CHAPITRE 21
Write by Maylyn
-Coucou ! Je suis rentré ! Il y a quelqu’un dans cette maison ?
J’entendis les petits pas de mes puces résonner à l’étage supérieur puis dans les escaliers. A seulement 5 ans, Nielini-Lily pour les intimes- était déjà une grande sœur protectrice pour Samira qui venait justement de fêter ses 2ans. Elle ralentit donc ses pas et tint la menotte de sa cadette pour l’aider à descendre les marches. Une fois en bas, elles coururent se jeter dans mes bras. Je m’accroupis et les serrai très fort. Qu’est-ce que c’était bon de pouvoir enfin sentir leurs petits corps contre moi ! Elles m’avaient tellement manqué durant ces trois semaines ! Après les avoir couvert de bisous, je leur demandai:
-Alors quoi de neuf ?
-C’est mon anniversaire ! S’écria Sami de sa petite voix fluette.
-Je le sais Mon Cœur ! C’est pour ça que Papa est rentré aujourd’hui ! Je n’allais pas louper un évènement aussi important non ?
-Et on a mangé le gâteau !
-Ah bon ? M’exclamai-je.
-Oui ! Un gâteau Hello Kitty ! Et y avait mes amis aussi et j’ai eu beaucoup de cadeaux !
-Waouh ! C’était chouette alors ! Tu as dû beaucoup t’amuser !
-Oui oui !
-Et il y avait un magicien aussi Papa ! Ajouta Lily. Il a fait plein de tours ! C’était trop bien ! Tu aurais dû venir plus tôt ! Là, c’est trop tard ! La fête est finie !
-Oh dommage ! Donc je repars alors ?
-Mais non ! Renchérit-elle en gloussant. Et il reste encore du gâteau si tu en veux. Je peux t’en couper une part tu sais ? J’ai le droit d’utiliser les couteaux de table.
-Hummm…Ta proposition est très alléchante Ma Chérie mais laisse-moi d’abord prendre une douche. Au fait, où est Maman ?
-Elle est dans la chambre. Chuuuut ! On ne doit pas faire de bruit !
-Pourquoi ? Chuchotai-je comme elle.
-Parce que Maman est très fatiguée bien sûr ! Dit-elle en levant les yeux au ciel. Sami et ses copains sont des bébés alors ils épuisent !
-Je suis pas un bébé ! J’ai 2ans ! Maman, elle a dit…elle a dit que j’étais une grande maintenant !
-Une grande lace ses chaussures sans l’aide de Maman et toi tu peux pas donc…
-Stop les filles ! Pas de disputes ok ? Papa aussi est fatigué ! Allez, venez ! Je vous ramène dans votre chambre. Que faisiez-vous ?
Je soulevai Sami et Lily me donna sa main.
-On jouait avec les nouveaux jouets de Bébé Sami ! Viens jouer avec nous en attendant que Maman se réveille si tu veux !
-Ok ! Je prends mon bain et ensuite je viens !
Après m’être assuré qu’elles jouaient effectivement avec leurs affaires et non avec celles de leur mère ou des miennes, je me dirigeai vers notre chambre. Je m’approchai du lit et m’assis dans le fauteuil posé pas loin, contemplant l’Amour de ma vie. Elle était étendue sur le dos, le bras gauche nonchalamment posé au dessus de sa tête. Même comme cela, les cheveux en bataille et la mine fatiguée, elle restait pour moi la plus belle femme au monde ! A bientôt 30 ans et malgré deux césariennes, elle n’en paraissait que 25. J’étais vraiment un homme chanceux : j’avais une femme fabuleuse dans tous les sens du terme et deux petites princesses qui comblaient mon existence !
Ces trois années qui s’étaient écoulées depuis notre mariage avaient été magiques ! C’était comme si après les moments pénibles vécus durant l’hospitalisation de Yélen, Dieu nous accordait enfin le droit d’être heureux. Nous avions la certitude que Samira, notre petite dernière avait été conçue durant notre nuit de noce ou du moins pendant notre lune de miel. Quelle ne fut pas notre joie d’apprendre deux mois plus tard que ma femme était à nouveau enceinte ! Et bien sur, elle gagna le pari concernant le sexe du bébé. Tout se déroula normalement et sept mois plus tard, nous accueillions notre petit ange. Je pus me consoler cette fois d’avoir au moins une fille qui avait le même teint que moi à défaut d’être un garçon. Contrairement à Lily qui était une vraie boule d’énergie, curieuse de tout et posant mille questions à seconde, Sami elle, était douce et plutôt calme. Très intelligentes toutes les deux, elles nous étonnaient souvent par leur manière de s’exprimer : elles faisaient des phrases parfois avec un vocabulaire que leur envieraient des adultes. Maman nous avait suggéré de leur faire faire des tests de QI mais nous préférions pour le moment les laisser en paix. Il serait toujours temps de les faire quand elles seraient un peu plus grandes. Quant à leur mère, elle avait pris la décision d’arrêter sa carrière de mannequin pour s’occuper d’elles. L’année au cours de laquelle elle n’avait pu profiter pleinement de Nielini lui avait laissé une pointe de culpabilité qu’elle essayait de vaincre en demeurant très proche de ses filles. Etant devenue au fil des années une célébrité incontournable, elle croulait sous les propositions de toutes sortes et les invitations à des cérémonies de prestige. Cependant, elle préférait limiter ses sorties rien que pour le bonheur de participer à l’heure du coucher de ses pitchounes. Cela tombait très bien d’ailleurs parce que de mon côté, le travail m’accaparait de plus en plus. J’étais passé de statut d’employé à celui d’associé dans le cabinet d’architecte. Nick Scott, l’ami de mon père et mon patron, avait avec ses deux autres associés, compris que j’envisageais de me mettre à mon propre compte. Et comme apparemment, ils étaient plus que satisfaits de mon boulot, ils avaient décidé de me faire cette proposition alléchante. Et bien sûr, cette promotion venait avec son lot de contraintes : entre autres plus de responsabilités, voyages fréquents à l’étranger, retour du travail à des heures tardives. Heureusement pour moi, mon épouse semblait s’en accommoder et je remerciais tous les jours le Ciel d’avoir une femme aussi compréhensive et indulgente à mes côtés.
