il est plus que clair que je ne prendrais plus le risque d’aller la voir seule, je tiens encore à vivre longtemps.

Je ne peux pas comprendre qu’Isabelle soit devenue si agressive, elle ne m’a pas laissé le temps de m’exprimer. Comment aurais-je pu quand fuir sa fureur était la seule chose à faire à cet instant.

-         Cet océan de larmes et d’amertumes que tu as laissé quelqu’un d’autre l’a comblée, il est hors de question que tu viennes perturber cet équilibre.

Je tique.

-         Isabelle est mariée ? m’enquis-je

-         Mariée, mère et heureuse.

Cette nouvelle est pour moi un choc que je ne réagis plus à Mireille.

Elle me toise encore une fois de plus  puis sort et s’en va.

Isabelle est mariée…

La femme que j’aime est à un autre. Je ne peux pas le croire.

Ça fait mal. Je ne peux pas le croire. Ce n’est pas le scénario que j’avais espéré, même si j’entends ma conscience me répliquer :

« Égoïste, tu croyais qu’elle allait t’attendre ? »

Oui, elle le devait m’attendre. Elle aurait dû m’attendre.

 

Isabelle MOUKAMA

 « Yaya tu abuses, regarde ce que tu as fait, je vais l’accompagner à l’hôpital. Tu devrais te calmer, ça commence à ressembler à autre chose.  »

Ce sont les paroles de Mireille qui s’en est allée suivant Antoine qui la main sur le front essaie d’empêcher le sang qui coule de son front après sa chute.

C’est toute furieuse  et tremblante de colère que je fais les va et vient dans la chambre. J’ai vu rouge en le voyant  apparaitre dans mon restaurant plein d’assurance.  Si Mireille n’avait pas été là, je crois que je me serais retrouvée en prison et j’aurais fait les gros titres. Tout mon ressentiment, toute cette douleur accumulée au fil des temps, tout ce que je croyais avoir enfoui et enterré à tout jamais, Mireille ne m’aurait pas intercepté, je lui aurais tapé ce pilon sur la tête pour qu’il se souvienne tout le mal qu’il m’a causé et sache que pour moi son odeur est nauséabonde. Je ne veux ni le sentir, ni le voir.

La porte s’ouvre sur René qui depuis que ma petite sœur a eu l’ingénieuse idée de l’appeler parce que je n’étais pas selon elle, en état de rentrer seule à la maison, est mécontent.

-         J’ai eu Mireille au téléphone, ça va !

Pfff , on m’aurait annoncé qu’il est mort que je me sentirais mieux !

René me dévisage de la tête au pied.

-         À en juger ton état, on croirait que tu es encore amoureuse !

-         Ne dis pas de stupidités.

-         Les stupidités c’est toi qui en fais ! crie-t-il presque, Non mais tu te rends compte que tu aurais pu faire vraiment du mal à cet homme et te retrouver en prison !

-         Qu’est-ce que tu me proposais que je coure l’embrasser en le voyant peut-être ?

-         Qui sait peut-être qu’au fond c’est ce que tu aurais voulu ! j’en ai marre de cette histoire !

-         Tu en as marre, ça ne semblait pas te concerner depuis que ça a commencé, lui reproché-je.

-         Tu aurais voulu que je dise quoi ? je croyais que tu allais laisser tes frères régler cette affaire si ça te dérangeait autant apparemment le problème est ailleurs…Tu veux te venger de quoi ? ça fait 17 ans ….

-         Ça ne lui donne pas le droit de venir comme s’il ne s’était rien passé et venir réclamer Grace !

-         Parce que tu veux dire que tu es en colère à cause de Grace, excuse-moi mais j’ai dû mal à le croire ! Grace a toujours voulu son père !

-         Peut –être que si tu t’étais comporté comme un père, elle ne le rechercherait pas

-         Ah parce que c’est de ma faute maintenant ?  je paie ses études au même titre que ses frères, a-t-elle un jour manqué de nourriture  ici ?

-         Ce n’est  pas ça seulement

-         C’est quoi alors !

L’échange est houleux nous crions presque que bientôt apparaissent les deux petites têtes de nos garçons, l’air effrayé, c’est la première fois qu’il nous entende nous disputer de la sorte

-         C’est rien mes bébés ; leur dis-je alors que René se dirige vers eux.

Le plus grand s’enfuit vers le salon alors que le plus petit va dans les bras de son père qui se retourne vers moi :

-         C’est la dernière fois Isabelle !

Le ton de sa voix est tel que je ne l’avais jamais écouté avant, que je suis obligée de me calmer.

-         C’est le seul éclat de ta frustration que je suis à mesure de tolérer, tu vas appeler tes frères et tu vas leur dire d’accepter cette entrevue, et qu’on en finisse une fois pour toutes ! Je ne reviendrais plus sur le sujet, si tu n’en as pas assez y en a qui en ont assez !

Et il s’en va portant notre fils.

Je me masse les tempes pour m’apaiser. Un peu de calme dans ce déferlement d’émotions qui me traversent pour que je réussisse à réfléchir convenablement, parce que les dégâts de toute cette histoire risquent d’être considérables.

Je m’allonge sur mon lit et ferme les yeux un instant.

Il faut que je définisse la priorité dans toute cette histoire.

Mélanie BOMO épouse BOUMI

Je retourne et retourne sur mon doigt mon alliance.

