CHAPITRE 21: Mon autre famille

Write by kaynaliah

Dans la tête de Maira


Ca fait à peine 8 heures que je suis dans ce pays que je ne connaissais pas mais qui est le mien. Ca me fait tellement bizarre d’être ici . Je sais que je suis en famille ici mais malgré tout ils restent des étrangers. Je ne connais pas mon histoire du côté maternel car celle qui me sert de tante a tout inventé. Elle a raconté l’histoire qui l’arrangeait. Elle a raconté l’histoire qui nous empêcherait de chercher encore beaucoup plus. Je suis allongée dans cet immense lit et j’écoute le silence de la nuit. J’ai finalement compris pourquoi toute la maisonnée me regardait de façon étrange : je suis la photocopie parfaite de ma mère. Malia et moi étions sœurs jumelles mais on ne se ressemblait pas pour autant. On avait des traits de ressemblance certes mais ça s’arrêtait là. On n’était pas des sœurs identiques.


Après que mes grands-parents m’aient serrée dans leurs bras tout larmoyants de joie, on s’est tous assis dans l’immense salon et ils me tenaient chacun une main comme s’ils craignaient que je ne disparaisse à nouveau. Je me suis sentie à l’aise. Je me suis sentie chez moi même s’ils sont encore des étrangers pour moi, ils ne le seront plus pour longtemps car on apprend à se connaître. Ils sont le seul lien que j’ai de ma mère et je ne veux pas les perdre. Papi Andrew est tellement gentil. Ils m’ont posé des questions sur ma vie en général. On a essayé de rattraper tout ce temps perdu pour rien. Tout ce temps qu’on nous a volé. J’ai eu un pincement au cœur quand la conversation a dévié sur Malia. Ils ont eu mal et pleuraient encore plus. J’ai voulu un petit peu embellir l’image de Malia mais le regard que Ross me jeta m’en dissuada car au final ils savaient tout ce qu’elle m’avait fait ou nous avait fait. Mamie Kélia voulait savoir comment j’avais réagi face à tous ces bouleversements que les actes de Malia et de ma tante ont causés dans ma vie. J’étais un peu gênée au début mais je décidai de m’ouvrir tout en ne mentionnant pas le chapitre de mon comportement aujourd’hui avec les hommes. Mon papi ma montré des photos de maman. J’ai pu partager les évènements heureux de la vie de ma maman. Il est vraiment vrai que je lui ressemble comme deux gouttes d’eau. J’avais tellement de questions à poser mais les premières journées de mon séjour ici seraient consacrées à ma maman, Lenni. Mes grands-parents m’ont conduite dans l’ancienne chambre de ma mère et j’étais émue quad ils me racontaient certaines anecdotes. Sur son bureau, il y avait des stylos personnalisés à ses nom et prénom et Mamie Kélia m’a expliqué que maman aimait écrire. Tout comme moi pensais-je. Donc ma passion pour l’écriture vient d’elle. Merci maman. Papi Andrew a sorti un carton où était rangé des écrits de ma mère. Je crois que mes larmes se sont remises à couler car ils estimaient que tout ça me revienne de droit. Et cela avait tellement de valeur à mes yeux. On a ouvert son dressing et tous ces vêtements et chaussures étaient là. Je ne pouvais pas distinguer son odeur car ça sentait un peu le renfermé ce qui est normal après toutes ces nombreuses années. Papi Andrew m’a montré ce qu’elle avait préparé pour notre naissance à Malia et moi. Elle avait fait des croquis par rapport à la décoration de notre chambre à Malia et moi. Elle avait beaucoup de plans. Il y avait même certains collages pour tout ce qu’elle souhaitait pour nous. Elle avait même acheté des petites grenouillères roses bonbons et blanches. CA me fit tellement plaisir de savoir qu’elle avait préparé notre naissance et que surtout elle nous aimait. Elle nous attendait. Ma maman m’aimait et j’aurai tellement aimé la connaître. J’aurai tellement aimé qu’elle soit là. J’aurai tellement aimé lui dire des choses. J’aurai tellement aimé lui dire qu’elle me manque et que surtout que je l’aime. J’aurai tellement aimé qu ‘elle soit présente à certains moments de ma vie, heureux comme malheureux. Je veux juste ma mère et la voir même une minute. LA sentir. Lui dire que je ne lui en veux pas qu’elle soit partie si tôt et qu’elle m’ait laissé ici. Je veux juste lui dire merci pour tout ce qu’elle a fait pour moi. Certes, j’ai souffert énormément et pendant de nombreuses années auprès de sa sœur et de la mienne, mais j’ai en contrepartie un papa, un frère et une belle-mère en or. J’ai une famille en or aujourd’hui. Mes grands-parents m’ont fait comprendre qu’ils ne savent même pas ce qui est écrit dans ces écrits car ils n’ont jamais trouvé la force de les lire tout simplement.