-Vous semblez bien rêveur Monsieur Aka.
C’était justement l’objet de mes pensées qui venait de me murmurer cette phrase.
-Je profitais juste du spectacle enchanteur qu’est de vous voir endormie Madame Aka.
Je me levai du fauteuil et me penchai vers elle pour lui donner un baiser tendre.
-Hummm ce parfum m’a vraiment manqué !
Elle eut un petit rire et me répondit :
-Tu sais qu’à cause de toi, je ne peux pas en mettre un autre ?
-Sacrilèges ! Pas question que tu changes de parfum ! C’est un vrai élixir pour mes sens !
-Qui sait ? Peut-être que je t’ai envoûté avec ça grâce aux philtres d’un marabout. Dit-elle en me faisant un clin d’œil.
-Si c’est le cas, alors je préfère ne pas être délivré et rester prisonnier de ton enchantement à jamais !
Elle éclata de rire.
-Je t’ai manqué hein, n’est-ce pas ?
-Oh oui ! Surtout tes idioties !
Je m’assis par terre en m’adossant contre le lit, prenant l’une de ses mains pour la caresser distraitement tout en parlant.
-C’est ça, moque-toi ! Tu ferais mieux de profiter de la chance que tu as d’avoir un mari poète ! Il y a des femmes qui tueraient pour cela !
-Pour un poète de ta trempe ? Je ne crois pas non ! S’esclaffa-t-elle.
-Au lieu de dire des bêtises, raconte-moi plutôt toutes les folies que vous avez faites avec tes filles en mon absence !
-Non toi d’abord ! Ce sera plus court, crois-moi ! C’était comment Abu Dabhi?
-Le chantier avance bien ! Voir mes plans prendre ainsi forme est tellement gratifiant Chérie ! C’est pour cela que j’ai voulu faire ce métier Sun : donner du rêve aux gens en réalisant des projets qui paraissent fous de prime abord ! Ce complexe hôtelier sera SEN-SA-TION-NEL ! Je vous enverrai le visiter les petites et toi dès que possible !
-Tu vois PM, c’est pour voir tes yeux briller ainsi que je ne te reproche jamais toutes ces heures où tu es loin de moi. J’adore te voir aussi passionné et enjoué ! Tu y arriveras Mon Amour! Tant que tu auras cette flamme là, tu pourras réaliser tous les projets que tu envisages !
-Je t’aime !
-Je t’aime !
Après un baiser langoureux, je m’écriai :
-Bon, je vais prendre une douche. Puis, les trois femmes de ma vie m’expliqueront cette journée d’anniversaire de dingue durant laquelle il y a même eu un magicien !
-Je vois qu’elles t’ont fait un bref résumé. Ce fut une journée épuisante mais très belle ! Elles se sont amusées comme des folles ! Tu aurais dû les voir ! Mais vas-y ! Débarbouille-toi et rejoins-nous dans la cuisine. Il y a encore du gâteau !
-Je sais ! Lily n’a pas manqué de me signifier fièrement qu’elle me couperait elle-même une part parce qu’elle avait le droit maintenant d’utiliser les couteaux de table ! Elle est trop forte ma fille !
Nous fûmes pris d’un fou rire qui dura un bon moment. Oui c’était bien d’être enfin à la maison.
***
-Où étais-tu ? Ça fait des heures que je t’attends !
-Ouf ! Tu m’as fait peur Chéri ! Mais tu es déjà là ? Ce n’était pas après-demain que tu devais rentrer ?
-Oui mais j’ai pensé vous faire une petite surprise en rentrant plus tôt. Tu n’es pas contente de me voir ?
-Qu’est-ce que tu racontes ? Si bien sûr ! Ta surprise a bien marché en tout cas !
Elle eut un petit rire qui me sembla faux bizarrement et elle vint m’embrasser.