Me voilà mariée, sans mari.

BOUMI a déserté la maison et depuis, aucune nouvelle, aucun appel, aucun message. Mes nuits deviennent de plus en plus difficiles , mon lit froid.

Mon numéro est sur liste noire apparemment.

Je me suis dit qu’il reprendrait ses esprits et me rappellerait mais rien. il ne semble même pas s’inquiéter de ce que je deviens.

Maman m’a dit ;

«  C’est le moment de tout  recommencer Mélanie, laisse le partir et refais ta vie. Tu es encore jeune ! »

Qu’est-ce qu’elle n’a pas compris quand j’ai dit que BOUMI c’est l’homme de ma vie.

Le laisser partir, pour qu’il aille chez qui Isabelle ? Jamais de la vie.

Je ne serais pas la seule perdante dans cette affaire, se je le perds, il la perd et elle le perd comme ça on est tous quittes. Perdants –perdants. C’est la seule association qui marche pour cette histoire !

Quand j’arrive à BMT, la présence de la voiture d’Antoine au Parking me révèle qu’il est là, je descends en direction des bureaux.

-         Bonjour Léa, dis-je à sa secrétaire. Pas besoin de m’annoncer, je veux faire une surprise à mon mari.

Elle me sourit alors que je poursuis mon chemin jusqu‘au bureau de mon époux.

-         Qu’est-ce que tu fous là ?

-         Est-ce là, l’accueil qu’on fait à sa femme qu’on n’a pas vu depuis longtemps chéri ?, dis-je en entrant dans la pièce alors qu’il se lève d’un bond de son siège.

-         Tu as quand même le culot de te pointer ici !

Il s’avance dangereusement, les yeux rouges de colère, il est tel que je ne l’ai jamais vu avant mais je n’en ai cure. Je suis là, il faut qu’il comprenne que je l’aime.

-         Qu’est-ce que tu as eu au front chéri ? dis-je en voyant le bandage que je veux toucher

-         Tu vas tranquillement dégager d’ici Mélanie !  me dit-il en évitant mon geste d’une main.

Il m’empoigne de son autre main, le bras tellement fort que j’ai l’impression qu’il va me le tordre.

-         Je ne partirais d’ici qu’avec toi BOUMI ! lui dis-je en grimaçant de douleur

-         En plus d’être une sorcière tu es folle ! dit-il

La seule folie dont je souffre, c’est celle de l’aimer. Nos vies sont liées nous sommes mariés.

Il me tire jusque devant la porte qu’il ouvre, je résiste, l’empêchant ainsi de me mettre dehors

-         Tu es mon mari, je ne pars pas d’ici sans toi, tout ce que j’ai fait c’est par amour.

-         Par amour ? tu as ruiné ma vie, tu as fait de moi ton mouton pendant 17 ans ! ta marionnette pendant tout ce temps !

Il resserre encore son étreinte de sa main, me dévisageant avec mépris comme s’il m’assimilait à de la merde.

-         À cause de toi, j’ai perdu la femme que j’aime ! et mon enfant, 17 ans sans père. Quel genre de femme es-tu ? Je me retiens de te donner une correction

-         Je suis ta femme BOUMI, Isabelle ne te méritait pas…

Ses yeux rougissent de plus en plus, je vois bien qu’il fait un effort de ne pas m’étrangler là dans son bureau. Il doit en mourir d’envie. Comment  peut-il à nouveau être amoureux d’elle ?

-         Je te regarde et je comprends que jamais sans tous ces artifices mystico-spirituels je n’aurais jamais pu poser mon regard sur toi !

Ces paroles sont dures, tellement dures que mes yeux coulent des larmes.

Qu’est-ce que j’ai pour qu’il me méprise ainsi ? Ne suis-je pas une belle femme ?

Déstabilisée, je ne me rends pas compte qu’il m’a déjà poussée à l’extérieur, le mouvement est tellement brutal que je retombe sur mes fesses quand je me lève pour courir vers lui, c’est sur mon visage que la porte se ferme.

Je me mets à cogner sur sa porte, tentant d’ouvrir la porte sans me soucier des regards curieux attirés certainement par le vacarme causé.

-         BOUMI OUVRE MOI CETTE PORTE, JE NE PARS PAS D’ICI !!!!

Quelques minutes plus tard, ce sont des vigiles qui viennent me sortir de force alors que je les insulte de tous les noms d’oiseaux en leur rappelant que je suis la femme de leur patron. Je peux voir les gens rigoler à notre passage.

BOUMI va regretter tout ça, toute cette humiliation.

-         Tu vas me la payer, craché-je en rejoignant ma voiture en larmes.

 

Grace Jeannie MOUKAMA

C’est dommage qu’on ait raté de peu mon père la dernière fois.

Nous y sommes retournés le lendemain mais le vigil très peu coopératif nous a dit qu’il n’était pas là.

On a attendu autant de temps qu’on a pu sans l’apercevoir.

Il avait peut-être donc dit vrai, le vigil.

Maintenant que j’entreprends de le trouver mon père joue à cache-cache.

-         Grace !

C’est mon oncle qui m’interpelle.

Je me précipite de le rejoindre au salon.

-         Nous recevrons ta famille paternelle et ton père en fin de semaine. Ta mère a donné son accord.

Est-ce que j’ai le droit de sauter de joie ? Enfin !!!!!!

 


L'orpheline