Chapitre 20: Séparer et Rapprocher
Write by MTB
Sur ces paroles, Hervé prit congés de son ami, conscient que ce poste était une façon de l’éloigner de Chantal plus qu’une promotion comme elle devrait l’être. Ce qui pesait le plus sur sa conscience, c’était le fait de perdre son amitié de cette façon. Mais est-ce que Richard pouvait comprendre que quelque part c’était aussi pour lui rendre service ? Si c’était avec un autre homme, qui sait ce que Chantal aurait déjà fait dans son dos ? Au moins, avec lui, c’était la retenue totale même s’il avait une fois failli l’embrasser tendrement et la déshabiller alors qu’elle était passée lui apporter un plat de lasagnes. Il se sentait au moins soulagé que l’histoire n’avait pas ébruité et aussi du fait qu’il n’y avait pas eu une concrétisation physique de leur relation secrète. Il rangea les effets dans ce qui devient désormais son ancien bureau, prit quelques cartons pour emballer certaines choses et prit congés de ses collègues.
Le soir, à peine rentré, Richard fut accueilli par Chantal avec la question suivante :
- Pourquoi envoyer Hervé si loin ?
- Quoi ?
- Non rien, répondit Chantal.
- Tu viens de poser une question concernant Hervé.
- Laisse tomber.
- Comment as-tu su pour Hervé ? Je ne me rappelle pas te l’avoir dit.
- Tu sais que les informations circulent vite dans cette ville et que les réseaux sociaux existent.
- Et qu’est-ce que les réseaux sociaux ont à voir avec tout ceci ?
- C’est sur son statut que je l’ai lu.
- Son statut ?
- Oui son statut WhatsApp.
- Ok je vois. Donc tu n’as rien d’autre à faire qu’à être connectée à son profil tout le temps ? Bref, tu sais quoi ? Je ne te retiens pas. Si tu n’es pas contente, tu peux faire tes bagages et le suivre. Je ne te retiendrai pas. L’amour n’est pas forcé.
- Non Richard, ne dis pas cela. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Tu sais très bien que c’est toi que j’aime.
- Parce que tu n’as pas le choix aussi je suppose ?
Sur cette question, Chantal resta bouche bée et fondit en larmes en se réfugiant dans la chambre à coucher. Elle refusa de manger cette nuit-là. Richard passa une demi-heure à regarder à travers son télescope les étoiles. Une fois dans sa chambre à coucher, il caressa doucement le bras de Chantal puis lui murmura à l’oreille qu’il était désolé et lui présentait ses excuses. Puis il insista pour qu’elle le regarde en face. Il lui effaça ses larmes en lui caressant la joue puis y déposa un léger baiser. Cela faisait quand même un bail que pareille tendresse n’avait trouvé place entre eux. Chantal se sentit bien et s’empressa d’enlacer Richard en lui murmurant dans l’oreille « Tu m’as manquée ». Pour toute réponse, Richard emprisonna ses lèvres et se fendit d’un baiser qui lui manquait également. La magie de l’amour avait encore opéré et pris le dessus sur la dispute. Avaient-ils déjà fait l’amour de cette façon par le passé ? Eux-mêmes ne s’en souvenaient pas. Ils étaient juste perdus dans leurs jeux de reins et dans les caresses. Bientôt ils se retrouvèrent dans la salle de bain puis revinrent prendre possession du canapé qui se trouvait dans leur chambre à coucher tels des lions affamés et assoiffés.
Ils s’endormirent épuisés, Chantal ayant posé sa tête sur la poitrine de Richard. C’était les premiers rayons de soleil qui les réveilla. On dirait qu’éloigner Hervé avait du coup éloigné son ombre aussi de leur couple. Chantal réalisa à quel point elle tenait à Richard. Elle était vraiment amoureuse et sa vie n’aurait plus de sens sans lui. Elle était encore là à rêvasser quand elle se rappela que ce n’était pas encore le week-end puis s’adressant à Richard :
- Chéri, tu ne vas pas au service aujourd’hui ?