Je finis par me lever du lit et à mettre mon peignoir. Je sors de la chambre et me rend dans celle qu’occupait ma mère. Ca me fait tellement étrange d’être là. Dès que j’ai refermé la porte derrière moi, je me suis dirigée tout simplement vers le lit. J’ai tiré les draps et j’ai pris place. Je voulais je crois créer un lien avec elle. Je voulais la sentir près de moi et c’est perdue dans mes pensées que je me suis endormie. En me réveillant ce matin, j’avais une idée bien en tête : aller sur la tombe de maman. Je rejoignis tous les autres au rez-de-chaussée pour partager le petit-déjeuner. Papi, Mamie et Ross étaient en pleine conversation sur un de ses nombreux projets et moi je ne pensais qu’à ma réaction quand je verrai la tombe de ma mère.


Il est 11h30 et nous sommes tous réunis dans une partie de l’arrière-cour de la maison. Mes grands-parents y ont construit le caveau familial où est enterré ma mère. Plus on se rapprochait du lieu, plus j’avais l’impression d’avoir des nœuds dans l’estomac. J’avais tellement peur. Ross me soutenait du mieux qu’il pouvait. Nous sommes arrivés devant une grille qu’un garde a ouvert après avoir fléchi les genoux devant nous. Nous sommes entrés dans ce lieu si silencieux. On se dirigea lentement et on finit par arriver devant une immense pierre tombale blanche surmontée de gerbes de fleurs. Je m’approchai si lentement et je m’arrêtai à une bonne distance avant de décider de continuer mes pas grâce à Ross qui me poussait à avancer. J’avançai et je posai lentement les fleurs que j’avais cueillies dans le jardin plus tôt. Je m’accroupis et fis une petite prière silencieuse. Je rencontrais ainsi si on veut dire pour la première fois ma mère et tout ce que je sais est que j’ai pleuré silencieusement. A traves mes larmes, je pouvais bien lire l’inscription mentionnée sur sa tombe : « Le malheur de t’avoir perdue ne nous enlèvera pas le bonheur de t’avoir connue. Ici repose notre fille et mère bien-aimée, Lenni Alexia ADEMOTE, née le 24/01/1964 et décédée le 6/04/2006 ». J’étais trop émue et j’étais un peu mal d’être dans ce lieu. Cela a été beaucoup plus difficile que prévu finalement pour moi. J’étais mal et Ross a préféré me ramener à la maison. Mamie nous suivit et ne cessait d’essayer de me réconforter mais rien n’y faisait.


J’étais en pleine conversation avec Papi quand on nous annonça l’arrivée de Cynthia (Cyntthia Obrou). Cynthia est ma cousine en fait : elle est la fille à une cousine à ma mère. Lorsqu’elle me vit, elle faillit faire une attaque car elle pensait voir Lenni qui est censée être décédée. Elle m’a mise à l’aise immédiatement et Ross nous laissa pour nous laisser l’occasion de nous connaître elle et moi. Quelques temps plus tard, je rencontrai Tante Saphir qui est la maman de Cynthia et elle souleva un point que j’avais omis depuis mon arrivée : il faut que Rêve paie pour le mal qu’elle a fait à ma famille. Cynthia et moi avions le même âge et elle me racontait des choses trop tordues cette fille. Une vraie folle. Plus tard, j’appelai ma famille à Abidjan pour avoir de leurs nouvelles et leur dire surtout que je serai là dans 2 jours exactement. Je suis stressée car j’ignore comment je vais annoncer un truc pareil à mes parents. Mais je n’ai pas le choix donc je dois le faire. Une question me brûlait les lèvres : « Mais pourquoi Rêve a fait ça ? » Lenni était sa sœur et elle devrait l’aimer et non la détester car pour moi elle la haissait au point de lui avoir fait ce qu’elle a fait. J’ai préféré poser la question à ma tante Saphir qu’à mes grands-parents car ils sont déjà bouleversés et je ne veux pas en rajouter. Ma tante m’a dit que Rêve a toujours été jalouse de maman. Elle se plaignait toujours d’être moins belle, mois intelligente, moins attirante qu’elle. Quand elles étaient au collège, Rêve a dévié et a commencé à faire n’importe quoi : elle fumait de la drogue, buvait de l’alcool et s’amusait à terroriser les gens. Mes grands-parents ont eu peur et ont préféré l’envoyer en pensionnat à Accra. Cela a enragé Rêve qui est devenue de plus en plus virulente. A son retour à Abuja, les années s’étaient écoulées certes mais apparemment Rêve avait gardé en elle toute cette rancœur. Elle a reproché à ses parents de toujours préféré Lenni qui était soi-disant parfaite d’après elle. Puis ma mère est venue en vacances à Abuja et il y a eu cet accident. Rêve m’a avoué qu’elle trouve d’ailleurs cet accident étrange car aussi violent qu’il fut d’après les dires de Rêve, comment se fait-il qu’elle s’en soit sortie aussi facilement et que ma mère a été plongée dans un coma qui la tuera. Elle n’a jamais voulu soulever de polémique par rapport à ça donc elle n’a jamais rien dit car elle ne voulait pas faire du mal à mes grands-parents avec ses propos. C’est vrai que c’est étrange tout ça mais je préfère ne pas y penser pour l’instant.

Maira: La valse des...