-Tu m’as manqué tu sais !
-Toi aussi ! Mais tu ne m’as toujours pas dit où tu étais passée ! Il est 23h et heureusement que j’étais là sinon la pauvre Marisa serait restée pour veiller sur les filles jusqu’à cette heure ! Tu sais bien que ce n’est pas prudent pour elle. Son quartier est assez chaud la nuit !
-Oui oui c’est vrai, tu as raison ! Je m’excuserai auprès d’elle demain. C’est juste…que j’étais avec…Zeinah et quelques copines et nous n’avons pas vraiment vu l’heure passer. Tu sais bien ce que c’est hein…
Je ne sais pas pourquoi mais je restai perplexe. Elle avait l’air très agitée et évitait mon regard. Et puis, pourquoi avait-elle paru chercher ses mots en m’expliquant son absence ? Non, je devais certainement me faire des films. La fatigue du voyage sans doute. Elle interrompit le fil de mes pensées en me prenant le bras.
-Allez, retournons au salon et viens m’expliquer comment s’est passé ton voyage en Afrique du Sud. Depuis ton projet d’Abu Dabhi l’année passée, c’est la première fois que je te revois aussi enthousiaste ! Viens Mon Cœur !
Oui, c’est ça ! C’était certainement la fatigue du voyage…
Durant les jours qui suivirent, je ne la vis presque pas. Moi qui avais pourtant décidé de profiter des vacances de printemps des petites pour prendre deux semaines de congés ! Je me retrouvais seul avec elles presque toutes les journées et quelques fois assez tard dans la nuit. Pour une femme au foyer, mon épouse semblait avoir un programme très chargé. Elle les passait d’après elle avec Zeinah et quelques copines. Toujours ce même refrain ! Au bout d’une semaine, je commençai à en avoir marre ! D’autant plus que j’avais la désagréable impression qu’elle me cachait quelque chose. Cela faisait un bout de temps déjà que je la sentais un peu différente, même au téléphone.
J’étais au parc ce samedi là avec les petites. Elles se plaignirent de l’absence de leur mère et insistèrent pour que je l’appelle afin qu’elle nous rejoigne. En essayant de la joindre, je constatai que son téléphone était éteint. Alors, j’appelai Zeinah. A mon grand désarroi, je tombai sur Franck son mari qui m’apprit que cela faisait trois semaines que Zeinah était en voyage. Complètement sonné, je m’assis sur un banc à cette nouvelle. Zeinah était absente ? Cela signifiait alors que Yélen m’avait menti ? Mais pourquoi ferait-elle cela ? Se pourrait-il que…Non, non, non ! Je ne voulais même pas l’envisager ! Sun ne ferait JAMAIS cela ! Elle ne pourrait jamais me…NON ! Il fallait absolument que je m’enlève cette idée dans la tête ! Mais c’était trop tard, le poison du doute avait déjà commencé à faire effet. Et ce que j’entendis ce soir-là me rendit encore plus soupçonneux.
Nous étions tous les quatre à table, dégustant une salade fruits de mer au dîner. L’ambiance était détendue grâce aux babillements des petites. Elles racontaient leur expédition de la journée à leur Maman et celle-ci semblait leur porter toute son attention.
-C’était trooooop fun Maman ! Tu as raté beaucoup de choses tu sais ?
-Oh j’en suis certaine Lily ! Rien qu’en imaginant ce que tu me racontes, je vous envie !
-Faut pas avoir de la peine Maman, la consola Sami. Si tu veux, tu peux venir avec nous la prochaine fois !
-Sans faute Mon Ange ! Je serai là ! Tu as réussi à me réconforter ! Tu vois, je ne suis plus triste.
Elle lui offrit son beau sourire.
Tout d’un coup, son téléphone se mit à sonner. Quand elle vit le nom de l’appelant, elle ne put cacher un mouvement de panique. Elle se leva précipitamment en s’excusant, puis quitta la cuisine. Je tus ma conscience et la suivit, m’arrêtant en haut des marches pour essayer d’entendre des bribes de conversations.
-Non mais ça va pas ? Tu as vu l’heure ? Chuchota-t-elle. Nous sommes en train de dîner !...Et ça ne pouvait pas attendre le rendez-vous de demain ça ?... Oui 10h à l’hôtel… Non je ne pourrai pas plus tard…Eh bien parce que je sens qu’il commence à saturer de ne pas me voir de la journée donc c’est 10h ou rien ! Je rentrerai vite pour pouvoir passer le reste de la journée avec lui et les filles…Ouais t’inquiète ! Tant qu’il me croit avec Zeinah, y a aucun souci ! Bon je te laisse sinon, il risque de trouver mon absence longue…
En redescendant sans bruit, je l’entendis glousser avant de faire un bisou à son interlocuteur. Cette nuit-là, après qu’elle ait prétexté une migraine pour ne pas que je la touche, je restai là, à la regarder dormir en m’avouant enfin ce que je refusais d’admettre : ma femme avait un amant.