- Oh que si, mais après avoir passé le week-end avec toi à Lagbonou.
- J’avoue que j’ai juste entendu parler de cet endroit mais je n’y ai jamais mis les pieds.
- Alors tu attends quoi pour faire ta valise ?
- Nous partons à quelle heure ?
- Le plus tôt possible car nous y allons en voiture et non en avion.
- Ok. Laisse-moi faire vite alors.
Elle descendit du lit mais remarqua que le drap avec lequel elle s’était enveloppée refusait de quitter le lit.
- Mais Richard, que fais-tu ?
- Tu as oublié de me donner un bisou avant de partir.
- Oh désolé chéri. Je t’en donne plutôt deux. Non, trois. Voilà.
Elle s’exécuta sans savoir que le troisième bisou allait ouvrir le bal à une autre série de jeux de jambes en l’air. Après tout, faire l’amour au petit matin n’était pas si mauvais que cela. Ils prirent goût puis elle en demanda encore. Richard ne se laissa pas prier et s’exécuta en la faisant jouir une fois de plus. Tout se passa rapidement après et ils se retrouvèrent dans la cuisine pour le petit déjeuner. A sa grande surprise, Richard se retrouva nez-à-nez avec sa mère.
- Maman ? Que fais-tu ici ?
- Un petit bonjour pour commencer ne te ferait aucun mal.
- Oups désolé maman. Bonjour. Comment vas-tu ?
- Je vais bien. Et toi ma fille, ça va ?
- Oui madame, je vais bien et vous ?
- Richard, tu peux nous laisser en tête à tête ? Je dois discuter avec Chantal. Et s’il te plait, ne va pas écouter derrière la porte.
- T’inquiète maman. Je n’ai pas encore intégré une agence d’espions.
- Alors tu attends quoi pour nous laisser en tête à tête ?
- Oh toutes mes excuses mais de grâce pas de complot contre moi.
- Dégage sinon je t’appelle la police.
Ils rirent tous ensemble sur cette phrase de la maman de Richard et ce dernier les laissa seules en s’éclipsant avec une tasse de café dans la main. Aussitôt la maman de Richard enchaîna en invitant sa belle-fille à s’asseoir à côté d’elle.
- Ma fille, comment vas-tu ?
- Je vais bien maman.
- Et mon fils, comment va-t-il ?
- Il va bien également.
- Tout se passe bien entre vous ?
- Bien sûr que oui.
- Mais ce n’est pas ce que je semble remarquer depuis un certain temps répliqua la maman de Richard en changeant l’expression de son visage. Dis-moi la vérité. Peut-être que je peux aider.
- Maman, je te rassure que tout va bien.
- Sais-tu s’il y a un problème entre lui et Hervé ? Cela fait longtemps je ne l’ai plus vu venir à la maison.
- Je ne pense pas qu’il y ait un souci entre eux. D’ailleurs, Richard l’a nommé Directeur Régional.
- Mais j’ai l’impression que tu me caches quelque chose. Tu vois, je connais bien mon fils. Je sais qu’il a été déçu une fois dans sa vie et il a complètement changé. Quand il a fait ta connaissance, il a encore changé. Cette fois-ci en bien. Et je suis fière de toi.
- Merci maman.
- Mais tu sais que les mamans ont toujours des intuitions bizarres. Richard est assez grand, c’est un adulte mais il demeure toujours mon enfant, mon protégé. Et je ne tolérerai point qu’il souffre une nouvelle déception dans sa vie. Alors dis-moi ce qui ne va pas entre vous ? Il a recommencé à courir les jupons des filles dehors ? Je veux savoir.
- Non maman. Tout va bien, je te l’assure. Richard est le meilleur des maris. Il est patient, attentionné et fait tout pour que nous soyons heureux. Il travaille aussi beaucoup et tu peux être fière de lui. Je suis sûre qu’il fera aussi un très bon père.
- Ma fille, tu vois, tu viens de réussir le test.
- Le test ? Quel test ?
- Je voulais me rassurer que tu sais garder secret ce qui se passe dans votre chambre et que tu ne parleras pas mal de ton mari. C’est cela l’une des nombreuses qualités qui font d’une femme une excellente épouse. Savoir laver le linge sale en famille, savoir endurer. Car l’amour n’est pas facile. Il y aura toujours des gens prêts à vous embrouiller. Le plus important c’est de définir ce qui vous rend heureux. Et moi, ce qui me rendra encore plus heureuse, c’est de prendre mon petit-fils ou ma petite-fille dans les bras.
- Merci maman pour tous ces conseils. Pour ton petit-fils, je te promets de faire du mieux que je peux.
- Allez. Vas et amusez-vous bien.
Chantal quitta sa belle-mère un peu soulagée. Mais il faut dire qu’elle avait eu chaud. Elle avait donc bien fait de ne s’être pas confessée pour demander pardon à sa belle-mère comme elle l’avait prévu sinon elle aurait tout gâté. Il lui revient donc de tout faire pour rendre son mari heureux. Elle avait brisé la confiance et elle doit profiter à fond de ce voyage pour arranger les choses.
Elle avait quand même appris beaucoup de sa belle-mère juste après une seule séance de discussion. Même si elle paraissait jeune pour son âge, elle avait beaucoup d’expérience. Elle peut maintenant l’imaginer en train de subir les humeurs de feu son beau-père, ou de ses infidélités. Mais elle a tenu bon et a toujours cherché à protéger son foyer. C’est ce qu’elle fera désormais. Elle ne peut pas se donner les moyens de perdre Richard. En aucun cas. Personne ne doit non plus savoir pour Hervé et elle.
Elle vécut un week-end de ouf. De bons moments passés à la plage comme des enfants. Elle s’était même amusée à faire une compétition de château de sable avec Richard. Elle perdait presque tous les jeux et à chaque fois, elle devait embrasser Richard. Elle s’affaissa épuisée, en train de regarder le ciel quand Richard se pencha sur elle pour lui donner un doux baiser. Elle apprécia et s’agrippa à son cou forçant Richard à s’allonger sur elle. Puis réussissant à se dégager, ce dernier engagea la conversation :
- Chantal, m’aimes-tu ?
- Bien sûr que oui mon chéri.
- Nous avons traversé tellement de choses que je n’ai pas envie de te perdre.
- On dit qu’on apprécie mieux quelque chose une fois l’avoir perdue. Mais je n’ai pas besoin d’en arriver là pour savoir combien tu es précieux pour moi.
- J’ai envie que tu partages plus avec moi. Et c’est pour cela que je veux te demander si tu es prête à passer le reste de ta vie avec moi.
- Bien sûr que oui. Je veux te donner toute ma vie.
- Alors allons manger une bonne pizza.
Ils se levèrent et quand Chantal eut fini d’enfiler ses chaussures et enlevé le sable de ses cheveux, elle se retrouva nez-à-nez avec un petit garçon tenant un petit paquet entre ses mains. Le petit garçon lui tendit la petite boîte en précisant que c’était de la part du tonton assis au bar oubliant que le tonton en question n’était plus au bar mais à côté de Chantal. Elle hésita avant de prendre le paquet car elle ne voyait personne au bar et ne savait pas quel coup se préparait. Richard afficha une mine grave et insista pour qu’elle ouvre le paquet immédiatement. Elle s’exécuta avec des mains tremblantes. Plusieurs autres emballages étaient à l’intérieur. Elle les détacha un à un et tomba sur un petit écrin contenant une bague de mariage. Dès qu’elle vit la bague, Richard posa un genou au sol et demanda :
- Veux-tu m’épouser ?
Des larmes coulèrent instinctivement et comme réponse, elle embrassa Richard avant de dire oui dans un sanglot de pleur. Elle ne pleurait pas parce qu’elle avait mal mais parce qu’elle était heureuse, très heureuse. Quand elle reprit ses esprits, elle demanda à Richard :
- Veux-tu me faire un bébé ?
à suivre...